jeudi 28 novembre 2013

Sorties à Hong Kong (novembre 2013) The Constable


The Constable (衝鋒戰警, Hong Kong, 2013) Un film de Dennis Law avec Simon Yam, Lam Suet, Sam Lee, Maggie Siu, Niu Meng-meng, Ken Lo, Maggie Li, Eddie Cheung, Zi Yi, Li Jin-jiang, Wang Si-ya, Chen Jing-yi, Lisa Cheng, Lo Hoi-pang. 100 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 28 novembre 2013.

Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Doomsday party


Doomsday party (末日派對, Hong Kong, 2013) Un film de Ho Hong avec Paul Wong, Kay Tse, Kelvin Kwan, Teddy Robin, Wilfred Lau, Cheung Kwok-keung, Maggie Chan, Kyle Tse, Liao Ziyu. 97 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 28 novembre 2013.

mardi 26 novembre 2013

Les Petits canards de papier


Pour me changer de la routine et des Zatoichi, je suis allé voir ce programme court (36 minutes) Les Petits canards de papier issu des studios d’animation de Shanghai. Les trois films, tournés en 1960 et 1980, ont été réalisés par Yu Zheguang. Il utilise une technique de papier découpé et plié (qui ne donne rien vraiment sur la photo postée ci-dessus) qui offre un effet de relief assez intéressant. Les animaux représentés dans les films (canetons, lapin, chaton, bouc, renard, papillon, grenouille) se déplacent comme dans un dessin animé classique, mais leur revers est plat. L’animation image par image a du sacrément longue.

Avec Le Petit canard Yaya, le plus récent des trois films ont assiste à l’éclosion des canetons. Le soleil souriant chauffe leur nid qui ressemble à une boite à œufs. Dix oiseaux en sortent et vont vite s’aventurer dans la mare à la recherche d’eau. Un renard cherche à les manger. Les canetons vont redoubler de ruse face au renard affamé tandis que la maman cane, coiffée d’un élégant fichu, s’inquiète pour sa progéniture. Autre prédateur que les trois canards dans Les Petits canards intelligents doivent éviter : le chat, qui vient gêner leur chasse aux papillons. Les deux films sont sans dialogue, agrémentée d’une musique guillerette.

Dans Un gros chou, ce sont un lapereau et un chaton qui sont les héros. Cette fois ils parlent et chantent, et, comme tous les enfants, ils font des bêtises (ils sont habillés pour appuyer le message à l’attention des bambins spectateurs). En l’occurrence, le petit chat saccage un joli chou pommé dans le jardin du bouc. Leur espièglerie cède le pas à la honte d’avoir abimé un si beau potager et ils vont chercher le pardon du fermier en l’aidant à récolter les choux. Je reste toujours étonné par la souplesse de l’animation de ces papiers pliés et par l’allégresse du message forcément éducatif de ce programme court.

Les Petits canards de papier (Chine) Programme de trois courts-métrages des studios de Shanghaï. Films de Yu Zheguang. Le Petit canard Yaya (鸭呷呷, 1980), Les Petits canards intelligents (聪明的鸭子 , 1960), Un gros chou (一棵大白菜, 1961)

dimanche 24 novembre 2013

The Lunatics


Travailleur social dans une association d’aide aux malades mentaux et aux sans domicile fixe, Tsui (Stanley Fung) se voit contraint par son patron d’être suivi par une journaliste, Tina Lau (Deannie Yip) quelques jours dans son travail. La veille, elle avait découvert Tsui par hasard dans un marché aux poissons. Appelé d’urgence par la police, il était venu calmer Doggie (Tony Leung Chiu-wai) qui, habillé d’un survêt vert, d’un short et d’une casquette jaune, menaçait les autres clients avec un hachoir.

Cette entrée en matière de The Lunatics, premier film de Derek Yee, permet de montrer le boulot de Tsui. Il suit les malades mentaux qui risquent de péter les plombs. Les journalistes, ce jour-là, accourus en masse, prenant des photos et avides de sensationnalisme, voulaient faire un article vendeur. Tina Lau est intriguée par Tsui qui a jeté à terre son appareil photo. Bien malgré lui, il accepte d’être suivi dans sa tournée. Il fait de nombreuses recommandations : tenue neutre et surtout pas de flash qui effraient les malades.

Tsui décide de plonger immédiatement Tina dans l’enfer de Hong Kong. Elle découvre un monde qu’elle ignorait, des SDF pris sur le vif dans la rue, des gens déclassés qui vivent dans des taudis ou des bidons au bord de la route. Elle demande naïvement pourquoi Tsui ne propose pas à ses gens de venir prendre une douche au centre d’aide. Il répond prosaïquement que, mine de rien, leur crasse les protège du froid. Elle tente de poser des questions aux SDF, dans une idée de faire un article classique, mais elle ne reçoit en guise de réponse que des balbutiements incohérents.

Après avoir rencontré quelques personnages cocasses, The Lunatics suit deux cas. Le premier est autour de Chung (Chow Yun-fat), un sans domicile fixe crasseux qui ramasse des mégots de cigarettes pour les fumer. Il s’enfuit quand il voit Tsui arriver. La poursuite continue dans un amas de maisons à moitié calcinées où Chung vit avec sa petite fille qui s’avère être très malade. Il semble avoir totalement perdu la raison, Chow Yun-fat jouant la démence avec des yeux grands ouverts comme hallucinés. La star joue avec force ce personnage de déclassé de la société qui cherche à retrouver son fils au milieu de la forêt.

Le deuxième cas occupe la majeure partie du récit. Tsuen (Paul Chun) a pété les plombs et a longtemps interné en hôpital psychiatrique deux ans. Il vit maintenant normalement dans un petit appartement. Sa mère (Lai Suen) le soutient, travaillant dans un restaurant pour subvenir à leurs besoins. De sa vie passée, Tsuen a dû tout abandonner. Son travail et, surtout sa famille. Il a divorcé de sa femme et ne peut pas voir son jeune fils. C’est après une confrontation avec son ancienne épouse que Tsuen va commencer à dériver lentement vers une sourde folie.

Derek Yee mène deux fronts dans son film. Il dénonce les conditions de vie des marginaux qui ne plaisent pas aux règles communes de la société de Hong Kong. Tsuen va ainsi être pris à partie par ses voisins quand ils apprennent qu’il est mentalement malade. Le cinéaste cherche aussi à créer du suspense avec la menace que fait peser Tsuen sur son jeune fils et ses camarades d’école. Le film est ainsi tiraillé par ces deux extrêmes plutôt contradictoires. La folie faisait sourire en début de film et tout se termine dans un drame exacerbé mais un peu poussif.

The Lunatics (癲佬正傳, Hong Kong, 1986) Un film de Derek Yee avec Stanley Fung, deannie Yip, Paul Chun, Chow Yun-fat, Tony Leung Chiu-wai, Dennis Chan, Lai Suen, John Shum, Lo Hung.

jeudi 21 novembre 2013

La Légende de Zatoïchi 12 : Voyage en enfer


Grand amateur de jeux de hasard et de paris, Zatoichi jette les dés pour la première fois dans Voyage en enfer. Embarqué sur un bateau pour traverser un bras de mer, le masseur aveugle mène le jeu pour berner les autres parieurs. Il fait croire qu’un dé est sorti du sabot, les concurrents gagnent de l’argent, puis que les deux dés sont sortis, au ravissement des autres, mais il affirme que ce sont les dés cachés qui comptent. Forcément les autres sont en colère contre lui et cherchent à se venger, ignorant l’habileté au sabre de Zatoichi. Il manque de les mettre à l’eau en se moquant d’eux et de leur mauvais esprit sportif.

C’est donc sur ce bateau que le récit se lance. Après cette ouverture comique, Kenji Misumi fait rencontrer son héros avec un voyageur solitaire qui joue aux échecs, en solitaire, sur le pont. Jumonji Tadsu (Mikio Narita), un samouraï. La différence entre les dés et les échecs est que Zatoichi ne peut pas profiter de ses sens exceptionnels (dont l’ouïe et le toucher) pour gagner aux échecs. Il se fait vite mettre échec et mat par Jumonji. Désarçonné, il perd ses repères pour tout le reste du film. Une fois arrivé sur la terre ferme, les deux hommes vont faire un bout de chemin ensemble. Zatoichi reste incognito, Jumonji l’appellera « Simple Ichi ». C’est un autre Zatoichi qui entre en scène.

On l’avait un peu remarquée dans le bateau, au fond, en train de regarder Zatoichi jouer, elle va suivre le masseur et le samouraï. Otané (Kaneko Iwasaki) et sa petite fille Miki vont être malmenées par les joueurs mécontents qui veulent se venger. L’enfant est blessée au pied. Les médicaments coûtent chers, Otané n’a pas d’argent et « Simple Ichi » se dévoue pour aller acheter le remède. La bonté du masseur  passe par un nouveau coup de dés mais cette fois, avec beaucoup d’ironie, Zatoichi est pris à son propre piège et perd tout son argent pour n’avoir pas parié convenablement. Au milieu de film, dans une station thermale, Zatoichi rencontre deux nouveaux personnages, un seigneur et sa sœur en quête de vengeance.

Kenji Misumi prend un malin plaisir à faire plonger son héros dans des pièges qu’il a lui-même tendus. Il ne maitrise plus tout à fait son destin et se laisse manipuler par ses compagnons de voyage. Mais d’une manière beaucoup plus douce que d’habitude. Il se rend compte bien tard qui est Otané et quel est la mission de Jumonji. Le calme gagne la mise en scène du cinéaste, donnant une forme molle à Voyage en enfer, titre un peu exagéré. Les rares combats sont filmés en plan fixe, les adversaires se déplaçant dans le plan, parfois légèrement suivis par un simple travelling. Un Zatoichi de Kenji Misumi très loin des fulgurances passées.

La Légende de Zatoïchi 12 : Voyage en enfer (座頭市地獄旅, Japon, 1965) Un film de Kenji Misumi avec Shintarô Katsu, Mikio Narita, Chizu Hayashi, Kaneko Iwasaki, Gaku Yamamoto, Saburô Date, Tatsuo Endô, Takuya Fujioka, Kanae Kobayashi, Fujio Suga, Rokko Toura.

Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Pay back


Pay back (獵仇者, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Fu Xi avec Francis Ng, Deng Zi-yi, Fan Siu-wong, Lam Suet, Cynthia Khan, Chang Cheng, Chen Yi-rong. 85 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 21 novembre 2013.



Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Bends


Bends (過界, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Flora Lau avec Carina Lau, Chen Kun, Tian Yuan, Lawrence Cheng, Stephanie Che. 95 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 21 novembre 2013.


samedi 16 novembre 2013

So young


Le dicton selon lequel les opposés s’attirent est le meilleur moyen de résumer So young premier film de l’actrice Vicky Zhao adapté d’un roman à succès. Le film plonge ses personnages dans la Chine de la fin des années 1980 et les regarde évoluer sur une quinzaine d’années. Zheng Wei (Yang Zishan) arrive de sa campagne pour étudier à la grande ville. Elle était partie rejoindre son amour de lycée qui a quitté la fac. Elle se retrouve à l’Université où elle partage sa modeste chambre avec quatre autres jeunes étudiantes aux caractères bien différents.

Ses coturnes sont Ruan Guan (Maggie Jiang) qui fait toujours preuve d’une grande gentillesse, Li Weijuan (Zhang Yao) qui aide tout le monde à se sentir bien et Xiaobei (Cya Liu) garçon manqué qui travaille le soir pour payer ses études. Zheng Wei est plutôt d’un tempérament rebelle, prompte à réagir au quart de tour, à se plaindre de la vétusté de leur petite chambre d’étudiantes, laissant de marbre le gardien qui préfère regarder sa série à la télé que d’écouter les doléances.

Les quatre filles deviennent rapidement inséparables et vont rencontrer des garçons, étudiants comme elles. Kayiang (Zheng Kai) est issu d’une famille aisée et Zhang Kai (Bao Beier) est un prétentieux. Ils partagent leur chambre avec Chen Xiaozheng (Mark Chao). Ce dernier ne pense qu’à ses études, ne semble avoir aucune passion. Son coin est parfaitement en ordre, contrairement aux autres étudiants qui vivent dans un capharnaüm. Sous le sommier au dessus du sien, il a scotché de quoi réviser en permanence.

C’est évidemment vers Chen Xiaosheng que Zheng Wei va porter son dévolu. Aucun d’eux ne le sait encore d’autant que leur première rencontre est très explosive. L’arrogance de Chen le rend tout d’abord particulièrement antipathique tout comme l’énergie débordante de Zheng Wei est épuisante. Poussée par la curiosité, elle inspecte les affaires de Chen et touche une maquette qu’il a fabriquée, manquant de la faire tomber quand il la surprend. Il la jette de la chambre comme une malpropre, la traitant d’irresponsable et espère ne plus jamais avoir à la rencontrer sur le campus.

C’est exactement l’inverse qui va se passer. L’étudiante exige des excuses, touchée dans son estime d’elle-même. Elle va le harceler partout où il se trouve provoquant l’exaspération du jeune homme. Ces confrontations verbales, souvent hilarantes, constituent les meilleurs moments de So young. Les répliques acides fusent entre eux. Les coups fourrés de Zheng Wei agissent comme des pièges dans lesquels Chen Xiaozheng se fait prendre. Il est totalement déstabilisé par sa camarade, il semble comme un petit chien perdu au milieu de la folie douce de Zheng Wei.

Le film se concentrant essentiellement sur les rapports entre Zheng Wei et Chen Xiaozheng, de leur haine réciproque à leur amour fusionnel, le scénario laisse de côté les personnages secondaires tout en cherchant à donner corps à leur émoi et difficultés. So young évoque également les grands changements de mœurs apparus durant ces quinze années, du carcan étroit dans lequel évoluait la jeunesse au libéralisme politique qui apparut plus tard. La dernière partie qui les montre adultes est bien plus faible que le reste du film. Vicky Zhao fait trop durer son film (2h10) pour totalement convaincre.

So young (致我們終將逝去的青春, Chine, 2013) Un film de Vicki Zhao avec Mark Chao, Yang Zishan, Han Geng, Jiang Shu-ying, Tong Liya, Zhang Yao, Bao Beier, Wang Jia-jia, Huang Ming, Zheng Kai, Liu Ya-se.

vendredi 15 novembre 2013

Badges of fury


La carrière de Jet Li s’est considérablement ralentie depuis quelques années. Une comédie dramatique sociale (Ocean heaven), une participation aux Expendables de Sylvester Stallone et deux films en costumes de plus ou moins bonne fortune (Le Sorcier et le serpent blanc et Dragon Gate). Pour rester présent auprès des publics, ici à la fois hongkongais et chinois du continent, Jet Li se lance avec Badges of fury dans la comédie policière avec gros effets spéciaux, scènes d’action musclée et longs mouvements scénaristiques romantiques.

Pour approcher le public, cette super-production entoure Jet Li (qui a comme personnage Huang Fei-hong : gros rappels musicaux à Il était une fois en Chine, bien entendu) d’un jeune acteur Wen Zhang (qui partageait l’affiche d’Ocean heaven). Tous deux sont des policiers. Wang Bu-er et Huang ne s’entendent pas, ils ont un contentieux en commun mais doivent travailler ensemble dans une filature. Huang est cuistot et Wang Bu-er danseur écossais. L’opération est supervisée par Angela (Michele Chen), leur supérieure hiérarchique.

La filature tourne rapidement à la catastrophe (le décor est entièrement détruit) parce que les deux hommes ne cessent de s’envoyer des insultes dans leurs micros cachés et que Wang Bu-er pense avoir découvert un suspect dans une autre affaire irrésolue de crimes en séries. Trois hommes sont morts mystérieusement en affichant un très large sourire. C’est autour de cette enquête que les deux policiers, qui se détestent, vont devoir travailler ensemble. La piste les mène vers deux femmes que les victimes connaissaient pour avoir été leurs fiancés.

Liu Jin-shui (Liu Shi-shi) est une actrice célèbre qui rêve du grand amour mais espère que l’homme de sa vie ne s’arrêtera pas à son image de star du cinéma. Sa sœur Dai Yi-yi (Liu Yan) a également été la fiancée de ces trois hommes après leur rupture avec Jin-shui. Il faut dire que ses attraits physiques sont impressionnants, elle apparait constamment dans des tenues sexy avec des bustiers échancrés. Dai Yi-yi est filmée comme une bombe sexuelle à laquelle aucun homme ne peut résister. Wang Bu-er est comme le loup de Tex Avery, langue pendante, devant elle.

Le comique du film renvoie à celui des grosses comédies de Wong Jing (je pense par exemple à Nicky Larson) avec des effets visuels (le corps de Wang Bu-er semble élastique, sa grande et fine taille y est pour beaucoup à côté du corps pataud de Jet Li) et sonores (chaque gag est appuyé par un jingle). Le film s’apparente, surtout dans sa première partie, à un cartoon, comme le faisait Stephen Chow dans sa période faste. Il faut ajouter à cela de nombreuses courtes apparitions de star (Leung Kar-yan, Lam Suet, Lam Tze-chung, le gros de Shaolin soccer), pas mal de blagues triviales et d’humour potache ainsi que de nombreuses références cinématographiques.

On sent l’envie de Jet Li de revenir à un cinéma qu’il a raté dans les années 1990, ce genre de comédie où les moments comiques alternent avec la romance légère et les longues scènes d’action, dirigées ici par Corey Yuen. L’acteur est un peu en retrait, subit les effets spéciaux (une plongée numérique dans les escaliers) et cède souvent la place à Wen Zhang pour les combats au corps à corps (et il se débrouille très bien). Comme le faisait Jackie Chan quand il tournait New police story il y a dix ans de cela, Jet Li adoube cette nouvelle génération d’acteur d’action du cinéma chinois.

Badges of fury (不二神探, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Wang Zhiming avec Jet Li, Wen Zhang, Liu Shi-shi, Michelle Chen, Liu Yan, Wu Jing, Leung Kar-yan, Tong Da-wei, Michael Tse, Stephy Tang, Huang Xiao-ming, Kevin Cheng, Raymond Lam, Alex Fong Lik-sun, Ma Yi-li, Feng Dan-ying.

jeudi 14 novembre 2013

Sorties à Hong Kong (novembre 2013) Kick ass girls


Kick ass girls (3俏嬌娃, Hong Kong, 2013) Un film de GC Goo-bi avec Chrissie Chau, Yu Xiao-tong, DaDa Lo, Chiu Tien-you, Chris Tung, GC Goo-bi, Lam Pui-kei, La Ying, King Chiu. 95 minutes. Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 14 novembre 2013.



mardi 12 novembre 2013

Tales from the dark 1


Trois contes sur les fantômes chinois par trois réalisateurs de Hong Kong composent ce Tales from the dark 1. Cette fois, les trois histoires sont de niveau à peu près égal, donnant un film très agréable à regarder avec ses qualités, à commencer par le casting de haute volée (Simon Yam, Tony Leung Ka-fai et Siu Yam-yam dans les rôles principaux) et ses défauts (les films de fantômes chinois, ça ne me fait vraiment pas peur mais c’est toujours amusant de regarder les acteurs qu’on aime jouer les revenants).

Simon Yam fait ses débuts de réalisateur avec le premier épisode. Dans Stolen Goods, il incarne Kwan, un ouvrier tellement rongé par ses insomnies qu’il n’arrive jamais à se rendre à l’heure à son travail. Il se fait virer de tous ses boulots, ouvrier dans le bâtiment ou cuistot dans un restau tenu par une Yuen Qiu (actrice trop rare depuis Crazy kung-fu) qui passe son temps à lui gueuler dessus entre chaque partie de jeux sur son smartphone. Kwan vit seul dans un minuscule cagibi où les étagères sont remplies de jouets et poupées filmés en gros plan qui leur donne un aspect inquiétant.

Pour survivre, Kwan suit les conseils de sa patronne qui lui a dit que seuls les fantômes voudraient l’embaucher. Il va donc voler des urnes funéraires et rançonner les familles. Ça n’était pas forcément une bonne idée. Simon Yam joue à fond la carte du grand guignol avec des apparitions des fantômes qui font sursauter dans des effets effrayants (montage cut et grosse musique), Lam Suet grimé en blanc en train de se goinfrer et Simon Yam dans un personnage d’agité du ciboulot qui ne comprend pas vraiment ce qu’il lui arrive et qui attribue sa folie à la terre entière.

Le commerce autour des fantômes se poursuit avec A word in the palm. Tony Leung Ka-fai est Maitre Ho, sorte de diseur de bonne aventures dans un quartier commercial de seconde zone. Il a décidé d’arrêter cette profession à la demande de sa femme (Eileen Tung) avec qui il est séparé mais qu’il espère reconquérir. Leur fils, désormais adulte, est un pianiste émérite. Les derniers clients de Ho sont un jeune couple qui attend un enfant. Ils souhaitent trouver le meilleur feng-shui pour leur bébé. Ho leur conseille d’aller voir Lan (Kelly Chen) qui tient la boutique voisine et qui leur prodiguera des conseils.

Lan est une femme excentrique qui n’a jamais vu de fantôme. Elle n’attend que cela avec une impatience non feinte, lassant un peu Ho qui est le sérieux même. Leurs attitudes opposées créent des moments légèrement comiques qui vont être contrariés avec l’arrivée de Ting (Cherrie Ngan) une lycéenne. Le duo de médium repère en elle un fantôme qui en veut au jeune marié qui vient de les consulter. Dans cet épisode, la tension est soutenue grâce aux portes qui coincent, avec le visage cadavérique de la lycéenne et le danger qu’elle représente face à la mariée enceinte.

Le dernier conte est réalisé par Fruit Chan que l’on n’avait pas vu depuis Nouvelle cuisine. Jing Zhe commence avec des plans épars filmés caméra à l’épaule dans un quartier populaire. Des vieilles dames s’affairent pour attirer des clients qui veulent lancer quelques sorts à leurs ennemis. Les gens apportent des photos et les intermédiaires tapent avec une chaussure sur les photos en lançant des incantations. Parmi eux, Chu (Siu Yam-yam, actrice au visage atypique) est installée au milieu des bougies, amulettes et bâton d’encens. Elle reçoit comme cliente une jeune femme (Dada Chan) qui en veut à trois hommes et à une femme.

Cet épisode est le plus effrayant des trois contes de Tales from the dark 1. On ne comprend pas immédiatement où veut en venir Fruit Chan. C’est d’abord le boniment de Chu qui est mis en avant, entre volonté de satisfaire les clients qui ne pratiquent ses sorts plus par tradition que conviction et sa lassitude de devoir encore travailler à son âge avancé. Puis, l’angoisse commence à pointer son nez quand on comprend que cette jeune femme est un fantôme et qu’elle cherche à se venger de ceux qui l’ont fait mourir. L’effroi ne se crée pas avec son apparition mais par le regard effrayé de Chu devant ce fantôme vengeur. Tout cela donne envie de regarder assez vite Tales from the dark 2.

Tales from the dark 1 (李碧華鬼魅系列-迷離夜, Hong Kong, 2013) Un film de Simon Yam, Lee Chi-ngai et Fruit Chan. 1. Stolen goods avec Simon Yam, Yuen Qiu, Maggie Siu, Felix Lok, Lam Suet, Jonathan Wong, Audrey Chan, Ben Yuen, Ma Yu-ching, Ho Sai-man, Cat Lee. 2. A word in the palm avec Tony Leung Ka-fai, Kelly Chan, Eileen Tung, Dada Chan, Cherry Ngan, Eddie Li, Jeannie Chan, Kitson Shum, 3. Jing Zhe avec Siu Yam-yam, Fala Chen, Josephine Koo, Lo Hoi-pang, Chan Lai-wan, Julius Brian Siswojo, Leung Wing-kit, Tony Ho.

samedi 9 novembre 2013

Three against the world


Dans cette sympathique comédie d’action qu’est Three against the world, les trois héros tournent autour d’un trésor antique, en l’occurrence un exemplaire incunable du Coran. L’un doit le protéger contre les deux autres qui veulent s’en emparer. Andy Lau est Charlie Chan, prenant le nom du personnage de détective inventé par la 20th Century Fox dans les années 1930, époque où se déroule Three against the world. Charlie Chan a été engagé par Monsieur Ng (Cheng Kwun-min) pour assurer la sécurité du précieux parchemin.

Ses deux adversaires, il les connait depuis des lustres car ils se croisent régulièrement. Le premier est Ma Yun-lung (Norman Chu, belle coupe de cheveux en mulette) et le deuxième est Cho Fei-fan (Teddy Robin), qui se déplace avec une canne. Ils arrivent en fanfare dans la salle d’exposition. Chacun prétend avoir une bonne raison de l’avoir. Fan est embauché par Sung (Wong Chi-keung) qui posséder ce trésor. Ma affirme vouloir rendre justice au père de sa fiancée qui a trouvé ce Coran.

L’enjeu du film est pour Charlie Chan de trouver le moyen de ne pas laisser les deux hommes voler l’objet et pour les deux autres toutes les ruses sont bonnes pour parvenir à leur fin. Ma avec sa fiancée (Che Ling) se déguise en médecin et elle en femme enceinte. Ils font croire à un accouchement devant le trésor, se barricade derrière des paravents à l’abri des regards. Fan fait fabriquer un faux Coran par un faussaire (doublement interprété par Yuen Woo-ping et Wu Ma) pour le substituer au vrai.

La malice de Charlie Chan empêche les voleurs de mener leur mission à bien. Il trouve toujours une combine pour humilier ses adversaires. Il est aidé par Hsiao Ming (Chin Ka-lok), le fils du propriétaire du salon d’exposition. Le jeune Ming s’avère la plupart du temps maladroit dans sa tâche, il se fait repérer dans ses filatures en vélo (il tente de suivre Fan en vélo) et se prend quelques coups de poing dans la figure et son entre-jambe. Son personnage est l’expression du sens burlesque du film. Le comique vient aussi des caméos dont Shing Fui-on, Chiu Chi-ling.

Le scénario de Three against the world part dans tous les sens sans s’occuper de la moindre vraisemblance. Ça n’est à vrai dire pas très grave puisque ce qui est attendu, ce sont surtout les scènes d’action orchestrées par Yuen Wah. Ni Andy Lau, Norman Chu ou Teddy Robin ne sont des artistes martiales, les scènes de combat sont donc parodiques (la vitesse est accélérée) et jouent sur la différence physique entre les acteurs. Teddy Robin, avec sa petite taille, devrait être le premier battu mais c’est lui, par la grâce des trucages, qui domine les autres.

Les trois héros ne sont pas les seuls à se battre et à se menacer avec leur révolver (les leitmotive de John Woo sont allégrement pillés), les personnages féminins donnent aussi du coup de pied. En tête, la fille de Cho Fei-fan (Sandy Lam), qui virevolte dans les airs et bastonne le gentil Hsiao Ming. Il ne faut non plus oublier la romance dévolue au personnage de Rosamund Kwan, incarnation de la femme fatale en belles robes qui séduit Charlie Chan. Un film donc aux trop nombreux ingrédients auquel il manque un liant pour ne pas être autant indigeste.

Three against the world (群龍奪寶, Hong Kong, 1988) Un film de Brandy Yuen avec Andy Lau, Teddy Robin, Norman Chu, Rosamund Kwan, Sandy Lam, Che Ling, Chin Ka-lok, Teddy Yip, Chung Faat, Cheng Kwun-min, Yuen Woo-ping, Wu Ma, Walter Tso, Wong Chi-keung, Shing Fui-on, Chiu Chi-ling, Ka Lee, Corey Yuen.

jeudi 7 novembre 2013

La Légende de Zatoichi 11 : Le Condamné


Les jeux de hasard ont toujours été le péché mignon de Zatoichi (Shintaro Katsu). C’est un moyen commode pour lui de gagner sa vie au fil de ses voyages pour manger ses boulettes de riz. Si on s’en rend bien compte, il se fait très rarement payé pour ses massages qu’il prodigue surtout à ses adversaires. Dans tous les épisodes précédents, le masseur joue aux dés humilie les patrons de maison de jeu qui pensent profiter de sa cécité pour l’escroquer. C’est aussi un moyen de démontrer sa dextérité.

Cette fois, il se trouve, en ouverture du Condamné, dans une bien mauvaise posture : attaché et à genoux, il est puni de 50 coups de bâton pour avoir joué dans une maison de jeux illégale. Juste avant sa punition, son voisin de cellule est condamné à mort. Il s’appelle Shimazo (Koichi Mizuhara) et clame son innocence. Sa requête auprès de Zatoichi est d’aller voir le chef de son village pour se faire déculpabiliser du complot ourdi contre lui. Mais pour une fois, il rebrousse chemin, refusant d’aider le condamné.

Tout ce onzième épisode est placé sous les thèmes du jeu et du hasard. Les coïncidences et le hasard ont toujours été la marque de fabrique des Zatoichi qui rencontre sur son chemin des obstacles qu’il doit contourner et des ennemis qu’il doit défaire. Ici, il tombe sur un faux moine, Hyakutaro (Kanbi Fujiyama) qui se trouve être le fils de Shimazo. Le fils et le père ne s’étaient pas vus depuis dix ans. Cette rencontre fortuite le convainc d’aider Shimazo et de rencontrer son chef de village.

Tout comme Zatoichi, Hyakutaro aime aussi jouer. Ils se rencontrent d’ailleurs à une fête foraine où Zatoichi lance des flèches, avec succès, sur des cibles en mouvement. Le jeune homme aime aussi l’argent et ne trouve rien de mieux que de se faire passer pour Zatoichi. Il reproduit tous ses gestes, plie ses paupières pour paraitre aveugle et imite sa voix. Jusqu’à ce qu’il tombe à nouveau, par hasard, sur Zatoichi appelé pour masser son faux double. Toutes les apparitions de Hyakutaro sont des moments comiques. Le jeu, c’est aussi le double jeu du chef du village et de son allié l’intendant.

La réputation du masseur précède ses arrivées. Sa légende, vraie ou fausse, se répand partout sans que Zatoichi n’y puisse rien. Dans une auberge, deux clients parlent de lui, en disent du mal alors que justement ils commentent le personnage que s’est créé le moine et qui entache l’honneur du masseur. Zatoichi est condamné à subir l’image qu’on a de lui.  Tout ce qu’il cherche c’est le calme, comme dans cette belle scène où il sent le sel de l’océan à défaut de le voir. Il n’empêche que Le Condamné est un film un peu mou qui recycle les éléments clés des autres épisodes.

La Légende de Zatoichi 11 : Le Condamné (座頭市逆手斬り, Japon, 1965) Un film de Kazuo Mori avec Shintarô Katsu, Kanbi Fujiyama, Eiko Taki, Masako Myojo, Kenjiro Ishiyama, Ryuzo Shimada, Koichi Mizuhara.

mardi 5 novembre 2013

Une balle dans la tête


Une balle dans la tête est le film le plus lyrique de John Woo. Le contexte est le Hong Kong de 1967, dans les quartiers pauvres où les trois personnages, tout juste rentrés dans l’âge adulte mais encore immatures, ne rêvent que d’une chose : une vie meilleure. Une balle dans la tête filme d’abord leur sourire, leur amitié  indéfectible, leur jeu innocent et se termine avec des visages grimaçant de douleurs, le cœur brisé et l’amitié détruite. John Woo filme ce mouvement en deux heures et cinq minutes.

Le générique d’ouverture est guilleret. Benny (Tony Leung Chiu-wai), Frank (Jacky Cheung) et Paul (Waise Lee) se connaissent depuis l’enfance. Le premier va bientôt se marier avec Jane (Fennie Yuen), une jeune femme de leur quartier. Ils ne pensent pas pouvoir sortir de ces quelques rues où ils trainent en vélo imaginant des courses, comme s’ils étaient dans La Fureur de vivre. Frank manque de tomber à l'eau dans cette course (signe prémonitoire). Paul ne rêve que de pouvoir conduire une Mercedes, sa seule ambition.

Benny épouse Jane sous la pluie. Frank n'est pas là. Il doit emmener de quoi payer le restaurateur, il a emprunté de l'argent, sur le chemin, il se fait racketter par une bande du quartier voisin. Il se fait salement amocher. Benny et Paul vont le venger à coups de barres de fer. Le mariage de Benny n'aura duré qu'une nuit, il doit fuir parce que le chef de la bande est mort dans la baston. Les trois amis décident de partir au Viêt Nam, en pleine guerre, parce que, comme leur dit un parrain bien intentionné « c'est dans le plus grand des chaos qu'on peut faire les meilleures affaires ». On leur confie des amphétamines qu'ils iront vendre au Viêt Nam pour démarrer.

Le chaos, il est déjà à Hong Kong avec les manifs étudiantes qui commencent à enflammer le campus universitaire. Jane est encore étudiante, Benny est déjà recherché activement par la police locale. Les manifestants sont communistes, ils lâchent des bombes au milieu de la rue, ces salauds. A Saïgon, dans le Sud Viêt Nam, d'autres communistes manifestent pour protester contre la présence des Américains. Lors de ces deux manifs, on pense aux événements de Tian An Men survenu pendant le tournage, on voit des étudiants devant un char d'assaut. Un autre attentat est commis dans la rue. Pas de bol, toute la marchandise des trois amis est détruite par la bombe.

Le lyrisme d’Une balle dans la tête passe par la nostalgie du pays natal pour les trois garçons coincés en pleine guerre dans un pays dont ils ne parlent pas la langue. Ils voulaient contrôler leur destin mais n’y parviennent pas. La nostalgie passe par le personnage de Sally Yan (Yolinda Yan), qui fût, jadis, vedette de la chanson à Hong Kong. Son regard triste n’exprime qu’une chose : espérer son retour dans la colonie britannique. Benny la remarque tout de suite, elle lui rappelle sans doute Jane laissée au pays.  Sally Yan chante des chansons mélancoliques dans le cabaret où on l’oblige à travailler.

Son bourreau est Leong (Lam Chung), caricature de parrain de triades au ricanement constant. Il est pourtant le point de chute des trois amis, leur contact pour « réussir ». C’est lui qui profite du chaos de la guerre pour se faire de l’argent. Il est de mèche avec les autorités. Il retient Sally en cachant son passeport. Il la soumet en la droguant. Le dernier personnage auquel les trois amis vont se raccrocher est Luke (Simon Yam) qui apparait comme un fantôme tout vêtu de blanc qu’il est. Il est l’antithèse de Leong, le sauveur de toutes les situations. Leong est un traitre, Luke un ange.

La guerre rend fou, le chaos change les hommes. Paul se démarque de ses deux amis en ne voulant qu’une chose : l’or qui appartient à Leong. L’amitié ne vaut rien face à de l’or. La traversée des champs de bataille permet à John Woo de rivaliser, avec beaucoup moins de moyens, avec Hollywood. Le film est un dépliage de Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino. Dans cette course folle en voiture au milieu des bombes qui tombent, des Vietnamiens qui fuient, l’incongruité de se trimballer avec un coffre plein d’or détonne.

La tension dans ces scènes de bataille se crée ainsi en opposant la violence des combats, filmés en alternant plans larges et gros plans, et l’angoisse qui se lit sur le visage de Paul, Benny, Frank, Luke et Sally. Puis, il s’accentue encore plus lorsque les Viêt-Cong (le film est violemment anti-communiste) obligent les soldats prisonniers puis Frank et Paul à abattre à bout portant d’autres prisonniers. La tension est à son comble quand Paul, tenant le coffre d’or dans une main, ne peut pas s’empêcher de ne vouloir sauver que sa peau et abandonner Frank, blessé, à son sort.

Les beaux visages des quatre acteurs n’en finissent pas de se tordre, au ralenti, sous la douleur à la fois physique et morale. John Woo leur demande d’hystériser leur interprétation, de hurler les dialogues, de crisper leur yeux. Il défigure la beauté de Tony Leung Chiu-wai, celle de Simon Yam ou Jacky Cheung, en les plongeant dans la boue, dans le sang, dans la sueur. Les corps sont épuisés, les visages remplis de cicatrices, leur jeunesse est perdue. Le spectateur est lui aussi épuisé par le sort qu’on leur fait subir sans ménagement. Une balle dans la tête est l’un des films les plus viscéraux et les plus sombres de John Woo.

Une balle dans la tête (Bullet in the head, 喋血街頭, Hong Kong, 1990) Un film de John Woo avec Tony Leung Chiu-wai, Jacky Cheung, Waise Lee, Simon Yam, Yolinda Yan, Lam Chung, Fennie Yuen, Chang Gan-wing, So Hang-suen, Pau Hei-ching, Cheung Chang, Siao San-yan, Yee Tin-hung, Pooi Wan, Tsui Kwong-lam, Lawrence Lau, To Wai-wo, Lam Chi-tai, Wan Seung-lam, Raymond Lee, Jameson Lam.

dimanche 3 novembre 2013

My name ain't Suzie


L’intérêt principal de My name ain’t Suzie est de voir Anthony Wong dans son tout premier rôle au cinéma. L’acteur, qui n’avait fait que de la télé, est crédité, dans cette production Shaw Brothers, sous le nom d’Anthony Perry. A cela il y a une raison scénaristique. Il faut admirer ses cheveux ondulants et ses chemises occidentales qui contrastent avec les autres acteurs chinois, il incarne Jimmy un jeune métisse à la recherche de son père américain qu’il n’a jamais connu. Nous sommes au milieu des années 1950.

Jimmy traine la plupart du temps dans le Lucky Bar tenu par Lin Yuk (Angela Yu), surnommée Little Lady. Une main de fer dans un gant de velours. Il est devenu son amant bien qu’elle puisse être sa mère. Il ne l’aime pas vraiment, regarde toujours les jeunes femmes qui travaillent dans le bar. S’il traine là, c’est parce que le lieu est fréquenté par des marins à qui Jimmy demande s’ils connaissent son père. Il montre une photo de son père qui jouxte celle de James Dean, son idole.

Parmi toutes les filles qui servent à faire cracher leur argent à ces marins américains, Chiu-mei (Pat Ha) est celle qui intéresse le plus Jimmy. Elle vient de la campagne sans vraiment comprendre qu’elle serait son métier à Hong Kong. Elle pensait juste se faire un peu d’argent et revenir aider sa famille. C’est Monie (Betty Ting) qui l’a convaincu de venir travailler au Lucky Star. Monie était de son village et elle a réussi dans la vie, comme on dit. Chiu-mei veut, comme Monie, avoir de belles robes.

La première partie de My name ain’t Suzie est consacrée à l’apprentissage de Chiu-mei qui adopte le pseudonyme de Mary. On découvre les jeunes recrues toutes naïves devant le maquillage qui sent mauvais selon leur critères, le dédain des employées déjà blasées alors qu’elles ne doivent avoir que quelques mois d’ancienneté et l’apprentissage de la séduction avec un slogan imparable à sortir aux marins « no money, no horny », soit pas d’argent, pas de plaisir. Le film en reste aux clichés sur le changement des jeunes filles qui passent de le tenue traditionnelle aux belles robes colorées et sexy.

Quand Jimmy et Chiu-mei commencent à flirter, Little Lady voit rouge. La patronne se sent vexée d’être mise sur le banc. Puis Jimmy quitte le film quand il retrouve son père. Avec sa cousine Leung, Chiu-mei décide de quitter la boite à marins pour fonder sa propre entreprise avec les risques du métier. En l’occurrence, le poids des triades qui commencent à sévir. Elles vont se faire aider par Wong Ying (Deannie Yip, la future grand-mère de A simple life d’Ann Hui), personnage androgyne qui porte le pantalon et fume le cigare. Leur duo est croustillant.

Le film d’Angela Chan joue sur plusieurs tableaux. C’est d’abord un film d’époque qui se déroule sur une vingtaine d’années. Elle montre la transformation de Hong Kong par le prisme de l’évolution des mœurs en se concentrant sur un quartier unique. Mei-li était une jeune fille innocente, elle deviendra une proxénète aguerrie. C’est surtout une romance contrariée parfois un peu poussive. La conclusion, un peu moralisante, se veut plus mélancolique quand Mei-li se rend compte qu’elle a raté sa vie amoureuse.

My name ain’t Suzie (花街時代, Hong Kong, 1985) Un film d’Angela Chan avec Pat Ha, Angela Yu, Betty Ting, Anthony Wong, Deannie Yip, Kwan Yik-nam, Lee Sze-ping, Colette Goo, Kelvin Wong, Wong Wai, Che Fong.

samedi 2 novembre 2013

La Légende de Zatoichi 10 : La Revanche


Bien calé dans le foin que transporte une charrette, Zatoichi (Shintaro Katsu) mange une boule de riz en profitant des rayons du soleil. Très vite, la grisaille du village où il va se rendre va assombrir la bonne humeur du masseur aveugle. Il retourne sur les lieux de son passé et souhaite saluer le maître Hikonoichi – aveugle comme lui – son ancien professeur. Hélas, il apprend assez rapidement en demandant des nouvelles du vieil homme que celui-ci est décédé deux semaines plus tôt.

Pire que cela, Hikonoichi a été assassiné et sa fille la jeune Sayo (Mikiko Tsubouchi) est retenu prisonnière dans la maison close du coin. Ce bordel est tenu d’une main de fer par deux notables du village, le chef Tatsugoro (Sonosuke Sawamura) et l’intendant Isoda (Fujio Harumoto) surnommé par tous, mais en secret, le seigneur lubrique. Ce dernier apprécie particulièrement les jeunes femmes à la peau douce et si possible vierges. Il aimerait profiter de Sayo mais cette dernière se refuse à donner son corps.

Les jeunes femmes qui se prostituent dans cette maison close ont perdu tout sourire. Elles sont retenues contre leur gré. L’intendant et le chef ont chaque fois créé de toutes pièces des dettes qu’elles doivent rembourser en vendant leurs corps aux clients. Dans La Revanche, on ne verra pas de scènes érotiques (la mode n’était pas encore répandue), mais la maquerelle et les hommes de main du chef frappent et molestent les filles rebelles, dont Soya enfermée dans une cage et nourrie comme une bête.

Pour se faire encore plus d’argent, le sinistre duo tient une maison de jeux où ils passent leur temps à demander à Denroku (Norihei Miki), le maître des dés, de tricher. Là, ils tenteront d’escroquer Zatoichi en échangeant les dés. Le masseur n’en veut pas à Denroku qui ne fait qu’obéir. C’est un père honorable qui élève seul sa fille de onze ans, la charmante Tsuru (Sachiko Kobayashi). Ce père cherche à éviter à sa fille de tomber dans les griffes de l’intendant Isoda. L’intendant menace de « s’occuper d’elle ».

Cette dixième aventure revient sur un récit où la corruption des seigneurs gangrène la société. Rien de neuf de ce côté-là. L’esprit sournois de Tatsugoro et Isoda les pousse à faire accuser Zatoichi de plusieurs meurtres qu’ils ont fait commettre. Zatoichi comme à son habitude va faire régner la justice dans cet univers vicieux. Les morts se comptent par dizaine, chaque fois les hommes de main des seigneurs se font trucider par la lame cachée dans sa canne. Il chasse donc ces démons qui assombrissaient le ciel du village et repart avec, encore une fois, les rayons du soleil sur son visage.

La Légende de Zatoichi 10 : La Revanche (座頭市二段斬り, Japon, 1965) Un film d’Akira Inoue avec  Shintarô Katsu, Norihei Miki, Mikiko Tsubouchi, Takeshi Katô, Fujio Harumoto, Sanemon Arashi, Jun Katsumura, Gen Kimura, Sachiko Kobayashi, Sonosuke Sawamura.