mardi 23 août 2011

Le Colosse de Hong Kong


Comme Super Inframan déjà avec Danny Lee, Le Colosse de Hong Kong est un sacré bon film de la Shaw Brothers. Tourné dans la foulée du revival King Kong (John Guillermin venait d’en faire une nouvelle version avec Jeff Bridges), c’est un genre tout nouveau qu’aborde la compagnie hongkongaise. C’est évidemment très raté et nanardesque comme le décrit très bien le site nanarland et cela est d’abord dû à un budget restreint comme souvent à la Shaw Brothers. Le moyen le plus simple pour parler de ce film, c’est d’en décrire par le menu sur un ton entre l’ironie et le sarcasme. Cela permet d’expliquer à la fois le côté navrant mais rigolo du Colosse de Hong Kong.

Alors oui, King Wong le colosse qui terrorise les villageois n’est pas un vrai singe géant. Il y a un bonhomme dans le costume de poils. Des sauvages en Inde (mais tous joués par des figurants de Hong Kong) sont effrayés par cet animal monstrueux qui vient détruire leurs maisons. Pourquoi ? Il n’est pas donné de raison. Contrairement à Godzilla, le nucléaire (et son danger du coup) n’est pas en cause. Quand King Wong brise les cabanes, ce sont des maquettes. On le voit, c’est amusant. Quand le gorille géant s’approche en poussant ses horribles cris, la superposition des deux images (au premier plan les villageois, au fond le gorille) donne une image bâclée. Plus tard, des éléphants en furie viendront charger l’expédition menée par Zhengjeng (Danny Lee) et son équipe avec les mêmes effets de surimpression. Cet effet spécial classique est ici très mal fichu comme si les images du fond étaient bien pâles et délavées. Le comble du ratage est atteint quand King Wong attaque Hong Kong. Là aussi des maquettes (notamment de voitures, d’hélicoptères ou de chars d’assaut) seront utilisées. Bien entendu, la peur censée être provoquée par King Wong n’est pas au rendez-vous.

Le film décrit un combat entre King Wong et Zhengjeng. Ce dernier est un scientifique qu’une triste aventure conjugale (sa fiancée couche aussi avec son frère) a rendu particulièrement amer avec la vie. Il s’est mis à boire mais quand Lu Tien (Ku Feng) a eu écho qu’un gorille géant existait en Inde, il convainc Zhengjeng d’aller le capturer. Lu Tien pense qu’il va pouvoir se faire un paquet de fric en ramenant King Wong à Hong Kong (il n’a sans doute jamais entendu parler des aventures de King Kong). Mais peu importe. Notre héros part en Inde, traverse des rivières dans des carrioles tirées par des bœufs, manque de se faire écraser par une horde furieuse d’éléphants et se fait attaquer par un tigre. Et là, il est sauvé par Wei (Evelyne Kraft), une sculpturale blonde qui a l’immense pouvoir de communiquer avec les animaux de la jungle. Le courant va vite passer entre eux. Wei va raconter comment elle a atterri là (c’est le bon terme puisqu’enfant, elle était dans un avion qui a crashé). C’est King Wong qui l’a élevée et, forcément, le gorille est un peu jaloux de sa relation amoureuse naissante avec Zhengjeng.

Comment ne pas tomber amoureux d’une si belle femme aux longs cheveux blonds, vêtue de peau de bête et dont le soutien-gorge n’a pas de bretelle sur l’épaule gauche ? L’érotisme (soft, très soft) était à la mode dans ce milieu des années 1970. On ne verra jamais la poitrine d’Evelyne Kraft (qui tournera la même année un autre film pour la Shaw Brothers, Deadly angels, un pastiche de la série Drôles de dames), tout juste fugacement quand Lu Tien tente d’abuser d’elle. En revanche, sa peau est filmée sous toutes les coutures, essentiellement en gros plan. La scène la plus chaude du Colosse de Hong Kong est celle où elle se fait mordre par un serpent. Puis, Zhengjeng suce sa cuisse pour aspirer le venin. Une fois King Wong capturé et embarqué sur un cargo pour Hong Kong, Zhengjeng demande à Wei de se vêtir de vêtements occidentaux (une robe quoi) mais jamais elle ne le fera. Une fois arrivée dans l’archipel, elle garde ses peaux de bêtes et se promènera partout en ville dans sa courte tenue. Puis, c’est l’ex fiancée de Zhengjeng (celle qui l’avait trompé avec le frérot) qui va tenter de s’accaparer le héros. Wei en sera jalouse quand elle les verra s’embrasser à la TVB (la chaine de télé de la Shaw Brothers, un peu de pub gratuite ne fait pas de mal). Le scénario va suivre celui de King Kong et le gorille géant va grimper sur le plus haut gratte-ciel de Hong Kong dans un final où toutes les maquettes vont exploser et prendre feu.

Le Colosse de Hong Kong (The Mighty Peking man, 猩猩王, Hong Kong, 1977) Un film de Ho Meng-hua avec Danny Lee, Evelyn Kraft, Ku Feng, Lam Wai-tiu, Siu Yiu, Chen Ping, Norman Chu, Ng Hong-sang.

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