samedi 31 mai 2014

Les Associés


Ah, Paris, ses monuments historiques, ses musées, ses tableaux de maître. C’est justement une toile de Modigliani que Joe (Chow Yun-fat) repère, accrochée sur un mur avant qu’elle ne soit expédiée pour un autre musée. Puis, Cherie (Cherie Chung) pose du parfum sur la caisse qui contient le tableau. Ça aidera Joe à le sentir dans le camion qu’il va attaquer avec Jim (Leslie Cheung) sur la route qui les mène à Nice. Joe ouvrira la porte en grimpant sur le véhicule, Jim sautera de sa moto pour ouvrir une brèche et faire passer la toile.

La technique des deux frères et de leur amie semble parfaitement rodée et John Woo la filme comme une blague, dans un mélange de comédie et de film d’action en mode cool. Joe et Cherie sont dans leur voiture décapotable, feignant la romance devant le conducteur du camion et les vigiles qui le surveillent. Jim est sur une moto qui les suit de lui. On ne sait pas encore si les deux hommes sont alliés ou concurrents. La séquence d’ouverture des Associés donne le ton léger qui va prévaloir dans la première moitié du film.

Une fois à Nice et Cannes, comme dans La Main au collet d’Alfred Hitchcock autre histoire de voleurs de peintures, le trio se promène en voiture dans la ville, sourit sous le soleil de la Méditerranée et s’apprête à réaliser un nouveau vol dans un château de l’arrière pays. Une nouvelle fois, le cinéaste filme avec décontraction le casse, en y ajoutant quelques acrobaties que Jim et Joe effectuent pour échapper aux divers pièges et alarmes installés dans le château. Ils avaient prévu que ce soit leur dernier coup.

Le ton léger va laisser la place à une ambiance plus sombre. Ils sont pris dans un piège fatal. Les deux frères sont pourchassés par des hommes en arme et tout se termine dans un port, après une longue course poursuite mise en place par notre Rémy Julienne national, avec de nombreuses cascades de voitures et l’explosion d’un bateau. Joe meurt dans l’incendie. Jim et Cherie rentrent à Hong Kong, meurtris par le décès de Joe. Ils veulent vivre désormais une vie normale en restant discrets.

On se doute bien qu’au bout d’une heure de film, on ne va faire disparaitre Chow Yun-fat comme ça. Car, il n’était pas mort mais revient dans un fauteuil roulant. Seules ses jambes sont devenues invalides. Joe retrouve Jim et Cherie tombée enceinte. Dans la première partie, la jeune femme sortait avec Joe, homme fantasque et blagueur, dans la deuxième elle sort avec Jim, plus introverti. Les Associés rendent un hommage plutôt appuyé à Jule et Jim de François Truffaut.

L’heure de la revanche a sonné pour le trio reconstitué. Ils se rappellent comment ils sont devenus voleurs à cause du père des deux garçons, Chow (Kenneth Tsang), voleur lui-même et homme violent qui leur a appris les ficelles du métier. Ils se rappellent que leur rédemption est venue grâce à Chu (Paul Chu), policier qui les a aidés. Ils vont désormais rendre la monnaie de sa pièce à ce père ingrat qui est responsable du handicap de Joe. Chu va continuer à les aider en leur faisant confiance.

Le caractère mineur des Associés tourné entre deux films plus forts de John Woo (Une balle dans la tête et A toute épreuve) n’est pas à mettre au compte de la décontraction et des invraisemblances du scénario, qui sont de toute façon dans les autres films cités. Si le film est moins bon, c’est parce que le cinéaste semble ne pas savoir quel ton choisir, allant, au milieu d’une scène de gunfight en fin de film, s’engager dans le burlesque à la Jackie Chan, faisant faire des pirouettes à Chow Yun-fat. Le film a été suivi par une série médiocre à l’arrivée de John Woo à Hollywood.

Les Associés (Once a thief, 縱橫四海, Hong Kong, 1991) Un film de John Woo avec Chow Yun-fat, Leslie Cheung, Cherie Chung, Kenneth Tsang, Paul Chu, Wu Fuung, Pierre Yve Burton.

vendredi 30 mai 2014

Les Larmes d'un héros


Tourné en 1983 entre deux comédies burlesques mais sorti en 1986, Les Larmes d’un héros est le premier essai de John Woo dans le cinéma d’action avec gunfights, héros tragiques et méchants ultra violents. Sans doute faut-il commencer par évoquer ce titre français qui contredit le titre original (Heros shed no tears, les héros ne versent pas de larmes), car c’est bien le sens anglais qui annonce ce qui sera le fond du récit que va subir pendant 80 minutes Chan Chung, le personnage de mercenaire qu’interprète Eddy Ko ici.

Il est un Chinois de Hong Kong embauché par le gouvernement birman pour capturer un baron de la drogue (Bruce Cheung Mong). Le film se déroulera entièrement dans la forêt du triangle d’or de l’opium (Thaïlande, Birmane et Laos). Chan Chung et ses comparses ont réussi à enlever le trafiquant (un général cela dit en passant). Habillés en treillis, mal rasés, le corps en sueur, ils vont être rapidement poursuivis par toute une horde de méchants et en tout premier les soldats du général qui laisse ses médailles comme le petit poucet ses pierres.

Chan Chung doit d’abord récupérer son fils Kuen et sa sœur, qui vivent dans une cabane avant que les soldats ne viennent les prendre en otage. Puis, le film avec toute cette cargaison de personnages poursuit son récit programmatique : échapper à la mort. La menace vient des soldats birmans, et plus tard d’un sadique colonel vietnamien (Lam Ching-ying) que Chan Chung blesse à l’œil droit en lui tirant dessus pour sauver une française qui veut quitter le pays. La poursuite est inégale : deux armées contre un petit groupe.

Le héros va subir les pires outrages de la part de tous ses ennemis. On s’attaque d’abord à ses proches. Son fils est proche d’être brûlé vif par les soldats qui allument un feu autour de lui. Ses amis sont attaqués. Puis, son corps déjà bien mutilé (ses cicatrices au dos) sera torturé dans une séquence assez difficile où il se fait coudre les sourcils à vif par le colonel. Il s’agit d’appuyer l’émotion dans les rapports entre le fils et le père avec une musique à grand renfort de violons mielleux et des gros plans sur les visages épuisés par la bataille.

John Woo s’exerce ici à mettre en scène l’action avec beaucoup d’explosions, beaucoup de balles tirées et beaucoup de sang qui sera versé. Les comparses de Chan Chung vont tous mourir les uns après les autres. Le film lorgne du côté de Michael Cimino et de Voyage au bout de l’enfer (la scène de dés qui se termine par un flingue sur la tempe) avec cette folie qui gagne tous les personnages. Leur répétition et leur similitude apporte de la monotonie alors qu’elles sont envisagées pour apporter des rebondissements à l’action.

Film souvent considéré comme mineur (mais tout autant que ses comédies burlesques, ce qui est faux d’ailleurs), Les Larmes d’un héros est un film mal aimé de son créateur qui s’est vu enlever le montage final. Les scènes comiques ralentissent le récit et son peu drôles, une scène érotique ridicule avec un soldat français coupe le film en deux. Ce qui n’empêche pas que le méchant incarné par Lam Ching-ying, avec son œil en moins qui augmente sa cruauté, soit réussi. Les Larmes d’un héros est comme un brouillon de ses futurs polars.

Les Larmes d’un héros (Heroes shed no tears, 英雄無淚, Hong Kong, 1983) Un film de John Woo avec Eddy Ko, Lam Ching-ying, Ma Ying-chun, Philllip Loffredo, Cecile Le Bailly, Lee Hye-sook, Chin Yuet-sang, Tsang Choh-lam, Ka Lee, Pang Yun-cheung, Chow Gam-kong, Bruce Cheung Mong.

lundi 26 mai 2014

Once upon a time in Shanghai


Avant d’être amis à la vie, à la mort, Ma Zhong-zhen (Philip Ng) et Long Qi (Andy On) ont été des adversaires. L’histoire des deux hommes est celle de Once upon a time in Shanghai, la nouvelle adaptation de la vie dans les bas-fonds des triades d’un héros populaire du Shanghai des années 1930 produite et scénarisée par Wong Jing qui s’adjoint à la chorégraphie des combats Yuen Woo-ping et à la réalisation Wong Ching-po.

Ma Zhong-zhen quitte sa campagne natale avec sa petite sœur et son jeune frère (qui disparaitront assez vite du film) avec un cadeau de sa maman : un bracelet de jade qu’il doit porter au poignet droit. Car ainsi, il ne l’utilisera pour pratiquer son kung-fu. En effet, Ma est un homme si fort qu’il pourrait tuer un homme avec un seul coup. Notre héros est présenté comme un homme serrein mais qui pourrait se défendre contre n’importe qui.

Dans ce Shanghai des années 1930, aux rues quasi désertes, la gentillesse et la bonté ne paient pas de repas. C’est ce qu’ils vont vite comprendre. L’aide de leur grand frère, qu’ils ont rejoint, va les amener dans un quartier tenu par Frère Bing (Sammo Hung). Il les nourrit et les héberge dans une maison à la population pauvre toute droit sortie de celle de Crazy kung-fu, la folie furieuse de la propriétaire en moins. Pour survivre, il fait des petits boulots.

La vie de Long Qi est toute différente. Dans son beau costume trois pièces, arborant un joli nœud papillon et fumer des cigarettes, il tient un cabaret de luxe (le « Paradise ») qu’il a volé à un membre des triades. Long Qi a les dents longues, ce qui n’est pas du tout du goût des trois vétérans des triades incarnés par Yuen Cheung-yan, Fung Hak-on and Chen Kuan-tai, ce dernier interprétait d’ailleurs le personnage de Ma Zhong-zhen dans Le Justicier de Shanghai de Chang Cheh en 1972.

Ils se rencontrent quand Long Qi organise une vente d’opium avec des japonais qui commencent à envahir Shanghai et veulent contrôler le trafic. Ma Zhong-zhen, tout à sa quête de justice, défie dans un long combat Long Qi. Ce dernier, lui aussi expert en art martial, lui offre la cargaison de drogue si Ma réussit à le battre d’ici ce que sa cigarette finisse de se consumer. Ma gagne son combat mais aussi une amitié indéfectible et devient vite son bras droit au cabaret.

Les deux hommes sont l’antithèse l’un de l’autre et le film ne cesse de le répéter. Ma est toujours calme et posé, Long Qi constamment excité et violent. L’effet de l’un va agir sur l’autre. Contrairement aux précédentes versions, et peut-être à cause de la coproduction avec la Chine, Ma ne va pas sombrer dans les triades et devenir un criminel mais au contraire adoucir le caractère violent de Long Qi, montré pour illustrer son tempérament avec un tigre qu’il élève dans son salon.

Leur amitié est poussée dans le film jusqu’à devenir un quasi histoire d’amour. Ils se battent désormais pour le plaisir, y compris dans la grande salle du cabaret, où les chorégraphies aériennes les font voler à travers la pièce pour se retrouver tous les deux, se lançant des grands regards amoureux au clair de lune en mangeant un hot-dog au sommet d’un pont. Ces scènes homo-érotiques sont des grands moments involontaires d’humour mais plutôt réjouissants.

Le film laissait craindre dans sa première partie un ratage assez fatal. La mise en scène de Wong Ching-po est loin de la sobriété. Le cinéaste abuse de ralentis dans les scènes de combat filmés dans une lumière sépia qui donne par moment des aspects de film noir et blanc. Puis, petit à petit, on s’intéresse au destin de ces deux amis, à leur histoire d’amour respective pourtant très conformiste. Ma Zhong-zhen tombe amoureux de la fille de Sammo Hung et Long Qi de la chanteuse du cabaret.

La ressemblance du personnage de Ma avec celui de Bruce Lee dans La Fureur de vaincre (même coupe au bol, vêtements traditionnels, musculature très fine dans le combat final quand il se met torse nu) est assez frappante. Le film a la bonne idée de ne pas faire durer les combats et de ne pas les hacher avec un montage épileptique. Rien que pour cela, le film vaut d’être célébré. Comme quoi, quand Wong Jing s’en donne un peu la peine, il peut encore produire des films intéressants.

Once upon a time in Shanghai (惡戰, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Wong Ching-po avec Philip Ng, Andy On, Sammo Hung, Jiang Lu-xia, Chen Kuan-tai, Michelle Hu, Mao Jun-jie, Yuen Cheung-yan, Fung Hak-on.

vendredi 23 mai 2014

Police story 2013


La capitalisation du passé glorieux de Jackie Chan passe par la reformulation de ses franchises les plus connues. Après Chinese zodiac, aventure plutôt amusante de son personnage d’archéologue, le revoilà dans le rôle du policier honnête, loyal et droit dans Police story 2013. La dernière fois que la star avait tenu ce rôle, c’était avec New police story, tentative inaboutie d’adouber une nouvelle génération d’acteurs de Hong Kong (Sammo Hung a fait la même chose dans Dragon squad). Dix ans plus tard, d’ailleurs, ces acteurs n’ont pas vraiment percé.

Le premier plan de Police story 2013 montre Zhong Wen (Jackie Chan), visage fermé portant un révolver contre sa tempe et tirant. Le ton est immédiatement donné : on n’est pas là pour rigoler et, effectivement, Jackie Chan ne va pas desserrer les mâchoires pendant les 110 minutes de cette très longue histoire de vengeance que Wu (Liu Ye) a fomentée. Mais se venger de quoi ? Suspense. Pour attirer le papa, Wu a réussi à devenir ami avec Miao (Jiang Tian), la fille de Zhong. Ils se sont donnés rendez-vous au Wu Bar, boite de nuit à la mode décrite comme une porte de l’enfer.

Le film, une fois Zhong enfermé et menotté sur sa chaise par Wu, se contente d’être un long face à face entre les deux personnages où ils discutent dans de longs tunnels de dialogues. Ces dialogues amènent de courts flash-backs où on découvre la dure vie de policier qu’a eu Zhong. Poursuites en voiture pour sauver une petite fille kidnappée, sauvetage d’un homme qui menace de se suicider. L’homme est héroïque, cela va de soi, mais il est surtout courageux et téméraire. Sa propre vie, comme les deux scènes le montrent, est moins importante que celle des gens qu’il doit sauver.

C’est justement ce que lui reproche sa fille qu’il était venu rencontrer dans le bar. Leur rencontre après des années sans se voir tourne au vinaigre. Elle lui balance ses quatre vérités sur ses nombreuses absences. Mais dès qu’elle se rend compte que Wu a tendu un piège à son père et qu’il peut sauver tout le monde (les autres clients sont aussi des otages), elle doit bien admettre que son père avait raison d’avoir agi ainsi. Zhong parvient à se libérer de ses liens et va, avec l’aide de la police, à libérer tous les clients de la boite. Héroïque, on vous dit.

Celui qui n’est pas héroïque est Wu montré comme une bête immonde, froide et cruelle. Première étape de la démonstration : dans sa discothèque, il a un aquarium remplis de piranhas qu’il nourrit avec de la viande comme s’ils étaient des animaux domestiques. Poursuite de la démonstration : le passé de Wu. Il a été jadis un combattant de boxe thaïe. Surnommé le « serpent », il terrassait ses adversaires. Fin de la démonstration : on découvrira par étape en quoi consiste sa sournoise vengeance contre Zhong, avec des révélations à gogo.

Sans aucune once d’humour, Police story 2013 est visuellement indigent avec une caméra portée à l’épaule et un montage ultra rapide qui ne parvient pas à masquer les nombreuses invraisemblances d’un scénario étiré au-delà du nécessaire. Pour corser le récit, le film montre également des scènes telles qu’elles auraient pu se dérouler, créant de faux rebondissements avant de retourner au récit normal et balisé. Quant aux scènes d’action, elles sont terriblement ennuyeuses jouant la surenchère violente comme si Jackie Chan voulait démontrer qu’il a encore la main.

Police story 2013 (警察故事2013, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Ding Sheng avec Jackie Chan, Liu Ye, Jing Tian, Huang Bo, Zhang Lan-xin, Yu Rong-guang, Wang Zhi-fei, Zheng Xiao-ning, Yin Tao, Na Wei, Liu Yi-wei, Liu Hai-long, Liu Pei-qi, He Jun, Ma Tian-yu, Coulee Nazha, Zhou Xiao-ou, Ng Yuet.


mardi 20 mai 2014

The Romancing star


The Romancing star marque le sceau de la première collaboration entre Chow Yun-fat et Wong Jing, alors que l’acteur venait d’accéder, grâce au triomphe du Syndicat du crime au statut de star N°1 du cinéma de Hong Kong. Le film sera aussi le premier d’une très longue série de succès au box-office du cinéaste et l’archétype du romantisme balourd et vulgaire, à l’image de l’affiche, ultra colorée où les acteurs et actrices principaux apparaissent sans vêtement sous la ceinture tenant une pancarte devant leur entre-jambes.

Chow Yun-fat incarne Fat, un beau gosse, qui travaille avec ses deux amis moins lotis physiquement « Traffic Light » (Nat Chan, l’acteur de toutes les comédies précédentes de Wong Jing) et Ugly (Eric Tsang) dans un garage dirigé par leur oncle Ken (Stanley Fung). On les verra peu travailler car ce qui les intéresse, c’est draguer les filles. Avec leur balourdise, leur absence de bonnes manières et leur gaminerie, aucune fille n’accepte de sortir avec eux. Qui plus est, ils n’arrêtent pas de se chamailler.

Les quatre amis décident de faire un voyage en Malaisie où leur guide (Wong Jing) s’avère être un escroc qui leur vend une chambre d’hôtel vétuste, des randonnées médiocres et des repas épouvantables. L’humour consiste dans la toute première partie à humilier le quatuor avec ces désillusions qui s’abattent sur les amis, transformant ce séjour qui devait être un rêve pour la drague en cauchemar.  Ils vont pourtant rencontrer deux jeunes femmes Man Chi (Agnes Cheung) et Tung-tung (Maggie Cheung).

Les deux amies se présentent à eux comme étant des stars en voyage. Pour donner le change et ne pas se faire jeter par les filles, Fat fait croire qu’il est millionnaire et que ses amis sont ses larbins. L’essentiel du scénario consistera à dissimuler la pauvreté de chacun à l’autre. Wong Jing crée de nombreux quiproquos où les gags ne volent pas toujours très haut. Les personnages passent leur temps à se mentir et se trouvent dans des situations inextricables, comme Man Chi qui donnent rendez-vous aux trois amis de Fat le même soir.

A cela, il faut ajouter la concurrence déloyale d’un rival, Chui (Stuart Ong) qui aimerait tant épouser Tung-tung et qui va en faire voir de toutes les couleurs à Fat. Ils lui rendent la pareille, notamment en toute fin de film où Chui prend un bain tandis que les trois amis sont déguiser en statues (il ne s’en aperçoit pas) et qu’ils se mettent à lui pisser dessus. Les gags, et en particulier celui-ci, durent plus qu’il ne le faudrait. Ils s’éternisent mais c’est la méthode de Wong Jing pour faire rire.

The Romancing star (精裝追女仔, Hong Kong, 1987) Un film de Wong Jing avec Chow Yun-fat, Maggie Cheung, Nat Chan, Eric Tsang, Agnes Cheung, Stanley Fung, Stuart Ong, Wong Jing, Wong Tin-lam, Man Cheung, Maria Cordero, 

lundi 19 mai 2014

Godzilla


Pour regarder la version japonaise de Godzilla, celle de 1954 non remaniée par Hollywood, il faut avoir la VHS éditée en 1997 par HK Vidéo. Il est d’ailleurs étonnant que le film de Hinoshiro Honda ne soit toujours pas édité en DVD. Il était tout aussi étonnant qu’entre 1957, date de la sortie française de la version américaine, avec Raymond Burr dans le rôle d’un journaliste commentant la destruction du Tokyo par le monstre, et 1997 le film ait été invisible dans son montage intégral.

A l’origine du scénario de Godzilla, un fait divers marquant au Japon. Des pêcheurs japonais ont été contaminés près des îles Bikini après un essai nucléaire de l’armée américaine. Les thons pêchés étaient irradiés. La peur du péril nucléaire, neuf ans après Nagasaki et Hiroshima, était dans tous les esprits tout autant que la méfiance envers les forces d’occupation américaines. Méfiance pour les secrets enfouis dans ces explosions qui menacent l’archipel.

Comme dans le fait divers, tout commence par d’étranges événements au large d’une petite île. Une explosion blanche, des bateaux qui se brisent, des pêcheurs qui se noient. Un vieil homme du village a bien reconnu la résurgence d’une ancienne légende locale où un monstre préhistorique vient du fin fonds de l’océan. Personne n’ose le croire, notamment la jeune génération qui semble avoir oublié les anciennes histoires. Le film joue avec ces croyances populaires.

Assez vite des scientifiques sont dépêchés pour enquêter. A leur tête, le professeur Yamane (Takashi Shimura) et sa fille Emiko (Momoko Kôchi). Ils écoutent la population locale et constatent vite les grosses empreintes sur le sable. Ils vont être confrontés à Godzilla qui surgit de l’autre côté de l’île. Il fait 50 mètres de haut et rugit avec les effets sonores conçus par Akira Ifukube, également créateur du thème du film, particulièrement efficace avec son harmonie cadencée et angoissante.

Détruire ou ne pas détruire Godzilla, telle est la question que se posent les autorités et les scientifiques. Si le professeur Yamane, par souci scientifique, souhaite étudier la créature, son assistant Ogata (Akira Takarada), par ailleurs éventuel petit ami d’Emiko, est pour la destruction de Godzilla. Quant à Serizawa (Akihiko Hirata), un scientifique pacifiste qui porte un bandeau sur son œil droit, il a inventé un « oxygene destroyer » (en anglais dans les dialogues japonais) qui pourrait tuer toute vie dans la baie de Tokyo.

Godzilla mêle l’histoire personnelle entre les différents protagonistes (notamment la romance entre Ogata, Emiko et Serizawa) et la destruction de Tokyo. C’est un acteur qui porte un déguisement de Godzilla, en l’occurrence Ryosaku Takasugi. Il écrasera avec ses grosses pattes des maquettes et des trains miniatures, tandis que parfois en surimpression des habitants de la ville tentent de fuir. Le film montre un regard souvent désespéré d’un pays qui a l’angoisse du péril atomique et Godzilla en est la métaphore hideuse.

Godzilla (ゴジラ, Japon, 1954) Un film de Hinoshiro Honda avec Akira Takarada, Momoko Kôchi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Fuyuki Murakami, Sachio Sakai, Toranosuke Ogawa, Miki Hayashi, Takeo Oikawa, Seijiro Onda, Tsuruko Mano, Toyoaki Suzuki, Ren Yamamoto, Ryosaku Takasugi.

jeudi 15 mai 2014

Godzilla


Cher Godzilla,
Je t’écris cette lettre pour te dire que j’ai vu ton nouveau film. Je n’avais pas eu de tes nouvelles depuis près dix ans. Je me rappelle cette chouette séance de cinéma où tu étais revenu au Japon dans Godzilla final wars après t’être scandaleusement fourvoyé chez Roland Emmerich. Je t’en avais beaucoup voulu d’ailleurs. Encore une fois, tu travailles pour Hollywood. Tu fêtes donc tes 60 ans (bon anniversaire) et plutôt que de profiter d’une retraite bien méritée, tu reviens sous les feux de la rampe.

Comme partenaires, on t’a flanqué pour la scène de flash-back, Juliette Binoche dans le rôle de la maman du héros. Elle meurt au bout de dix minutes dans une centrale nucléaire au Japon. Son mari est joué par Bryan Cranston, le héros de Breaking bad qui joue en hurlant ses dialogues. Il est Joe Brody, ingénieur nucléaire de son état. Il dirige la centrale nucléaire qui va exploser et le priver de sa femme. Abandonné depuis quinze ans, sa maison est en quarantaine depuis. La zone est contaminée par les radiations.

C’est à ce moment du film qu’intervient le fils Brody. Il s’appelle Ford, il est incarné par l’insipide Aaron Taylor-Johnson, aussi fade que Taylor Kitsch dans Battleship, autre film catastrophe qui flirte avec les monstres. Ford, marié et papa, est maintenant militaire et il retourne au Japon pour sortir son papa un peu maboule de prison. Il est convaincu que la zone n’a pas été contaminée et qu’il s’agit d’autre chose. Mais quoi donc ? Ce n’est même pas toi Godzilla qui vient embêter le Japon, c’est un autre monstre.

Car oui le Japon est menacé par un terrible géant qui se nourrit exclusivement d’ogives nucléaires, d’autres éléments radioactifs ou de centrales nucléaires. On le sait depuis Fukushima, le Japon regorge de centrales nucléaires. Le monstre détruit tout sur son passage, forcément il est gigantesque. Et personne ne sait comment s’en débarrasser. On apprendra qu’il existe un autre monstre du même acabit. Et enfin, on nous dit qu’ils vont s’accoupler pour faire plein d’autres monstres épouvantables.

L’armée américaine est forcément sur le coup. Un amiral de la navy totalement borné (pauvre David Strathairn dans un rôle bien ingrat) veut faire exploser une bombe atomique pour tuer les monstres. Le jeune Ford et un savant japonais incarné par Ken Watanabe (qui se demande pendant tout le film ce qu’il fait là) prévient le chef des armées que ça ne va pas marcher. Et bien figure-toi, que ça ne marche. Les monstres à tête d’alien mange les bombes comme moi je mange un sushi. En une seule bouchée.

Tu vois, pendant une bonne heure, la routine du cinéma hollywoodien avec ses personnages bien manichéens m’a épuisé. On n’attend que toi. Comme tu es la star du film, tu ménages ton arrivée. On voit d’abord sur l’océan tes épines dorsales. On devine dans les vagues ta présence. On te montre soulever les navires. Et au bout d’une heure de film, tu apparais gigantesque et majestueux en entier sur l’écran. Et pour la première fois de ta vie, tu agites ton corps massif grâce à la magie de la 3D.

Tu es là, bien présent avec tes cris stridents et tu craches du feu bleu comme tes collègues kaiju dans Pacific rim. Le réalisateur à l’œuvre dans ce Godzilla filme d’ailleurs les scènes nocturnes (le finale du film est le meilleur moment, j’oserais dire, le seul bon moment) comme son collègue Guillermo Del Toro. C’est vrai que c’est très beau de voir cette ville sans lumière (oui, les monstres ont la possibilité de provoquer des courts-circuits à cause de leur électromagnétisme ou un truc scientifique bidon du même genre, peu importe).

Tu te bats contre ces monstres à San Francisco. Car, maintenant, tu es un Godzilla gentil. Voilà la grande nouveauté des Américains. Ford et le savant l’ont bien compris. Et moi, je suis un peu étonné de ton revirement politique. Est-ce ton grand âge et la lassitude de détruire tous ces immeubles qui font que tu sois maintenant du côté des humains ? Ils t’ont bien changé mais je sais bien, quand tu retournes dans l’océan, que tu n’en penses pas moins. Je te dis, à bientôt, cher Godzilla. Repose-toi et reviens-nous en forme la prochaine fois.

Godzilla (Etats-Unis – Japon, 2014) Un film de Gareth Edwards avec Aaron Taylor-Johnson, Ken Watanabe, Bryan Cranston, CJ Adams, Elizabeth Olsen, Carson Bolde, Sally Hawkins, Juliette Binoche, David Strathairn, Richard T. Jones, Victor Rasuk, Patrick Sabongui.

Sorties à Hong (mai 2014) Black coal thin ice


Black coal thin ice (白日焰火, Chine, 2014) Un film de Diao Yinan avec Liao Fan, Kwai Lunmei, Wang Xuebing, Wang Jingchun, Yu Ailei, Ni Jingyang. 109 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 8 mai 2014.

mardi 13 mai 2014

Les Trois sœurs du Yunnan


Un village de 80 habitants perché à 3200 mètres d’altitude dans la province chinoise du Yunnan. En son sein, trois sœurs de 10, 6 et 4 ans. Yingying l’aînée aux cheveux longs, Zhenzhen, la seconde et Fenfen, la plus petites, toutes les deux aux cheveux si courts que j’ai d’abord cru que c’était des garçons. Elles vivent dans une ferme aux murs vétustes, au sol de terre, sans fenêtres. L’électricité fonctionne quand elle peut (un repas familial en fin de film est menacé d’une panne), l’eau coule doucement par un unique robinet dans la cour.

La minutie de l’observation de ces trois enfants est à l’image de la durée du film, 2h33. On les verra se lever le matin, préparer à manger puis manger (souvent des pommes de terre), allumer le feu, jouer, se chamailler, s’habiller (de haillons, avec des chaussures trouées et des bottes percées qui abiment les pieds), aller à l’école, ramasser du bois (pour le feu) et s’occuper des animaux. Des moutons, trois cochons, des oies, des poules, un chien, un chat. La vie quotidienne est monotone et Wang Bing enregistre cette monotonie.

L’absence des parents étonne tout autant que le fait qu’elles soient trois. La politique de l’enfant unique semble ne pas être passée par là. Les autres familles aussi ont plusieurs enfants. Mais ces autres enfants ont des parents. Le père des trois sœurs, Monsieur Sun est parti à la ville chercher du travail. Il revient tous les six mois avec quelques cadeaux. Notamment des chaussures neuves. La mère a quitté le foyer depuis longtemps, comprend-on dans une discussion que le grand-père a. Ce dernier est le seul adulte.

Le film observe leur vie sur plusieurs mois. Dans cette montagne sans arbres, le froid et l’humidité sont les adversaires. La solitude également. Quand le père décide d’emmener ses deux plus jeunes filles avec lui à la ville, on reste estomaquée que Yingying reste toute seule à s’occuper de la ménagerie. Faire cuire les patates pour les cochons, le chou pour les volailles et parfois, elle s’offre une sucrerie. Jamais on ne verra cette enfant de dix ans sourire pendant tout le film. Elle joue à peine avec ses cousins ou les autres enfants.

La violence des Trois sœurs du Yunnan n’est pas uniquement dans l’immense pauvreté étalée sous nos yeux. Tous les habitants sont condamnés à la pauvreté mais ils mangent bien (les scènes de repas sont les seuls moments de bonheur). La violence vient plutôt de l’inamovibilité de la situation. On a souvent l’impression que tout cela a été tourné dans les années 1960, au pire moment de la Révolution Culturelle. Les signes de notre époque sont rares, un car, un téléphone portable et une télé qui sert à abrutir la population avec ses séries idiotes et ses films violents.

Les Trois sœurs du Yunnan (三姊妹, France – Hong Kong, 2013) Un film de Wang Bing.

dimanche 11 mai 2014

Midnight zone


Midnight zone est composé de trois sketches autour de fantômes qui viennent hanter les vivants. Dans Headless soul, un policier (Jerry Lamb) doit surveiller une scène de crime pendant la nuit. Dans Hit and run, un couple (Elvis Tsui et Liz Kong) tue accidentellement un piéton (Joey Leung) qui revient les hanter à leur domicile. Dans Midnight dinner, la grand-mère (Helena Law) d’une famille composée du père (Anthony Wong), de la mère (Kingdom Yuen) et de deux enfants revient la septième nuit après sa mort dans l’appartement familial.

Les trois histoires se déroulent pour l’essentiel de nuit avec chacune une idée autour des fantômes chinois. Mais c’est d’abord la peur des personnages principaux qui est mise en avant. Pour le policier, c’est la découverte des signes de la présence d’un revenant qui commence à l’angoisser. Un bruit étrange, une machine à écrire qui tape toute seule, des papiers qui s’envolent, des lumières qui s’allument sans raison. L’ennui, la solitude et la faim font redoubler ses craintes sur la présence d’un fantôme.

Sa supérieure se moque de son angoisse tandis que le gardien du lieu explique rationnellement ces phénomènes surnaturels. La peur du couple du deuxième sketch vient du remords d’avoir fui quand leur voiture a percuté le piéton (qui portait un t-shirt avec un dessin du panneau STOP). Pas de chance pour eux, le fantôme du mort vient habiter en face de chez eux, et avec un grand sourire, les harcèle pour qu’ils reconnaissent leur forfait. Les incantations taoïstes que fait le couple ne chasse pas le fantôme qui perturbera définitivement leur vie.

Le troisième sketch a également une base religieuse. La famille attend avec angoisse le septième jour, celui où les morts partent dans l’au-delà. Tout le monde a quitté l’appartement pour éviter la visite du fantôme de la grand-mère mais elle viendra tout de même les hanter. Ils ont été incapables de partir de chez eux. Il faut dire que le fils comme la belle-fille sont des égoïstes qui n’ont jamais cessé de mal traiter la vieille dame. Ils ont peur qu’elles viennent se venger. La visite se transforme en cauchemar pour les parents et les deux enfants.

Midnight zone est d’abord un film avec une épaisse morale sur l’honnêteté et le respect des anciens. Le message est édifiant et dit, en substance, qu’il faut vivre avec ses valeurs de peur que l’au-delà vienne hanter les malfaisants. Mais, par chance, cette leçon de morale est contrecarrée par un humour potache. Le duo Elvis Tsui et Liz Kong est très poussif dans l’inquiétude burlesque qui les fait agir avec inconséquence. Celui entre Anthony Wong et Kingdom Yuen, tout en lâcheté devant l’arrivée du fantôme de la vieille dame, est bien plus savoureux.

Midnight zone (迴轉壽屍, Hong Kong, 1997) Un film de Wilson Yip avec Jerry Lamb, Spencer Lam, Liz Kong, Elvis Tsui, Joey Leung, Anthony Wong, Kingdom Yuen, Helena Law, Wong Wai-nam, Maggie Wong, Kim Yip, Chiu Yue-ming, Chan Chiu-ming, Lee Kin-yan, Wilson Yip.

jeudi 8 mai 2014

Sorties à Hong Kong (mai 2014) Aberdeen


Aberdeen (香港仔, Hong Kong, 2014) Un film de Pang Ho-cheung avec Miriam Yeung, Eric Tsang, Dada Chan, Gigi Leung, Louis Koo, Ng Man-tat, Shawn Yue, Carrie Ng, Chapman To, Yumiko Cheng, Jacky Choi Kit, Lee Man-kwai. 97 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 8 mai 2014.

Sorties à Hong Kong (mai 2014) Delete my love


Delete my love (Delete 愛人, Hong Kong, 2014) Un film de Patrick Kong avec Wong Cho-lam, Michael Hui, Ivana Wong, Michael Wong, Alex Fong Lik-sun, Liu Fan, Yuen Qiu, Jacqueline Chong, Patrick Keung, Lam Shing-pun, Tai Yiu-ming, Nancy Sit. 108 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 8 mai 2014.

mardi 6 mai 2014

Vampire hunters


Comme chaque fois qu’il est en crise artistique et commerciale (bref qu’il produit ou tourne des mauvais films qui n’attirent pas le public), Tsui Hark reprend ses vieilles recettes. Ça arrive à peu près tous les dix ans. En 1991, avec Il était une fois en Chine, ça avait bien marché, en 2002 après son effroyable carrière à Hollywood, les épouvantables Legend of Zu et Black Mask 2, le cinéaste engage Wellson Chin, tâcheron responsable des Top squad pour tourner Vampire hunters, revival des kung-fu ghost comédies, genre fécond des années 1980 mais terriblement abâtardi au fil des années. Le film n'est jamais sorti à Hong Kong.

Soit, au 17ème siècle, un maitre taoïste et ses quatre disciples, chasseurs de vampires. Ils s’appellent Thunder (Ken Cheung), Rain (Michael Chow), Wind (Lam Suet) et Lightning (Danny Chan). Ils sont tous très inexpérimentés pour affronter le zombie / vampire qu’ils ont en face d’eux. Visage à la chair décomposée, fumée qui sort de sa gueule et tunique en lambeaux, le démon en encore beaucoup de force pour briser les chaines que les chasseurs de vampire lui lancent pour l’attraper. Le monstre s’échappe dans une immense explosion non sans laisser les quatre chasseurs sans leur maître.

Trois mois plus tard, le feu éteint, ils repartent à la recherche de leur maitre en espérant qu’il ne soit pas devenu un vampire. Ils se font embaucher par Monsieur Jiang (Yu Rong-guang) qui s’apprête à marier son fils, un célibataire pas très malin et mal dégrossi, à la très belle Sa-sa (Anya). Mais rien ne se passe comme prévu avec l’attaque du démon qui aspire la substance vitale du fiston mais aussi celle de nombreux de ses domestiques. Une fumée sort de la bouche du démon et rentre dans la gorge de sa victime qui meurt dans d’atroces souffrances.

Le film joue sur plusieurs tableaux en complexifiant les rapports entre les personnages. Le vampire au visage dégoûtant n’est pas le seul méchant du film. Le frère de Sa-sa, Dragon Tang (Horace Lee), porte la traitrise sur son visage. Il veut s’accaparer la fortune des Jiang en lançant une bande de mercenaires contre le riche homme d’affaires. Le visage de l’acteur évoque d’ailleurs celui de Dean Shek, qui a souvent joué les salauds ou les traitres. Quant à Sa-sa, elle tombe amoureuse de Thunder et réciproquement, romance de pure convention et sans grand intérêt pour la narration.

Tsui Hark, qui a écrit le scénario, cherche à renouveler la peur, ou au moins l’effroi. La profession de Jiang est le commerce de la cire, ainsi, il momifie tous les morts de sa demeure, sa femme en premier lieu, puis son fils. Toutes ces momies sont autant de vampires en puissance tandis que le démon s’empare de leurs corps. Et plus le nombre de vampires s’accroit plus celui des vivants diminue. Il ne restera bientôt plus que les quatre chasseurs (renommés Kung, Hei, Fat et Choi par le contremaître) pour sauver tout le monde

C’est ce décor immense et vide de la demeure Jiang qui est censé créer du mystère et de l’angoisse. Mais comme parfois chez Tsui Hark, le mouvement et la vitesse s’emballent. Le spectateur n’a pas le temps de s’acclimater à une tension naissante qu’on passe à la suivante. C’était certes déjà le cas dans les Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung (auxquels sont empruntées les lumières bleues si caractéristiques). Mais dans Vampire hunters, tout est déjà vu, revu et rerevu, montrant que le cinéaste, surtout avec Wellson Chin, n’était pas encore capable de se renouveler.

Vampire hunters (殭屍大時代, Hong Kong – Etats-Unis, 2002) Un film de Wellson Chin avec Lam Suet, Ken Cheung, Michael Chow, Danny Chan, Yu Rong-guang, Anya, Horace Lee, Ji Chun-hua, Chen Kuan-tai, Lee Kin-yan, Lee Lik-chi, Wong Yat-fei, Shut Mei-yee, Zou Na.

lundi 5 mai 2014

Xanda


Le « xanda » est un dérivé de différentes écoles d’arts martiaux et a émergé dans les années 1970 en Chine. Depuis quelques années, c’est devenu une attraction populaire avec des championnats. C’est sur ces explications ainsi que les règles du combat que commence Xanda, production de Tsui Hark, dans sa période la moins féconde, sur Qiang (Sang Wei-lin), jeune Chinois qui quitte son pays désertique où un pont semble ne jamais être fini d’être pour la grande ville, en l’occurrence, Shenzhen et une nouvelle vie.

Depuis tout petit (flash-back sur l’enfance du héros), Qiang s’entraine. Devenu adulte, il a acquis une grosse masse musculaire contrairement à son meilleur ami Shrimp (Li Tie), l’intello du duo puisqu’il porte des lunettes et parait fluet. La force et l’esprit vont s’allier. Qiang entraine ses camarades du village mais décide de tout quitter. La vie à la ville n’est pas facile, les deux amis se comportent encore comme des paysans, tellement éblouis par les merveilles de la ville. Le film traite ces courts moments de comédie sur un mode grotesque.

Shrimp trouve enfin un boulot de vigile dans une boite de transport. C’est l’occasion pour Qiang de montrer sa dextérité. Les collègues de Shrimp parient sur son endurance à rester sur les toits des camions qui sortent de l’entrepôt. Assez vite, Qiang se dit qu’il pourrait combattre dans les tournois de xanda qui s’organisent dans la ville. Il se bagarre contre Wei (Teng Jun, autre acteur bodybuildé, mais aux cheveux blonds), champion qui lui met la pâté en l’humiliant et en les envoyant à l’hôpital.

Comme tout film d’art martial qui se respecte, Xanda mise sur l’arrogance de l’apprenti qui veut en découdre avant même d’avoir appris ses leçons. Qiang rencontre Lung (Zhao-Zi-long) qui lui suggère de venir s’entrainer dans l’école du coach Tieh (Zhang Hong-jun). Qiang ne comprend pas pourquoi Tieh lui donne des tâches ingrates à faire. Le jeune homme n’a apparemment jamais vu La 36ème chambre de Shaolin. Le film s’inspire de ces leçons du quotidien, sans jamais parvenir à renouveler le genre. L’autre souci vient de l’absence de charisme des acteurs.

Evidemment, Qiang veut brûler les étapes. Lung lui apprend, en cachette du coach, des rudiments. Il va s’inscrire à un combat où Si (Guo Hui) l’écrasera comme de la bouillie. Les acteurs choisis pour combattre semblent tous avoir été élevés aux hormones tellement ils sont baraqués. Les combats sur le ring sont filmés dans un montage très haché, quasiment comme un clip avec une musique très appuyée pour ménager du suspense. Seulement voilà, on se doute bien de ce qui va arriver à Qiang. Ce costaud va se faire battre pour revenir s’entrainer puis enfin retourner sur le ring.

Face à ce scénario sans surprise vu dans de nombreux films de kung-fu, les personnages féminins n’apportent pas non plus de nouveauté. Yu (Lu Yi), est une fille du passé de Qiang. Handicapée, elle apporte la raison dans la vie agitée du garçon. Son personnage est censé apporter de l’émotion. Ning (Ni Jing-wan) est au contraire l’incarnation d’un esprit rebelle. Qiang la rencontre à Shenzhen. Le schéma romantique basique est appliqué : coup de foudre, rupture puis réconciliation. De tous les points de vue, Xanda est balisé par un scénario et des personnages caricaturaux.

Xanda (散打, Hong Kong – Chine, 2003) Un film de Marco Mak avec Sang Wei-lin, Zhao Zi-long, Teng Jun, Ni Jing-yang, Zhang Hong-jun, Li Tie, Lu Yi, Guo Hui, Qian Wei, Yang Yu-chao. 

samedi 3 mai 2014

Robotrix


Ce genre de petits films est souvent amusant. Robotrix est un cas rare de film de science fiction érotique. On peut dire que le film porte donc bien son titre, avec ce X si bien placé en fin de titre. Les robots du film ont apparence humaine et, commodément, ils sont joués par des acteurs. Pour bien différencier les scientifiques de leurs créations, les robots sont habillés de vêtements vaguement futuristes, couleurs métaliques, découpes en triangle ou carré, ils portent des lunettes de soleil. La pointe de la technologie.

Résumons rapidement le film : lors d’un salon de robotique, le fils d’un émir arabe est enlevé. Le ravisseur, un affreux japonais transfère son cerveau dans un robot (Billy Chow), tout de cuir vêtu qui va demander une rançon. Les policiers de Hong Kong sont sur les dents. Linda (Chikako Aoyama), la petite amie de Chou (David Wu) sont sur l’enquête quand Linda est tuée par le robot. La scientifique Sara (Hui Hui-daan) et son assistante Anna (Amy Yip), par ailleurs elle-même un droïde, va redonner vie à Linda. Elle est désormais Eve R27.

Robotrix est d’abord érotique. Le méchant robot japonais a une grosse libido puisqu’il est possédé par le cerveau malade de son créateur. On le voit pilonner mécaniquement plusieurs jeunes femmes avec tant de force qu’elles en meurent. Les policiers l’attirent d’ailleurs pour son priapisme dans un bordel. D’autres personnages ont des scènes érotiques plus douces, Chou et Linda dans l’intimité de leur chambre. Ou en début de film sur un mode grotesque, le fils de l’émir qui a une demi-douzaine de jeunes femmes dénudées dans un bain.

Les actrices du film sont toutes pourvues d’une énorme poitrine et le récit entend bien les montrer régulièrement dans le plus simple appareil, ce qui est plutôt rare dans un film érotique de Hong Kong, même classé Catégorie III. C’est l’actrice japonaise Chikako Aoyama qui offre le plus grand nombre de scènes. Les personnages masculins sont tous obsédés sexuels, notamment les policiers mâles. Ils s’agglutinent pour mater dans le bordel la plastique de l’appât qu’ils ont installé. Le flic « Puppy » (Kwai Chung) avec son physique de gros rustre est le plus obsédé.

Robotrix est aussi une comédie d’action. Chou ignore que sa fiancée Linda est devenue un robot ce qui réserve quelques quiproquos bon enfants. Rien de bien fin ni de spirituel de ce point de vue. Du côté de l’a ction pure, le film cherche dans la surenchère violente et brutale avec les coups monstrueux que porte le robot (il défonce le thorax de ses victimes). Le sang gicle hors du corps de ses adversaires. Explosions à gogo, courses poursuites et court-circuit dans les fils avec des effets spéciaux bricolés. Un authentique nanar Catégorie III.

Robotrix (女機械人, Hong Kong, 1991) Un film de Jamie Luk avec Chikako Aoyama, Amy Yip, David Wu, Hui Hiu-dan, Billy Chow, Kwai Chung, Wu Fung, Stuart Ong, Lam Chung, Lee Hin-ming, Ken Goodman, David Ho.

jeudi 1 mai 2014

Sorties à Hong Kong (mai 2014) No man's land


No man’s land (無人區, Chine, 2013) Un film de Ning Hao avec Xu Zheng, Duobujie, Huang Bo, Yu Nan, Zhao Hu, Wang Shuang-bao, Ning Hao, Yang Xin-ming, Ba Duo, Guo Hong, Tao Hong, Wang Pei. 117 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 1er mai 2014.