mercredi 26 octobre 2011

Full alert


Regarder à quelques heures de distance Full contact puis Full alert est un exercice très amusant. J’avais déjà vu ce film de Ringo Lam tourné en plein rétrocession de la colonie britannique à la Chine, mais je n’en gardais pas beaucoup de souvenirs. Autant Full contact est totalement irréaliste, dans un monde qui n’existe qu’au cinéma, autant Full alert se confronte à un certain réalisme et pour le coup à l’Histoire de Hong Kong. Ce qui reste entre les deux films, c’est un personnage qui ira jusqu’au bout de la mission qu’il s’est donné. Cette fois, c’est un policier, Pao (Lau Ching-wan) qui tente d’empêcher un cambriolage.

L’homme qui veut faire un braquage, on le connait dès le début. Mak Kwan (Francis Ng) se fait arrêter assez vite et Pao l’interroge. Un homme a été retrouvé noyé dans sa baignoire, c’est un architecte. Un plan de coffre fort est retrouvé chez Mak Kwan. Le lien est vite fait mais le suspect ne dit rien. Ils tirent les vers du nez de la copine de Mak Kwan mais Chung Lai-hung (Amanda Lee), malgré les menaces de complicité ne dira rien. Il faudra la relâcher tandis que Kwan est amené en prison d’où il parviendra à s’échapper grâce à quelques complices.

Kwan s’est entouré de malfrats taïwanais menés par Ping (Jack Kao) dont les méthodes sont très expéditives. A vrai dire, son intention est de garder le magot du coffre fort pour lui tout seul. Il n’hésite pas à éliminer son comparse qui pourrait être reconnu par les flics et un autre qui proteste parce qu’il a tué le premier. Ping est le bras du braquage et Kwan en est le cerveau. Le premier est nerveux et violent, le deuxième est calme et loyal. Son unique ambition est de quitter le pays avec suffisamment d’argent en poche pour mener une vie tranquille. Soit l’ambition de beaucoup de hongkongais à l’approche de la rétrocession.

Face à eux, l’équipe de Pao fait ce qu’elle peut. Elle a toujours un coup de retard sur les malfrats. Ils parviennent à éviter que Ping ne délivre Kwan dans son transfert. Cette séquence de course poursuite dans le trafic de Hong Kong est l’un des moments les plus réussis. Il est plus réaliste car filmé de jour, sur une autoroute encombrée, chose qui arrive rarement dans le cinéma de Hong Kong où la plupart des courses poursuite en voiture sont tournées sur le même tronçon d’autoroute libérée du trafic pour l’occasion. On la reconnait dans tous les films. Ce surcroit de réalisme apporte un caractère d’authenticité à Full alert, tout comme le son direct qui commençait à l’époque à se développer.

Pao devient de plus en plus nerveux. L’enquête avance mais très lentement. Chacun semble lui mettre des bâtons dans les roues. Il accuse Biu (Chin Kar-lok) de ne penser plus qu’à parier aux courses de chevaux qu’à suivre les suspects. Il tire en pleine rue dans une poursuite avec Kwan et blesse un motocycliste. Il engueule les employés de l’hippodrome qui ont du mal à coopérer. Il perd son sang froid mais continue jusqu’au bout, comme lorsqu’il cherche son flingue jeté dans une poubelle par Kwan. Il fouille, jette les détritus par terre, s’y enfonce presque, glisse et ressort dégueulasse mais à nouveau entier. Les performances des deux acteurs sont exceptionnelles.

Pao file sa déprime à tous les personnages et à tout le film. Les femmes, elles-mêmes, ne peuvent plus aider leurs maris à remonter la pente. L’épouse de Pao (Monica Chan) est terrorisée par Kwan et la femme de Kwan est surveillée par Pao. Elles subissent plus qu’elles n’agissent et, pourtant, elles ont essayé d’influencer les destins, qui, inexorablement, vont s’accomplir malgré elles.

Full alert (高度戒備, Hong Kong, 1997) Un film de Ringo Lam avec Lau Ching-wan, Francis Ng, Jack Kao, Amanda Lee, Monica Chan, Raymond Tso, Chin kar-lok, Emily Kwan, Lee Siu-kei, Peter Yung,

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