vendredi 30 novembre 2012

Filmographie : Ching Siu-tung



Films réalisés et chorégraphie des scènes d’action de Ching Siu-tung, 程小東.

Les 14 amazones (The Fourteen amazons, 十四女英豪, 1972) Un film de Cheng Kang. Sortie à Hong Kong le 27 juillet 1972
The Shaolin Boxer (福建少林拳, 1974) Un film de Huang Ta. Sortie à Hong Long le 14 juin 1974.
Kidnap (天網, 1974) Un film de Cheng Kang.Sortie à Hong Kong le 28 novembre 1974.
Monkey kung fu (出籠馬騮, 1979) Un film de John Law. Sortie à Hong Kong le 5 mai 1979.
The Sword (名劍, 1980) Un film de Patrick Tam. Sortie à Hong Kong le 14 août 1980.
L’Enfer des armes (Dangerous encounter - 1st kind, 第一類型危險, 1980) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 4 décembre 1980
Return of the deadly blade (飛刀又見飛刀, 1981) Un film de Manfred Wong. Sortie à Hong Kong le 2 avril 1981.
The Story of Woo Viet (胡越的故事, 1981) Un film d’Ann Hui. Sortie à Hong Kong le 24 avril 1981.
Gambler's delight (流氓千王, 1981) Un film de Ching Kong. Sortie à Hong Kong le 18 juin 1981.
Duel to the death (生死決, 1982) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 12 février 1983.
Cherie (雪兒, 1984) Un film de Patrick Tam. Sortie à Hong Kong le 22 décembre 1984.
Le Sorcier du Népal (奇緣, Nepal affair, 1985) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 22 février 1986.
Happy ghost III (開心鬼撞鬼, 1986) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 6 mars 1986
Peking Opera Blues (刀馬旦, 1986) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 6 septembre 1986
Histoires de fantômes chinois (A Chinese ghost story, 倩女幽魂, 1987) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 18 juillet 1987
Le Syndicat du crime 2 (A better tomorrow II, 英雄本色 II, 1987) Un film de John Woo. Sortie à Hong Kong le 17 décembre 1987
I love Maria (鐵甲無敵瑪莉亞, Hong Kong, 1988). Un film de David Chung. Sortie à Hong Kong le 10 mars 1988.
The Eighth happiness (八星報喜, 1988) Sortie à Hong Kong le 2 novembre 1988.
All about Ah Long (阿郎的故事, 1989) Sortie à Hong Kong le 16 mars 1989.
The Killer (喋血雙雄, 1989) Un film de John Woo. Sortie à Hong Kong le 7 juillet 1989.
Terracotta warrior (秦俑, 1989) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 12 avril 1990.
The Fun, the luck and the tycoon (吉星拱照, 1990) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 18 janvier 1990.
Swordsman (笑傲江湖, 1990) Un film de King Hu tourné par Ching Siu-tung, Raymond Lee & Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 5 avril 1990.
Histoires de fantômes chinois 2 (A Chinese ghost story II, 倩女幽魂 II 人間道, 1990) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 13 juillet 1990.
Casino raiders II (至尊無上 II:永霸天下, 1991) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 13 juin 1991.
Son on the run (帶子洪郎, 1991) Un film de Benny Chan. Sortie à Hong Kong le 24 octobre 1991.
The Raid (财叔之横扫千军, 1991) Un film de Ching Siu-tung & Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 23 mars 1991.
Histoires de fantômes chinois 3 (A Chinese ghost story III, 倩女幽魂 III 道道道, 1991) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 18 juillet 1991.
Lucky encounter (踢到寶, 1992) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 11 juin 1992.
Swordsman II (笑傲江湖 II东方不败, 1992) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 26 juin 1992.
Justice, my foot! (审死官, 1992) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 2 juillet 1992.
Royal tramp (鹿鼎記) Sortie à Hong Kong : 30 juillet 1992. Un film de Wong Jing.
L’Auberge du dragon (Dragon inn, 新龍門客棧, 1992) Un film de Raymond Lee. Sortie à Hong Kong le 27 août 1992.
Royal tramp II (鹿鼎記II神龍教) Sortie à Hong Kong : 24 septembre 1992. Un film de Wong Jing.
Moon warriors (战神传说, Hong Kong, 1992) Un film de Sammo Hung. Sortie à Hong Kong le 19 décembre 1992.
Executioners (現代豪俠傳, 1993) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 30 septembre 1993.
The Heroic trio (東方三俠, 1993) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong le 12 février 1993.
Holy weapon (武俠七公主, 1993) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 3 juillet 1993.
Niky Larson (City Hunter, 城市獵人, 1993) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 16 janvier 1993.
Swordsman III The east is red (東方不敗 II之風雲再起, 1993) Un film de Raymond Lee & Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 21 janvier 1993.
Flying dagger (神經刀與飛天貓, 1993) Un film de Chu Yen-ping. Sortie à Hong Kong le 6 mai 1993.
The Mad monk (濟公) Un film de Johnnie To. Sortie à Hong Kong : 29 septembre 1993.
Future cops (超級學校霸王, 1993) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 15 juillet 1993.
Butterfly sword (新流星蝴蝶劍, 1992) Un film de Michael Mak. Sortie à Hong Kong le 16 janvier 1993.
Wonder seven (1994) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le
Love on delivery (破壞之王, 1993) Un film de Lee Lik-chi. Sortie à Hong Kong : 3 février 1994.
Le Roi Singe : La Boîte de Pandore (A Chinese odyssey Part one – Pandora's box, 西遊記第壹佰零壹回之月光寶盒, 1994) Un film de Jeff Lau.Sortie à Hong Kong : 21 janvier 1995.
Le Roi Singe : Cendrillon (A Chinese odyssey Part two – Cinderella, 西遊記完結篇仙履奇緣, 1994) Un film de Jeff Lau. Sortie à Hong Kong : 4 février 1995.
Stunt woman (Ah Kam, 阿金, 1996) Un film d’Ann Hui. Sortie à Hong Kong le 10 octobre 1996.
Dr. Wai (The Scripture with no words, 冒險王, Hong Kong, 1996) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 14 mars 1996.
The Blacksheep affair (碧血藍天, 1998) Un film de Lam Wai-lun. Sortie à Hong Kong le 14 février 1998.
Conman in Tokyo (中華賭俠, 2000) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 31 août 2000.
The Duel (決戰紫禁之2000) Un film d’Andrew Lau. Sortie à Hong Kong le 3 février 2000.
My school mate, the barbarian (我的野蠻同學, 2001) Un film de Wong Jing & Billy Chun. Sortie à Hong Kong le 24 août 2001.
Shaolin soccer (少林足球, 2001) Un film de Stephen Chow. Sortie à Hong Kong : 5 juillet 2001.
Naked weapon (赤裸特工, 2002) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 14 novembre 2002.
Hero (英雄, 2002) Un film de Zhang Yimou. Sortie à Hong Kong le 19 décembre 2002.
Le Secret des poignards volants (House of flying daggers, 十面埋伏2004) Un film de Zhang Yimou. Sortie à Hong Kong le 15 juillet 2004.
La Cité interdite (Curse of the Golden Flower, 滿城盡帶黃金甲, 2006) Un film de Zhang Yimou. Sortie à Hong Kong le 21 décembre 2006.
Les Seigneurs de la guerre (The Warlords, 投名狀) Un film de Peter Chan. Sortie à Hong Kong le 13 décembre 2007.
Shaolin basket (Kung fu dunk, 功夫灌籃, 2008) Un film de Chu Yen-ping. Sortie à Hong Kong le 6 février 2008.
Butterfly lovers (武俠梁祝, Hong Kong, 2008) Un film de Jingle Ma. Sortie à Hong Kong le 9 octobre 2008.
An Empress and the Warriors (江山美人, 2008) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 20 mars 2008.
The Treasure hunter (刺陵, 2009) Un film de Chu Yen-ping. Sortie à Hong Kong le 9 décembre 2009.
Time warriors : la révolte des mutants (Future X Cops, 未來警察, Hong Kong, 2010) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 15 avril 2010.
Just call me Nobody (大笑江湖, 2010) Un film de Chu Yen-ping. Sortie à Hong Kong le 3 décembre 2010.
Le Sorcier et le serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake, 白蛇傳, 2011) Un film de Ching Siu-tun. Sortie à Hong Kong le 29 septembre 2011.

jeudi 29 novembre 2012

Sorties à Hong Kong (novembre 2012)


Love me not (不能愛, Hong Kong, 2012)
Un film de Gilitte Leung avec Afa Lee, Kenneth Cheng, Rebecca Yip, Siu Wu. 92 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie à Hong Kong : 29 novembre 2012.


mardi 27 novembre 2012

Conman in Tokyo


Après quatre ans de chômage (Dr. Wai était son précédent film), Ching Siu-tung est engagé par Wong Jing pour mettre en scène Conman in Tokyo, fausse suite de The Conman. Nick Cheung rempile dans le rôle de Jersy, grand amateur de jeux qui ne rêve que d’une chose : défier Cool (Louis Koo) dont tout le monde a perdu la trace depuis des années. En attendant de le retrouver, la séquence d’ouverture voit Jersy affronter au bowling puis au billard Turkey (Leung Kar-yam), à la coupe affro et au  caractère de teigne. On remarque aussitôt que le style de Ching Siu-tung est intact, malgré la commande. Nick Cheung se bat avec des mouvements secs puis lors de la partie de billard, les boules volent à travers la pièce avant que Turkey ne l’attaque avec la queue, comme s’ils avaient des sabres.

L’idée de Conman in Tokyo est donc simple : appliquer les arts martiaux au poker. La vraie question est de savoir si cela n’est pas une nouvelle idée aberrante de Wong Jing ou si elle peut fonctionner. Le personnage de Cool est celui qui va mettre en œuvre ce concept. Wong Tin-lam, dans une courte apparition, va raconter le passé de Cool. C’était un joueur impénitent qui avec sa petite amie Karen (Athena Chu, rescapée elle aussi du casting de The Conman) et son pote Yeung Kwong (Ben Lam) écument les lieux les plus luxueux pour jouer au poker. Et bien entendu, ils gagnèrent beaucoup. Jusqu’à ce que tout s’arrête et qu’il s’exile à Tokyo. Il n’en faut pas plus à Jersy et à sa copine Banana (Christy Chung dans le rôle un peu ingrat de la comique de service, bonne fille mais un peu gourde) pour partir à la recherche de Cool.

Ils le retrouveront par un pur hasard car, après tout, Wong Jing ne s’est jamais embarrassé pour simplifier ses scénarios au maximum quitte à tomber dans le ridicule. Parce qu’ils ont faim, ils vont dans un restaurant chinois et là, ô surprise, c’est Cool qui en est le patron. Jersy doit d’abord le convaincre de jouer contre lui. Il refuse, il a définitivement abandonné le poker. A cela, il y a une raison très simple : il vit dans un traumatisme ancien (là, lancement d’un flashback) où il vit Karen devenir paraplégique. Tout y est raconté : une soirée de beuverie où Cool couche avec une autre, le mariage entre Yeung Kwong et Karen puis un coup de fusil dans le dos de cette dernière. Sauf que cette balle était destinée à Cool. Depuis chaque jour, il va espionner dans la demeure cossue du couple sa bien-aimée qu’il n’a jamais oubliée mais qu’il ne peut reconquérir.

Ce que le spectateur découvre est que Yeung Kwong est devenu son pire ennemi et qu’il torture Karen (qui ne dira pas un mot pendant presque tout le film). Oui, Yeung Kwok est vraiment l’un de ses sales traitres sans pitié ni foi qui abondent dans les polars hongkongais. Il s’est allié avec Tetsuo (Kurata Yasuaki) qui veut défier Cool, car on ne défie que les meilleurs. Après quelques retournements de situations grotesques et sur lesquels je ferai l’impasse, l’affrontement peut enfin commencer. Jersy se met en tête d’affronter Tetsuo. La fameuse scène des dés avec une japonaise à l’épaule tatouée dénudée est rejouée sur un mode burlesque. Jersy se dénude l’épaule et il arbore un tatouage de Mickey et de Pikachu. La partition comique de Nick Cheung, l’énergie de l’acteur et son duo burlesque avec Christy Cheung sont les seules choses à sauver dans le film.

Finalement, Cool accepte de jouer contre Tetsuo le soir de la finale de la coupe d’Europe de football, France Italie, sans que cela ne crée des gags contrairement à The Conman. Cette scène finale fait dans la surenchère. Elle se déroule sur un porte-avion militaire plutôt que sur un yatch comme dans les autres films de gambling. Cool a une arme secrète : la technique de la carte volante. Il les utilise comme des lames pour tuer ses ennemis et il faut bien dire que le nombre de morts est très important et que les explosions abondent. La scène finale se veut sans doute monumentale et digne des films d’action américains, mais Wong Jing a les yeux plus gros que le ventre et cette scène est peu minable. Ching Siu-tung n’a pas sauver son film et tombera encore plus bas avec son film suivant, l’atroce Naked weapon.

Conman in Tokyo (中華賭俠, Hong Kong, 2000) Un film de Ching Siu-tung avec  Louis Koo, Nick Cheung, Athena Chu, Christy Chung, Ben Lam, Leung Kar-yan, Kurata Yasuaki, Joe Cheng, Wong Tin-lam, Mak Wai-cheung, Zuki Lee.

lundi 26 novembre 2012

The Conman


Après la réussite de The God of gamblers, Wong Jing a passé toute la décennie suivante à tourner des suites et autres variations sur les joueurs de poker, en plus de ses autres films. Dans The Conman, Andy Lau est King dont le rêve est de vaincre Macao Mon (Jack Kao), champion de poker. Pour cela, il doit trouver les fonds pour parier. Avec la complicité de son ami Chung (Emotion Cheung), il triche à une partie mais ses concurrents mettent à jour sa supercherie. Une baston éclate, King tue un homme et se retrouve en prison. Blessé dans la bagarre, il perd une partie des facultés visuelles et ne distinguent plus les couleurs. Son point de vue sera désormais en noir et blanc avec force plans en caméra subjective. Cinq ans plus tard, il sort de prison, ses cheveux sont devenus blancs. Là, l’attend Dragon (Nick Cheung) dépêché par l’un de ses derniers amis pour s’occuper de lui.

Pas de chance pour King qui espérait un peu de calme, Dragon est un jeune gars impulsif, toujours prêt à donner du poing chaque fois qu’on le contredit. Il faudra toute la patience de King pour lui inculquer la bonne méthode pour ne pas se faire plumer dans les parties de carte. Il lui prodigue une bonne leçon quand Eastwood (Karel Wong – quel drôle de nom de personnage), flic pourri, l’escroque. Dragon n’a jamais d’argent et va régulièrement taxer sa sœur Ching (Athena Chu) qui tient un billard. Avec son grand cœur, King l’aide à se débarrasser de Rocky (Frankie Ng), brute épaisse qui lui fait du rentre dedans. Ching est fiancé à un certain Raymond (Alan Lam), soi-disant étudiant aux USA, mais King aura tôt fait de le démasquer. C’est qu’il est tombé amoureux de la belle, malgré leur différence d’âge, comme elle le souligne. Voilà pour la partie romance de The Conman : prévisible et attendue, avec une scène d’amour ridicule.

Avant de passer par la case prison, King avait une épouse, Fanny (Angie Cheung) qu’il trompait allégrement. Elle lui annonce qu’elle est enceinte, qu’elle le quitte et que jamais il ne verra leur enfant. La partie mélo du film commence quand King part à sa recherche à sa sortie de prison. Il pense l’apercevoir au loin. Un jour, lors d’un tournoi de poker, il retrouve Chung, son ancien comparse qu’il croyait mort. Il lui annonce que Fanny est morte ainsi que son fils. En vérité, ils vivent tous les trois ensemble. Le gamin a un problème à la jambe. Sur une musique larmoyante, King va passer quelques moments avec son fils à faire du manège. Ça se veut émouvant, là aussi c’est franchement très mièvre. La vengeance de Handsome (Waise Lee), frère de l’homme tué par King, va commencer. Il va kidnapper Fanny et Chung pour faire un chantage à King : affronter Macao Mon. Car en fait, comme tous les sales traitres, Handsome veut tuer son patron et il a besoin de l’aide de King. Pour encore plus faire dans le racoleur, l’enfant va se retrouver à l’hôpital, après que le sale flic corrompu l’ait poussé dans un escalator.

Comme il se doit, The Conman se termine sur une partie de poker sur un bateau (pourquoi faire original ?). Là, il faut bien reconnaitre que ce qui n’aurait pu être qu’un autre combat à suspense comme les autres se transforme en jeu burlesque. Plus tôt dans le film, King avait appris à Rocky (avec qui il avait eu le temps de sympathiser par miracle en lui enseignant la bonne méthode pour gagner au billard) comment jouer correctement au poker. Chez Wong Jing, c’est très simple, quand la musique (médiocre) se fait guillerette, on sait que l’on va pencher vers la comédie. King calme les ardeurs de ses deux disciples en bon sifu qu’il est. Mais je reviens à cette fin qui fonce dans le grand n’importe quoi. Wong Jing, jamais à court d’idées débiles entre en scène, coiffé d’une perruque afro. La partie finale se déroule le jour de la finale de la coupe du monde de football 1998. En plus du poker, le pari porte sur qui de la France ou du Brésil va gagner. Wong Jing et ses acolytes vont rejouer le match sur un mode burlesque. De fausses publicités hilarantes et parodiques, où Nick Cheung et Wong Jing se déguisent, ponctuent le match. Cette séquence, assez drôle, reste le meilleur moment d’un film franchement poussif.

The Conman (賭俠1999, Hong Kong, 1998) Un film de Wong Jing avec Andy Lau, Nick Cheung, Athena Chu, Waise Lee, Emotion Cheung, Angie Cheung, Jack Kao, Wong Jing, Frankie Ng, Ben Ng, Alan Lam, Lee Siu-kei, Karel Wong.

vendredi 23 novembre 2012

Genpin


C’est au milieu de rizières, dans un village de la campagne que Genpin, documentaire de Naomi Kawase tourné avant Hazenu l’esprit de la campagne, plonge le spectateur. Des arbres, une vieille bâtisse, des femmes enceintes. Ces femmes font des flexions, de haut en bas, 300 par jour. Ou encore elles coupent du bois en pliant bien les genoux puis lançant la hache sur la buche. Elles sont toutes des patientes du Docteur Yoshimura, obstétricien qui applique des méthodes radicalement différentes des autres médecins japonais. Naomi Kawase part à sa rencontre et écoute ce qu’il a à dire sur sa vision de la grossesse, elle fait parler les futures mamans comme des mères qui ont déjà donné naissance à des enfants. Au début, on pourrait presque croire qu’on est dans une secte un peu new age si les mamans ne se sentaient pas aussi bien au sein de cette clinique. D’ailleurs, il n’est pas immédiatement dit qu’on est dans un centre d’obstétrique.

Comme dans ses fictions récentes (je ne connais pas ses nombreux documentaires), il s’agit d’un retour à la nature, le thème favori de la cinéaste. Non pas qu’ils fuient la civilisation, mais comme le dit Yoshimura, le retour à des méthodes douces pour accoucher existaient déjà à l’ère Edo. Pourquoi ne pas les remettre à jour ? Il explique qu’aujourd’hui les médecins ne cherchent que la solution la plus simple et surtout, la plus rentable pour eux et leur clinique. La caméra, au sol, s’immisce au milieu des discussions entre les femmes assises qui parlent d’elles et de leurs expériences. Certaines sont touchantes, d’autres drôles. On apprend que les fausses couches doivent être menées à terme, on y voit trois accouchements où les proches (un enfant, un époux) assistent la mère, on y dénonce les césariennes inutiles et le stress que subissent les femmes dans les cliniques classiques. Et puis, le travail qu’elles accomplissent jusqu’au dernier jour de grossesse. Une vieille femme montre comment on bine le jardin, une autre comment on débite le bois.

Naomi Kawase dit, hors champ, à Yoshiwara qu’il ressemble au dieu des rizières. Elle est subjuguée par ce vieillard à la barbe blanche et aux grosses lunettes qui se déplace lentement. Lui se décrit lui-même comme égocentrique, foutraque et têtu. La seule chose qu’il souhaite ce sont des beaux bébés japonais. Il annonce qu’il mettra au monde des enfants jusqu’à sa mort. Les sages-femmes de la clinique le considèrent comme un soliste d’un orchestre. Elles regrettent cependant qu’il n’écoute jamais leurs conseils et qu’il n’en fasse qu’à sa tête. Sa fille cinquantenaire, en larmes, ne veut plus le voir. Elle s’estime abandonnée. Elle affirme qu’il a toujours préféré les femmes qu’il soignait à sa propre fille. Ce contrepoint évite que Genpin ne sombre dans la mièvrerie qui plane régulièrement tant la réalisatrice semble ne pas avoir le moindre recul dans sa volonté de rendre hommage à l’œuvre de Yoshiwara et ce malgré une mise en scène sophistiquée dans les entretiens – on entend d’abord les voix en off des interviewées sur des plans de la nature avant de les voir. Ceci étant, Genpin est l’un des rares films à filmer aussi librement les femmes et leurs soucis.

Genpin (玄牝 -げんぴん-, Japon, 2010) Un film de Naomi Kawase. Documentaire.

jeudi 22 novembre 2012

Sorties à Hong Kong (novembre 2012)



Love in time (等,我愛你, Hong Kong – Chine, 2012) 
Un film de Huo Huo avec Bosco Wong, Stephy Tang, Sammy Leung, Sita Chan, Harriet Yang, Otto Wong, Kitty Yuen. 102 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 22 novembre 2012.

lundi 19 novembre 2012

Swordsman 2 + Swordsman 3


L’éminent sabreur Chung Ling-wu (Jet Li) et son condisciple (Michelle Reis) qu’il surnomme « le gamin » ont décidé d’abandonner les arts martiaux et de se retirer loin des querelles claniques. Guerres de pouvoir mais aussi guerres ethniques. D’un côté les Miaos et de l’autre les Han. Et au milieu de cette année 1594, des Japonais menés par Waise Lee qui débarquent pour devenir pirates et décident de soutenir la farouche Invincible Asia (Brigitte Lin) de l’ethnie Miao. Dans une bataille, elle rencontre Chung (lui est Han). Elle, perchée sur le sommet d’un arbre, volant sur les sommets avec un masque pour dissimuler son visage. Sa voix est masculine, comme les démons d’Histoires de fantômes chinois, une habitude pour désigner les super méchants de ses films.

Les deux personnages féminins de Swordsman 2 questionnent la question du genre sous deux modes opposés. Asia ne sait pas qui est Chung et ce qu’il vient faire ici. Par un concours de circonstance, Chung va être amené à la rencontrer à nouveau, persuadé qu’elle est attaquée par des ennemis, il l’embarque avec lui, volant jusqu’à une colline pour admirer la lune. Elle ne parle pas pour ne pas dévoiler sa voix et ne pas révéler qu’elle est Invincible Asia. Ce qui les unit est l’alcool qu’ils boivent au goulot de la gourde. La romance entre Chung et Asia est forcément tragique puisqu’ils sont ennemis et quand il comprendra qu’elle est sa vraie nature, il la combattra. D’autant, que par erreur il couchera avec Xi-xi, la favorite d’Asia.

Quant au « gamin », elle vit au milieu des hommes depuis toujours, s’habille comme eux, se comporte comme eux en artiste martial. Amoureuse de Chung, elle voudra se vêtir en femme sous les moqueries des compagnons d’armes de Chung. Elle veut se maquiller mais ils ont, par mégarde, remplacer son rouge à lèvres par du piment. Son personnage est avant tout comique. Elle est aussi l’archétype du disciple fidèle mais maladroit qui manque de tout faire échouer à cause des sentiments qui l’animent. C’est un personnage sensible qui se soucie des autres, tout l’inverse d’Asia, froide et calculatrice. Ceci étant, cette confusion des genres, mélange d’androgynie et d’homosexualité refoulée rappelle les classiques du wu xia pian où les hommes étaient joués par des femmes.

Le parchemin du Canon du tournesol, comme dans Swordsman, est au centre de toutes les batailles. Asia l’a utilisé pour acquérir cette grande force et a emprisonné son frère Yam Wo-hang (Yen Shi-kwan) en plantant dans ses rotules de crocs. La mission de Chung sera de le délivrer. C’est la fille de Yam, Ying-ying (Rosamund Kwan), un personnage un peu fâlot, qui se charge de lui fournir des mercenaires. La botte secrète d’Asia est la technique des aiguilles volantes qu’elle lance à ses adversaires pour les enlacer. Les aiguilles pénètrent dans la chair, les fils qui y sont accrochés enserrent les proies. Une fois Yam libéré, il veut posséder le Canon du tournesol et aspire les forces vives de ses adversaires.


Swordsman 3 commence avec les scènes finales de Swordsman 2, une grande bataille dans les quartiers généraux d’Asia. Celle-ci est vaincue mais le Canon du tournesol est encore l’objet de toutes les convoitises. Cette fois d’Espagnols guidés sur les lieux par Koo Cheung-fung (Yu Rong-guang) et ses deux bras droits. Mais des Japonais mené par un samouraï, Raizô, sont aussi à sa recherche. Chacun a un navire qui harponnera l’autre, livrera bataille à grands coups de canons avec un avantage certain pour la bâteau japonais qui peut se transformer en sous-marin. Avec force maquettes, les batailles navales sont un peu minables et terriblement statiques. C’est une grande déception et parfois d’un ennui total.

Koo Cheung-fung fait ressurgir Invincible Asia (encore et toujours Brigitte Lin). Cette dernière apparait d’abord sous le visage de l’acteur Lau Shun, en vieillard aux longs cheveux blancs, qui retirera son masque. Le masque et le déguisement sera l’une des forces du récit. Asia veut reprendre sa place de démon maître du monde et décide de chasser tous ceux qui se font passer pour elle. D’abord le chef d’une secte paganiste. Puis Neige (Joey Wong) une pirate qui pratique la technique des aiguilles volantes. Neige est l’ancienne concubine d’Asia et se fait passer pour elle. Masque également pour elle avec sa favorite qui se révélera un ninja à la solde de Raizô, ce dernier apparaissant toujours masqué et dont la combinaison de samouraï enferme un corps inhabituel. Puis, finalement Asia se déguisera en prostituée, finira par porter l’uniforme de Raizô.

Ce qui est à retenir de cette trilogie des Swordsman, malgré quelques beaux moments, c’est son caractère bancal avec des récits abrupts qui partent dans les sens sans cohérence, des combats gore mais mous sans la beauté formelle à laquelle Ching Siu-tung avait habitué le spectateur et un érotisme de pacotille. Ces beaux moments, c’est la fuite dans les bois entre Asia et Chung, les larmes de Neige sur son bateau, pour une fois des moments de calme.Sans doute Tsui Hark, producteur et scénariste, était allé trop vite en besogne et ne cherchant qu’à faire des films pour gagner de l’argent, avec une production faible, en oubliant l’éblouissement du spectacle.

Swordsman 2 (笑傲江湖II東方不敗, Hong Kong, 1992) Un film de Ching Siu-tung avec  Brigitte Lin, Jet Li, Rosamund Kwan, Michelle Reis, Waise Lee, Candice Yu, Fennie Yuen, Lau Shun, Yen Shi-kwan, Chin Ka-lok.

Swordsman 3 : The East is red (東方不敗風雲再起, Hong Kong, 1992) Un film de Ching Siu-tung et Raymond Lee avec Brigitte Lin, Joey Wong, Jean Wang, Yu Rong-guang, Lau Shun, Eddy Ko, Lee Ka-ting, Kingdom Yuen, Yen Shi-kwan.

dimanche 18 novembre 2012

Histoires de fantômes chinois 3


Adieu Leslie Cheung et Wu Ma, bienvenue Tony Leung Chiu-wai et Lau Shun. Après un court prologue où les deux premiers sont attaqués par Lao Lau (Lau Siu-ming), horrible démon à la voix androgyne (il passe d’une voix féminine à une masculine), Histoires de fantômes chinois 3 démarre cent ans plus tard avec les deux derniers. Tony Leung Chiu-wai est Fong, un jeune moine au crâne rasé et, comme le personnage de Leslie Cheung, pourvu d’une maladresse touchante. Sa maigre pitance ne résiste pas aux assauts du sable, il ne sait pas comment la protéger contrairement son maître. Il accompagne son sifu, un prêtre bouddhiste (Lau Shun) sur les vastes plaines de la Chine. Il a beaucoup été dit que ce troisième épisode était un quasi remake du premier. C’est à la fois vrai et faux. C’est vrai car le récit reste celui d’une romance impossible entre le moinillon et une femme fantôme. Et c’est faux puisque Ching Siu-tung améliore son histoire et peaufine sa mise en scène. Comme pour accentuer l’idée de la réincarnation, Lau Shun incarne cette fois un gentil et Lau Siu-ming le méchant, inversant leurs rôles d’Histoires de fantômes chinois 2. En ouverture du film, ils se réfugient dans la même cabane, cette fois en ruine, que Leslie Cheung. Des voleurs passent par ici. Fong, très froussard, est éclaboussé par une giclée de sang. Les voleurs sont pourchassés par la sabreur Yen (Jacky Cheung) qui lui aussi rempile.

La belle fantôme est pour la troisième fois jouée par Joey Wong qui s’appelle cette fois Lotus. Sa situation n’est pas enviable. Lao Lau la prostitue, la force à aller séduire les humains égarés. On la découvre d’abord avec sa sœur Jade (Tiffany Lau), toutes deux allongées dans une pose lascive. L’une fait un tatouage sur l’épaule de l’autre. Quand un peu de sang coule, la deuxième le lèche avec sa langue. La scène est éminemment érotique, les visages sont filmés dans une lumière orangée, les épaules nues mises en avant, les robes qui volètent accentuent la frivolité. Dans un flot de pétales de fleurs, les deux femmes fantômes traversent avec force minauderies la pièce principale, tournant sur elles-mêmes comme pour hypnotiser les hommes. Elles vont prendre au piège les voleurs qui se sont réfugiés dans cette demeure en ruine pour que Lao Lau aspire leur substantielle moelle. Le démon et son armée de harpies chauves vêtues de vert terrifient les voleurs. Lao Lau est une sorcière armées de tentacules constituées de racines d’arbres. Puis, elle déploie une langue monstrueuse qui enlace violement ses proies. Lotus et Jade sont prisonnières de ce démon. Leurs urnes funéraires ont été confisquées par Lao Lau au bord du vieil arbre qui lui sert de refuge. Elles ne peuvent pas se réincarner.

Lao Lau charge Lotus de la mission de séduire le moinillon au grand dam de sa concurrente Papillon (Nina Li) qui aurait aimé être à sa place. En l’absence du maître de Fong, Lotus se rend dans le temple Lan Jou (là où Yan, le personnage de Wu Ma, était allé en ermitage) où les deux hommes se sont réfugiés. La scène de séduction est l’une des plus longues du film. Fong, dans sa grande naïveté, ne comprend pas immédiatement à qui il a affaire. Lotus se fait d’abord passer pour une femme égarée. La beauté de cette séquence vient du charme de Joey Wang qui tente de déshabiller Fong. Ce dernier la repousse puis à prier ce qui crée chez Lotus une douleur extrême. La lumière jusqu’à alors bleutée se transforme en orangée sous les caresses de Lotus. Les deux protagonistes se livrent à un jeu de cache-cache avec un avantage pour Lotus qui a le pouvoir de se déplacer sans se mouvoir. Elle a donc une avance sur lui mais, encore une fois, les prières la font souffrir. Fong va lui demander de l’aider à chercher le Bouddha d’or qu’il a égaré dans la demeure. Puis, c’est le retour du sifu qui sent l’odeur du fantôme. Cette dernière devra se cacher avant de pouvoir s’enfuir et d’avouer son échec à Lao Lau.

Persuadé qu’il a une mission à accomplir, Fong veut que Lotus puisse enfin se réincarner. Il va devoir convaincre Yen le sabreur de l’aider. Ce dernier est un mercenaire qui vend ses services au plus offrant. On soupçonne qu’il soit le descendant du personnage de Wu Ma, puisqu’il connait l’utilisation des sorts taoïstes pour chasser les démons. Seulement voilà, Fong, en tant que moine, n’a pas d’argent. Personnage comique d’Histoires de fantômes chinois 3, Yen sort régulièrement son boulier pour compter combien le moine lui doit. Armé d’un sabre très long, symbole phallique évident, il trouve Lotus très à son goût et ne résiste pas à la tentation de la séduire. Finalement, il accepte de tendre un piège à Lao Lau pour que Lotus puisse récupérer son urne funéraire mais également pour que libérer le sifu qui a été capturé par le démon. La séquence du combat final contre Lao Lau est d’une beauté à couper le souffle. Froussard et naïf, le personnage de Fong va devenir valeureux et puissant. Histoires de fantômes chinois 3 est peut-être le remake Histoires de fantômes chinois mais il est visuellement le plus abouti des trois. La trilogie est finie, Tsui Hark produira en 1997 Histoires de fantômes chinois en animation.

Histoires de fantômes chinois 3 (A Chinese ghost story III, 倩女幽魂III 道道道, Hong Kong, 1991) Un film de Ching Siu-tung avec Tony Leung Chiu-wai, Jacky Cheung, Joey Wong, Nina Li, Lau Siu-ming, Lau Shun, Tiffany Lau, Tommy Wong, Sam Hoh, Cheung Yiu-sing.

jeudi 15 novembre 2012

2/Duo


Plus de quinze ans après sa réalisation, 2/Duo, premier long-métrage de Nobuhiro Suwa, sort dans les salles françaises. Ce qui frappe dès les premiers plans, c’est ce gros grain de l’image auquel, depuis l’avènement du numérique et des projections DCP, le spectateur n’est plus habitué. Tourné en 16mm en quelques jours, semi improvisé autour de deux acteurs réunis dans un petit appartement, filmé souvent en plan séquences, des plans noirs ponctuent les conversations, 2/Duo rappelle les souvenirs du renouveau de ce cinéma japonais d’alors qui allait enchanter les Festivals et la presse. C’était aussi les débuts de Shinji Aoyama ou de Naomi Kawase.

Ces deux personnages au centre du film sont Kie (Nishijima Hidetoshi) le garçon et de Yu (Yu Eri) la fille. Ils semblent sortir ensemble mais jamais le moindre geste d’affection ou de tendresse ne sera visible, jamais un bisou ne sera échangé. Kei est un homme sans qualités. Acteur de seconde zone, on le découvre répétant une scène dans sa loge quand un régisseur (hors champ) lui annonce que son rôle est supprimé. Ecervelé, il propose à Yu de déjeuner avec elle. Bien qu’elle ait peu de temps, il se débrouille pour arriver en retard. Fauché, il taxe constamment de l’argent à sa copine. C’est un garçon terne qui se confond avec le décor de l’appartement, son survêt gris se fond avec le dessus de lit et sa chemise aux rayures verticales avec le rideau. En contraste, Yu qui arbore des chemises aux couleurs vives, travaille comme vendeuse dans une boutique de vêtements pour dames chics.

Ils sont deux et ne forment pas encore un couple. Ainsi, un jour au détour d’une conversation Kei demande Yu en mariage. Elle ne répond pas, elle ne sait pas quoi répondre. A partir de cette demande en mariage, le comportement de Yu va changer, elle va s’étioler comme si une peur l’avait envahi. On pense au changement d’attitude radicale qu’éprouvait Camille Javal, le personnage de Brigitte Bardot dans Le Mépris de Jean-Luc Godard. Aucune explication ne sera donnée. C’est elle qui va devenir l’ombre d’elle-même, commencer à pleurer sans raison dans sa boutique, acheter des kilos de tomates pour faire une sauce un jour où elle invite des amies. Kie réagit abruptement face à cette non réponse, dans une séquence tout en violence sourde, il jette sur le sol tous les objets de Yu qu’elle se mettra en ranger en parlant toute seule. Il voulait la faire réagir, elle s’enferme encore plus dans son monde.

Pour creuser son sillon sur la solitude de ce couple, Nobuhiro Suwa utilise les reflets, les miroirs. En début de film, Kie est souvent quasi hors champ, on ne voit qu’une partie de son corps alors que Yu est filmée totalement. Au restaurant, elle est de face, lui de dos, son reflet sur une vitre à peine visible. Il n’existe pas. Puis, par un mouvement de balancier (un travelling vers la droite), il se mettra petit à petit à occuper tout le film tandis qu’elle disparaitra au sens propre comme au sens figuré. Tous ces motifs du reflet qui expriment l’ambiguïté de la personnalité seront plus encore développés dans M/Other, son autre film au titre comportant une barre oblique, une séparation. Il ne lâchera jamais ce thème du double dans ses films suivants : H story, Un couple parfait puis Yuki & Nina.

2/Duo (2 デュオ, Japon, 1996) Un film de Nobuhiro Suwa avec Nishijima Hidetoshi, Makiko Watanabe, Miyuki Yamamoto, Yu Eri.

Sorties à Hong Kong (novembre 2012)


Triad (紮職, Hong Kong, 2012) 
Un film de Daniel Chan avec William Chan, Michelle Wai, Irene Wan, Derek Tsang, Patrick Tam Yiu-man, Suet Lee, Edward Chui, Michael Chan, Deep Ng, Kathy Yuen, Lam Lei, Lo Hoi-pang, Carlos Chan, Carl Ng, Dominic Ho. 90 minutes. Classé Catégorie III. Sorties à Hong Kong : 15 novembre 2012.

mercredi 14 novembre 2012

Histoires de fantômes chinois 2


Tsui Hark aura mis trois ans avant d’entreprendre Histoires de fantômes chinois 2 à cause du succès mitigé auprès du public du premier film (15ème au box office 1987). L’ouverture se fait sur un mode « précédemment dans Histoires de fantômes chinois » en résumant sur trois minutes le scénario au cas où certains spectateurs auraient oublié les aventures du lettré Tai-shen (Leslie Cheung) qui, en début de film, se sépare de son maitre Yan (Wu Ma) qui décide de partir méditer en ermite dans un temple éloigné. Tai-shen se retrouve seul dans un village et rentre dans une auberge où les patrons servent de la chair humaine aux clients. Les malheurs continuent de s’abattre pour lui quand la police le prend pour un bandit et l’arrête.

En prison, il fait la connaissance de son compagnon de cellule, Chu Er-long (Ku Feng), un philosophe emprisonné depuis des années à cause de ses livres et poèmes. Barbu, le vieux sage se nourrit de cafards au grand dégoût de Tai-shen. Les semaines passent, la barbe pousse au menton de notre jeune héros quand il comprend qu’il va être exécuté dans la nuit. Un bon repas lui a été apporté, le repas des condamnés. Chu Er-long lui explique tout de go qu’il pourrait s’évader car il avait construit un tunnel. Tai-sheng emporte avec lui un manuel du vieillard et son sceau. Dehors, il saute sur un cheval qui l’attendait là, comme si Chu Er-long avait tout prévu. En vérité, il s’agit de celui de Zhi Tsao (Jacky Cheung). Ce dernier, moine taoïste, poursuit son voleur en creusant un tunnel sous la terre.

Tous deux terminent dans une demeure en ruine où huit cercueils les glacent d’effroi. Tai-shen en profite quand même pour prendre un bain (et il chante pour faire taire sa peur). Dehors, des fantômes commencent à se manifester. C’est la première séquence choc d’Histoires de fantômes chinois 2. Pour déconcerter le public et donner un aspect surnaturel, les revenants descendent verticalement dans le cadre en scope au milieu de la forêt, les étoffes colorées contrastent fortement avec la luminosité nocturne, la musique appuie le sentiment de malaise. La scène poétique est typique de la mise en scène de Ching Siu-tung et se démarque de l’univers comique jusque là abordé dans le film. En vérité, il ne s’agit pas de fantômes mais du clan de Chin-fan (Joey Wong) et Yue-chin (Michelle Reis), qui partent libérer leur père, le Seigneur Fu (Lau Siu-ming), injustement arrêté.

Chin-fan à cause du sceau qu’a Tai-shen le prend pour Chu Er-long et lui demande un oracle. Le jeune lettré, quant à lui, est frappé par la ressemblance entre Chin-fan et Hsiao Ting, le fantôme dont il était tombé amoureux dans le premier film. Une romance va s’amorcer entre les deux, encore une fois basée sur l’illusion. Tai-shen peut revivre son amour perdu tandis que Chin-fan le prend pour un autre. La tension sexuelle va se développer dans une scène de bain (comme dans Histoires de fantômes chinois) où il va perdre connaissance, elle va le déshabiller pour faire sécher ses vêtements, puis enlever les siens pour finalement se coucher nue sur lui pour le réchauffer. Bien entendu, tout cela reste très pudique. Seulement voilà, Chin-fan est promise depuis son enfance à un autre. La romance se corse avec sa sœur qui a aussi un faible pour Tai-shen.

Parlons maintenant des démons qui arpentent le film. Le premier est un monstre dégoûtant, sorte d’ectoplasme gluant armé de piques. La rencontre se fait dans la demeure en ruine et se déroule sur un mode burlesque. Zhi Tsao, en tant que taoïste, inscrit sur la paume de sa main un sortilège pour immobiliser le monstre mais la maladresse de Tai-shen manque de les faire se tuer. Finalement, il tranchera au sabre le monstre, ce dernier contaminera Chin-fan qui se transformera en démon. Le deuxième monstre est un prêtre bouddhiste impérial (Lau Shun). Avec son cortège, il arpente les lieux. Le vieux prêtre parle avec une voix de vieille sorcière. Sa force semble indépassable. Il jette sur ses adversaires des torrents de flammes, se transforme en bouddha d’or et entonne des chants qui hypnotisent. Il faudra que toute la troupe soit solidaire, que le sabreur Hu (Waise Lee) qui escorte le Seigneur Fu – donc un ennemi a priori – vienne les aider et que maître Yan sorte de son temple d’ermite pour en venir à bout, dans un sublime déferlement d’images bariolées comme seule, en cette époque bénie, la compagnie Film Workshop savait en offrir aux spectateurs charmés.

Histoires de fantômes chinois 2 (A Chinese ghost story II, Hong Kong, 1990) Un film de Ching Siu-tung avec Leslie Cheung, Joey Wong, Jacky Cheung, Wu Ma, Waise Lee, Michelle Reis, Lau Shun, Lau Siu-ming, Yeung Jing-jing, Lee Fai, Lau Siu-hung, Wong Yue-chun, Ku Feng, Do Siu-chun, Johnny Koo, Fei Sing, Wong Hung, Fung Yuen-chi, Ng Kwok-kin, Tenky Tin.

dimanche 11 novembre 2012

Les Huit vertus bafouées


« Vivre est un enfer, mourir est aussi un enfer », clame Shino Ashita (Tetsurô Tanba) alors qu’il se bat sur un pont contre une douzaine d’assaillant qui veulent l’éliminer. Vêtu d’une tunique blanche, aux cheveux longs, Shino le tueur est un samouraï mercenaire qui ne sourit jamais, tout juste un léger rictus se dessine une ou deux fois au coin de ses lèvres. Il ne supporte plus son métier. Il se jette dans la rivière pour se suicider et est secouru par le gang des Scélérats. Plus précisément par deux femmes nues qui tentent de réchauffer son corps au contact de leur peau douce. Dès les cinq premières minutes des Huit vertus bafouées (qui sort en même temps qu’Un amour abusif, déviant et dévergondé dans un coffret HK Vidéo chez Metropolitan), le spectateur a droit à une scène érotique.

Le gang des Scélérats a son siège dans le quartier des prostituées de Yoshiwara dont Hideo Gosha avait évoqué la chute dans Tokyo bordello. Depuis le début de l’ère Edo, le gang a le monopole des maisons closes. Son chef, le redoutable Shirobe Oomon (Tatsuo Endô), vieillard aux cheveux blancs et à l’élocution lente, dirige d’une main de fer ses affaires, sonnant son grelot offert par le shogun lorsqu’un fonctionnaire tente de mettre son nez dans ses affaires. Ce grelot est son signe de pouvoir. Seulement voilà, depuis quelques temps, les maisons de bains et certains restaurants se sont transformés en bordel. Images à l’appui, on découvre de nombreuses femmes nues nettoyer les clients ou leur prodiguer quelques massages. Avec son homme de main, Shirakubi (Goro Ibuki), Oomon décide d’engager Shino pour récupérer l’entière exclusivité de la prostitution.

Shirakubi l’informe que les Scélérats ont renoncé à huit vertus : la piété filiale, la fraternité, la loyauté, la confiance, la politesse, la justice, l’honnêteté et la pudeur. Tandis qu’ils énoncent tout ce à qui il doit renoncer (c’est-à-dire refuser toutes les vertus qu’a un samouraï), on voit à l’image les hommes du gang aux trognes toutes plus patibulaires les unes que les autres, fouetter des femmes dénudées attachées aux poignets et suspendues au plafond. Il suivra un test pour vérifier que Shino peut faire partie du gang, en l’occurrence être le premier à violer une femme attachée avant qu’elle ne soit livrée en pâture à de vieux pervers. Il n’en fera rien et pourra revêtir la toge noire des Scélérats sur lesquels sont imprimés six idéogrammes résumant leur perversion. Sa force mentale comme physique sera d’une grande aide au gang mais Shirakubi se sent floué et fera des reproches sur son comportement.

En tant que film érotique, Les Huit vertus bafouées n’est pas avare de scènes de nudité. Toutes les occasions sont bonnes pour montrer de la chair. Les séquences dans le bordel, où se déroule pratiquement tout le film, sont nombreuses. Elles se battent (nues) contre un ninja. On y découvre les traditions du lieu, notamment le premier de l’an où les filles se lavent (nues) pour souhaiter au maîtres des lieux une bonne année. Elles le font nues et à genoux. Un gang ennemi souhaite défaire celui des Scélérats. Il tend des pièges à Shino. Oomon a décidé de lui confier des gardes du corps. Après un attentat où son fidèle serviteur Himejiro, le seul personnage comique du film, bouffon qui marche en se dandinant, périra dans le feu, les amazones viennent éteindre les flammes. Une fois leur vêtements brûlées, elles se déshabillent, s’aspergent d’eau et passeront le reste du film sans aucun vêtement. Quand la caméra les filme de face, elles cachent leur pubis de leur main. Les amateurs de pinku en auront pour leur argent.

Shino s’est cependant fait beaucoup d’ennemis, y compris au sein du gang des Scélérats. Or, une fois sa mission accomplie, Oomon et Shirakubi décident de s’en débarrasser en le droguant avec de l’opium. Cela donne les deux plus belles séquences du film. La première est érotique. Les prostituées commencent à caresser Shino qui pris sous les effets de l’hallucination les voit gambader au bord de la plage dans un montage en surimpression. Puis, c’est le combat final où le violet immerge le cadre, les plans deviennent obliques. La neige se met à tomber, Shino ne peut plus distinguer les visages des ses adversaires. Les oreilles, bras, têtes traversent le plan, le sang gicle dans tous les sens et les sabres virevoltent dans un flot d’images sublimes. Shino fait connaitre à ses ennemis la seule chose qu’il connait : l’enfer.

Les Huit vertus bafouées (ポルノ時代劇 忘八武士道, Japon, 1973) Un film de Teruo Ishii avec Tetsurô Tanba, Goro Ibuki, Tatsuo Endô, Ryôhei Uchida, Yuriko Hishimi, Keiko Aikawa, Rena Ichinose, Emi Katsura, Ruriko Ikejima, Shiro Kuno.

samedi 10 novembre 2012

Un amour abusif, déviant et dévergondé


La vie est belle et douce pour Noriko et son amoureux Yoshioka. Sur une musique romantique et devant le lever de soleil aux reflets orangés, ils vont tous les deux se promener au bord du lac par un beau matin frais. Elle sourit, il la regarde tendrement. Ils s’embrassent au milieu de la route faisant fi du reste du monde. Quand soudain, l’image se fige sur le visage de Noriko. Un détail lui rappelle son passé et cet homme, Fukahata, qu’elle a fui pour vivre avec Yoshioka. On ne le savait pas encore, mais le générique génial de Un amour abusif, déviant et dévergondé nous avait montré le visage de Fukahata sous toutes les coutures : ses yeux exorbités, sa glotte, ses doigts caressant un téton, sa langue se pourléchant. Immédiatement, il est évident que tout ne tourne pas rond chez lui.

Le titre du film décrit bien le comportement de Fukahata. Cadre commercial, marié et père d’une fille cacochyme, notre homme passe le plus clair de son temps à espionner Noriko. D’abord sur son lieu de travail, dans le bar qu’elle gère, où il fait honte à ses clients, ensuite chez elle où il arrive à l’impromptu pour le plus grand bonheur des voisins qui écoutent au mur les ébats sexuels du couple. Qu’elle soit d’accord ou non, Noriko doit coucher avec lui quand lui en a envie. Cela s’appelle tout simplement un viol. Quand elle tente de résister, il la bat : claques, étranglement ou encore, il la plonge habillée dans la baignoire. Quand elle arrive chez elle, il lui fait une grosse scène de jalousie en la harcelant de questions, plus tard il lui reproche de trop se maquiller. Voilà pour la partie de l’amour abusif.

Il pratique un constant chantage amoureux. Sa grosse bouille de poupon contraste avec ses yeux pervers. Tantôt il est très câlin, clamant à Noriko qu’il l’aime, qu’il va quitter sa femme et l’épouser. Plus tard, il fait la tête, allume une cigarette et ne prononce pas un mot avec un regard accusateur. C’est surtout un lâche. Il met enceinte Noriko qui décide d’avorter. Il lui raccroche au nez quand elle lui téléphone pour réclamer son soutien. Quand elle va à l’hôpital, il ne l’accompagne pas préférant passer du temps avec Jimmy un travesti. Fukahata se comporte comme un gamin, Noriko ne sait jamais à l’avance quelle pourra être sa réaction et quand va s’arrêter ses caprices. Par un effet de réaction, il infantilise sa maîtresse. Les nombreux miroirs renforcent cette dualité et laissent planer une ambiguïté sur la capacité de Noriko de quitter définitivement Fukahata, au grand dam de Yoshioka.

Obsédé sexuel, Fukahata est insatiable et abuse de sa maîtresse. Les scènes de sexe restent très soft et peu sensuelles, c’est bien mieux ainsi puisque Norilo, somme toute, subit des viols de son amant. Une scène se démarque totalement du reste du film. Dans son appétit de stupre, Fukahata part avec Jimmy, le garçon travesti. Portant un soutien gorge et une culotte pour femme, il se fait humilier par Jimmy qui le flagelle avec une ceinture. Un défile d’autres travestis suivra, chacun énoncera sa spécialité sexuelle. Finalement, une partouse commencera. Sous une lumière stroboscopique ou filtrée avec des couleurs vives, tout le monde baisera joyeusement. La séquence évoque plus qu’elle ne montre quoi que ce soit et demeure le morceau de bravoure d’Un amour abusif, déviant et dévergondé.

Un amour abusif, déviant et dévergondé (異常性愛記録 ハレンチ, Japon, 1969) Un film de Teruo Ishii avec Masumi Tachibana, Yukie Kagawa, Reiko Mikasa, Mitsuko Aoi, Miki Obana, Kiyoko Tange, Kei Kiyama, Michi Tanaka.