mardi 6 mai 2014

Vampire hunters


Comme chaque fois qu’il est en crise artistique et commerciale (bref qu’il produit ou tourne des mauvais films qui n’attirent pas le public), Tsui Hark reprend ses vieilles recettes. Ça arrive à peu près tous les dix ans. En 1991, avec Il était une fois en Chine, ça avait bien marché, en 2002 après son effroyable carrière à Hollywood, les épouvantables Legend of Zu et Black Mask 2, le cinéaste engage Wellson Chin, tâcheron responsable des Top squad pour tourner Vampire hunters, revival des kung-fu ghost comédies, genre fécond des années 1980 mais terriblement abâtardi au fil des années. Le film n'est jamais sorti à Hong Kong.

Soit, au 17ème siècle, un maitre taoïste et ses quatre disciples, chasseurs de vampires. Ils s’appellent Thunder (Ken Cheung), Rain (Michael Chow), Wind (Lam Suet) et Lightning (Danny Chan). Ils sont tous très inexpérimentés pour affronter le zombie / vampire qu’ils ont en face d’eux. Visage à la chair décomposée, fumée qui sort de sa gueule et tunique en lambeaux, le démon en encore beaucoup de force pour briser les chaines que les chasseurs de vampire lui lancent pour l’attraper. Le monstre s’échappe dans une immense explosion non sans laisser les quatre chasseurs sans leur maître.

Trois mois plus tard, le feu éteint, ils repartent à la recherche de leur maitre en espérant qu’il ne soit pas devenu un vampire. Ils se font embaucher par Monsieur Jiang (Yu Rong-guang) qui s’apprête à marier son fils, un célibataire pas très malin et mal dégrossi, à la très belle Sa-sa (Anya). Mais rien ne se passe comme prévu avec l’attaque du démon qui aspire la substance vitale du fiston mais aussi celle de nombreux de ses domestiques. Une fumée sort de la bouche du démon et rentre dans la gorge de sa victime qui meurt dans d’atroces souffrances.

Le film joue sur plusieurs tableaux en complexifiant les rapports entre les personnages. Le vampire au visage dégoûtant n’est pas le seul méchant du film. Le frère de Sa-sa, Dragon Tang (Horace Lee), porte la traitrise sur son visage. Il veut s’accaparer la fortune des Jiang en lançant une bande de mercenaires contre le riche homme d’affaires. Le visage de l’acteur évoque d’ailleurs celui de Dean Shek, qui a souvent joué les salauds ou les traitres. Quant à Sa-sa, elle tombe amoureuse de Thunder et réciproquement, romance de pure convention et sans grand intérêt pour la narration.

Tsui Hark, qui a écrit le scénario, cherche à renouveler la peur, ou au moins l’effroi. La profession de Jiang est le commerce de la cire, ainsi, il momifie tous les morts de sa demeure, sa femme en premier lieu, puis son fils. Toutes ces momies sont autant de vampires en puissance tandis que le démon s’empare de leurs corps. Et plus le nombre de vampires s’accroit plus celui des vivants diminue. Il ne restera bientôt plus que les quatre chasseurs (renommés Kung, Hei, Fat et Choi par le contremaître) pour sauver tout le monde

C’est ce décor immense et vide de la demeure Jiang qui est censé créer du mystère et de l’angoisse. Mais comme parfois chez Tsui Hark, le mouvement et la vitesse s’emballent. Le spectateur n’a pas le temps de s’acclimater à une tension naissante qu’on passe à la suivante. C’était certes déjà le cas dans les Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung (auxquels sont empruntées les lumières bleues si caractéristiques). Mais dans Vampire hunters, tout est déjà vu, revu et rerevu, montrant que le cinéaste, surtout avec Wellson Chin, n’était pas encore capable de se renouveler.

Vampire hunters (殭屍大時代, Hong Kong – Etats-Unis, 2002) Un film de Wellson Chin avec Lam Suet, Ken Cheung, Michael Chow, Danny Chan, Yu Rong-guang, Anya, Horace Lee, Ji Chun-hua, Chen Kuan-tai, Lee Kin-yan, Lee Lik-chi, Wong Yat-fei, Shut Mei-yee, Zou Na.

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