samedi 8 septembre 2012

Le Sorcier et le serpent blanc


Ce sont deux sœurs serpents, nées sous le signe du démon. Serpent blanc (Eva Hung) jette son dévolu sur Xu Xian, un jeune cueilleur d’herbes (Raymond Lam) qui traverse leur territoire. Cet homme tombe à l’eau et elle va le secourir de la noyade et l’embrasse sous l’eau. Elle échange de cette manière un peu de son essence vitale, liant leur destin à jamais. Sa sœur, Serpent vert (Charlene Choi) lui avait fait peur en prenant la forme totale d’un serpent géant. Sinon, la plupart du temps, on les découvre mutante avec la queue qui se balance de branches en branches, rampant pour se déplacer, avec le buste dénudé en écailles, mais qui n’en montre pas trop. Vilain et franchement ridicule. Les deux sœurs sont de caractère opposé, Serpent vert étant taquin, espiègle et ne faisant pas confiance aux humains. Serpent blanc est une indécrottable romantique.

On le sait, les histoires d’amour entre humain et démon sont vouées à l’échec. D’autant plus qu’un abbé taoïste rode dans le coin. Le Sorcier et le serpent blanc démarrait sur le personnage de l’abbé Fahai (Jet Li) et de son fidèle assistant Nengren, un jeune moine (Wen Zhang) encore inexpérimenté qui chassait une femme démon des neiges. Dès l’ouverture, le ton est donné : beaucoup d’effets spéciaux grandiloquents. Intransigeant, l’abbé cherche à éliminer les deux serpents qui rodent en ville pour la fête des lanternes. Xu Xian ne reconnait pas Serpent blanc. Avec la complicité de Serpent vert, elle va réitérer la scène initiale pour qu’il tombe amoureux d’elle. Et le stratagème fonctionne. Xu Xian et Serpent blanc s’aiment désormais d’amour et d’herbes fraiches, puisqu’en tant que cueilleur, il est très pauvre.

Seulement voilà, lors de cette fête, un vampire se pavanait en gondole et le moinillon en voulant le chasser a été contaminé. Serpent vert était parvenu à retenir Nengren, dans l’une des rares scènes comiques réussies du film, où elle testait sa maladresse en cherchant à la séduire. Le film, une fois Nengren transformé en démon (oreilles en pointes, dents de vampires et griffes à la place des doigts) va tout simplement évacuer ce personnage et celui de Serpent vert pour ne se concentrer que sur Xu Xian et Serpent blanc. Les deux récits sont trop semblables pour apporter des contradictions scénaristiques, à moins que ce ne soit que de la paresse. Or ce vampire a contaminé beaucoup d’innocents que Xu Xian s’évertue à soigner. Ainsi, l’abbé Fahai retrouve la piste des deux amoureux et les pourchasse.

Xu Xian ignore tout de la nature de Serpent blanc, jusqu’à ce que Fahai l’oblige à montrer sa forme d’origine. Blessée, elle doit être soignée et une souris (oui, il ya des animaux qui parlent parce que ça doit être mignon et que les enfants doivent sans doute adorer ça, il y a aussi un lapin et une tortue qui causent) conseille à Xu Xian d’aller chercher une herbe magique dans la pagode où l’abbé avait fait prisonnier la plupart des démons qu’il a pu chasser. Evidemment, la plupart des démons sont libérés et l’apocalypse pointe le bout de son nez. C’est le début d’une longue bataille entre Serpent blanc et l’abbé. Et franchement, on avait connu Ching Siu-tung en meilleur forme, mais depuis dix ans, depuis l'épouvantable Hero de Zhang Yimou (dont il signait les chorégraphies) et l'atroce Naked weapon, Ching Siu-tung n'est plus que l'ombre de lui-même. Pour tout dire, Le Sorcier et le serpent blanc est très éloigné de Green snake de Tsui Hark, pourtant pas un chef d’œuvre mais qui avait un charme indéniable.

Le film est avant tout une romance entre deux personnages que tout oppose. Jamais ils n’auraient du s’aimer. Le lyrisme se transforme en mièvrerie : les deux scènes de baiser sous l’eau sont jolies mais vite leur amour passe en mode soap opera avec regard langoureux tellement appuyé qu’on dirait des veaux. Quant aus effets spéciaux qui occupent bien 80% des plans, ils jouent dans la surenchère. Fahai est attaqué par une femme démon qui a l’apparence d’un renard blanc : dix renards attaqueront, puis dix femmes sexy qui sortiront d’un bambou (là aussi un certain public avide de jolies filles est visé). Les deux sœurs se battent à l’épée contre l’abbé, une nuée de sabres seront lancés à son encontre. Plus tard, c’est un ras de marée qui envahit la pagode, et finalement, tout explosera. Aucun charme ne se dégage de ces scènes en numérique. C’était déjà ce qui plombait Legend of Zu, Wu Ji et dans une moindre mesure Green snake. Tant que les producteurs penseront que les décors numériques remplacent les émotions des acteurs, ces films seront irregardables et sans saveur.

Le Sorcier et le serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake, 白蛇傳, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Ching Siu-tung avec Jet Li, Eva Huang, Raymond Lam, Charlene Choi, Vivian Hsu, Law Kar-ying, Kwok Sin-nae, Wen Zhang, Song Wenjia et les voix de Jiang Wu, Miriam Yeung, Chapman To, Lam Suet.

Aucun commentaire: