dimanche 8 mai 2011

Flaming brothers


Les destins de Wing (Alan Tong) et Ho (Chow Yun-fat) sont liés, à la vie à la mort. Ils se connaissent depuis l’enfance et sont comme des frères. Petits, la pauvreté les pousse à mendier. Une fillette, Hsi (qui adulte sera incarnée par Pat Ha), orpheline comme eux et élevée dans un pensionnat catholique leur apporte chaque jour un bol de riz et les encourage, par ses prières, à rester sur le droit chemin. Un jour, ils voient quelques hommes des triades et Wing déclare qu’il ne veut plus jamais souffrir de la pauvreté et qu’il sera comme eux plus tard.

Des années ont passé, Ho et Wing vivent toujours à Macao (où se déroule Flaming brothers) alors que Hsi a été adoptée à Hong Kong. Ils l’ont perdue de vue et les promesses d’être honnêtes se sont envolées. Les deux hommes, beaux garçons d’ailleurs mais célibataires, sont devenus les jeunes premiers des triades de Macao. Le parrain est Kao (Patrick Tse) qui arbore constamment un cigare et des lunettes fumées sur un beau costume. Kao les laisse diriger un petit quartier mais les surveille de près. Le vieux chef n’a pas envie de laisser trop de place à ces têtes de turc. Le conflit des générations ne fait que commencer.

Wing se voit confier une mission en Thaïlande : acheter des armes à feu et les ramener à Macao. Il doit d’abord gagner la confiance du trafiquant échaudé par une ancienne trahison de Kao. Et justement, quelques hommes arrivent en bateau et cherchent à abattre Wing et son hôte. Cette attaque va les unir dans l’adversité et pour se remettre de leurs émotions, ils vont aller trinquer ensemble. Comprendre, ils vont aller aux putes. C’est là que Wing rencontre Jenny (Jenny Tseng) avec qui il va entretenir des rapports à la fois houleux et passionnés.

Resté à Macao, Ho accompagne un jour son pote Richard (James Yi) à l’école de son fils. Le petit de Richard a fait une bêtise et il doit rencontrer l’institutrice. Ho se rend vite compte que la maîtresse est Hsi, revenue de Hong Kong. C’est devenue une sainte qui fait du bénévolat. Elle est très éloignée de l’univers de Ho. C’est sur un mode comique que leur relation (une idylle qui commence) est montrée. Ho croit bien malin de faire pression (et de la tabasser) sur un vendeur de jouets à qui Hsi a demandé de l’aide. Puis une séquence nous montre Ho faire, très maladroitement, faire du bénévolat dans une maison de retraite où il tente avec Hsi et Richard de jouer un opéra.

Mais les deux frères commencent à s’opposer dans leurs vies. Hsi a réussi à convaincre Ho de quitter les triades et ils ouvrent une petite boutique. Wing revient avec Jenny à Macao et va chercher à se venger de Kao qui veut le tuer. La mise en scène de Joe Cheung est très neutre (trop sans doute) et le scénario de Wong Kar-wai découpe les destins en longues séquences (chaque personnage a vingt minutes pour montrer sa vie). Chacun a une copine qu’il traite de manière différente. Ho devient de plus en plus gentil et Wing de plus en plus violent. Ho quitte le milieu et Wing considère qu’il perd sa loyauté. La bataille contre Kao va les réunir une dernière fois dans un bain de sang.

Il est difficile de ne pas penser aux films de John Woo en regardant Flaming brothers, qui apparait comme une version parodique (certaines scènes ironisent sur le style du cinéaste) de ses polars à flingues. Mais Wong Kar-wai, contrairement à John Woo, ne cherche pas à glorifier cette vie de triades, d’autant que le réalisateur n’arrive pas à sublimer les gunfights. Esthétiquement, le film est très marqué par les années 1980, notamment dans la manière de filmer Alan Tang (par ailleurs producteur) comme un homme fort et fier. Les fringues que portent les personnages, peut-être glamour et classe à l’époque, sont aujourd’hui au-delà du kitsch (au moins John Woo faisait porter à Chow Yun-fat des costards). Mention spéciale à Jenny pour sa robe qui pique les yeux.

Flaming brothers (江湖龍虎門, Hong Kong, 1987) Un film de Joe Cheung avec Chow Yun-fat, Alan Tang, Pat Ha, Jenny Tseng, Patrick Tse, Phillip Chan, James Yi, Norman Chu, Alex Ng, Cheung Chok-chow.

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