vendredi 13 mai 2011

I love Hong Kong


Après le succès de 72 tenants of prosperity, la Shaw Brothers et TVB se lancent à nouveau dans la comédie du Nouvel An Lunaire avec, comme en 2010, une histoire autour d’un immeuble dans un quartier très populaire. La famille Ng (nom ultra commun, les Dupont de Hong Kong en quelque sorte) doit retourner chez le père (Stanley Fung) qui accueille son fils et sa famille. Le fils Shun (Tony Leung Ka-fai) a fait faillite et n’a plus d’argent pour rester dans les beaux quartiers. Retour à la case popu avec sa femme (Sandra Ng), son fils ainé (Aarif Lee), et leurs deux filles.

Ce changement de classe sociale, ce retour dans cet immeuble sans vue, avec un vis-à-vis continu où tous les voisins sont présents et connaissent tout de la vie de chacun est un échec personnel pour Shun. Pour sa femme, c’est la même chose. Elle doit reprendre son boulot d’esthéticienne. Mais tout a changé en 25 ans et Sandra Ng n’a plus la ligne fine de sa nouvelle patronne qui se plait à l’humilier en public. Elle tente même de devenir doublure cascade dans une série télé en costumes pour gagner un peu d’argent (une des séquences les plus drôles où l’actrice se prend des coups devant les acteurs imperturbables qui rappelle Josephine Siao dans Plain Jane to the rescue).

Le retour de Dragon Cheng (Eric Tsang) après des années d’absence va perturber encore plus Shun. Ils étaient amis adolescents et faisaient ensemble les 400 coups, notamment draguer les jumelles voisines (qui ont bien changé et pris du poids), mais Cheng a trahi la communauté en prenant l’argent de la caisse commune. Le récit est alors ponctué de flashbacks où Shun est joué par Bosco Wong et Cheng par Wong Cho-nam. A cela, il faut ajouter Jing (Anita Yuen), la voisine dont Shun était le petit ami avant de rencontrer Sandra Ng et qui éveille quelques souvenirs quand il va se faire soigner chez elle. Bref, la nouvelle vie des Ng n’est pas un long fleuve tranquille mais leurs malheurs fournissent de jolis moments de comédie au spectateur.

Les gags de I love Hong Kong sont souvent hors du récit global mais certains sont très drôles. Le grand-père Ng reçoit, un soir, la visite d’un contrôleur des allocations, toute la famille se transforme en fantôme pour lui faire peur. Lam Suet fait une parodie de The Mission (la scène de foot avec une boule de papier froissé). La rencontre avec les jumelles 25 ans plus tard devenues laides et qui vont se venger de Shun et Cheng. C’est parfois un festival de grimaces (Wong Cho-nam) en tête, c’est souvent des situations à quiproquos entre Eric Tsang et Tony Leung Ka-fai, mais c’est de l’humour bon enfant, rarement vulgaire puisque la Shaw Brothers veut plaire à tous les publics.

Le film se veut également social puisqu’il parle d’une partie de la population de Hong Kong qui est rarement représentée dans les films : la classe laborieuse. En l’occurrence, les habitants de l’immeuble sont presque tous commerçants de rue, ce qui est interdit. Le fils de Shun est un agent de la ville qui vient sanctionner ces commerçants illégaux, or, il tombe amoureux de la fille de l’un d’eux. I love Hong Kong fait l’éloge de la solidarité, de la compréhension mutuelle et de la solidarité. Le message est délivré pendant tout le film sur tous les tons : dans les situations d’affrontement (discours d’Aarif Lee à son chef pour que les commerçants soient laissés tranquilles), dans les tournures du scénario (des riches arrogants veulent tout racheter pour faire un centre commercial), dans les dialogues (tout le monde se parle, s’engueule puis se comprend) et dans les chansons. Comme on est dans une comédie du Nouvel An Lunaire, on sait que tout finira bien. Et en plus on rit de bon cœur.

I love Hong Kong (我愛香港, Hong Kong, 2011) Un film de Chung Shu-kai et Eric Tsang avec Eric Tsang, Tony Leung Ka-fai, Stanley Fung, Sandra Ng, Aarif Lee, Anita Yuen, Charmaine Sheh, Moses Chan, Wong Cho-nam, Bosco Wong, Mag Lam, Terence Tsui, Wayne Lai, Felix Wong, Michael Miu, Fala Chen, Kate Tsui, Wu Ma, Jaime Chik.

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