dimanche 27 avril 2014

Shoot (Don't look up)


Shoot alias Don’t look up est le remake du premier film de Hideo Nakata, Joyu-rei alias l’actrice fantôme, tourné en 1996. On imagine facilement que Fruit Chan a été engagé dans cette co-production américano-japonaise après le succès de Nouvelle cuisine. En tournant un film de fantômes, le cinéaste échappe à Jean-Claude Van Damme mais se retrouve avec des acteurs de seconde zone avec, en tête de casting, Reshad Strik tout juste sorti d’un soap opera australien. Il incarne Marcus Reed, réalisateur de films d’horreur qui s’apprête à tourner son nouveau film.

En 1928, au temps du cinéma muet, un cinéaste roumain, Belá Holt (Eli Roth dans une courte apparition) tourne un film au sujet d’une sorcière mise enceinte par un démon. Non seulement, le film a été définitivement perdu mais en plus toute l’équipe a disparu au cours du tournage. Personne n’a jamais su ce qu’il leur était arrivé. Marcus Reed est un jour tombé sur une photo du film, l’unique document subsistant. Fasciné par cette histoire mystérieuse, il décide d’aller en Roumanie pour refaire ce film maudit. Etrangement, bien que ce soir sa patrie, il ne sera jamais fait allusion par aucun personnage à Dracula.

Reed et son équipe sont aidés par Grigore (Lothaire Bluteau), un Roumain aux cheveux longs pas très rassuré de venir sur le lieu de tournage du film de Belá Holt. L’arrivée se fait de nuit (bien évidemment) et Reed veut visiter les décors (bien évidemment) et la musique se fait angoissante (bien évidemment). Toute la panoplie du parfait fabriquant de film d’horreur est développée dans Shoot : bruits bizarres, mouches envahissantes, recoins obscurs. Les personnages expriment leur peur avec beaucoup de grands yeux ronds et de bouches ouvertes. Le spectateur sursaute parfois mais la peur a du mal à s’instiller.

La doxa du cinéma d’horreur d’Hideo Nakata est adoptée. Le mal s’infiltre dans la vie quotidienne. Chez le cinéaste japonais, c’était avec un téléphone ou de l’eau. Dans Shoot, des images démoniaques s’impriment sur la pellicule que Reed a tournée. Les apparitions fantomatiques se font de plus en présentes et seul Reed les voit. Comme lui dit un personnage « Tu te prends pour Haley Joel Osment » (l’acteur de Sixième sens) puisqu’il est le seul à voir des morts. Avec l’allusion à Grigore / Igor, le majordome de Frankenstein, c’est la seule incartade humoristique d’un film qui se prend très au sérieux.

La mise en abyme, le film dans le film, ne s’avère intéressante que parce Fruit Chan lui-même tourne le remake d’un ancien film d’épouvante. Les difficultés de tournage avec ce démon et ces fantômes qui perturbent la santé mentale de Reed sont la métaphore, un peu tordue, de ce que subissent les cinéastes de Hong Kong quand ils viennent tourner à Hollywood. Ils espèrent le succès en vendant leur âme au diable hollywoodien (le producteur) et finalement échouent à donner un bon film. Tsui Hark, Ringo Lam, John Woo, Ronny Wu ou Stanley Tong avant Fruit Chan avaient expérimenté ce tourment.

Shoot (Don’t look up, Etats-Unis – Japon, 2009) Un film de Fruit Chan avec Reshad Strik, Henry Thomas, Lothaire Bluteau, Carmen Chaplin, Daniela Sea, Zelda Williams, Brian Henderson, David Dayan Fisher, Ajla Hodzic, Eli Roth, Ben DiGregorio, Alyssa Sutherland, Shiloh Fernandez, Robert Towers.

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