jeudi 28 mars 2013

Quelle vie agréable !


Tous les habitants du village représenté dans Quelle vie agréable ! se demandent qui va être leur nouveau voisin. Avant qu’il ne s’installe, Mikio Naruse nous présentent ces villageois dans leur cadre naturel. Le barbier (Entatsu Yokoyama) se dispute avec sa femme qui a oublié d’apporter de l’eau pour rincer son client. L’horloger (Atsushi Watanabe) a de nombreuses pendules mais aucune n’indique l’heure. Le photographe n’a aucun client. Le tonnelier empêche un bébé de dormir avec le bruit de son marteau. Le restaurateur voit un client se faire disputer par sa femme parce qu’il vient boire au lieu de s’occuper de leur fils. Chaque jour semble être le même que le précédent, le coq chante le matin, un voisin part l’air triste travailler à la ville, les couples se disputent, personne ne sourit, le village ronronne.

Un vent va souffler sur le village avec l’arrivée de Taro Soma (Kingorô Yanagiya) et de ses deux filles Eiko (Hisako Yamane) l’aînée et Megumi (Meiko Nakamura), encore enfant. C’est d’abord littéralement que le vent s’abat sur les maisons quand Soma débarque sur sa carriole. Puis, c’est lui-même qui crée une tornade dans la vie de tous les jours de ses voisins. Ces derniers le trouvent bizarre. Il leur annonce qu’il va ouvrir une boutique où il peut tout réparer, y compris les peines de cœurs. Evidemment, surtout l’horloger, voient tous d’un mauvais œil ces étrangers qui ne cessent jamais de sourire, de remettre un portrait en place, de redresser la casquette d’un enfant, de balayer la rue pour enlever les feuilles. Personne n’avait jamais vu cela. L’optimisme de Soma se déclare à chaque moment et notamment lorsqu’il invite deux de ses voisins et qu’il leur sert le maigre repas qu’il peut se payer en période de rationnement du à la guerre. Il leur donne à manger des épluchures et un œuf mais il leur demande d’imaginer manger la poule autour de l’œuf.

Le film est merveilleux au sens propre comme au sens figuré. Au sens propre parce qu’il est une comédie très réussie où les gags se succèdent. Il est impossible de ne pas sourire (et parfois rire franchement aux éclats) devant les agissements des villageois tous un peu mesquins mais tellement attachants. Comme il est difficile de résister aux recommandations loufoques de Soma qui trouve toujours une solution à chaque souci. Il organise une chasse aux trésors pour réconcilier tout le monde. Les deux filles organisent un spectacle pour tout le village. Il est merveilleux dans son sens propre avec l’arrivée de la magie. Tandis que le tonnelier bat son baquet au marteau, Eiko se met à chanter comme dans une comédie musicale. Quand le jeune fils de l’horloger est malade, la petite Megumi fait apparaitre des lutins qui se lancent dans une danse pour le guérir. Soma et sa famille ne sont pas bizarres, ils sont peut-être des magiciens. Le film, tourné en pleine guerre, avait sans doute été conçu pour remonter le moral de la population mais son absence total de mièvrerie et son humour constant en font l’un des films les plus étonnants et plaisants de Mikio Naruse.

Quelle vie agréable ! (楽しき哉人生, Japon, 1944) Un film de Mikio Naruse avec Kingorô Yanagiya, Hisako Yamane, Meiko Nakamura, Entatsu Yokoyama, Kikuko Hanaoka, Atsushi Watanabe, Tamae Kiyokawa, Takashi Kotaka.

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