mardi 12 juin 2012

Happy Din Don



Fat (Michael Hui) et Tat (Michael Lia), deux amis tellement inséparables qu’ils habitent ensemble, sont deux musiciens (guitare et basse) dans l’orchestre d’une boîte de nuit. Les deux hommes, coureurs de jupons impénitents, sont également des joueurs de tiercé compulsifs. Ainsi, un soir de concert, ils regardent une course de chevaux en augmentant le rythme de la chanson. La chanteuse (Anita Mui, dans un court caméo) n’en peut plus et les deux musiciens se font renvoyés. Sans le sou, ils hésitent à retourner dans leur appart d’autant que leur proprio est fâchée avec eux. Fat va chez sa copine. Mais en vérité, elle semble plutôt passé à autre chose, puisque dans le lit il découvre un autre homme (Ricky Hui, là aussi dans une brève apparition). Fat, pour effrayer cet amant, feint de poignarder Tat dans une scène comique classique où Ricky Hui ne voit que l’envers du décor et le spectateur les moyens mis en œuvre pour illustrer le pseudo combat entre les deux hommes : le ketchup sert de sang, Tat crie pour de faux. Tout Happy Din Don sera sous le signe du faux, justement et c’est Fat qui va être ce personnage par lequel le faux passe.

Le film va se déployer en deux motifs. Le premier est celui du polar. Fat entend par mégarde des membres des triades se livrer à un trafic de drogue. Les méchants ont caché leur cocaïne dans des ananas et leur chef Ironhand (Yuen Cheung-yan) hésite pas à abattre ses ennemis. Pas de bol pour Fat, il est pourchassé par les sbires d’Ironhand et notamment un tueur à sale gueule incarné par Wong Ching. Après un comique de situations où Michael Hui se fait passer pour un aveugle (et dont prétend n’avoir rien vu des crimes des mafieux) où le comique est obligé de subir des sales coups de Ironhand (boire du pétrole au lieu de coca, histoire de vérifier la cécité), le film a l’intelligence de se placer dans son comique dans les genres les plus traditionnels du cinéma cantonais. Soit d’abord une séquence de fantômes où Michael Hui fait peur à ses adversaires puis un film de kung-fu. La célèbre musique de Wong Fei-hung est interprétée en rock, à la guitare électrique. Un film d’arts martiaux passe à la télé. Fat comme le sbire d’Ironhand s’en servent de modèle pour s’affronter, avec tout ce que cela implique de rebondissements.

Le deuxième motif est la romance que Fat commence face à Din Din (Cherie Chung). Avec Tat, Fat est engagé sur une croisière pour jouer dans l’orchestre. Seulement voilà, comme il tente de fuir les triades, il déguise de se déguiser en femme. Là, Happy Din Don parodie très ouvertement le classique de Billy Wilder, Certains l’aiment chaud, à la grande différence qu’il incarne à la fois Tony Curtis et Jack Lemmon. Ce qui fait que Fat change régulièrement de tenues et parfois doit faire face à Din Din quand elle le rencontre en homme. Là, Fat plonge dans une baignoire pleine d’eau. Quel beau hasard que la baignoire soit pleine. Mais il doit aussi affronter la chef de l’orchestre (Wong Wan-si) qui tombe amoureuse de lui après l’avoir reconnu. Fat devient également, comme dans l’original, la proie amoureuse d’un riche homme d’affaires, Ma Masa (Bill Tung). Il faut bien le préciser, ces nombreuses scène de travestissement et de quiproquos sexuels n’ont pas en 1986 la puissance provocatrice que dans le film avec Marylin Monroe. Loin de là. Dans ce film de Michael Hui, l’humour est plutôt graveleux et on sent que le comique, en ce milieu des années 1980, est un peu dépassé par le comique des « lucky stars » qui reposent pourtant sur l’obsession sexuelle.

Happy Din Don (歡樂叮, Hong Kong, 1986) Un film de Michael Hui avec Michael Hui, Michael Lai, Cherie Chung, Bill Tung, Wong Wan-si, Ricky Hui, Anita Mui, Winnie Chin, Tin Ching, Wong Ching, Yuen Cheung-yan, David Ho, Shum Wai, Johnny Koo, Walter Tso.

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