vendredi 2 août 2013

Le Bras de la vengeance


Je consacre une partie de ce mois d’août aux décors en carton-pâte et au paysage peints sur toile avec un petit hommage à Liu Chia-liang. Et pour commencer Le Bras de la vengeance, deuxième volet de la trilogie que Chang Cheh a consacré au sabreur manchot pour la Shaw Brothers. J’avais décrit comment Fang Gang (Jimmy Wang Yu) a perdu son bras droit dans Un seul bras les tua tous. Trois ans plus tard, Fang a épousé Xiao-man (Lisa Chiao) à qui il a promis de ne plus utiliser son sabre pour se battre. Il est désormais un honnête paysan dans la campagne chinoise.

C’était sans compter sans le Roi Sans Forme (Tien Feng), potentat local qui terrorise tous les maîtres des différentes écoles d’arts martiaux, qui défie Fang Gang pour savoir qui est le maître du sabre. Il envoie deux missionnaires (Wu Ma et Fong Yau), l’un vêtu de blanc, l’autre de noir, pour le convoquer sous la menace. Tenant à sa parole, il refuse tout net. Devant l’insistance guerrière des deux frères, il utilise son sabre pour laminer leurs tenues et les chasse. Il décline la demande d’aide venant des frères Lu, eux aussi défiés par le Roi.

Seulement voilà, les maîtres des écoles d’arts martiaux ont également été convoqués. Ils veulent la paix et pensent, bien naïvement qu’aller à ce défi leur permettra de vivre hors du joug du Roi Sans Forme. Ce dernier vit dans une forteresse avec sept autres chefs autoproclamés rois, six hommes et une femme. Le film les montre dans une rapide démonstration de leurs bottes secrètes. L’un fait tourner des roues équipées de lames, un autre envoie du poison, la reine jette des couteaux, quant à Liu Chia-liang, par ailleurs chorégraphe des combats, il lance une chaine munie d’une serpe. Seule l’arme du Rois Sans Forme est inconnue car il n’a jamais laissé de survivants.

Chacun a un nom de guerre très évocateur : Roi Grande Force, Roi Long Bras, Reine aux Mille Doigts, Roi Illusion Céleste, Roi Bouddha de l’Enfer, Roi Dragon Venimeux, Roi Roue Tranchante. Je donne ici leurs noms tels qu’ils sont donnés dans les sous-titres du DVD édité par Wild Side. Ils sont tous cruels et ne font pas de prisonniers, d’ailleurs le nombre de morts dans Le Bras de la vengeance est énorme. Les cadavres s’amoncellement sur le sol au fur et à mesure que les gentils (tous habillés en blanc) rencontrent les méchants (en tenues noires). Cela est très commode pour se repérer dans les affrontements et pour se rendre compte du nombre de survivants dans chaque camp.

Un ultimatum du Roi Sans Forme demande aux fils des maîtres de se couper le bras droit s’ils veulent que leurs pères soient libérés. Ils ont été pris en otage. Fang Gang prend la tête d’une expédition avec les disciples des écoles. Xiao-man, son épouse est contrainte de les accompagner, retardant l’annonce heureuse qu’elle veut faire à son mari. Sur le chemin vers la forteresse, comme dans un catalogue, ils vont rencontrer chaque roi, l’un après l’autre, qu’ils vont affronter et défaire. Mais c’est la Reine aux Mille Doigts qui est la plus vicieuse puisqu’elle se fait passer pour une jeune femme égarée et infiltrer la troupe menée par Fang Gang.

Pour faire durer son suspense, Chang Cheh mise d’abord sur les dialogues entre les disciples et Fang Gang. Chaque renseignement, chaque information est annoncée par un vigile à l’avant-garde aux disciples puis donnée une deuxième fois à Fang Gang. Ces répétitions sont à la longue fastidieuses. Les disciples sont à la fois naïfs, se laissant embobiner par le charme de la Reine, et débordent d’énergie les poussant à partir au combat mal préparés. Jimmy Wang Yu, avec son fin collier de barbe, joue avec le plus grand sérieux, sans décrocher le moindre sourire, son personnage de redresseur de torts. Ce sera son dernier rôle marquant pour la Shaw Brothers, préférant quitter la compagnie l’année suivante pour divergences artistiques.

Le Bras de la vengeance (Return of the one-armed swordsman, (獨臂刀王, Hong Kong, 1969) Un film de Chang Cheh avec Jimmy Wang Yu, Lisa Chiao, Chung Wa, Cheng Lui, Hoh Ban, Tien Feng, Essie Lin, Ku Feng, Tung Li, Tong Gai, Lau Kar-wing, Liu Chia-liang, Yuen Cheung-yan, Ti Lung, Wang Kuang-yu, Wu Ma, Fong Yau.

Aucun commentaire: