dimanche 1 avril 2012

I wish


Cela fait six mois que les parents de Koichi (Koko Maeda) et Ryo (Oshiro Maeda) sont séparés. L’aîné, onze ans, vit avec sa mère. Elle s’est installée chez ses parents et travaille comme caissière dans un supermarché. Ryo habite avec son père, un guitariste qui joue dans un groupe de rock-pop sans grand succès. Les deux enfants ne se voient pas, ils se téléphonent souvent pour discuter et Koichi a un souhait : que la famille soit à nouveau réunie, qu’ils vivent à quatre. La distance n’arrange pas les choses, la mère habite dans le sud de l’île et le père dans le nord.

Koichi est un enfant calme, posé, organisé. Il nettoie avec application la poussière déposée dans sa chambre depuis que le volcan qui surplombe la ville est entré en éruption. A l’école, il est très copain avec deux autres garçons avec lesquels il passe aussi beaucoup de son temps. Ils admirent la bibliothécaire qu’ils trouvent très jolie. Après l’école, il va faire de la natation puis rentre chez lui. L’une de ses grandes passions est de manger les dernières miettes du paquet de chips avec lequel il vient de se goinfrer. Son grand-père beaucoup de temps à reproduire la recette d’un gâteau. Il est chaque fois déçu que tout le monde trouve que le goût soit « indécis », lui qui tente de retrouver la saveur du bon vieux temps.

Ryo ne cesse jamais courir. Pour aller à l’école, il court, pour rentrer chez lui, il court. Non pas qu’il pense perdre son temps, mais c’est la joie, la bonne humeur qui l’anime. Il sourit la plupart du temps, laissant apparaitre deux belles dents tombées. Son passe-temps favori est de cultiver des légumes dans le jardinet de la maison de son père (Joe Odagiri). Ce père, éternel adolescent à la fois dans le look (barbe d’une semaine, vêtement de jeunes) et dans l’activité (il poursuit son rêve de rockeur), Ryo le surveille, comme il le dit lui-même. Il regarde dormir comme un loir quand il doit partir à l’école (en courant forcément). Il traine souvent avec trois de ses camarades. Seule le personnage de la petite Magumi (Kara Uchida) est développée. Elle vit avec sa mère, une actrice qui n’a jamais percée, et souhaite elle-même devenir actrice.

Ce qui plait d’abord dans I wish, c’est le naturel avec lequel les enfants sont dirigés part Hirokazu Kore-eda. Tout le film repose sur eux, pas seulement sur les deux frères (et j’ai plus de bonheur avec le personnage de Ryo), mais sur toute la petite bande (sept enfants tout de même). Les acteurs adultes sont des personnages secondaires et fonctionnent sur des registres différents. Le père et le grand-père sont plutôt du registre humoristique parce que ce sont des faibles mais ils sont touchants. Ils ont des rapports de complicité avec les petits. La mère et la grand-mère sont plutôt des inquiètes, elles cherchent à gérer la vie des hommes, sans vraiment y arriver. Quoi qu’il en soit, I wish apparait comme l’antithèse de Nobody knows dans son récit. On craint souvent qu’il arrive un malheur aux enfants, ça n’arrivera pas. En revanche, tous prennent leurs vies en main, comme dans l’autre film, mais sur un mode plus léger en apparence, car c’est bien de la solitude dont parle le cinéaste.

Le film prend une belle ampleur quand les enfants décident de faire un vœu afin que pour chacun un miracle se produise. Ils attendent avec impatience que la nouvelle ligne de TGV soit inaugurée. Ils se sont persuadés que lors de leur premier voyage, quand les trains se croiseront, s’ils vont ce vœu, il se réalisera. Ils partent donc en train, avec impatience. Il faut d’abord trouver de l’argent pour se rendre sur le lieu du croisement. La troupe part. Koichi est déçu que son frère soit venu avec ses amis, alors que lui-même n’est pas seul. Les retrouvailles ne sont pas aussi éclatantes que prévues. Et là bas, ils ne connaissent rien. Où passer la nuit ? Que manger ? Les parents ne vont-ils pas s’inquiéter. Cette partie agit comme un conte avec une douceur enthousiasmante. Si I wish n’est pas le meilleur film de Kore-eda, c’est celui qui apporte la plus grande plénitude.

I wish (奇跡, Japon, 2011) Un film de Hirokazu Kore-eda avec Koki Maeda, Oshiro Maeda, Nene Otsuka, Joe Odagiri, Ryoga Hayashi, Hosinosuke Nagayosi, Kara Uchida, Kanna Hashimoto, Rento Isobe, Yui Natsukawa, Hiroshi Abe, Masami Nagasawa, Yoshio Harada, Kirin Kiki, Isao Hashizume.

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