mardi 31 décembre 2013

Bilan de l'année 2013


Les mains de Shu Qi dans Journey to the West de Stephen Chow & Derek Kwok

Comme en 2012, le nombre de films issus du sud-est asiatique est stable : 25 films, auxquels on peut ajouter Le Dernier rempart de Kim Jee-woon (264 030 spectateurs) et Stoker de Parl Chan-wook (124 218 spectateurs), deux films américains mais réalisés par deux des plus célèbres cinéastes coréens. C’est le troisième larron, Bong Joon-ho avec son Snowpiercer Le Transperceneige qui réussit le mieux son passage international, tout en maintenant une production majoritaire coréenne. Pour moi, c’est l’un des meilleurs films de l’année 2013, tout simplement. Peu de découvertes cette année dans le cinéma coréen, Hong Sang-soo, Im Sang-soo et Kim Ki-duk sont toujours là, avec leurs thématiques habituelles et les engouements critiques habituels. Toujours à propos de Corée, la sortie du remake de Old boy par Spike Lee le 1er janvier 2014 ne cesse de m’étonner.

Ce que je viens de dire pour le manque de nouveauté concernant le cinéma coréen s’applique aussi au cinéma de Hong Kong et de la Chine Populaire comme du Japon, hormis Une vie simple d’Ann Hui et A touch of sin de Jia Zhangke, tous les deux très réussis. La grande déception devant The Grandmaster de Wong Kar-wai (cinq ans pour ne faire que ça) est l’arbre défraichi qui cache la forêt brûlée du cinéma cantonais. Encore plus que les années précédentes, produire un film à Hong Kong demande aujourd’hui que le film soit visible par les spectateurs de Chine Populaire, donc qu’il passe par la censure du scénario. Ainsi, la plupart des films récents de Hong Kong sont d’une platitude incroyable et semblent ne plus regarder la ville comme auparavant.

D’ailleurs à Hong Kong, rien ne va plus. Ce sont les films hollywoodiens qui dominent (cette année Iron Man 3, Monstres Academy, World war Z et Thor 2 sont dans le top 5). Le plus gros succès local est Unbeatable de Dante Lam (N°3 au box office). Le grand retour de Stephen Chow derrière la caméra avec sa nouvelle version de Journey to the West (N°10 au box office) n’a pas été le choc commercial auprès des spectateurs de Hong Kong. En revanche, le film a cassé la baraque en Chine Populaire, nouvel eldorado, battant Iron Man 3. Plus loin, l’immense succès en Chine de So young, premier film de l’actrice Vicky Zhao est logique. Sa gentille chronique sur la Chine des vingt dernières années a sans doute permis à son public de se reconnaitre dans ses personnages.

Pour ma part, continuer à écrire sur ce blog avec le rythme que je tiens depuis mai 2007 (en gros, un film tous les deux jours) est de plus en plus difficile. J’aime toujours regarder des films mais je suis souvent déçu. Une fois l’hiver fini, il va bientôt être temps pour moi de prendre une pause, d’arrêter de regarder autant de films et peut-être de repartir avec de nouvelles résolutions. Voici cinq films que je retiendrai en 2013 : Snowpiercer de Bong Joon-ho, Journey to the West : Conquering the demons de Stephen Chow et Derek Kwok, L’Ivresse de l’argent de Im Sang-soo, Blind detective de Johnnie To et Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-eda. En attendant, je vous souhaite une belle année 2014 et plein de bons films. Si possible.

Les films sortis en France en 2013 :
Snowpiercer – Le Transperceneige de Bong Joon-ho : 649 700 spectateurs
The Grandmaster de Wong Kar-wai : 361 387 spectateurs
Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir de Kiyoshi Kurosawa : 90 542 spectateurs
Ilo Ilo d'Anthony Chen : 83 376 spectateurs
A touch of sin de Jia Zhang-ke : 80 399 spectateurs
Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura : 62 511 spectateurs
Shokuzai, celles qui voulaient oublier de Kiyoshi Kurosawa : 62 807 spectateurs
One piece Z de Tatsuya Nagamine : 54 532 spectateurs
L’Homme aux poings de fer de RZA : 38 927 spectateurs
Une vie simple d’Ann Hui : 38 260 spectateurs
L’Ivresse de l’argent d’Im Sang-soo : 22 217 spectateurs
Mystery de Lou Ye : 19 505 spectateurs
People mountain people sea de Cai Shangjun : 13 100 spectateurs
The Land of hope de Sono Sion : 11 116 spectateurs
Haewon et les hommes d’Hong Sang-soo : 10 134 spectateurs
Le Fils unique de Yasujiro Ozu : 7 961 spectateurs
Pieta de Kim Ki-duk : 7 872 spectateurs
Les Petits canards de papier : 5 353 spectateurs
After School Midnighters de Hitoshi Takekiyo : 2 773 spectateurs
Mundane history de Anocha Suwichakornpong : 731 spectateurs
Pink de Jeon Soo-il : 318 spectateurs
25 novembre 1970, Le Jour où Mishima a choisi son destin de Koji Wakamatsu : 1 194 spectateurs
Merci à Mathias pour le box-office.

lundi 30 décembre 2013

Albator corsaire de l’espace


J’avoue que je n’ai pas regardé un seul épisode d’Albator depuis trente ans, bref depuis mon enfance. Ce qui en dit long sur mon âge. J’en ai assez peu de souvenir. Je me rappelle son bras droit, le petit gros à lunettes qui est encore là pour engager un nouveau marin pour le navire intersidéral. Je me rappelle le volatile longiligne posé sur l’épaule droite du corsaire, l’oiseau est encore là. La large cicatrice sur la joue gauche d’Albator est toujours présente, son bandeau sur l’œil droit et son grand manteau au col rouge aussi.

Le passage du dessin animé classique en 12 images par seconde a laissé la place à une animation de synthèse et en 3D où les personnages ressemblent désormais à des humains (ça n’est pas trop mon truc). Le grotesque des personnages secondaires (dont le petit gros à lunettes) est mis de côté, seule compte la mission du capitaine Albator : revenir sur Terre à bord de son vaisseau, l’Arcadia. L’espace intersidéral est en revanche très joli avec cette 3D et les longs travellings sur le vaisseau donnent de l’ampleur à l’odyssée.

Deux mondes s’affrontent dans Albator corsaire de l’espace. Celui d’Albator et de son équipe. Outre Yattaran (le gros à lunettes donc), Nami (une belle blonde aux formes sexy, elle aura droit à une scène de nu) et Mimai (la femme bleue du peuple Nibelungen, peuple disparu mais qui a donné sa technologie de la matière noire à Albator), aucun des personnages de notre passé n’est présent. Albator accueille dans son vaisseau Yama, un jeune homme épris de liberté. Yama est en fait un espion du peuple de Gaia, dictature qui cherche à supprimer l’Arcadia. Albator, parce que sa cause est juste, va convaincre Yama de le rejoindre.

Le film est idéal pour ceux, comme moi, qui ont tout oublié du dessin animé des années 1970. Les flash-backs permettent de savoir tout ce qui s’est passé cent ans auparavant quand la matière noire a détruit la terre. Puis, des longues scènes de dialogues alternent avec des scènes de bataille (certaines sont très belles, visuellement passionnantes) pour revenir à un autre flash-back et à une autre scène d’explication pour faire avancer le récit. Le film s’avère en fin de compte très monotone et parfois très ennuyeux. Il vaut mieux grader ses vieux souvenirs.

Albator corsaire de l’espace (宇宙海賊キャプテンハロック, Japon, 2013) Un film de Shinji Aramaki avec les voix de Shun Oguri, Yū Aoi, Ayano Fukuda, Arata Furuta, Kiyoshi Kobayashi, Haruma Miura, Toshiyuki Morikawa, Chikao Ōtsuka, Māya Sakamoto, Miyuki Sawashiro.

dimanche 29 décembre 2013

Tel père, tel fils


Famille N°1, celle de Keita (Keita Ninomiya). Le père, Ryota Nonomiya (Masaharu Fukuyama) est architecte. Il passe tout son temps au travail, rentre tard le soir. Cadre dynamique, comme on dit, il fait la fierté de son patron quand il vient travailler même le samedi. Avec sa femme Midori Nonimiya (Machiko Ono), femme au foyer, il habite dans un grand appartement d’un immeuble moderne de Tokyo. Meubles gris, grandes pièces, confort moderne. Le père porte de beaux costumes et roule dans une belle voiture.

Famille N°2, celle de Ryusei (Shôgen Hwang). Le père, Yudai Saiki (Lily Franky) tient un petit commerce d’électricien. Il est à son compte, compte peu de clients avec lesquels il entretient de cordiaux rapports. Avec sa femme Yukari Saiki (Yôko Maki) et leurs deux enfants plus jeunes que Ryusei, un garçon et une fille, ils habitent au dessus de leur boutique dans un modeste appartement dans une ville de province. Les trois enfants dorment dans la même pièce. Le père, barbe de trois jours, porte des chemises à carreaux et roule dans un van.

Deux familles que tout oppose et qui vont apprendre que leurs fils, âgés de six ans, ont été échangés à la maternité. Midori a accouché dans le village de Yudai, sa terre natale. Les deux familles ne se connaissent pas mais vont devoir composer ensemble, dans une forme totalement différente de notre fleuron national, La Vie est un long fleuve tranquille. Le sujet de Tel père, tel fils est pratiquement le même, mais le traitement de Hirokazu Kore-eda est radicalement différent, loin de la farce d’Etienne Chatilliez.

Le cinéaste prend comme point de vue celui de Ryota, le père arrogant et sûr de lui. Sa vie pourrait être considérée comme un étalon de la société japonaise actuelle : la réussite professionnelle prime avant tout. Il est persuadé que l’éducation qu’il a donnée depuis six ans à Keita est la bonne. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un entretien d’embauche de l’enfant pour rentrer dans une école privée. Le petit garçon se présente, habillé avec un belle cravate, comme son père, devant les dirigeants de l’école.

Il ne s’agira pas pour Hirokazu Kore-eda de savoir si le père a raison ou tort de vivre de cette manière, il ne s’agira pas non plus de faire un débat pour savoir si un père ou une mère est celui qui donne la naissance ou ceux qui élèvent les enfants. Le film est bien plus subtil que cela. Ces sujets sont abordés en long en large et en travers, ils occupent une bonne partie des pensées des quatre parents sans que jamais, durant les deux heures que dure Tel père tel fils, la réponse ne soit apportée.

Ce qui frappe dans ce nouveau film sur l’enfance, c’est la douceur avec laquelle les personnages sont traités. Une douceur qui est inversement proportionnelle avec la violence de la nouvelle de l’échange. Le cinéaste procède par touche, décrit lentement les environnements des familles, commençant par les bourgeois avant d’aller, au bout de près d’une demi heure, chez les prolos. Cette douceur permet de ne pas créer de fausses tensions pour permettre des rebondissements dramatiques abrupts. La séquence du procès contre l’hôpital est à ce titre exemplaire.

Ce qui est très beau également dans ce portrait de familles obligées de se recomposer est l’absence de chantage à l’émotion. Le film évite cet écueil en laissant les enfants à côté des soucis des parents. On ne verra pas les deux garçons sortir des dialogues d’adultes pour tenter de donner corps à ce qu’ils vivent, à ce déracinement programmé. C’est ce mystère silencieux de Keita et Ryusei, leur regard d’enfant, les scènes de leur vie quotidienne, qui provoquent l’émotion qui gagne petit à petit le spectateur.

Tel père tel fils (そして父になる, Japon, 2013) Un film d’Hirokazu Kore-eda avec Keita Ninomiya, Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Shôgen Hwang, Lily Franky, Yôko Maki, Jun Fubuki, Kirin Kiki, Jun Kunimura, Megumi Morisaki, Isao Natsuyagi, Hiroshi Ohkôchi.

mercredi 25 décembre 2013

Encyclopédie 2013


2013

L’Homme aux poings de fer (The Man with the iron fists, Etats-Unis – Hong Kong, 2012)
Un film de RZA avec RZA, Russell Crowe, Lucy Liu, Byron Mann, Jamie Chung, Rick Yune, Dave Bautista, Cung Le, MC Jin, Gordon Liu, Chen Kuan-tai, Leung Kar-yan, Andrew Lin, Grace Huang, Telly Liu, Xue Jingyao, Pam Grier, Zhu Zhu, Daniel Wu, Andrew Ng, Terence Yin.
Sortie en France : 2 janvier 2013.

Mundane history (เจ้านกกระจอก, Thaïlande, 2009)
Un film de Anocha Suwichakornpong avec Arkaney Cherkam, Paramej Noieam, Phakpoon Surapongsanuruk, Anchana Ponpitakthepkij.
Sortie en France : 16 janvier 2013.

L’Ivresse de l’argent (The Taste of money, 돈의 , Corée, 2012)
Un film d’Im Sang-soo avec Kim Kang-woo, Baek Yoon-sik, Yoon Yeo-jeong, Kim Hyo-jin, Maui Taylor, On Joo-wan, Kwon Byeong-gil, Hwang Jeong-min-I.
Sortie en France : 23 janvier 2013.

Mystery (浮城謎事, Chine – France, 2012)
Un film de Lou Ye avec Hao Lei, Qin Hao, Qi Xi, Zu Feng, Zhu Yawen, Chang Fang-yuan, Qu Ying, Du Yan-lin.
Sortie en France : 20 mars 2013.



Pieta (피에타, Corée, 2012)
Un film de Kim Ki-duk avec Jo Min-soo, Lee Jeong-jin, Woo Gi-hong, Kang Eun-jin, Jo Jae-ryong, Lee Myeong-ja.
Sortie en France : 10 avril 2013.

The Grandmaster (一代宗師, Hong Kong – Chine, 2012)
Un film de Wong Kar-wai avec Tony Leung Chiu-wai, Zhang Ziyi, Song Hye-kyo, Chang Chen, Wong Hing-cheung, Zhao Ben-shan, Bruce Leung, Julian Cheung.
Sortie en France : 17 avril 2013.

The Land of hope (希望の国, Japon, 2012)
Un film de Sono Sion avec Isao Natsuyagi, Naoko Otani, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka, Yusuke Iseya, Mitsuru Fukikoshi, Hikari Kajiwara, Motoki Fukami, Shirô Namiki, Mariko Tsutsui, Fusako Urabe.
Sortie en France : 24 avril 2013.

Une vie simple (A simple life, 桃姐, Hong Kong, 2011)
Un film d’Ann Hui avec Andy Lau, Deannie Yip, Wang Fu-li, Qin Hailu, Lam Yi-man, Paul Chun, Hui Pik-kei, Elena Kong, Anthony Wong, Yu Man-si, Don Yu Dong, Helena Law, Sammo Hung, Tsui Hark, Chapman To, Ning Hao, John Shum, Raymond Chow, AngelaBaby, Leung Tin, Hui Siu-ying, Tam Bing-man, Andrew Lau, Gung Suet-fa, Joe Cheung.
Sortie en France : 8 mai 2013.

One piece Z (ワンピース フィルム ゼット, Japon, 2012) Un film de Tatsuya Nagamine avec les voix de Mayumi Tanaka, Kazuya Nakai, Akemi Okamura, Kappei Yamaguchi, Hiroaki Hirata, Ikue Ôtani, Yuriko Yamaguchi, Kazuki Yao, Yûichi Nagashima, Hôchû Ôtsuka, Teruyuki Kagawa, Ryôko Shinohara, Unshô Ishizuka, Fumihiko Tachiki, Mika Doi.
Sortie en France : 15 mai 2013.

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir (贖罪, Japon, 2012) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Mirai Moriyama, Eiko Koike, Kenji Mizuhashi, Sakura Andô, Chizuru Ikewaki, Ayumi Itô, Tomoharu Hasegawa, Teruyuki Kagawa.
Sortie en France : 29 mai 2013.

Shokuzai, celles qui voulaient oublier (贖罪, Japon, 2012) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Mirai Moriyama, Eiko Koike, Kenji Mizuhashi, Sakura Andô, Chizuru Ikewaki, Ayumi Itô, Tomoharu Hasegawa, Teruyuki Kagawa.
Sortie en France : 5 juin 2013.

People mountain people sea (人山人海, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Cai Shangjun avec Bao Zhenjiang, Chen Jianbin, Tao Hong, Wu Xiubo.
Sortie en France : 19 juin 2013.

Le Fils unique (一人息子, Japon, 1936) Un film de Yasujiro Ozu avec Chôko Iida, Shinichi Himori, Masao Hayama, Yoshiko Tsubouchi, Mitsuko Yoshikawa, Chishū Ryū, Tomoko Naniwa.
Sortie en France : 19 juin 2013.

Ilo Ilo (妈不在家, Singapour, 2013) Un film d'Anthony Chen avec Yeo Yann Yann, Chen Tianwen, Angeli Bayani, Jo Kukathas.
Sortie en France : 4 septembre 2013.

Lettre à Momo (ももへの手紙, Japon, 2012) Un film de Hiroyuki Okiura avec les voix de Karen Miyama, Yuka, Toshiyuki Nishida, Kōichi Yamadera, Chō, Daizaburo Arakawa, Kazuo Miyaura, Yoshisada Sakaguchi, Ikuko Tani, Takeo Ogawa, Kota Fuji, Katsuki Hashimoto.
Sortie en France : 25 septembre 2013.

Haewon et les hommes (누구의 딸도 아닌 해원, Corée, 2013) Un film d’Hong Sang-soo avec Lee Seon-gyoon, Jeong Eun-chae, Kim Ee-seong, Yoo Joon-sang, Ye Ji-won, Ki Joo-bong, Kim Ja-ok, Ryoo Deok-hwan, Ahn Jae-hong, Bae Yoo-ram, Sin Seon, Jeong Da-won, Ahn Seon-yeong, Park Joo-hee-I, Jane Birkin.
Sortie en France : 16 octobre 2013.

Pink (핑크, Corée, 2011) Un film de Jeon Soo-il avec Lee Seung-yeon-I, Seo Kap-sook, Park Hyeon-woo, Kang San-eh, Lee Won-jong, Jeong Jae-jin.
Sortie en France : 23 octobre 2013.

Snowpiercer – Le Transperceneige (Snowpiercer, Corée – Etats-Unis – France, 2013) Un film de Bong Joon-ho avec Chris Evans, Ed Harris, Jamie Bell, Alison Pill, Tilda Swinton, John Hurt, Octavia Spencer, Ewen Bremner, Luke Pasqualino, Song Kang-ho, Steve Park, Clark Middleton, Kenny Doughty, Adnan Haskovic, Tómas Lemarquis.
Sortie en France : 30 octobre 2013.

After School Midnighters (放課後ミッドナイタ, Japon, 2012) Un film de Hitoshi Takekiyo avec les voix de Chafûrin, Hozumi Gôda, Shôzô Iizuka, Mariya Ise, Jûrôta Kosugi, Minako Kotobuki,     Yûki Kuroda, Dai Matsumoto, Hiroshi Shimozaki, Hiromasa Taguchi, Ikuko Tani, Haruka Tomatsu, Sakiko Uran, Kôichi Yamadera, Hiroshi Yanaka, Yûsaku Yara, Hôchû Ôtsuka.
Sortie en France : 30 octobre 2013.

Au-delà du sang (France – Japon, 2013) Un film de Guillaume Tauveron avec Takahiro Ono, Mari Yoshida, Omocha Chiba, Keisaku Kimura, Miwako Izumi, Hiroei Ishihara, Ryu, Yasunari Kondo, Takashi Kokubu, Masato Yamaguchi, Takuya Omoto, Kazuki Yamamoto.

Les Petits canards de papier (Chine) Programme de trois courts-métrages des studios de Shanghaï. Films de Yu Zheguang. Le Petit canard Yaya (鸭呷呷, 1980), Les Petits canards intelligents (聪明的鸭子 , 1960), Un gros chou (一棵大白菜, 1961)
Sortie en France : 6 novembre 2013.

25 novembre 1970, Le Jour où Mishima a choisi son destin (1125自決の日 三島由紀夫と若者たち, Japon, 2012) Un film de Koji Wakamatsu avec Arata Iura, Shinobu Terajima, Hanae Kan, Hideo Nakaizumi, Shinji Suzuki, Kiyohiko Shibukawa, Suzunosuke, Toshiki Masuda, Tomori Abe, Shinosuke Mitsushima.
Sortie en France : 27 novembre 2013.



A touch of sin (天注定, Chine – Japon, 2013) Un film de Jia Zhang-ke avec Jiang Wu, Wang Bao-qiang, Zhao Tao, Luo Lan-shan, Zhang Jiayi, Vivien Li Meng.
Sortie en France : 11 décembre 2013.

Tel père tel fils (そして父になる, Japon, 2013) Un film d’Hirokazu Kore-eda avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yôko Maki, Rirî Furankî, Jun Fubuki, Shôgen Hwang, Kirin Kiki, Jun Kunimura, Megumi Morisaki, Isao Natsuyagi, Keita Ninomiya, Hiroshi Ohkôchi.
Sortie en France : 25 décembre 2013.

Albator le corsaire de l’espace (宇宙海賊キャプテンハロック, Japon, 2013) Un film de Shinji Aramaki avec les voix de Shun Oguri, Yū Aoi, Ayano Fukuda, Arata Furuta, Kiyoshi Kobayashi, Haruma Miura, Toshiyuki Morikawa, Chikao Ōtsuka, Māya Sakamoto, Miyuki Sawashiro.
Sortie en France : 25 décembre 2013.

vendredi 20 décembre 2013

Au revoir, mon amour


Il a passé cinq ans dans les rangs de la résistance. A la veille de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor (décembre 1941), Shun (Tony Leung Ka-fai) revient à Shanghai clandestinement. Son premier souhait est de retrouver Mui-ye (Anita Mui). Ils se sont aimés en 1936 lors des premières manifestations contre l’invasion de l’armée japonaise. Il s’est blessé, elle l’a soigné, il a été contraint de partir. Ils ne se sont jamais revus mais ont échangé des pendentifs qu’ils portent précieusement sur leur poitrine.

L’ouverture de Au revoir, mon amour (en français dans le texte, le titre chinois se traduit par « jusqu’à la fin ») montre un Shanghai grouillant où les pauvres mendient leur nourriture, où les enfants en haillons volent des aliments à côté du grand luxe du cabaret « Jesse’s » tenu par Monsieur Ng (Kenneth Tsang), le père de Mui-ye. Cette dernière est la chanteuse vedette de l’établissement fréquenté par le gratin de la ville. Monsieur Ng refuse les clients japonais et, grâce à son passeport américain, ne craint pas les représailles.

Tout juste admet-il le consul du Japon, Noguchi (Akai Hidekazu), plutôt pacifiste et acquis à la cause des Chinois. Mais quand un soldat habillé en civil exige de Mui-ye qu’elle chante une chanson en japonais, celle-ci refuse. Il sort son arme, la menace et tire dans l’immense baie vitrée qui s’écroule. Une bagarre commence à laquelle se mêle les membres de la police secrète dirigée par Tieh (Norman Chu) puis Shun et ses amis résistants. Le soldat japonais est tué d’une balle dans la tête par Shun devant Mui-ye qui comprend que son ancien amoureux est revenu.

Comme cinq ans auparavant, elle va soigner Shun, en cachette, comme si leur histoire pouvait reprendre là où elle s’était arrêtée. Ils constatent qu’ils ont conservé les médaillons offerts jadis. Ils sont évidemment encore amoureux l’un de l’autre mais entre l’amour et la résistance, Shun a choisi la deuxième solution. Là, il faut dire combien Anita Mui est filmée comme une gravure de mode, prenant des poses glamour et lascives quelle que soit la situation, dans une lumière tamisée. Elle est toujours habillée avec des belles robes et pomponnée même au plus fort de la bataille.

C’est qu’à l’extérieur du cabaret, la bataille fait rage. Pearl Harbor passé, les Japonais paradent dans Shanghai occupé. Tieh est devenu un homme important qui collabore avec les forces d’occupation. Il cherche Shun dans la ville, torturant les Chinois qui pourraient le renseigner, usant de violence et menaçant Mui-ye et son père. Seul Noguchi tente de faire régner le calme dans tout ce chaos et tente de remettre à sa place Tieh. Ce dernier va mener une attaque contre Shun et ses amis résistants, plaçant une bombe dans leur cachette, et les laissant pour morts.

L’amour en temps de guerre permet à Au revoir, mon amour de déployer tout un catalogue du parfait grand mélo. En plus des amours contrariées par les événements pour Mui-ye et Shun, s’ajoute la mort supposée de ce dernier, le père de Mui-ye emprisonné et torturé pour faire sortir de sa cachette Shun, la tante de Mui-ye qui tombe amoureuse de Tieh, un mariage forcé entre Mui-ye et Noguchi parce qu’elle est enceinte. A cela, il convient d’ajouter une bonne dose de pathos sur les thèmes de la résistance, de l’amour de la patrie et de la loyauté à la fois entre amants, amis et ennemis.

Le film n’y va pas avec le dos de la cuiller, tombant parfois dans le trop plein. Les scènes émouvantes filmées à grand renfort de musique lacrymale et les scènes d’action sont tournées au ralenti, comme John Woo le faisait dans Une balle dans la tête, son gros mélo en costumes, modèle évident de Tony Au. Le cinéaste et ses scénaristes font dans la surenchère sur tous les éléments du récit. Mais le film se regarde grâce à l’ensemble de ses interprètes ainsi qu’à une production et une réalisation honnêtes à défaut d’être géniales.

Au revoir, mon amour (何日君再來, Hong Kong, 1991) Un film de Tony Au avec Anita Mui, Tony Leung Ka-fai, Carrie Ng, Norman Chu, Akai Hidekazu, Kenneth Tsang, Chikako Aoyama.

jeudi 19 décembre 2013

Sorties à Hong Kong (décembre 2013) Firestorm


Firestorm (風暴, Chine – Hong Kong, 2013) 
Un film d’Alan Yuen avec Andy Lau, Lam Ka-tung, Yao Chen, Ray Lui, Hu Jun, Michael Wong, Michael Tong, Cheung Kwok-keung, Bonnie Sin, William Chan, Patrick Keung, Eddie Cheung, Wong Cho-lam, Kenny Wong, Oscar Leung, Vincent Sze, Terence Yin, Grace Wong, Hinson Chou. 110 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 19 décembre 2013.

lundi 16 décembre 2013

La Légende de Zatoichi 14 : Le Pèlerinage


Pour sa troisième contribution aux Zatoichi (Zatoichi 6 : Mort ou vif et Zatoichi 7 : La Lame), le cinéaste Kazuo Ikehiro retrouve le thème des yakuzas qui veulent mettre la main sur un village. Zatoichi (Shintaro Katsu) est guidé par le propre cheval de sa victime qui a eu la mauvaise idée de l’affronter sur un pont. Pourtant, le masseur aveugle, en début de film était allé prier les Dieux pour se repentir d’avoir tué tant de personnes. Il avait juré qu’il irait faire un pèlerinage pour visiter les 88 temples de Shikoku, l’île où se déroule Le Pèlerinage.

Le cheval mène notre héros directement à la maison de son assaillant. Là, habite Okichi (Michiyo Ôkusu), la sœur de sa victime. Le jeune femme, étonnée de voir un visiteur inconnu, lui donne un coup de couteau à l’épaule. Elle a bien compris qu’il a tué son frère mais lui pardonne. Okichi lui explique ce qui se passe dans le village, que son frère a été forcé par Tohachi (Isao Yamagata) d’aller l’affronter, à cause d’une dette. Okichi soigne son invité et tous deux sympathisent pendant la convalescence de Zatoichi.

Tohachi et ses hommes sont peut-être des yakuzas féroces mais ce sont des rustres, habillés de haillons laissant dépasser leur ventre et, surtout, comme le dit Okichi lors d’une de leur rencontre, ils puent. Tohachi en est même fier mais il doit faire face aux moqueries des villageois (dialogues ironiques et hilarants d’Okichi à son encontre). Les yakuzas sont des cavaliers, donnant à certains moments un aspect western tout à fait volontaire accentuée par la musique, les plans larges sur les paysages et le soleil qui tape sur les crânes des personnages.

Zatoichi est blessé, et il le sera plusieurs fois pendant le film, mais Okichi compte sur lui pour se débarrasser des yakuzas. Les paysans menacés de voir leur terre et revenus volés sont du même avis. Cependant, pour ne pas avoir à aider le samouraï aveugle, ils annoncent accepter les conditions de Tohachi. Ils se prétendent incapables de se battre. Ils espèrent surtout que Zatoichi fera le boulot à leur place. Contrairement aux deux autres films de Kazuo Ikehiro, la réputation du masseur rend lâches les villageois.

En ouverture de film, Zatoichi avait déjà été mis à l’épreuve de la lâcheté. Dans le bateau qui l’amène à Shikoku, personne n’ose s’opposer à un voleur arrogant. Dans la longue scène finale, Okichi tente, en vain, de convaincre les paysans d’aider Zatoichi. Ils sont enfermés chez eux, il se fait blesser par les sabres des yakuzas. Cette scène d’action est extrêmement poignante, les cris de désespoir de Okichi au milieu du silence de la bataille seulement coupé par les bruits des lames est le meilleur moment du film et le plus émouvant des quatorze premiers films de la série.

La Légende de Zatoichi 14 : Le Pèlerinage (座頭市海を渡る, Japon, 1966) Un film de Kazuo Ikehiro avec Shintarô Katsu, Michiyo Ôkusu, Kunie Tanaka, Hisashi Igawa, Masao Mishima, Jotaro Senba, Ryûtarô Gomi, Isao Yamagata, Saburo Date.

dimanche 15 décembre 2013

Robo-G


Régulièrement, les infos nous apprennent qu’une entreprise de robotique a inventé un robot à l’apparence humaine. Si ça ne permet pas de faire avancer la science, ça offre à la boîte une belle publicité. Pour cette deuxième raison, M. Kimura (Takehiko Ono), le patron de Kimura Electronics, fabricant de frigo, a demandé à trois de ses employés de créer un robot. Ota (Kwai Shogo), petit gros à lunettes, Nagai (Junya Kawashima), grand chevelu et Kobayashi (Gaku Hamada), petit trapu ont trimé pour leur patron. Pas de chance, le robot qui devait faire la fierté de la boite tombe de la fenêtre et s’écrase en mille morceaux sur le sol.

Bien honteux, les trois collègues ont une idée de génie. Mettre un homme dans la carcasse du robot. Ils font passer un casting. Un jeune homme est pris mais, pas de chance, il est allergique aux métaux. Du coup, ils rappellent Monsieur Suzuki (Mickey Curtis), un retraité de 73 ans, le seul du casting qui corresponde aux mensurations précises du robot. Monsieur Suzuki vit seul et a justement besoin d’un peu d’argent pour arrondir ses fins de mois. L’une des intrigues de Robo-G montre aussi les rapports difficiles que le vieil homme a avec sa fille et ses deux petits enfants, adolescents qui montrent peu d’affection pour leur grand-père. Il devra reconquérir leur cœur.

En attendant, Suzuki doit devenir le robot blanc avec des gros yeux ronds. Il accepte son rôle avec des exigences de star : un bon salaire, une chambre dans un hôtel de luxe, un massage après chaque représentation. Pendant que les factures s’accumulent, les trois ingénieurs doivent se contenter d’une chambre commune et de nouilles comme repas. Le grand-père donne l’impression de se comporter comme un gamin, quitte à mettre en péril ses apparitions en robot où il se met à cabotiner, à improviser et ne plus suivre la mise en scène de Kobayashi. En revanche, le robot devient très populaire et il est demandé dans tous les congrès de robotiques.

Tout se complique quand Yoko Sasaki (Yuriko Yoshitaka), étudiante en ingénierie devient une fan absolue du robot. Elle tombe presque amoureuse du robot. Yoko est à la fois totalement immature (elle fait toujours coucou avec son grand sourire, comme une enfant) et très intelligente (elle est la meilleure de sa promo) ce qui crée un décalage comique. Son personnage ignore tout de la supercherie ce qui provoque certains quiproquos hilarants, le plus drôle étant l’invitation kawai pleine de gommettes et de petits cœurs envoyée au trio. Ils croient se rendre dans une école primaire et se retrouvent devant les ingénieurs. Ils se trouvent incapables de donner un cours scientifique.

La mécanique comique de Robo-G, comme des films précédents de Shinobu Yaguchi, les excellents Waterboys, Swing girls et le moins réussi Happy flight, repose sur la gentillesse des personnages, sur leur innocence et sur la solidarité qui se crée entre eux. C’est chaque fois un petit groupe uni par leur absence de savoir-faire qui cherche à se débrouiller malgré tous les obstacles. Le spectateur, malgré les mensonges répétés et leur inconséquence, est du côté du trio et de M. Suzuki. Pas de personnage néfaste qui viendrait briser les liens qui les unissent. Même la journaliste qui s’apprête à découvrir et révéler le pot aux roses n’agit que par stricte conscience professionnelle. Un film foncièrement positif qui parvient à ne pas tomber dans la mièvrerie ou dans un sentimentalisme écœurant.

Robo-G (ロボジー, Japon, 2012) Un film de Shinobu Yaguchi avec Naoto Takenaka, Yuriko Yoshitaka, Gaku Hamada, Takehiko Ono, Mickey Curtis, Tomoko Tabata, Emi Wakui, Junya Kawashima, Chan Kawai.

vendredi 13 décembre 2013

The Greatest lover


Tout commence dans un petit patelin de la Chine Populaire. Trois amis (Chow Yun-fat, Eric Tsang et Shing Fui-on) ont décidé de quitter illégalement leur patrie pour s’exiler à Hong Kong. Mal dégrossis, le trio a une idée pour échapper aux policiers des frontières armés et aux chiens féroces : se munir de crottes de tigre qui feront fuir les chiens et leur perdre leur odorat. The Greatest lover débute dans un zoo où le ton est donné : ils sont maladroits et incompétents mais dans un but comique. On va rire de leurs aventures à Hong Kong.

Les personnages sont éminemment caricaturaux, tout comme l’est le chef du village (Yuen Wah) qui les surprend chez eux en train de préparer leur périple et qui leur vole les vivres, les quelques dollars de Hong Kong et les couvertures. Il s’agit bien entendu de grossir le trait des frères du continent, montrer la corruption des édiles locaux, inscrire la pauvreté des habitants et affirmer l’utopie que représente Hong Kong. Ils s’enfuient de nuit, à la nage et arrivent sur les côtes de Hong Kong.

Wai (Eric Tsang) et Chicken (Shing Fui-on) ne retrouvent pas Chui Chun (Chow Yun-fat) et sont persuadés qu’il s’est noyé. Il n’en est rien. Il débarque devant un riche hôtel, y pénètre, se sert de la nourriture et se cache derrière un rideau. Chui Chun compare l’espace immense du lieu avec sa pauvre maison, l’abondance des mets avec sa maigre pitance mais ne peut s’empêcher, par réflexe, de critiquer cet esprit typiquement capitaliste et entonne des chants communistes pour se remonter le moral.

La situation de comédie de The Greatest lover va se mettre en place quand Sze (Wong Ching) un riche homme d’affaires est humilié en public dans cet hôtel par sa fiancée Nina (Nina Li Chi) et sa meilleure amie Fei Feng (Pauline Wong), le jour de leurs fiançailles. Pour se venger, il fait appel à Anita (Anita Mui), une styliste à la mode qui enseigne les bonnes manières aux gens. On la voit, armée d’une cravache, maltraiter la pauvre Sandra Ng pour lui donner des leçons de maintien.

Avec l’accord de Chui Chin, qui ne comprend pas tous les enjeux et la complicité de ses deux amis qu’il a entre temps retrouvés, Anita va faire de ce plouc de continental l’homme le plus raffiné de Hong Kong. Le film est une variation de My fair lady, Anita devient le Pygmalion de Chui Chin. Elle a fort à faire vu qu’il se goinfre dès qu’il voit de la nourriture, ne sait pas se déplacer avec élégance et dit tout ce qui lui passe par la tête sans faire attention. Cette fois, ce sont les gens riches et parvenus qui sont caricaturés à l’extrême avec le même résultat comique.

Là encore, le duo comique entre Chui Chin et Anita fonctionne à merveille. Elle se veut une grande dame qui change de tenues extravagantes à chaque scène (longues robes de soirée aux couleurs vives, chapeaux dignes de ceux de la reine d’Angleterre, peluche d’un lionceau accrochée à l’épaule). Anita Mui assume son rôle de grande bourgeoise avec aplomb tout comme Chow Yun-fat joue merveilleusement bien le benêt. La plus grande partie du film se déroule dans un décor kitsch à souhait.

C’est surtout l’abattage des interprètes qui permet à The Greatest lover de se laisser regarder jusqu’au bout. Anita Mui en grande snob jetant son regard désapprobateur devant ce grand enfant qu’incarne Chow Yun-fat. Les personnages se déguisent, hilarante scène où Anita Mui, Eric Tsang et Wong Ching revêtent les habits de la maman, la tante et la grand-mère de Chow Yun-fat pour tester les prétendantes. La romance, en fin de film, entre Anita et Chui Chin est en revanche moins convaincante et plus conformiste.

The Greatest lover (公子多情, Hong Kong, 1988) Un film de Clarence Ford avec Anita Mui, Chow Yun-fat, Eric Tsang, Shing Fui-on, Elizabeth Lee, Nina Li Chi, Pauline Wong, Wong Ching, Wong Jing, Sandra Ng, Rebecca Pan, Helena Law, Yuen Wah.

mercredi 11 décembre 2013

A touch of sin


Le voyage de A touch of sin va du nord au sud de la Chine, empruntant tous les moyens de transport possibles : à pied, en train, en camionnette, en mobylette et parfois en avion. Quatre personnages, trois hommes et une femme, d’âge différent mais de condition similaire sont au centre de quatre histoires. Dès l’ouverture du film, Jia Zhang-ke donne le ton : celui de violence. Un ton auquel il ne nous avait pas habitués, c’est le moins que l’on puisse dire. Un camion transportant des tomates renversées, un homme en mobylette qui se fait agresser et qui abat avec son révolver ses trois braqueurs.

Ce ton ne va pas quitter le spectateur, gangrénant chacun des quatre personnages comme une maladie incurable, se la passant dans les courtes scènes de transition où ils se croisent parfois. Dans le petit village de mineurs, où la statue de Mao souriant trône sur la place centrale, c’est Dahai (Jiang Wu), la quarantaine, qui entend dénoncer l’enrichissement personnel du chef du village et du nouveau propriétaire de la mine. Ce dernier se promène en Audi ou en jet privé quand les mineurs crèvent de faim sous la neige.

Plus au sud, Zhou San (Wang Baoqiang) va de ville en ville armé de son révolver (c’est lui qui abat les trois malfrats). Il retourne voir sa femme et son fils puis s’en va braquer un couple qui vient de retirer de l’argent de la banque. Plus loin, Xiaoyu (Zhao Tao) est réceptionniste dans un sauna. Deux clients exigent d’elle des rapports sexuels. Vers Canton, le jeune Hui (Luo Lanshan)  quitte son boulot d’ouvrier pour travailler dans un bordel moderne et sympathise avec une des jeunes femmes. Tout se passe autour du Nouvel An, période de fête à laquelle les quatre personnages ne semblent pas être en mesure de participer.

Chacun des quatre récits se terminera, d’une façon ou d’une autre, dans le sang (celui sur le visage de Dahai, celui qui gicle sur la chemise d’un client de Xiaoyu) ou par une voire plusieurs morts violentes. Jusqu’à présent le cinéma de Jia Zhangke se limitait à montrer des sensations, il montre, dans A touch of sin, des coups de poing sur les corps, plein champ, des claques, des humiliations corporelles. Il n’avait jamais filmé cela comme cela. Chaque scène de violence et de brutalité mêlées sont admirablement chorégraphiées avec un réalisme égal aux scènes de misère. Dans les Cahiers du cinéma, Jia Zhangke annonce que son prochain film sera un film de sabre. A touch of sin prouve qu’il peut faire un grand film.

Le film évoque essentiellement un désenchantement, une colère, un désespoir, qui touchent tous les âges. La statue de Mao dans le village du nord n’est pas filmée par hasard. Les personnages du film ne l’ont jamais connu de son vivant et ce que dit le film est que, depuis la mort du grand timonier, l’argent est le maître de la Chine. L’argent contrôle et achète tout : les hommes du village minier, les prostituées. Il corrompt, fait tomber les promesses du chef de partager les gains. Le film affirme aussi que le travail détruit les gens, comme le montre le funeste destin du jeune Hui, qui passe d’une humiliation à une autre chaque fois qu’il change de travail.

A touch of sin montre une déshumanisation totale. L’homme est réduit au rang de bête sauvage, comme le dit Hadai. Le film expose tout un bestiaire à titre de comparaison : le pauvre cheval battu au fouet par son propriétaire, le serpent qui passe devant Xiaoyu, un extrait de Green snake de Tsui Hark à la télé, des bœufs dans une remorque, des poissons rouges qu’on délivre, un petit singe sur un marchand. Les hommes ne sont souvent pas mieux traités et subissent, en silence, l’injustice à l’image de la pauvre Su San, héroïne malheureuse d’un opéra joué au village, dans les derniers plans du film, qui clame son innocence quand personne ne veut l’entendre. Xiaoyu regarde cet opéra et doit penser qu’elle aussi est une Su San en puissance. Jia Zhangke livre ici son meilleur film à ce jour.

A touch of sin (天注定, Chine – Japon, 2013) Un film de Jia Zhangke avec Jiang Wu, Wang Baoqiang, Zhao Tao, Luo Lan-shan, Zhang Jiayi, Vivien Li Meng.

mardi 10 décembre 2013

Tales from the dark 2


Après Tales from the dark 1, les fantômes reviennent hanter les vivants dans Tales from the dark 2. Trois courtes histoires réalisées par trois cinéastes. Gordon Chan se charge de la première partie, la moins aboutie et la moins inspirée. Hong (Lam Ka-tung) et Ching (Fala Chen) forment un couple aisé dont la routine va être brisée par la jalousie de Ching. Cette dernière espionne le téléphone de son mari. Il s’en aperçoit, demande des explications. Elle lui demande à son tour pourquoi il est resté en contact avec son ex. Elle crie et casse des objets provoquant le départ de Hong.

Assistante médicale, Ching perd le sommeil depuis le départ de son homme. Sa collègue et son patron comprennent que ça ne va pas. Insomniaque, elle se goinfre de somnifères mais ne parvient pas à dormir jusqu’à l’achat d’un oreiller parfumé qui l’emmène dans un monde de rêves (filmée dans un flou vaporeux) où Hong s’avère plus amoureux d’elle que jamais. Pour Ching, c’est le début d’une plongée dans un univers de songes érotiques (nombreuses scènes de lit) qu’elle va préférer à sa vie éveillée. Les scènes oniriques alternent avec des révélations sur Hong, donnant des explications plutôt que rester dans un suspense haletant.

Hide and seek (cache-cache) joue au contraire sur le schéma classique mettant en scène des jeunes gens qui partent s’amuser tous ensemble et qui vont être confrontés à une bande de fantômes qui va chercher à les décimer. Huit amis, âgés d’environ vingt ans, décident de visiter leur ancienne école qui doit être démolie dans quelques jours. Le bâtiment est vétuste, les livres trainent sur le sol, l’obscurité est accentuée par l’absence d’électricité. Ils décident de jouer à un jeu qu’ils jugent innocent : chasser les fantômes. Ils tirent au sort qui jouera au fantôme et qui sera le chasseur.

Ils ont beau avoir été prévenus du danger par un vieil homme qui semble habiter là, qui les a suppliés de partir avant la nuit, les huit amis continuent leur jeu. Ils ne remarquent pas une peinture murale où des écoliers sont dessinés, ils auraient dû, car ces écoliers sont des fantômes qui viennent chasser les huit amis dirigés par un professeur disparu depuis longtemps. Le film joue à fond la carte de la pénombre, du personnage qui surgit, des bruits suspects pour faire sursauter le spectateur. Rien de bien nouveau dans le domaine de l’effroi mais c’est efficace et plutôt amusant.

Le dernier film, Black umbrella tourné par Teddy Robin avec lui-même dans le premier rôle est le plus mystérieux, donc le plus intéressant. Teddy Robin, costumes trois pièces, cravate et grosses lunettes, se promène à Hong Kong avec un parapluie noir à la main qui lui sert de canne. A chaque coin de rue, il aide les gens à ne pas mourir. Ici, une vieille femme qui traverse trop vite une rue, là un chauffeur qui est menacé par un voleur, plus loin un joueur qui se fait bastonner par un membre des triades. Enfin, il rencontre une jeune femme (Aliza Mo) qui se promène seule dans les rues désertées de Hong Kong.

Ces rencontres, au fur et à mesure du récit, semblent de moins en moins dues au hasard, comme si l’homme au parapluie noir avait prévu d’être là, comme si c’était son destin. Il s’adresse toujours aux personnes sauvées avec un petit proverbe puis repart plus loin. Les 25 minutes de Black umbrella composent le meilleur de Tales from the dark 2, notamment son finale où aucune réelle explication sur l’origine et la finalité de l’homme au parapluie noire. Le film de Teddy Robin ne fait pas à proprement peur mais il laisse dans une perplexité sourde et un plaisir de spectateur qu’aucun des autres courts-métrages des deux films ne procuraient à ce niveau.

Tales from the dark 2 (李碧華鬼魅系列-奇幻夜, Hong Kong, 2013) Un film de Gordon Chan, Lawrence Ah Mon et Teddy Robin. 1. Pillow avec avec Fala Chen, Lam Ka-tung, Tony Ho, Joman Chiang. 2. Hide and seek avec Chan FatKuk, Sham Ka-ki, Kiki Tam, Pam Cheung, Ronny Yuen, Tong Kit-leung, Yatho Wong, Jaqueline Chan, Eric Leung, Lai Hon-chi, Lam Suk-ching. 3. Black umbrella avec Teddy Robin, Aliza Mo, Kelvin Kwan, Cheung Kwok-keung, Vincent Wan, Lana Wong, Yick Tin-hung, Ho Ka-wah, Law Chi-sing.

Sorties à Hong Kong (décembre 2013) When C goes to G7


When C goes to G7 (C遇上G7, Hong Kong, 2013) Un film de Lawrence Kan avec Carlos Chan, Yukilovey, Anjayliya Chan, Roy Chow. 84 minutes. Classé Catégorie I. Sortie à Hong Kong : 10 décembre 2013.

lundi 9 décembre 2013

Always : Sunset on Third Street 2


Le printemps 1959 à Tokyo. Dans la troisième rue qui sert de décor à Always : Sunset on Third Street 2, la vie aurait pu continuer bien tranquillement. Mais il n’en est rien. A la radio, un message d’alerte est lancé à la population. Godzilla attaque Tokyo et détruit tout sur son passage. Madame Tomoe Suzuki (Hiroko Yakushimaru) ramasse quelques affaires pour le départ puis appelle son fils Ippei (Kazuki Koshimizu) et Mutsuko (Maki Horikita) leur apprentie pour s’enfuir. Ils doivent rejoindre Suzuki « Auto » (Shinichi Tsutsumi), le mari qui arrive à toute vitesse dans sa voiture trois roues et enrage que son garage ait été détruit par Godzilla.

Cette formidable ouverture du film parodiant les kaiju eiga très à la mode en ces années où vivent les personnages est particulièrement jouissive pour le spectateur. Mais il ne s’agit que d’une vue de l’esprit, celle de l’écrivain fauché et en manque d’inspiration Ryunosuke Chagawa (Hidetaka Yoshioka). Il tente d’écrire une histoire qui pourrait lui rapprter de l’argent. Et cet argent, il en a besoin pour nourrir et élever Junnosuke (Kenta Suga). Il a la garde du jeune garçon qui est très attaché à lui mais que son tuteur légal souhaiterait reprendre pour lui donner une meilleure éducation. Chagawa est toujours aussi paumé, avançant titubant sur ses soques, la coiffure en pétard.

Dans le garage Suzuki qui fait fasse à la modeste maison de l’écrivain, la famille s’apprête à accueillir la petite Mika, la fille d’un parent dont l’entreprise a fait faillite. Elle a le même âge qu’Ippei mais très vite, les deux enfants se chamaillent. Ippei ne veut pas de cette sœur d’adoption et Mika est une enfant pourrie gâtée qui se plaint de tout, critique toute le monde et refuse les mets trop pauvres selon ses goûts. Le film fait la part belle aux personnages des enfants. Ippei et Mika vont apprendre à se connaitre. Le garçon va être à l’écoute des autres et la fillette va aider sa nouvelle mère dans les tâches ménagères. Quant à Junnosuke, il sacrifie son repas à la cantine pour payer les dettes de Chagawa. L’enfant est bien adulte que son tuteur.

Dans le premier film, Chagawa avait le béguin pour Hiromi (Koyuki) qui l’avait laissé sans nouvelle. Ses voisins apprennent qu’elle est devenue danseuse dans un cabaret. Elle pense ainsi pouvoir gagner sa vie pour s’en sortir et retrouver son prince charmant d’écrivain. Mais l’une de ses plus anciennes collègues, avec un certain cynisme, lui déclare qu’elle ne pourra jamais quitter ce milieu, que cet écrivain ne pourra pas sortir de sa médiocrité et ne gagnera jamais d’argent grâce à la littérature. Hiromi est courtisée par un riche client qui lui promet de l’épouser. Autre histoire d’amour, celle de Mutsuko l’apprentie, toujours pleine d’énergie, retrouve un ami d’enfance pour lequel elle a le béguin.

Film choral aux nombreux personnages, Always : Sunset on Third Street 2 est composé de micro-récits au gré des personnages. Ainsi Ippei et Mika adoptent un chiot trouvé dans un terrain vague. Un escroc se fait passer pour un agent littéraire et convainc Chagawa et ses amis de lui donner de l’argent. Et toujours la petite vieille qui se moque de tout le monde. Le film alterne les moments humoristiques avec les scènes plus dramatiques. Tous les habitants du quartier se mêlent des affaires des autres, écoutant aux portes, donnant des conseils, s’énervant, s’émouvant. Le film parvient chaque fois, malgré une bonne dose de démagogie et de bons sentiments à faire aimer tous ces personnages surgis d’un concentré du Japon de la fin des années 1950.

Always : Sunset on Third Street 2 (ALWAYS 続・三丁目の夕日?, Japon, 2007) Un film de Takashi Yamazaki avec Shinichi Tsutsumi, Maki Horikita, Kazuki Koshimizu, Koyuki, Tomokazu Miura, Masako Motai, Kenta Suga, Hiroko Yakushimaru, Hidetaka Yoshioka.

vendredi 6 décembre 2013

La Légende de Zatoichi 13 : La Vengeance


Première rencontre. Dans un champ aux herbes hautes, Zatoichi (Shintaro Katsu) croise un samouraï. Ils se toisent du regard, ne se disent pas un mot et partent dans des directions opposées. Deuxième rencontre. Toujours dans ces herbes, un homme est assailli par sept mercenaires que Zatoichi tue chacun d’un seul coup de sabre. Cet homme moribond demande au masseur de donner à un certain Taichi une bourse pleine d’argent. Où se trouve-t-il ? Qui est-il ? L’homme meurt avant de répondre.

Zatoichi reprend son chemin et rencontre un prêtre aveugle (Jun Hamamura). Assis devant un arbre, son biwa – une guitare japonaise – en bandoulière, le prêtre semble lire en Zatoichi comme dans un livre ouvert, lui affirme qu’il n’est pas aveugle de naissance et que son ouïe n’est pas assez développé. Le prêtre lui suggère de se rendre avec lui dans un village voisin pour le festival des tambours. Or ce village a la grande chance de ne pas être dominé par un clan yakuza.

Les deux hommes se rendent dans ce village. Zatoichi avec l’argent du défunt paie son repas – copieux – au prêtre, cet argent était sans doute des gains de jeu de hasard. Mais c’est dans ce village que Zatoichi comprend vite que le Taichi en question est un enfant, en l’occurrence le fils du défunt. Zatoichi rencontre sa grand-mère (Kanae Kobayashi) qui se plaint du racket du clan de Gonzo (Kei Satô) qui veut mettre sous sa coupe les commerces qui tentent tant bien que mal de résister, transformer les hôtels et restaurants en bordel ou maison de jeux.

A propos de jeux de hasard, passe-temps favori du masseur aveugle et son gagne-pain le plus simple, jamais Zatoichi n’y joue dans cette treizième aventure. Pas de salle de jeux dans La vengeance et notre héros va justement empêcher Gonzo et sa bande de malfrats d’accomplir son méfait. Pourtant, on dirait que son destin est cette fois entièrement dû aux coups du hasard, à ces rencontres au gré du chemin qui lui dictent d’aller à tel endroit. Le film joue astucieusement des hasards qui n’en sont pas.

Le défunt était donc le père de l’enfant qui va prendre Zatoichi comme modèle et que Gonzo va tenter d’humilier. Ce dernier engage le samouraï des herbes hautes pour éliminer le masseur aveugle. Le samouraï est le fiancé de Cho (Mayumi Ogawa), une tenancière d’un bordel que Gonzo a créé dans le village et qui demande à Zatoichi un massage et pour laquelle il se prend de sympathie. L’enjeu du film est de faire en sorte que Zatoichi reprenne la main, comme si toute son aventure n’était plus qu’un jeu de rôles, défier les rencontres faites au hasard.

Cette aventure cherche à établir un nouveau rapport avec ses personnages qui ne semblent pas connaitre la réputation de Zatoichi. Ainsi, les aubergistes ligués contre Gonzo voyant la lame de son sabre dépasser de la canne pense qu’il est un mercenaire. Le jeune Taichi l’idéalise et Zatoichi doit feindre d’être battu pour que l’adolescent ne s’attache pas à lui, voyageur sans ami ni attache. Le calme tant espéré dans ce village, vanté par un prêtre aveugle qui apparait comme un double négatif, n’est pas encore à l’horizon de Zatoichi.

La légende de Zatoïchi : La Vengeance (座頭市の歌が聞える, Japon, 1966) Un film de Tokuzô Tanaka avec Shintarô Katsu, Shigeru Amachi, Jun Hamamura, Gen Kimura, Kanae Kobayashi, Koichi Mizuhara, Mayumi Ogawa, Kei Satô.