vendredi 20 décembre 2013

Au revoir, mon amour


Il a passé cinq ans dans les rangs de la résistance. A la veille de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor (décembre 1941), Shun (Tony Leung Ka-fai) revient à Shanghai clandestinement. Son premier souhait est de retrouver Mui-ye (Anita Mui). Ils se sont aimés en 1936 lors des premières manifestations contre l’invasion de l’armée japonaise. Il s’est blessé, elle l’a soigné, il a été contraint de partir. Ils ne se sont jamais revus mais ont échangé des pendentifs qu’ils portent précieusement sur leur poitrine.

L’ouverture de Au revoir, mon amour (en français dans le texte, le titre chinois se traduit par « jusqu’à la fin ») montre un Shanghai grouillant où les pauvres mendient leur nourriture, où les enfants en haillons volent des aliments à côté du grand luxe du cabaret « Jesse’s » tenu par Monsieur Ng (Kenneth Tsang), le père de Mui-ye. Cette dernière est la chanteuse vedette de l’établissement fréquenté par le gratin de la ville. Monsieur Ng refuse les clients japonais et, grâce à son passeport américain, ne craint pas les représailles.

Tout juste admet-il le consul du Japon, Noguchi (Akai Hidekazu), plutôt pacifiste et acquis à la cause des Chinois. Mais quand un soldat habillé en civil exige de Mui-ye qu’elle chante une chanson en japonais, celle-ci refuse. Il sort son arme, la menace et tire dans l’immense baie vitrée qui s’écroule. Une bagarre commence à laquelle se mêle les membres de la police secrète dirigée par Tieh (Norman Chu) puis Shun et ses amis résistants. Le soldat japonais est tué d’une balle dans la tête par Shun devant Mui-ye qui comprend que son ancien amoureux est revenu.

Comme cinq ans auparavant, elle va soigner Shun, en cachette, comme si leur histoire pouvait reprendre là où elle s’était arrêtée. Ils constatent qu’ils ont conservé les médaillons offerts jadis. Ils sont évidemment encore amoureux l’un de l’autre mais entre l’amour et la résistance, Shun a choisi la deuxième solution. Là, il faut dire combien Anita Mui est filmée comme une gravure de mode, prenant des poses glamour et lascives quelle que soit la situation, dans une lumière tamisée. Elle est toujours habillée avec des belles robes et pomponnée même au plus fort de la bataille.

C’est qu’à l’extérieur du cabaret, la bataille fait rage. Pearl Harbor passé, les Japonais paradent dans Shanghai occupé. Tieh est devenu un homme important qui collabore avec les forces d’occupation. Il cherche Shun dans la ville, torturant les Chinois qui pourraient le renseigner, usant de violence et menaçant Mui-ye et son père. Seul Noguchi tente de faire régner le calme dans tout ce chaos et tente de remettre à sa place Tieh. Ce dernier va mener une attaque contre Shun et ses amis résistants, plaçant une bombe dans leur cachette, et les laissant pour morts.

L’amour en temps de guerre permet à Au revoir, mon amour de déployer tout un catalogue du parfait grand mélo. En plus des amours contrariées par les événements pour Mui-ye et Shun, s’ajoute la mort supposée de ce dernier, le père de Mui-ye emprisonné et torturé pour faire sortir de sa cachette Shun, la tante de Mui-ye qui tombe amoureuse de Tieh, un mariage forcé entre Mui-ye et Noguchi parce qu’elle est enceinte. A cela, il convient d’ajouter une bonne dose de pathos sur les thèmes de la résistance, de l’amour de la patrie et de la loyauté à la fois entre amants, amis et ennemis.

Le film n’y va pas avec le dos de la cuiller, tombant parfois dans le trop plein. Les scènes émouvantes filmées à grand renfort de musique lacrymale et les scènes d’action sont tournées au ralenti, comme John Woo le faisait dans Une balle dans la tête, son gros mélo en costumes, modèle évident de Tony Au. Le cinéaste et ses scénaristes font dans la surenchère sur tous les éléments du récit. Mais le film se regarde grâce à l’ensemble de ses interprètes ainsi qu’à une production et une réalisation honnêtes à défaut d’être géniales.

Au revoir, mon amour (何日君再來, Hong Kong, 1991) Un film de Tony Au avec Anita Mui, Tony Leung Ka-fai, Carrie Ng, Norman Chu, Akai Hidekazu, Kenneth Tsang, Chikako Aoyama.

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