samedi 22 septembre 2012

La Divine


Après avoir écrit sur Center stage, il était impossible de ne pas évoquer La Divine, l’un des rares films encore existant avec Ruan Ling-yu. L’actrice y incarne une jeune mère célibataire qui élève seule son nourrisson. Pour subvenir à ses besoins, elle se prostitue dans les rues de Shanghai. Cigarette à la main, vêtue de ses plus belles robes, portant des boucles d’oreille, elle arpente le trottoir en attendant un client. Elle doit également éviter les descentes de policier. En voulant leur échapper, elle s’engouffre dans une rue étroite et débarque, apeurée, chez un homme qui accepte de la cacher jusqu’au départ du policier.

Cet homme (Zhang Zhizhi) se fait appeler le « boss ». Plutôt replet, portant un chapeau en feutre, il décide d’abuser de la gentillesse de la mère en devenant son propriétaire, comme il le lui dit. Elle n’a pas le choix et quand elle tente un jour de quitter son appartement, le boss la retrouve et, violement, lui fait comprendre qu’il décidera tout pour elle. Elle est pris au piège d’autant qu’il menace de vendre son fils si elle n’obéit pas. Les années passent, elle reste sa prisonnière et l’enfant grandit (il est désormais un jeune enfant incarné par Lai Hang.) Le petit doit désormais aller à l’école. Il s’y épanouit, inconscient des qu’en-dira-t-on, ignorant que sa maman se prostitue.

Seulement voilà, la réputation de la mère ne convient pas aux autres parents d’élèves de l’école qui ordonnent à leurs rejetons de ne pas s’approcher du gamin et de ne plus jouer avec lui. Il subit la pression sociale des adultes. Seul le directeur de l’école (Li Chunpan) cherche à raisonner les parents, tout comme ses collègues, que le petit n’a pas à pâtir de la mauvaise réputation de sa mère, que l’éducation doit être pour tous. En vain, il sera exclu de l’école, au grand dam de sa mère qui décide de quitter Shanghai afin de changer de vie. Pour cela, elle avait économisé, mais le boss lui vole son argent. Dans un accès de rage, elle le tue et se retrouve en prison. Le directeur de l’école, qui a démissionné, décide d’adopter le petit. Il estime que seule une bonne éducation pourra le sauver.

La Divine, produit par la Lianhua, société de cinéma progressiste (entendre de gauche) fait de ce personnage de mère courage une femme pour laquelle le public doit immédiatement avoir de la sympathie. C’est parce qu’elle s’occupe bien de son fils, espérant un avenir meilleur, et face à l’acharnement d’une société rétrograde (c’est le directeur de l’école qui le dit), qu’on s’attache au personnage de Ruan Ling-yu. Menue, l’actrice face au corps imposant et menaçant du boss, augmente la compassion. Serrant les poings, elle exprime sa colère, levant les yeux au ciel, elle appelle un destin meilleur. Sa libération n’arrivera jamais, ce sera son fils qui sera promis à un avenir meilleur quand la société pourra évoluer.

La Divine (The Goddess, 神女, Chine, 1934) Un film de Wu Yonggang avec Ruan Ling-yu, Zhang Zhizhi, Lai Hang, Li Chunpan.

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