samedi 3 août 2013

La Rage du tigre


Exit Jimmy Wang Yu, bonjour David Chiang qui devient le nouveau sabreur manchot de la Shaw Brothers, comme le titre original le signale. En France, The New one-armed swordsman est sorti sous le titre La Rage du tigre au tout début de la vague de films « karaté  soja», comme le disait la critique de l’époque non sans un gros mépris, soit le 5 juillet 1973, tout juste un mois avant La Fureur de vaincre de Lo Wei. David Chiang n’est pas Fang Gang, le personnage de Jimmy Wang Yu, mais Lei Li. Le générique, fameux, voit Lei Li sur un cheval, sabres aux mains, en train de trancher toute une horde d’ennemis. L’ouverture combine les sons des sabres, des sabots des chevaux sur une musique jouée par une guitare saturée.

Car en début de film, tout comme dans Un seul bras les tua tous, Lei Li a ses deux bras. C’est un bretteur redouté et réputé mais son sourire arrogant n’impressionne en aucune manière Long Yi-zhi (Ku Feng), maître des lieux qui profite des guerres de clans pour voler les convois d’or. Lei Li accepte un défi du chevalier Long. Le perdant se tranchera le bras droit. Lei Li, malgré son habileté, sera défait grâce au bâton rétractable de Long, sorte de nunchaku en trois parties. Lei Li décide d’abandonner les arts martiaux. Pour montrer avec simplicité le temps qui passe, Chang Cheh avec un travelling aller retour montre le bras planté sur un arbre puis le bras devenu squelette.

Deux ans se sont passés. Lei Li est devenu l’homme à tout faire d’un aubergiste et le sujet de la moquerie de certains clients, des soldats à la solde de Long et de son allié Chen (Chan Sing), chef du clan du tigre (donnant là l’explication du titre français avec un beau contresens). Il reste de beau reste à l’ancien sabreur. On lui demande de laver une table, il fait se soulever les assiettes et les bols et nettoie pendant qu’ils sont en l’air, il fait de même pour servir le vin. Mais quand on l’agresse, il ne répond pas, il se laisse frapper par les deux soldats, recevant des coups de pieds, de mains, se laissant briser la main gauche sous les bottes des agresseurs. Le sourire arrogant qu’il arborait en début de film n’est plus là.

La Rage du tigre se poursuit avec l’arrivée de Feng (Ti Lung), un autre sabreur qui débarque au village. Il manie également deux sabres. Puis, Ba Jiao (Li Ching), la fille du forgeron, est enlevée par les deux soldats qui veulent la violer. Elle vient souvent acheter du vin à l’auberge. C’est Feng qui ira la sauver des griffes des soldats. Feng se voit défié par Long et Chan. Lei Li a beau le prévenir de la botte secrète de Long, Feng n’a pas peur. Il est aussi arrogant et sûr de lui que l’était Lei Li deux ans auparavant. Feng veut défendre son nouvel ami devant les soldats si agressifs, il incité Lei Li à reprendre le sabre et les arts martiaux. D’une certaine manière, ce sont deux âmes sœurs.

On a souvent parlé au sujet des films de Chang Cheh qu’ils recélaient une part d’homosexualité latente dans les rapports entre les hommes. Dans La Rage du tigre, c’est précisément cela. Les deux hommes sympathisent, se sourient longuement, puis, sous le regard compréhensif de Ba Jiao, se soutiennent mutuellement, au sens propre comme au sens figuré. Puis, une fois qu’ils auront été débarrassés de leur ennemis, ils pourront partir vivre en semble et travailler la terre tous les deux. Bien sûr, Feng mentionne que Ba Jiao sera l’épouse de Lei Li, mais ce projet de vie commune reste prépondérant. C’est parce que Feng est tué par Long que Lei Li reprend les armes, alors qu’il ne les a pas prises pour aider Ba Jiao. Sa rage n’en sera que plus grande pour le final devant le palais où Lei Li va affronter Long.

La Rage du Tigre (The New one-armed swordsman, 新獨臂刀, Hong Kong, 1971) Un film de Chang Cheh avec David Chiang, Ti Lung, Ku Feng, Li Ching, Cheng Lei, Cheng Kang-ye, Chen Sing, Wang Chung, Wang Ching-ho, Liu Kang, Shen Lao, Wang Kuang-yu, Yasuaki Kurata, Yang Sze.

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