lundi 2 avril 2012

An Autumn's tale


Après avoir économisé deux ans, Jennifer (Cherie Chung) part enfin à New York rejoindre son petit ami Vincent (Danny Chan). Elle a organisé sa venue aux Etats-Unis candidement avec comme seule certitude, celle de bientôt se marier avec lui. Elle s’aperçoit vite que le jeune homme est passé à autre chose et leurs retrouvailles ne sont pas aussi romantiques qu’elle l’espérait : il a une nouvelle petite amie, Peggy (Ng Fook-sing). Il n’ose même pas la présenter telle quelle, mais Jennifer comprend bien qu’elle est de trop, qu’elle a fait ce voyage de Hong Kong à New York pour rien, qu’elle se trouve un peu bête toute seule dans une ville inconnue où elle ne connait personne.

Presque personne. A l’aéroport, elle a été récupérée par Figgy (Chow Yun-fat), un cousin très éloigné. Le jeune homme arrive avec deux de ses amis dans sa bagnole, un tacot délabré et taggué. Insouciant, il vient la chercher avec deux heures de retard, se gare n’importe au nez et à la barbe d’un policier. Immigré aux Etats-Unis depuis des années, Figgy vit pourtant comme à Hong Kong. Il parle à peine anglais, continue de ne fréquenter que ses compatriotes et joue tous les jours son maigre salaire de serveur aux jeux de hasard. Il a implanté sa vie hongkongaise à New York. Il propose à Jennifer de l’héberger chez lui. Son appartement est un vrai taudis, il vit au jour le jour, dans une idée du carpe diem qui contraste avec l’organisation minutieuse de Jennifer.

Très vite, An Autumn’s tale présente ses deux personnages principaux comme totalement opposés pour mieux pouvoir les rapprocher. La différence majeure entre Jennifer et Figgy est que ce dernier tombe très vite amoureux d’elle et va tout faire pour elle. Il décore l’appartement qu’elle occupe, il lui aide à trouver un petit boulot (elle va devenir baby-sitter), il fait des efforts pour paraitre moins excentrique et pour lui plaire. Seulement voilà, Jennifer s’accroche à son ex et ne rend compte de rien. Ainsi, dans la scène la plus émouvante du film, elle tente de renouer avec Vincent lors d’une soirée organisée par Figgy. Ce que Jennifer ignore, c’est que cette fête n’est pas en son honneur mais pour l’anniversaire de Figgy. Dans son égoïsme certain, Jennifer n’admire que son nombril et le choc sera encore plus dur quand elle comprendra la réalité. Mais tous deux sont dans l’échec, échec qu’il faudra surmonter pour exister.

Ce qui fonctionne dans le film de Mabel Cheung, gros succès à Hong Kong et sacré meilleur film aux Hong Kong Film Awards, c’est le jeu de Chow Yun-fat en éternel romantique désabusé qui passe du sourire quand il voit Jennifer à la déception quand il se rend compte qu’elle ne comprend absolument rien, qu’elle est aveuglée par son amour défunt. L’écueil est en revanche double. D’un côté, la cinéaste filme New York avec beaucoup de clichés, comme une ville touristique : les flics sont sympas, la population est sympa (ah la scène un ridicule chez l’antiquaire), aucune difficulté due à l’ère Reagan n’est jamais évoquée (la carte verte pour bosser, les problèmes de logement par exemple). D’un autre côté, le romantisme passe forcément par l’absence d’explication entre les personnages et par des silences sur-signifiants. Si Figgy avait expliqué ses sentiments à Jennifer, tout serait probablement allé plus vite. Ainsi, le film joue sur cette double absence de réalisme. Logiquement puisque le film se présente comme un conte d’automne où les sentiments se confrontent et comme dans la plupart des contes, tout se terminera bien.

An Autumn's tale (秋天的童話, Hong Kong, 1987) Un film de Mabel Cheung avec Chow Yun-fat, Cherie Chung, Danny Chan, Ng Fook-sing, Arthur Fulbright, Gigi Wong, Chan Yui-yin, Jeng Ming-suen, Wong Man, Lo Yip-mei, Tom Hsiung.

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