mardi 31 juillet 2012

Filmographie : Ringo Lam



Ringo Lam
林嶺東

Esprit d'amour (陰陽錯) Sortie à Hong Kong le 15 décembre 1983.
The Other side of gentleman (君子好逑) Sortie à Hong Kong le 28 juin 1984.
Cupid one (愛神一號) Sortie à Hong Kong le 17 mai 1985.
Aces go places IV (最佳拍檔千里救差婆) Sortie à Hong Kong le 30 janvier 1986.
City on fire (龍虎風雲) Sortie à Hong Kong le 13 février 1987.
Prison on fire (監獄風雲) Sortie à Hong Kong le 13 novembre 1987.
School on fire (學校風雲) Sortie à Hong Kong le 20 août 1988.
Wild search (伴我闖天涯) Sortie à Hong Kong le 3 juin 1989.
Guerres de l’ombre (Undeclared war, 聖戰風雲) Sortie à Hong Kong le 1er septembre 1990.
Touch and go (一觸即發) Sortie à Hong Kong le 16 mai 1991.
Prison on fire II (監獄風雲II逃犯) Sortie à Hong Kong le 22 juin 1991.
Twin dragons (雙龍會) Sortie à Hong Kong le 15 janvier 1992.
Full contact (俠盜高飛) Sortie à Hong Kong le 23 juillet 1993.
Le Temple du lotus rouge (Burning paradise, 火燒紅蓮寺) Sortie à Hong Kong le 31 mars 1994.
The Adventurers (大冒險家) Sortie à Hong Kong le 2 août 1995.
Risque maximum (Maximum risk, 1996)
Full alert (高度戒備) Sortie à Hong Kong le 17 juillet 1997.
The Suspect (極度重犯) Sortie à Hong Kong le 16 juillet 1998.
Victim (目露凶光) Sortie à Hong Kong le 16 octobre 1999.
Replicant (2001)
Looking for Mister Perfect (奇逢敵手, 2001) Sortie à Hong Kong le 27 mars 2003.
In hell (2003)
Triangle (鐵三角) Sortie à Hong Kong le 1er novembre 2007.

lundi 30 juillet 2012

Guerres de l'ombre



L’ambassadeur des Etats-Unis en Pologne se rend dans une église de Varsovie pour faire baptiser son fils. Sur le chemin, sa limousine est stoppée par un motard, ses gardes du corps – en alerte constante – arrêtent le chauffeur mais le conducteur de la moto s’avère être Gary Redner (Peter Liapis), le beau-frère du diplomate mais également un agent de la CIA. Dans l’église, deux sœurs pénètrent à la barbe des agents de sécurité : ce sont deux terroristes qui se mettent à tirer à la mitraillette sur tout ce qui bouge. Sous leur déguisement, se cachent Rebecca Ecke (Olivia Hussay) et le nommé Hannibal (Vernon Wells) soi-disant membres de l’Armée Internationale de Libération, un groupuscule qui fait la chasse « aux porcs d’impérialiste » après la chute du mur de Berlin.

Redner est persuadé que Hannibal, as du déguisement (pensez-vous, il va à Canton et se grime en vieux chinois : méconnaissable) va sévir à Hong Kong pour saboter une conférence quelconque mais très importante pour la liberté dans le monde. Ces Guerres de l’ombre dont parlent le titre, ce sont donc ces luttes contre des terroristes très nombreux et très armés que la CIA cherche à combattre partout dans le monde. Seulement voilà, en 1990, Hong Kong était encore une colonie de la couronne britannique et là-bas, c’est l’inspecteur Bong (Danny Lee) qui gère les attaques terroristes, il est assisté dans cette tache par Le lieutenant Tang (Tommy Wong), flic constamment sur la défensive et qui ne va pas du tout s’entendre avec Redner. Ainsi quand ils arrêtent Rebecca Ecke, Redner veut la libérer pour pouvoir la suivre et débusquer Hannibal dans sa tanière alors que les flics hongkongais souhaitent l’interroger. Le film pointe cette guerre des polices.

La menace d’un attentat est doublée du danger de voir tout dévoiler dans la presse. La journaliste Ann Chang (Rosamund Kwan), pourtant amie de Bong (elle l’invite au détour d’un dialogue à l’anniversaire de sa maman) cherche un scoop sensationnel en dépit du danger. Dans Guerres de l’ombre, on est loin de l’analyse du métier de journaliste que fera Johnnie To dans Breaking news (analyse pourtant un peu caricaturale). Rosamund Kwan n’arrive jamais à donner une épaisseur à son personnage, y compris dans ses rapports avec Bong (est-elle son ex ? sa belle-sœur ?) qui sont mal agencés. Résultat des courses, elle sera fera prendre au piège et en otage par Hannibal, un homme qui ne tient pas ses promesses (comme souvent chez les terroristes d’ailleurs). Pour sauver Ann Chang du pétrin dans lequel elle s’est fourrée, Bong et Redner vont devoir s’entendre, apprendre à ses connaitre et faire équipe.

Le récit commençait en Pologne, se déplace à Hong Kong et part faire un tour à Canton où un message de paix des autorités locales est envoyé à Bong (« on souhaite que Hong Kong soir en paix d’ici la rétrocession). Les seules bonnes scènes d’action consistent en une course poursuite dans les rues de Hong Kong. Un allié soviétique à Hannibal se fait arrêter et interroger violemment par Redner. Le film visant probablement le marché international regorge d’acteurs américains ou australiens. Comme toujours, leur jeu est excessif avec une palme pour l’interprète d’Hannibal à la performance sans nuances qui déclame son texte avec grandiloquence et application. Il se déplace avec un regard très sérieux et achève d’enlever toute crédibilité au film. La scène finale de gunfight, ainsi que les ultimes retournements de situation finissent par lasser et sentent le bâclage.

Guerres de l’ombre (Undeclared war, 聖戰風雲, Hong Kong, 1990) Un film de Ringo Lam avec Danny Lee, Tommy Kwong, Peter Liapis, Vernon Wells, Rosamund Kwan, Olivia Hussey, Victor Hon, David Hedison, Louis Roth, Dean Harrington.

samedi 28 juillet 2012

Heaven can't wait



Dans un Hong Kong qui s’apprête à vivre les angoisses de la rétrocession, la population renoue avec une spiritualité basique. Fung (Tony Leung Chiu-wai) navigue allégrement sur cette vague de retour à la religion. Lui-même ne croit pas du tout en Dieu depuis qu’enfant il assistait un prêtre (Richard Ng) et que l’homme a posé le pied sur la lune et que Fung ne croit plus en la Moon Lady que priait ce prêtre. Mais il cherche à bien profiter de la crédulité de ses concitoyens avec l’aide de Calvin (Bowie Lam) plus charismatique que Fung et qui s’apprête à passer à la télévision dans l’émission de Joan (Karen Mok), animatrice qui elle aussi a bien l’intention de profiter de cet engouement. Assez vite, quand les affaires de Calvin commencent à bien aller, ce dernier décide qu’il doit recevoir un part plus importante. C’est la rupture entre les deux hommes.

Seulement voilà, Fung ne sait pas faire grand-chose et Calvin lui fait bien remarquer que c’était lui que les clients venaient voir pour ses conseils occultes. Fou de rage et déambulant dans la rue un soir, Fung croise une procession recréant la Passion du Christ. Grotesque procession mais celui qui incarne Jésus se donne à fond. Il s’agit de Chun (Jordan Chan) que Fung aborde dans les pissotières. Chun n’est pas franchement une flèche et Jordan Chan avec sa tête rasée, ses yeux trop grands, sa tête allongée parvient à faire de son personnage un benêt non seulement crédible mais également touchant. Il se voit alors proposer par Fung de rentrer dans une combine pour gagner de l’argent grâce aux conseils spirituels. Il accepte parce qu’il rêve d’être acteur et que c’est un rôle comme un autre.

Première mission : faire de Chun un mage. D’abord la tenue de Chun qui portera désormais une grande toge blanche avec un petit sac en bandoulière. Au plus grand fait de sa popularité, ses fans se vêtiront comme lui. Puis lui trouver un nom. Fung trouve qu’il a une ressemblance avec un ancien moine bouddhiste dont il a retrouvé une statue. Chun sera désormais Maître Da Da et la réincarnation de ce moine dont on apprendra plus tard l’identité. Enfin, faire un gros coup de pub, une grande promo à la télévision. Fung a encore des contacts et parvient à faire en sorte de mettre dans le coup Pao Wah (Alex To), une star de la cantopop. Ils font croire qu’il est mourant, Da Da en profite pour le ressusciter. Des milliers de fans hystériques suivent ces événements et c’est tout bénef pour Fung et Chun comme pour Pao Wah.

Heaven can’t wait met le doigt sur un monde avide d’audience à tout prix quelles que soient les sujets. Joan, la reporter vedette profite elle aussi de la crédulité de son patron (Kent Cheng) qui est fan d’ésotérisme. Bien entendu, cette entente avec Fung pour que Chun fasse de la télé se fait au détriment de Chi qui avait pourtant passé un accord avec Joan. Chun alias Maitre Da Da est alors invité sur les plateaux télé et ses prédictions sont loufoques. Il s’avère pourtant que grâce à un coup du sort et de nombreux hasards, elles se réalisent. Dans une des séquences les plus amusantes, Da Da semble dire absolument n’importe quoi au grand dam de Fung. Il parle de l’herpès d’un invité lors d’un dîner mondain, prévoit un effondrement de la bourse alors que tout va bien (finalement un tremblement de terre au Japon change le destin) ou encore annonce que tous les chevaux d’une course hippique vont arriver ex aequo.

Le film se concentre alors sur un homme qui est exploité de toutes parts, qui fait cristalliser toutes les peurs d’un pays et fait resurgir les pires mesquineries d’une société qui ne plus qu’en l’argent. Heaven can’t wait traite tout cela sur un ton léger sur un récit qui n’est pas exempt de longueurs et où la musique est un peu lourdingue (Carmina Burana, Tchaïkovski, Brazil). Mais le film est tenu par son duo d’acteurs et surtout par Jordan Chan (je le redis parce qu’on ne le voit presque plus au cinéma). Ses scènes comiques avec son air buté et son regard hagard sont aussi fortes que ses scènes d’émotion (le retour au pays et la discussion avec sa mère). Jordan Chan a reçu une nomination aux Hong Kong Film Awards pour ce rôle.

Heaven can't wait (救世神棍, Hong Kong, 1995) Un film de Lee Chi-ngai avec Tony Leung Chiu-wai, Jordan Chan, Bowie Lam, Karen Mok, Jerry Lamb, Alex To, Kent Cheng,  Lawrence Cheng, Richard Ng, Dennis Chan, Teresa Ha, Anita Yuen.

jeudi 26 juillet 2012

Guilty of romance



« Bon, j’y vais » dit tous les matins à sept heures le mari à qui sa femme dévouée tend le chausse-pied puis sa valise. « Bonne journée », lui répond-elle. L’homme ouvre la porte et part au travail. L’épouse se met à genoux, prend les chaussons et les retourne pour qu’à 21 heures, à son retour, quand il ouvre la porte, il puisse les enfiler avant de se faire servir un thé au salon. Ce rituel scande le premier chapitre de Guilty of romance. Et l’inquiétude s’installe progressivement concernant Izumi (Megumi Kagurazaka), cette jeune épouse soumise, silencieuse et bien propre sur elle. On s’inquiète pour son sort, de savoir si le thé est bien au goût de son époux, si les chaussons ont été bien replacés ou si elle lui tend comme il faut sa valise.

Car le film se lance sur une macabre découverte sur laquelle l’inspectrice de police Yoshida (Miki Mizuno) doit enquêter. Dans le quartier des prostituées, un corps a été démembré et reconstitué avec des bouts de mannequins en plastic. Les asticots commencent à salement attaquer la chair putréfiée. Sono Sion s’applique pour donner quelques plans choquants avec ce corps mutilé et pourri. On se demande si ce n’est pas celui de Izumi qui git là après qu’elle aurait être pu tuée par son mari pas très rassurant. Il est écrivain, publie des romans à l’eau de rose où les passions sexuelles sont débridées mais au lit, il ne fait rien. Et Izumi est en train de s’éteindre à petit feu.

Elle s’ennuie et elle décide de prendre un petit boulot au supermarché. Elle fera la promo des saucisses. Sa timidité l’empêche de convaincre les clients de goûter à la saucisse. La scène est un peu démonstrative mais c’est pour mieux la faire contraster avec sa transformation du tout au tout. De femme poupée insipide, elle devient une femme libre et sensuelle. Cela est l’effet magique du sexe. Entre ces deux scènes de vente de saucisses, Izumi rencontre deux femmes indépendantes qui vont lui apprendre à jouir sans entraves et à se décoincer.

Le première est Eri Doi (Chika Uchida) qui l’aborde dans le supermarché et lui propose de gagner plus d’argent en se faisant prendre en photo. Izumi comprendra que ce sont des photos érotiques. Elle aura comme partenaire un jeune et beau gars (Motoki Fukami) répondant au pseudonyme de Maki Martini. Ce dernier lui fera l’amour, sans doute pour la première fois et ça change sa vie. On la retrouve chez elle, entièrement nue, devant son miroir en train de répéter son texte pour le supermarché. Cette belle scène, osée (nudité frontale non floutée sur nos écrans) décrit la naissance  d’une femme. C’est à la fois troublant et terriblement émouvant.

Le changement se prolongera avec la rencontre fortuite encore une fois de Mitsuko (Makoto Togashi). Grande et mince alors qu’Izumi est petite et pulpeuse, les deux femmes vont très bien s’entendre. Mitsuko enseigne la littérature japonaise à l’université. Son activité principale est la prostitution qu’elle pratique de manière très ouverte. Même certains de ses étudiants sont au courant. Sur un fond de musique de Sully, les deux femmes vont longuement discuter de la sexualité dans des dialogues qui trainent un peu en longueur. Ça philosophie sur la liberté du corps, sur les mots qu’il faut libérer. Et puis soudainement, Mitsuko explose. Car finalement le vrai sujet de Guilty of romance semble être la folie pure, aucun des personnages du film n'est sain d'esprit, tous sont cinglés.

Là est sans doute la limite du film de Sono Sion qui menace à chaque séquence où Mitsuko se met en roue libre de tomber dans le plus grand ridicule. Son personnage rappelle celui des femmes dans certains pinku eiga des années 1967-1973, un peu ceux de Yasuzo Masumura – hystérisation des rapports, dialogues hurlés, comportements anormaux et malsains – mais aussi certains films de Yoshishige Yoshida. De beaux plans ponctuent le film (le proxénète, par ailleurs frère de Mitsuko jette des ballons remplis de peinture), des scènes sont terrifiantes (la mère de Mitsuko déclare son dégoût pour ses enfants). En revanche, sur le plan policier, la résolution de l’enquête place le récit dans le Grand-Guignol avec une révélation largement superflue.

Guilty of romance (恋の罪, Japon, 2011) Un film de Sono Sion avec Megumi Kagurazaka, Makoto Togashi, Miki Mizuno, Kazuya Kojima, Motoki Fukami, Chika Uchida,  Kanji Tsuda.

Sorties à Hong Kong (juillet 2012)


Wu Dang (大武當之天地密碼, Chine – Hong Kong, 2012) 
Un film de Patrick Leung avec Yang Mi, Fan Siu-wong, Chiu Man-cheuk, Dennis To, Xu Jiao, Pau Hei-ching, Wang Xiao, Donnie Yen, Shaun Tam, Henry Fong. 100 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 26 juillet 2012.


mercredi 25 juillet 2012

Filmographie : Gordon Chan



Gordon Chan, 陳嘉上

The Yuppie fantasia (小男人周記) Sortie à Hong Kong le 20 mai 1989.
Brief encounter in Shinjuku (錯在新宿) Sortie à Hong Kong le 16 février 1990.
Fight back to school (逃學威龍) Sortie à Hong Kong le 18 juillet 1991.
Inspector Pink Dragon (神探馬如龍) Sortie à Hong Kong le 7 novembre 1991.
Fight back to school II (逃學威龍2) Sortie à Hong Kong le 9 avril 1992.
Game kids (Boy小子之真假威龍) Sortie à Hong Kong le 6 juin 1992.
King of beggars (武狀元蘇乞兒) Sortie à Hong Kong le 17 décembre 1992.
The Final option (飛虎雄心) Sortie à Hong Kong le 17 mars 1994.
Long and winding road (錦繡前程) Sortie à Hong Kong le 4 août 1994.
Fist of legend (精武英雄) Sortie à Hong Kong le 22 décembre 1994.
Thunderbolt (霹靂火) Sortie à Hong Kong le 5 août 1995.
First option (飛虎) Sortie à Hong Kong le 14 septembre 1996.
Armageddon (天地雄心) Sortie à Hong Kong le 22 mars 1997.
Beast cops (野獸刑警) Sortie à Hong Kong le 9 avril 1998.
2000 A.D. (公元2000 AD) Sortie à Hong Kong le 3 février 2000.
Okinawa rendez-vous (戀戰沖繩) Sortie à Hong Kong le 28 juillet 2000.
Cat and Mouse (老鼠愛上貓) Sortie à Hong Kong le 13 février 2003.
The Medallion (飛龍再生) Sortie à Hong Kong le 15 août 2003.
A-1 Headline (A-1頭條) Sortie à Hong Kong le 9 septembre 2004.
Undercover hidden dragon (至尊無賴) Sortie à Hong Kong le 6 avril 2006.
Mr. 3 minutes (3分鐘先生) Sortie à Hong Kong le 16 novembre 2006.
Painted skin (畫皮) Sortie à Hong Kong le 26 septembre 2008.
Mural (畫壁) Sortie à Hong Kong le 13 octobre 2011.
The Four (四大名捕) Sortie à Hong Kong le 12 juillet 2012.
Tales from the dark 2 (李碧華鬼魅系列-奇幻夜) Sortie à Hong Kong le 8 août 2013.
The Four 2 (四大名捕2) Sortie à Hong Kong le 5 décembre 2013.

mardi 24 juillet 2012

The Yuppie fantasia + Brief encounter in Shinjuku



Les deux premiers films de Gordon Chan explorent la vie amoureuse de Leung Foon (Lawrence Cheng) un trentenaire cadre supérieur dans une entreprise de publicité de Hong Kong. Construit comme une confession, avec Foon qui s’adresse aux spectateurs en voix off et à la première personne, le diptyque se veut une analyse tendre et légère des affres de la vie des couples d’aujourd’hui. Foon  est un grand et gentil gars à lunettes et au visage rond, à la coupe à la Chow Yun-fat (il joue parfois de cette ressemblance en mettant des lunettes de soleil et parodie ses films en cachant des préservatifs comme l’acteur cachait des flingues dans les films de John Woo).

Dans le premier volet, The Yuppie fantasia, Foon se dispute avec son épouse Ann (Carol Cheng), une accro du boulot (elle est conseillère à la banque) tandis qu’ils se rendent à un barbecue chez leurs amis. D’abord, Foon est abordé dans la rue par une jeune femme (Vivian Chow) qu’il ne semble pas du tout connaitre, alors qu’elle dit qu’elle compte lui téléphoner. On retrouvera cette même femme en clôture de Brief encounter un Shinjuku, le deuxième volet. Ann, sèche, prend le volant et somme son mari, tel un enfant, de mettre sa ceinture. Chez leurs hôtes, elle servira, là encore, comme un gamin. Ils se feront quelques remarques et décideront le lendemain d’aller cher leur avocat pour signer une séparation.

Ce n’est pas que Foon ne peut pas régler ses problèmes conjugaux avec Ann qui consistent en de simples disputes de couples, c’est surtout que les amis de Foon ne sont pas de bons exemples. Q Tai-long (Manfred Wong), petit trapu à moustache et Cunning (Peter Lai), aus dents de lapin, ne sont pas des modèles de fidélité. Le premier trompe Feng sa femme (Chow Mei-fung) et le deuxième la traite comme un animal de compagnie. Ils sont tous les deux collègues de bureau de Foon et passent leur temps à draguer les employées ou les stagiaires. Tout ce temps passé à regarder les jeunes femmes, les deux hommes ne le passent pas à bosser. Les trois copains sont à la fois pathétiques et drôles justement parce qu’ils sont trois pauvres types : la manière dont Cunning parle de sa femme est révoltante, il lui parle vraiment comme si elle était un toutou.

Jusqu’à présent, Foon les couvrait mais Madame Lam (Cherie Chung), la nouvelle patronne le charge de les virer. Il n’est pas insensible au charme de sa patronne et Ann, à coups de répliques cinglantes contre son mari, refuse d’envisager une reformation de leur couple, même s’ils leur arrivent de remettre ça. Puis Foon rencontre par hasard Jenny (Elisabeth Lee) avec qui il va sortir tandis qu’Ann s’est trouvé un vieux (Paul Chun). La guerre des sexes ne fait que continuer avec ses coups bas, ses mensonges et ses regrets pour se poursuivre dans Brief encounter in Shinjuku.


Dans le deuxième volet, Foon et Ann ne se sont pas remis ensemble. Avec leurs amis, ils décident de faire un tout de voilier. On apprend que Feng et Q Tai-long attendent un enfant. Elle l’a bien dressé et il exécute désormais les ordres de son épouse au doigt et à l’œil. Cunning s’est trouvé une jeunesse ce qui ne cesse d’étonner tout le monde car tous le trouvent, avec ses dents mal fichues, bien vilain. Ann a décidé d’inviter Alan (Allan Fung) son ex à bord,ce qui augmente la jalousie de Foon qui espère encore et toujours refaire son couple. Tous deux n’ont pas changé de caractère. Il reste un grand mou incapable de prendre une décision, qui s’enfonce dans ses mensonges. Elle demeure intransigeante et colérique, dominatrice et rancunière.

Foon a un nouveau boulot et une nouvelle collègue, Wendy (Rosamund Kwan) une jeune femme plutôt timide fiancée à John (Lee Chung-ling), un garçon sympathique et joli garçon. Foon, voyant des signes de séduction partout, va se persuader qu’il pourrait avoir une liaison avec Wendy. Un voyage d’affaires au Japon est la source de bien des quiproquos notamment avec un bracelet de fiancée qui va, malencontreusement, se retrouver dans la valise de Foon et finalement atterrir sur le poignet d’Ann. La jalousie entre couples et les disputes entre amis sont au programme des deux films. Ils se différencient du tout venant de la production de films romantiques par un regard plus juste qu’à l’accoutumé, par des acteurs ni trop beaux ni trop communs, par des situations simples que les personnages ne vivent pas avec hystérie. Les deux films sont sur un ton doux-amer à l’image du personnage de Foon, attachant et maladroit.

The Yuppie fantasia (小男人周記, Hong Kong, 1989) Un film de Gordon Chan avec Lawrence Cheng, Carol Cheng, Manfred Wong, Chow Mei-fung, Peter Lai, Elisabeth Lee, Sheren Tang, Cherie Chung, Sibelle Hu, Alfred Cheung, Yip Hon-leung, Paul Chun, Vivian Chow.

Brief encounter in Shinjuku (錯在新宿, Hong Kong, 1990) Un film de Gordon Chan avec Lawrence Cheng, Carol Cheng, Manfred Wong, Chow Mei-fung, Peter Lai, Allan Fung, Rosamunf Kwan, Kenneth Tsang, Eric Yeung, Lee Chung-ling, Vindy Chan, Eric Kot, Kan Lam.

vendredi 20 juillet 2012

Aces go places V : Terracota hit



La cinquième et dernière aventure du duo de policiers espions King Kong (Samuel Hui) et Albert le Chauve (Karl Maka) a été confié à Liu Chia-liang. Aces go places V Terrocota hit commence avec une mission que les deux hommes mènent ensemble mais qui se soldera par une grosse fâcherie. Chacun  part de son côté exercer un nouveau métier sans grand succès. King Kong est devenu vendeur de conseils en bourse dans des bureaux bien trop coûteux pour lui. Albert a expédié sa femme et son fils au Canada et passe son temps à jouer au mahjong. Ainsi, on ne verra pas Sylvia Chang dans cette aventure ni leur enfant qui étai au centre des épisodes 3 et 4 de la franchise, alors qu’elle constituait, dans ses disputes avec le personnage de Karl Maka, l’un des piliers comiques des Aces go places.

La police de Hong Kong cherche à réunir les deux hommes (on se demande bien pourquoi vu leur gaffes continuelles dans les autres films) après que des soldats de terre cuite (les terracota) et une fameuse épée aient été volés. Les voleurs des objets traditionnels chinois sont – en sous doute – des occidents sans foi ni loi avec des rires sardoniques qui expriment que l’appât du gain est leur unique motivation. Mais si elle les cherche, c’est parce que la police est persuadée qu’ils ont fait le coup. En fait, il s’agit de deux voleurs au grand cœur, un frère (Leslie Cheung) et sa sœur (Nina Li-chi). Le nouveau duo, rajeuni et mixte, est là pour apporter un supplément au duo vieillissant de Samuel Hui et Karl Maka. De là, il va découler de nombreux quiproquos qui provoqueront les habituelles courses poursuites qui ont fait la gloire de la série.

Le film montre l’affrontement (plutôt sympathique puisque Aces go places V Terracota hit est une comédie tout public) entre deux générations d’acteurs. On se doute bien que pour vaincre l’ennemi commun qui veut spoiler la Chine de son patrimoine, les deux générations vont faire cause commune. Les embuches vont être nombreuses sur le parcours du quatuor. Il faut dire que King Kong et Albert ont tout le monde contre eux : la police de Hong Kong, les méchants qui ont volé les antiquités et l’armée chinoise. Ils vont même se retrouver en prison avec un Danny Lee tout droit sorti d’un de ses films où il est le héros et avec Roy Cheung qui reprend son personnage de taulier intransigeant de Prison on fire. Le film ne cherche même plus à avoir un scénario cohérent et part un peu dans tous les sens. Le film perd à la fois sa candeur et son humour bon enfant qui amenaient les films vers une poésie bancale et non-sensique.

Après la fin du wu xia pian et son départ de la Shaw Brothers, Liu Chia-liang, un des piliers de la compagnie, tente de continuer de travailler. L’une des idées qu’il apporte dans sa mise en scène des combats (dans une franchise où les gadgets sont légion – parodie de James Bond oblige) est de trouver le moyen de faire combattre ses personnages dans des arts martiaux traditionnels, ce qui constitue la marque de fabrique de Liu Chia-liang. La solution est trouvée : les statues de terre cuite risqueraient d’être abimées avec des armes modernes, il faudra donc se battre à l’ancienne, de manière authentique. Mais cette volonté d’authenticité des combats n’apporte pas grand-chose. Malgré la relève, la série s’arrêtera avec ce film après avoir bien vécu et beaucoup diverti le public. En 1997, Alan Tam et Tony Leung Chiu-wai, tenteront de reprendre le concept dans New mad mission, sans grand succès.

Aces Go Places V (新最佳拍檔, 1989) Un film de Liu Chia-liang avec Samuel Hui, Karl Maka, Leslie Cheung, Nina Li, Conan Lee, Ha Chi-jan, Walter Tso, Ellen Chan, Fennie Yuen, Dannie Lee, Roy Cheung, Maria Cordero, Liu Chia-liang, Hung Yan-yan.

mercredi 18 juillet 2012

Sortie en France de La Vie sans principe


Absent des écrans français depuis Vengeance, Johnnie To retrouve le public français avec La Vie sans principe. Entre les deux films, il a tourné Don’t go breaking my heart  et depuis Romancing in thin air. La sortie de ce film du cinéaste est une bonne nouvelle pour les spectateurs même s’il ne va sans doute pas être facile de trouver une salle : le film sort sur une vingtaine de copies. Il faut espérer qu’il tournera dans les cinémas et il faut surtout souhaiter que le DCP (copie numérique) sera de bonne qualité (le distributeur est Films sans frontières, société malheureusement connue pour la piètre qualité du compressage de ses DVD – voir Raining in the mountain de King Hu et pleurer).

On le sait, le cinéma de Hong Kong va très mal. Il sort de moins en moins de films là-bas et, évidemment, de moins en moins de films hongkongais sortent en France. En tout cas, en salles. Les derniers films sortis sont Detective Dee de Tsui Hark (en avril 2011) et True legend de Yuen Woo-ping (en septembre 2011), tous deux des coproductions chinoises. Donc, pour l’instant, il faut se réjouir d’admirer, sur grand écran, le génie de Lau Ching-wan et de comprendre – comme il tente de l’expliquer à un journaliste du Monde – qu’il n’est pas qu’un réalisateur de polar. Loin de là.

mardi 17 juillet 2012

Aces go places IV



Après les deux premiers épisodes tournés par Eric Tsang (Aces go places en 1981 puis Aces go places II en 1982) puis la parodie excessive réalisée par Tsui Hark (Mad mission en 1984), la CCC Cinema & City Company a confié en 1986 une version plus axée sur les aventures d’espionnage à Ringo Lam, en contrat avec la compagnie (qui produira l’année suivante Prison on fire. Pour la petite histoire, Aces go places IV est sorti au cinéma en France sous le titre Rien ne sert de mourir, titre éminemment « James Bondien ». King Kong (Samuel Hui) doit cette fois faire face à une bande d’affreux terroristes et ennemis qui veulent s’emparer d’un prisme qui permet de transformer un simple homme en superman.

Inventé par un savant (Roy Chiao, dans une courte apparition) pour le gouvernement de Hong Kong, ce prisme en forme de pyramide de verre  est d’abord testé sur King Kong avec beaucoup d’effets spéciaux qui donnent un ton plus sérieux au film. Ça sera sans compter sur la fille du savant (Sally Yeh), mademoiselle catastrophe qui fait interrompre l’expérience. Puis l’arrivée des méchants, forcément européens, menés par l’acteur Ronald Lacey, le nazi dans Les Aventuriers de l’Arche perdue de Steven Spielberg qui arbore sur sa main la même marque et qui est vêtu avec un pardessus similaire. Arrivés en hélicoptère, les méchants font tout exploser (le spectateur avide d’action en aura pour son argent). Seuls King Kong et Sally s’en échappent. Il a juré au savant de prendre soin de sa fille.

De retour à Hong Kong, on découvre un match de hockey sur glace où deux équipes s’affrontent. L’une composée de flics d’Interpol est coachée par Sek Kin, l’autre issue de policiers de Hong Kong est dirigée par Kwan Tak-hing. Les deux acteurs principaux de la série classique des Wong Fei-hung se disputent ici pour le rire. L’équipe de Hong Kong ne marque pas de points jusqu’à l’arrivée de King Kong qui, grâce à cette formule du prisme, a hérité d’une grande force. Les méchants ne vont pas tarder à débarquer et à provoquer une course poursuite qui commence dans une galerie marchande (le but, éviter les passants) puis sur une autoroute (le but, filmer des carambolages).

Tout Aces go places IV sera mené tambour battant autour de quelques scènes d’actions trépidantes. Le fils de Albert (Karl Maka) et Sylvia (Sylvia Chang), le petite « Balady Junior » (bald = chauve en anglais) sera kidnappé. On le retrouvera suspendu à un fil en haut d’un immeuble. Puis, c’est Sylvia qui est enlevée par les méchants et emmené en Nouvelle Zélande (où une large partie du film a été tournée). Karl Maka aura droit à son lot de cascades et de courses poursuite et le spectateur masculin pourra regarder les deux jeunes femmes blondes qui l’attireront dans un piège.

La partie action du film est richement dotée avec une base secrète cachée comme il se doit au fin fond d’une île secrète elle aussi. Cette base secrète a évidemment un grand nombre de sbires tous en uniforme et tous incapables d’atteindre leur cible mais qui s’écroulent dès que King Kong et Albert tirent (où vont-ils chaque fois les trouver ces sbires figurants). La partie comédie est plutôt dévolue au personnage de Sally Yeh, dame catastrophe qui crée plus de soucis à Samuel Hui qu’elle n’en résout. Le point d’orgue étant ce périple en avion qui ne veut jamais démarrer. Bref, rien de bien neuf dans la série si ce n’est un rythme fou qui aura donné ses gages de bon réalisateur à Ringo Lam.

Rien ne sert de mourir (Aces go places IV, 最佳拍檔千里救差婆, Hong Kong, 1986) Un film de Ringo Lam avec Samuel Hui, Karl Maka, Sally Yeh, Sylvia Chang, Cyrus Wong, Sek Kin, Kwan Tak-hing, Walter Tso, Roy Chiao, Pomson Shi, Ronald Lacey, Onno Boelee, Peter McCaulley, Sandy Dexter, Gayle-Anne Jones, Fung Ging-man, Chang Kwok-tse.

lundi 16 juillet 2012

Prison on fire



Jeune cadre dynamique, Lo Ka-yia (Tony Leung Ka-fai) se retrouve en prison pour purger une peine de trois ans pour homicide involontaire. Pour défendre son père agressé par des petits malfrats, il a poussé l’un d’eux qui s’est fait écrasé par un bus. Il arrive donc dans un univers qu’il ne connait pas au milieu de gens (gardiens et prisonniers) qui, au contraire, connaissent toutes les règles. Ainsi Lo Ka-yia découvre, dans Prison on fire, un monde inconnu avec des yeux candides. Ringo Lam prend soin de le décrire avec minutie notamment les premières fouilles humiliantes. Il prend surtout soin de pas exagérer le trait mais que le regard de Yia soit celui d’un homme qui soit au même niveau que le spectateur. On sera donc assez éloigné des surenchères Catégorie III de The Story of Ricky par exemple.

Affecté à l’infirmerie, Yia va rencontrer Ching (Chow Yun-fat), petite bandit qui a une jambe cassée. Ching teste Yia en échangeant leur morceau de viande qu’il juge plus épais ou en allant chier alors que Yia est justement en train de nettoyer les cuvettes. Il comprend vite que chaque fois Yia se laisse faire, qu’il ne réplique pas, au contraire qu’il serait prêt d’aller plaider sa cause auprès du directeur de la prison, chose considérée comme une lâcheté (au mieux) ou comme une trahison (au pire) par les autres prisonniers. Il va lui servir de guide dans cet univers inhospitalier. Il va lui apprendre les règles non seulement de vie mais également de survie.

Il faut apprendre à survivre aux affrontements des différents clans et quand Madly (Shing Fui-on) se met à devenir fou pendant la promenade, Yia s’affole, ne sait plus quoi faire et Ching le protège. Les deux principaux clans sont tenus par Micky (William Ko) et Bill (Tommy Wong) et, comme on le sait bien, il faut diviser pour mieux régner. C’est en tout cas le mode de direction du chef des gardiens Hung (Roy Cheung) qui décide de sacrifier Yia pour avoir la paix dans sa prison. Pour cela, rien de plus simple, il convoque Yia dans son bureau, les autres pensent qu’il a cafté et notamment les hommes de Bill qui ne savent pas que Micky s’est entendu avec Hung. Ce dernier est surnommé le tueur et il faut bien reconnaitre que Roy Cheung, pas encore arrivé dans l’univers de Johnnie To, a un regard qui glace d’effroi. C’est réellement lui le personnage le plus négatif du film avec cette volonté de Ringo Lam de n’accabler aucun personnage.

Le film a une réputation de grande dureté. Elle est plus psychologique que physique. Yia subit des pressions venues de Micky qui le harcèle de plus en plus et qui le rend responsable d’à peu près tout, mais aussi de Hung contre lequel il est incapable de répondre. Tony Leung Ka-fai avec son jeu tout en retrait, avec son regard caché derrière ses lunettes et dont on sent que son personnage est prêt à exploser, est idéal pour ce rôle d’homme intègre qui se trouve désintégré par la prison. Les rares visites de sa famille (son père agressé en début de film, sa sœur et sa fiancée) constituent son unique pilier avec la réalité et l’extérieur. On sent qu’il perd ses illusions, son visage se décompose, puis le coup de semonce arrive quand sa copine décide de partir étudier en Europe. Sentant sa vie partir en lambeaux, il n’hésite plus à se battre contre Micky et à tenter de se suicider.

Son duo avec Chow Yun-fat fonctionne à merveille. Les deux acteurs se complètent dans leur jeu. Le personnage de Ching apparait d’abord comme un égoïste, un petit comique. Le sourire de l’acteur, son entrain désamorcent cette violence psychologique, l’humour de son personnage (plus que son caractère comique) aide à faire passer la dureté de la prison. Dans une scène d’une rare douceur (la danse entre prisonniers le soir de Noël), Chow Yun-fat occupe tout l’espace laissant déborder son charisme. Prison on fire atteind son niveau de tension maximum quand les prisonniers décident de faire une grève de la faim (scène fameuse souvent parodiée) et que Chow Yun-fat change de ton, devenant une bête à tuer et que la violence physique emplit l’écran dans un finale lyrique.

Prison on fire (監獄風雲, Hong Kong, 1987) Un film de Ringo Lam avec Tony Leung Ka-fai, Chow Yun-fat, Roy Cheung, William Ko, Tommy Wong, Victor Hon, Terrence Fok, Frankie Ng, Wong Man-gwan, Joe Chu, Shing Fui-on, Leung Ming.

dimanche 15 juillet 2012

Quick



Quick ne fait pas mentir son titre : il ne sera question que de vitesse dès son ouverture où le jeune héros Han Ki-soo (Lee Min-ki) traverse tout Séoul, de nuit, à fond les ballons sur sa moto (et sans casque) avec une jeune femme à l’arrière. Il provoque un joli carambolage où un grand nombre de voitures s’encastrent pour finir dans une énorme explosion. Ki-soo est un chef de gang de motos, un gang qui ressemble plus à Fast and furious qu’à L’Equipée sauvage, mais en tant que chef il est admiré des femmes et notamment d’Ah-rom (Kang Ye-won) et jalousé des hommes, surtout par Myeong-sik (Kim In-kwon), amoureux de Ah-rom.

Des années plus tard, tous ont quitté le gang. Ki-soo est devenu le livreur le plus rapide de la ville, celui qui parvient à relier deux points en un temps record. Lors d’une de ses livraisons, il remet un petit paquet. C’était une bombe qui fait exploser un immeuble. Plus tard, Ki-soo doit aller chercher son nouveau colis. Il s’agit en fait d’emmener Ah-rom, devenue entre temps une chanteuse de K-pop (le groupe OK GIRLS), à un concert qui doit être retransmis à la télé. Le téléphone de Ki-soo sonne. Une voix l’informe que son casque, que vient de mettre Ah-rom, est piégé et qu’il doit livrer un autre colis (une bombe donc, on reconnait l’emballage) en vingt minutes. C’est parti pour une nouvelle course contre la montre.

Dès que la deuxième bombe explose (et l’homme qui donne les ordres veut que Ki-sso en livre d’autres), la police commence à enquêter avec à sa tête, Seo (Ko Chang-seok), un inspecteur pataud et franchement débordé par la situation. Et quand Myeong-sik (devenu lui policier en moto) comprend qu’il a affaire avec son ancien rivale, il se met en chasse de Ki-soo et Ah-rom. Quick se veut une comédie d’action avec une bonne part de comédie et des personnages hauts en couleur (la serveuse de restaurant qui insiste pour les alpaguer alors qu’ils doivent effectuer une mission) et des situations comiques (le concert des OK GIRLS avec Ah-rom qui porte un casque, les humiliations répétées de Myeong-sik dans sa poursuite du duo de héros). Le modèle est évidemment les comédies policières de Jackie Chan où le personnage féminin suit le héros dans une aventure qu’ils ne contrôlent pas. Un des écueils du film est que les acteurs hurlent leurs dialogues et jouent hystériquement leurs gags qui retombent souvent à plat et échouent à faire rire.

Le film se déroule sur quelques heures au gré des livraisons avec une contrainte scénaristique qui veut que Ah-rom et Si-koo ne soient jamais séparés de plus de dix mètres, sans quoi le casque piégé explose. Ils doivent aussi accomplir les livraisons en un temps record, sinon, là aussi, explosion. Bien entendu, la police croit qu’ils sont des terroristes et part à leur poursuite. Quick rappelle par moment, dans cette frénésie ininterrompue, le génial Hypertension. Mais là où Hypertension ne s’embarrassait pas de vraisemblance, laisser libre court à un scénario débridé et volontairement pas du tout crédible, Quick cherche à tout prix à tout expliquer. Ainsi, dans un long tunnel de dialogues explicatif, les policiers analysent la situation et tentent de trouver le commanditaire de ces attentats. Hélas, les tenants et aboutissants de l’enquête alourdissent considérablement un récit qui se serait bien contenté de la légèreté proposée dans le reste du film.

Quick (, Corée, 2011) Un film de Jo Beom-goo avec Lee Min-ki, Kang Ye-won, Kim In-kwon, Ko Chang-seok, Joo Jin-mo-I, Kim Byeong-cheol.

jeudi 12 juillet 2012

Sorties à Hong Kong (juillet 2012)


The Four (四大名捕, Hong Kong – Chine, 2012) 
Un film de Gordon Chan et Janet Chun avec Deng Chao, Liu Yi-fei, Ngai Sing, Ronald Cheng, Sheren Tang, Jiang Yi-yan, Anthony Wong, Waise Lee, Cheng Tai-shen, Wu Xiubo, Liu Changde, Bao Bei-er, Michael Tong, Tang Zhiping, Kohata Ryu, Zhang Song-wen, Anna Fang. 118 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 12 juillet 2012.


lundi 9 juillet 2012

Le Dernier royaume



Dans A simple life d’Ann Hui, sur lequel j’ai causé il y a quelques jours, on voit une scène avec Andy Lau qui discute avec quelques uns de ses collègues de l’industrie du cinéma de Hong Kong. Ils se demandent quel sera le prochain à prendre pour cadre l’histoire de la Chine antique. Ils se demandent si Andy Lau va tourner une nouvelle et énième version des 3 royaumes. Bref, le film d’Ann Hui interroge la question de tous ces films historiques qui arrivent sur les écrans depuis quelques mois maintenant et qui semblent être tous conçus selon le même moule. Daniel Lee après avoir exploité le filon dans Les 3 royaumes : la résurrection du dragon (avec justement Andy Lau, d’où la private joke) puis dans La 14ème lame, remet le couvert avec Le Dernier royaume. On admirera la constance de l’éditeur dvd pour mettre le point sur le même mot.

Comme le titre l’indique bien, il s’agit d’un récit autour de batailles entre d’un royaume de l’ancienne Chine. Le film se concentre sur celui qui doit devenir le nouvel empereur entre les Han et les Chu après la défaite des Qin. Deux hommes s’affrontent autour de la cité de Xianyang : Liu Bang (Leon Lai) et Xiang Yu (Feng Shaofeng). Mais c’est aussi une jeune femme qui est au centre de leur rivalité. Yuji (Liu Yifei), la concubine de Xiang Yu que Liu Bang surveille sans pour autant la tenir prisonnière. Yuji jour du luth, une manière facile de mettre un peu de douceur dans ce monde brutes. Le premier a comme second l’impétueux Fan Kuai (Jordan Chan, qu’on n’avait pas vu dans un film depuis bien longtemps), comme allié le Général Han (Andy On, un acteur au jeu qui ne cesse de s’améliorer) et Xiang Liang (Zhang Hanyu). Face à ce quatuor, Xiang Yu peut compter sur les judicieux conseils de Fan Zeng (Anthony Wong), un vieillard aveugle aux cheveux blancs, expert en échec et jeu de go. Des ennemis s’affrontent d’ailleurs au jeu de go, Fan Zeng joue cinq parties à la fois. Chaque fois qu’il en gagne une, un homme est torturé : visage déchiqueté, oreille tranchée, doigts coupés, jusqu’à ce que Fan Kuai intervienne enfin.

Tout Le Dernier royaume est constitué autour des stratégies de guerre entre les deux personnages. Pour dire la vérité, très vite, tout cela devient incompréhensible à moins de prendre des notes sur les alliances et les trahisons. L’idée maitresse du film consiste à montrer des seigneurs de guerre qui discutent entre eux avec la plus grande courtoisie puis partent s’affronter avec la plus extrême violence à grand coups de flèches, de sabre et de lance. Donc, dans le film, les scènes de discussion alternent avec les scènes de bataille. Ces dernières sont toutes conçues sur le même modèle à grand renfort d’effets spéciaux. On observe d’un plan d’ensemble (souvent vu du ciel) des milliers de fantassins prêts à attaquer avec force poussière. Puis les archers lancent leur flèches qui dans le plan suivant blessent leurs ennemis avec des ralentis. Enfin, deux adversaires sont pris en particulier avec beaucoup de gros plans histoire de ne pas voir la pauvreté de la chorégraphie des combats. Désormais dans ce genre de films, la lumière est sombre (crépusculaire) et Daniel Lee n'oublie pas de mettre une scène avec de la neige car, on le sait, le sang ça fait poétique dans la neige. Bref, tout très vite devient totalement illisible et ennuyeux d’autant plus que le film s’étire sur 130 minutes qui en paraissent le double. Une autre version du film (The Last supper) réalisée par Lu Chuan, auteur de The City of life and death, vient de sortir en Chine.

Le Dernier royaume (White vengeance, 鴻門宴, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Daniel Lee avec Leon Lai, Feng Shaofeng, Jordan Chan, Zhang Hanyu, Liu Yifei, Anthony Wong, Jia Qing, Andy On, Du Yiheng, Wu Ma, Chen Kuan-tai.

Lifeline



Bienvenue à la caserne de pompiers du quartier de Tsi Wan Shan commue à Hong Kong pour être la plus malchanceuse du territoire. On découvre ainsi que toute l’équipe a été victime d’une intoxication alimentaire. On apprend que les soldats du feu ne connaissent pas vraiment leur matériel. Finalement on se rend compte de leur incompétence chronique. Raymond Cheung Man-kit (Alex Fong Chung-sun) le nouveau capitaine est là pour remettre de l’ordre dans cette caserne. C’est un homme à la solide réputation, comme on dit sévère mais juste. Le film montre la vie quotidienne dans cette unité de manière documentaire, caméra portée à l’épaule au plus près des acteurs quand ils partent en mission, enregistrant le jargon propre au métier. Puis, il s’agit de faire de la fiction.

La première partie de Lifeline présente les personnages principaux. Raymond est un homme strict, au visage fermé. Son épouse a immigré depuis des années aux Etats-Unis (le film se situe clairement dans cette idée de l’angoisse de la rétrocession) et elle revient à Hong Kong avec leur fille Sandy qui, parce qu’elle n’a jamais vécu à Hong Kong, ne parle qu’anglais. Si l’épouse revient, c’est parce qu’un mal la ronge (elle est alcoolo). Les rapports ne sont pas faciles entre eux deux faisant progresser le film vers le mélo, comme d’ailleurs dans tous les rapports entre les différents protagonistes à l’exception du jeune pompier Ho-yin (Raymond Wong Ho-yin), nouveau dans la caserner et plein d’espoirs qui apparait en début du film sous un mode comique. Il invite son vieux père à venir préparer un repas sain pour ses collègues. Son personnage sera un peu sacrifié.

Lo Ka-wai (Ruby Wong) est l’unique femme pompier de la station mais Johnnie To et son scénariste attitré Yau Nai-hoi ne s’appesantissent pas sur les différences de sexe. Ka-wai a des soucis avec son mari (Dang Chi-fung) avec qui elle refuse d’avoir des rapports sexuels pour ne pas tomber enceinte. Elle aime son métier mais doit subir la tradition sociale qu’une femme, avant son travail, est une mère. Enfin, Yau Sui (Lau Ching-wan), le héros de Lifeline est une tête brûlée, un soldat du feu qui reste persuadé qu’il faut sauver des vies au mépris du danger. Il va d’ailleurs à l’encontre de ses supérieurs et surtout de Raymond, ce qui n’est pas sans causer quelques tensions entre eux. Yau Sui tombe amoureux de Annie Chan (Carman Lee), la médecin qui a soigné la brigade après leur intoxication. Elle déprime parce que son copain flirte avec d’autres filles. Elle menace de sauter de son balcon et Yau Sui va la sauver. Malgré son air rugueux d’ours mal léché, elle tombe amoureuse de lui assurant au film un trio de couples en crise.

Voilà pour la partie romance nécessaire puisque c’est un film Shaw Brothers. A ce stade de sa carrière, Johnnie To n’est pas encore indépendant. Ses scénarios sont encore très conformistes, balisés par des effets scénaristiques un peu grossiers. Il est possible cependant de sentir les prémisses de ce qu’il fera plus tard dans la partie finale quand la brigade est envoyée, malgré son incompétence, aider à circonscrire un important incendie dans une usine. Là, scénaristiquement le film se contente de montrer comment l’équipe se soude, comment elle doit faire face aux moqueries et sauver deux personnes. Dans cette partie, Johnnie To joue aussi sur le suspense simple autour du danger qu’encourent les pompiers avec lesquels le spectateur a désormais de la sympathie. Visuellement, ce finale de Lifeline est l’ébauche de l’abstraction telle que Johnnie To la pratique dans ses polars avec son apogée dans Exilé. Filmé dans l’obscurité, il insère son cadre d’éléments qui sature la vision du plan détournant ainsi l’idée de film d’action, de suspense et de tension, comme dans The Mission, Exilé ou Sparrow, il cherche à travailler sur le sur-place des personnages, sur la répétition des gestes et la poétique du mouvement.

Lifeline (十萬火急, Hong Kong, 1997) Un film de Johnnie To avec Lau Ching-wan, Alex Fong Chung-sun, Carman Lee, Damian Lau, Ruby Wong, Raymond Wong Ho-yin, Chan Man-lei, Yuen Bun, Lam Suet, Kenneth Chan, Dang Chi-fung, Yeow Ying-ying, Annabelle Lau, Yuen Ling-to.

samedi 7 juillet 2012

Une vie simple



Avec A simple life (présenté au Festival de Venise 2011 où Deannie Yip reçut le prix d’interprétation féminine), Ann Hui poursuit son approche de la vieillesse des habitants de Hong Kong après The Way we are. Deannie Yip est Chung Chun-tao, que tout le monde appelle Ah Tao. Célibataire, elle a passé toute sa vie a été la bonne à tout faire, la femme de ménage et la nurse de la famille de Roger Leung (Andy Lau). Il a été élevé, ainsi que sa sœur et son frère, par Tao qui a été au service des Leung pendant soixante ans. Le pré-générique du film indique que Tao a été « adoptée » à l’âge de dix ans par le grand-père de Roger. C’était alors la guerre et son destin de fille de personne la condamnait sans cela.

La fin de l’autonomie pour la vieille dame est arrivée. Elle est victime d’une crise cardiaque. Roger a décidé de s’occuper d’elle. Elle a lui tant donné et veut l’en remercier en retour. Il est producteur de cinéma ce qui permet de le mettre en scène avec Tsui Hark et Sammo Hung, ses deux partenaires de Detective Dee, pour un moment humoristique où ils sont censés concevoir un film ensemble en Chine et qu’ils tentent (avec succès) de faire cracher au bassinet un producteur chinois. Plus tard dans le film, Roger et Tao assistent à l’avant première de ce film (dont Roger dira qu’il est mauvais) et on voit dans l’assistance Raymond Chow, Andrew Lau, John Shum ou le réalisateur chinois Ning Hao, poulain de la société Focus d’Andy Lau. Un peu de pub ne fait pas de mal.

Tao reste handicapée. Son côté gauche ne fonctionne plus. Roger cherche une maison de repos, un hospice de vieux où elle pourra être soignée. Cette recherche n’est pas simple, son interlocutrice lui fait clairement comprendre que plus il pourra payer, mieux elle sera soignée. On pense d’abord qu’Ann Hui cherche à faire un film pamphlet sur les mauvais traitements que subissent les vieux, sur leur abandon par la nouvelle génération. Mais elle parvient à déjouer les écueils du film social. Roger parvient à magouiller une place pour sa vieille nourrice grâce à sa rencontre avec Grasshopper (Anthony Wong), un homme un peu étrange qui porte un bandeau sur l’œil. Ils semblent être amis depuis longtemps. Tao sera soignée par l’infirmière Choi (Qin Hailu).

La majorité du film se déroulera dans cet hospice de vieux. Tao a d’abord un peu de mal à s’y faire puis elle rencontre ses coturnes. Beaucoup de vieilles dames avec leurs soucis de sante et aussi monsieur Kin (Paul Chun) qui vient bousculer tout en proposant de donner des cours de danse, en faisant des blagues et surtout en demandant régulièrement 300 HK$ pour ses « besoins » personnels. La belle idée de A simple life est de s’adapter au rythme de son personnage principal, d’y montrer une vie lente mais qui vibre encore beaucoup. L’énergie de Deannie Yip, son jeu fort, son regard perçant sont pour beaucoup dans la réussite du film qui se veut le plus réaliste possible sans tomber à aucun moment dans le moindre misérabilisme.

Le film montre aussi une société chinoise qui a radicalement changé dans se hiérarchisation de ses classes sociales. Tao a toujours fait partie des gens qui servent les riches. Elle refuse de se faire soigner les dents par un dentiste incarné par Chapman To. Or, ces gens riches sont aujourd’hui devenus banals comme le montre cette scène où Roger, parce qu’il s’habille simplement, sans luxe, est pris par une secrétaire pour le plombier. Mais pour Tao, il faut continuer de perpétuer cette manière en restant obséquieuse devant la mère de Roger, en refusant cet argent dont elle pourtant bien besoin. Pas seulement un portrait sur la vieillesse, A simple life est un beau film sur l’amitié entre les âges qui parvient à donner la dose juste de l’émotion et de du sourire comme dans cette belle scène où Roger et ses anciens copains d’enfance parlent à Tao au téléphone et qu’elle les reconnait tous.

Une vie simple (A simple life, 桃姐, Hong Kong, 2011) Un film d’Ann Hui avec Andy Lau, Deannie Yip, Wang Fu-li, Qin Hailu, Lam Yi-man, Paul Chun, Hui Pik-kei, Elena Kong, Anthony Wong, Yu Man-si, Don Yu Dong, Helena Law, Sammo Hung, Tsui Hark, Chapman To, Ning Hao, John Shum, Raymond Chow, AngelaBaby, Leung Tin, Hui Siu-ying, Tam Bing-man, Andrew Lau, Gung Suet-fa, Joe Cheung.