vendredi 31 mai 2013

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir


Au Japon, Shokuzai était une mini-série télé en cinq épisodes diffusée en janvier 2012, en France, ce sont deux films qui sortent à une semaine de distance. La scène primitive de la série se déroule quinze ans avant le récit principal. Emili, écolière de neuf ans, est nouvelle dans l’école d’une petite ville japonaise. Très vite, elle se lie avec quatre amies de sa classe, elle les invite chez elle pour le goûter. Une fin de journée, elles jouent ensemble dans la cour de récré quand un homme, prétendant venir réparer quelque chose, vient demander de l’aide à l’une d’elles. Emili se dévoue pour l’aider. Quelques minutes plus tard, la fillette est découverte morte par ses camarades dans le gymnase.

Très vite, les quatre enfants réagissent. L’une appelle la police, une autre va chez Asako (Kyôko Koizumi), la mère d’Emili, une autre tente de trouver l’institutrice et la dernière reste près du corps. Une enquête commence, les policiers interrogent les enfants mais aucune d’elles ne garde en souvenir le visage de l’assassin. Six mois plus tard, Asako invite les quatre fillettes pour l’anniversaire d’Emili. Une photo de l’enfant morte trône sur un meuble, fixant ses camarades. C’est alors que la mère leur fait le reproche inouï de ne pas avoir été capables de reconnaitre le meurtrier et, qu’en conséquence, il court toujours. Elle leur fait promettre de trouver cet assassin. Les deux premiers chapitres de Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir sont consacrés respectivement à Sae (Yû Aoi) et Maki (Eiko Koike), devenues adultes. Les deux chapitres sont scénaristiquement indépendants.

Désormais adultes, chacune d’elles a désormais un métier et a quitté la ville de leur enfance. Sae est esthéticienne et Maki est enseignante. La première, peu sûre d’elle, est célibataire et se décide à épouser Takahiro (Mirai Moriyama), riche héritier qui était justement dans la même école que Sae. Il va chaque soir lui imposer de se déguiser dans la même tenue que la poupée qu’elle avait étant enfant. La deuxième est au contraire une femme très forte d’esprit, très rigoureuse dans son travail et devenue la bête noire des parents d’élève. Elle apprend le kendo et va se servir de cet art martial pour frapper un dément venu agresser les enfants lors d’une sortie à la piscine. Elle devient alors une héroïne aux yeux de tous mais son geste d’une violence extrême commence inquiéter

Ce sont deux traumatisées de la vie que filme Kiyoshi Kurosawa. Il énumère leur dysfonctionnement respectif en les mettant face à deux dégénérés, l’un sexuel (le mari de Sae) l’autre mental (l’agresseur) mais ce ne sont que des miroirs qu’il tend à ces deux personnages, rappelant constamment que le traumatisme ne vient pas seulement de la scène primitive mais aussi de la promesse à la mère. J’imagine que dans les trois autres parties dans le film qui sort la semaine prochaine, les deux autres enfants ainsi que la mère auront droit à leur lot de pervers en tout genre. La mère d’Emili fait office de fantôme qui hante l’esprit des jeunes adultes et erre au beau milieu des décors ternes et sans âme. Elle vient chaque fois constater si les anciennes amies de sa fille ont remboursé leur part de dettes pour avoir laissé mourir Emili. Pour l’instant, le récit est un peu indolent et très bavard avec un vague air de déjà-vu, il me faut donc attendre quelques jours pour juger de l’ensemble de Shokuzai.

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir (贖罪, Japon, 2012) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Mirai Moriyama, Eiko Koike, Kenji Mizuhashi, Sakura Andô, Chizuru Ikewaki, Ayumi Itô, Tomoharu Hasegawa, Teruyuki Kagawa.

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