jeudi 9 janvier 2014

Le Petit revenant


Johnnie To et les fantômes, c’est une longue histoire qui a commencé en 1986 avec Happy ghost III, s’est poursuivi avec Le Petit revenant (les deux films sont produits par l’inénarrable Raymond Wong Bak-ming) puis a continué avec Wai Ka-fai (My left eye sees ghosts en 2002 et Mad detective en 2007). Le fantôme ici est un enfant, le petit Bobo (Cheng Pak-lam), habillé avec son uniforme de base-ball. En début de film, ses parents – fortunés – quittent leur immense demeure par désespoir d’avoir perdu leur fils. Ce dernier pouvant les voir mais ne parvenant pas à se faire voir.

Le but du film de Johnnie To est donc de faire en sorte que Bobo puisse se réincarner pour enfin avoir une nouvelle belle vie. Qui va l’aider ? King (Tony Leung Chiu-wai) et Meng (Kent Cheng), préposés aux parcmètres, célibataires et passionnés d’électronique. Ce qui veut dire en gros que les deux collègues vont découvrir l’existence de ce petit revenant grâce à la tentative de séduction qu’ils exercent sur Mona (Sonia Su) et sa cousine (Kingdom Yuen). Les deux femmes se trouvent être les cousines du petit Bobo.

Johnnie To cherche à produire un film de fantômes non pas tourné vers le passé, avec des revenants qui se déplacent en sautillant, avec des talismans que les vivants apposent sur le front des fantômes pour se protéger. Le cinéaste s’éloigne de la mode de l’époque des fantômes pour faire de l’électronique le moyen de pénétrer dans le royaume des morts. Le professeur Lion Head (John Shum), savant un peu fou va aider le quatuor à communiquer avec Bobo. Les lieux où vivent les défunts anticipent les bas-fonds des deux Heroic trio, lumière bleue et grands mouvements de caméra (le film a été co-réalisé officieusement par Ching Siu-tung).

A vrai dire, le scénario du Petit revenant n’a aucune importance, les personnages ne font que des allers et retours entre les mondes de vivants et des morts. Ici, le méchant ultime du film est Cheap Chan (Anthony Wong). L’acteur joue un cousin du petit Bobo, un homme maléfique  qui a enlevé le gamin contre une rançon caché dans une peluche. Sauf que le gamin a été étouffé par toutes ses peluches et qu’il est mort. Anthony Wong excellait dans ces rôles de taré. Pour camper ce cousin dégénéré, il postillonne à chaque mot et avale goulument sa salive avec un grand « slurp » chaque fois qu’il a commis un acte répréhensible.

Du coup, chacune des apparitions de l’acteur est attendue avec une certaine impatience, d’autant que les personnages des gentils ne sont pas forcément intéressants. Tony Leung Chiu-wai doit ainsi se contenter de jouer un joli jeune homme bien propre sur lui et qui n’attend que l’amour. On lui demande de sourire gentiment. L’acteur ne jouera plus jamais dans un film de Johnnie To. De plus, les romances plaquées sur son personnage avec Sonia Su sont fades. Le Petit revenant est ainsi constitué de deux films, l’un gentil et sans saveur, l’autre pervers où le méchant se permet les pires horreurs. C’est ce côté que Johnnie To développera dans ses films suivants, notamment avec Anthony Wong.

Le Petit revenant (Lucky encounter, 踢到寶, Hong Kong, 1992) Un film de Johnnie To avec Tony Leung Chiu-wai, Kent Cheng, Cheng Pak-lam, Anthony Wong, Sonia Su, Kingdom Yuen, John Shum, Wong Yat-fei, Sylvia Chang.

Aucun commentaire: