mardi 31 mai 2011

Hallucinations (Scared stiff)


Miao (Michael Miu) a un don particulier: celui d’entrer dans les rêves des gens lors de leur sommeil. Régulièrement il va espionner les songes de son colocataire Halley (Eric Tsang). Sauf qu’ils sont bien différents physiquement, Halley est un petit gros à lunettes un peu timide et Miao est un beau gosse qui n’hésite pas à enlever sa chemise. Du coup, quand Halley rêve de filles (et quand le film commence, il en drague trois), il se les fait piquer par Miao. Evidemment, les deux hommes se disputent, d’abord en rêve, puis dans la vraie vie au réveil.

On ne saura jamais ce qu’ils font comme boulot, ni pourquoi ils habitent ensemble, comment ilss e sont connus. Scared stiff n’en est pas à une approximation près. De toute façon, le film se lance dans la comédie fantastique tendance surnaturelle. On ne sait pas d’où vient le don de Miao et un scientifique, le Docteur Hu (Wu Fung) et son assistante Alice (Emily Chu) le prennent très au sérieux. Il est soigné après un grave accident d’auto. Des cambrioleurs se sont emparés de leur voiture pour échapper à la police et Miao a été grièvement blessé.

Premier essai de rêve sur un pauvre fou (Wu Ma) que le docteur cherche à guérir. Dans son sommeil, il rêve qu’il est un chasseur de vampires. La scène est comique. Le fou chasse d’abord des vampires miniatures puis d’autres arrivent, avec des tailles normales et habillés comme dans un film Hammer. Miao est équipé d’une étiquette qu’il montre aux vampires. Dessus une lettre qui indique le groupe sanguin. La séquence tente de verser vers l’horrifique mais elle devient surtout kitsch. Il y a d’autres scènes drôles notamment celle où Halley se fait passer pour robot qui doit obéir aux ordres de Miao.

La deuxième partie du film devient plus policière avec l’arrivée de l’inspecteur Chow (Chow Yun-fat) qui enquête sur la mort d’un de ses collègues. On apprendra assez vite que le flic décédé avait volé de la drogue pour la revendre et que Chow, et certains de ses collègues, cherche à récupérer l’héroïne. Or, il se trouve que Halley était là par hasard. Une chanteuse est également témoin (Anita Mui dans presque son propre rôle). Chow Yun-fat joue donc un méchant assez retors puisque les autres personnages ne savent pas encore qu’il est le méchant. Le film sombre dans le grand guignol sanguinolent (beaucoup de morts) avec une surenchère de violence.

Hallucinations (Scared stiff, 小生夢驚魂, Hong Kong, 1986) Un film de Lau Kar-wing avec Michael Miu, Eric Tsang, Emily Chu, Wu Fung, Chow Yun-fat, Phillip Ko, Yuen Wah, Anita Mui, Wu Ma, Joh Chung-sing, Joh Yin-ling.

vendredi 27 mai 2011

All's well end's well 2011



Comme tous les ans, je regarde le nouvel épisode de All’s well end’s well. Ça fait vingt ans que Raymond Wong Bak-ming capitalise sur cette franchise. Le concept est toujours similaire, le scénario prévisible et la fin connue d’avance, mais je les regarde quand même. L’intérêt du film est l’affiche qu’il propose. Louis Koo, OK, Sandra Ng est absente cette année, Donnie Yen qui sort un peu de ses rôles de justiciers en costumes traditionnels. Les deux acteurs se retrouvent après Flash point (pas de confrontation de poitrine virile cette fois). Non, All’s well end’s well 2011 marque le retour de Cecilia Cheung après cinq ans d’absence – entre autres.
Cecilia Cheung est Claire, une secrétaire un peu godiche en comparaison avec les autres employées de la boite de cosmétiques où elle travaille. Ses collègues (que des femmes dans cette entreprise) sont toutes interprétées par de jeunes actrices qui essaient de se faire une place dans l’industrie du cinéma de Hong Kong. Claire va devoir travailler avec Master Sammy (Louis Koo), animateur de télé qui donne des conseils de maquillage. Pour mieux vendre son savoir, il se fait passer pour un homo. Louis Koo joue son personnage de manière efféminée mais parvient à ne pas sombrer dans une caricature méprisante. Sammy a été débauché par Dream (Yan Ni), l’épouse de Chan (Raymond Wong Bak-min) à qui il a offert cette boite.
Sammy va faire appel à Arnold Cheng (Donnie Yen). Il y a quelque chose d’assez savoureux à voir la star actuelle du cinéma d’action jouer un vendeur de produits de beauté. D’ailleurs, les scènes où il maquille les femmes qui viennent à son magasin sont filmées comme s’il pratiquait un art martial. Une séquence parodie Ip Man, il fallait s’y attendre. Question cœur, Arnold Cheng est célibataire. Il est amoureux depuis toujours de Mona (Carina Lau), une femme espiègle qui aime lui réserver des surprises. La famille d’Arnold n’est composée que de femmes (caméos de Nancy Sit dans le rôle de sa mère et de Lee Hung-kam dans celui de la grand-mère, cette dernière jouait dans le premier All’s well end’s well). Or quand il prévient qu’il va venir dîner un soir avec quelqu’un, elles sont étonnées et déçues que ce soit Sammy. Elles pensent qu’Arnold est gay. Cela ramène aussi avec certains gags du film originel où Leslie Cheung et Theresa Mo passaient pour des homos.
Le scénario habituel de la franchise peut donc s’amorcer sur les disputes entre les couples. Sammy aimerait que Claire sorte avec le milliardaire Smoothie (Chapman To), alors qu’on sait bien que Claire et Sammy vont tomber amoureux. Dans le même temps, Victoria (Lynn Xiong), l’ex de Smoothie voudrait le récupérer. Chan ne pense qu’à offrir des cadeaux couteux à Dream. Sammy va lui conseiller d’être lui-même et de faire un effort sur son physique. Raymond Wong apparait avec des cheveux sales, affublés d’une prothèse dentaire et d’un gros ventre. Il va faire de la gym et devenir un homme neuf, mais sa tête d'ahuri n'engendre toujours pas plus le rire. Mona et Arnold vont apprendre à se connaitre à nouveau (caméo de Wilson Yip qui a fait la fortune de Donnie Yen). Le film, de manière assez hypocrite, fait l’apologie de la beauté du cœur mais ne vante que la beauté physique.
Les deux cinéastes Chan Hing-kai et Janet Chun sont des habitués de ces sujets de société où les hommes sont plongés dans un univers de femmes. La Brassière plongeait Lau Ching-wan et Louis Koo dans l’univers de la lingerie, Mighty baby (avec les mêmes acteurs), dans celui des accessoires pour bébés. Mais tout cela est produit dans un esprit bien conformiste digne d’un magazine féminin qu’on lirait chez le dentiste. Alors forcément, le film fait rire un peu (surtout le duo Donnie Yen Louis Koo) et tente d’émouvoir avec Cecilia Cheung mais il manque beaucoup de folie, d’autant qu’on n’a du mal à s’émouvoir des affects amoureux de ces gens riches (il faut voir les immenses baraques dans lesquels ils vivent). Il y a vingt ans, la franchise parlait de gens un peu fou fou mais de condition modeste. En 2011, le récit parle de haute bourgeoisie avec en prime un grand nombre de placements de produits. Il parait que la série va s’arrêter, on verra bien à la prochaine vague de comédies du Nouvel An Lunaire.
All’s well end’s well 2011 (至強囍事, Hong Kong, 2011) Un film de Chan Hing-kai et Janet Chun avec Donnie Yen, Carina Lau, Louis Koo, Cecilia Cheung, Raymond Wong Bak-ming, Yan Ni, Chapman To, Lynn Xiong, AngelaBaby, Margie Tsang, Marie Zhuge, Wang Yuan-yuan, Pau Hei-ching, Nancy Sit, Lee Heung-kam, A Duo, Stephy Tang, Xie Nan, JJ Jia, Maggie Li, Wilson Yip.

jeudi 26 mai 2011

Sorties à Hong Kong (mai 2011)

A beautiful life (不再讓你孤單, Hong Kong – Chine, 2011)

Un film d’Andrew Lau avec Shu Qi, Liu Ye, Tian Liang, Feng Dan-ying, Anthony Wong. Sa Ri-na. 121 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 26 mai 2011.





mardi 24 mai 2011

Amours dans la neige


En plein hiver, dans la ville de Sapporo au nord du Japon, Yuriko (Mariko Okada) souhaite passer un week-end avec son compagnon Sugino (Yukio Ninagawa). Leur relation n’est pas au beau fixe, loin de là. Le couple est au bord de l’explosion et ils vont se disputer. Lors d’une promenade au bord d’un lac, il a l’envie de l’abandonner sur la barque et, pourquoi pas, de la tuer. Là, elle lui annonce qu’elle est enceinte. La situation est changée, à 35 ans, elle va devenir mère et Sugino veut assumer cette paternité.

Mais Yuriko n’a plus confiance en lui. Elle choisit d’aller voir son ancien petit ami (Isao Kimura) qui habite dans la ville industrielle de Muroran. Il est responsable du personnel dans une fonderie de métal. Sa vie amoureuse est chaotique. Elle va le voir parce qu’elle pense qu’il n’a pas changé depuis tout ce temps : il était impuissant et elle pense que lui offrir cet enfant serait un cadeau du ciel. A l’hôpital, pour le suivi de la grossesse, elle apprend qu’elle n’est pas enceinte mais que sa grossesse est nerveuse. Elle apprendre la nouvelle à Sugino et retourner voir son ex.

Sa vie va désormais balancer entre les deux hommes aux tempéraments totalement opposés. Sugino est un sanguin, un homme très jaloux surtout depuis qu’elle revoit l’autre homme, un impulsif qui va tenter de rendre jalouse Yuriko en partant en montagne avec trois filles inconnues. Il tourne autour (littéralement) de l’autre homme pour mieux le cerner, pour lui faire peur. L’autre homme est calme mais précis. Il pourrait recommencer sa vie avec Yuriko. Son mariage est un échec, son épouse a fait une fausse couche. Non, il n’est plus impuissant. Sugino qui comptait sur cette défaillance sexuelle pour faire revenir Yuriko vers lui en est vert de rage.

Yuriko compte bien choisir son avenir toute seule. C’est là l’une des grandes forces de ce personnage moderne. Sugino est jaloux de cet homme du passé qui pourrait devenir l’homme du futur de sa copine. Elle a du coup deux hommes, l’un qui serait l’amour charnel, l’autre l’amour platonique. Jusqu’à ce que la donne soit changée et l’évolution des rapports amoureux dans Amours dans la neige n’est jamais fixe. Elle décide de ne pas choisir ce qui rend malade Sugino.

Et puis, il ya cette neige qui commence à tomber, qui va envelopper les personnages lors des promenades quotidiennes en montagne. Tandis que Yuriko et l’autre homme discute, il arrive qu’on ne les distingue presque plus. Cette douceur hivernale ne va pas calmer les sentiments contradictoires et violents que ressentent les personnages mais elle permettra de repartir sur de nouvelles bases.

Amours dans la neige (樹氷のよろめき, Japon, 1968) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Isao Kimura, Yukio Ninagawa.

samedi 21 mai 2011

La Septième malédiction


A peine remis de The Story of Ricky, son chef d’œuvre incontestable, me voilà à regarder La Septième malédiction. 78 minutes de bonheur et cela dès le début avec d’un ponte de la Shaw Brothers (Ni Kuang, scénariste très fécond) qui boit un bon Cognac entouré des Miss Asia 1986. C’est Wong Jing qui produit et il faut s’attendre à voir des jolies filles court vêtues ou avec un t-shirt mouillé. Ni Kuang reçoit chez lui le docteur Yuan (Chin Siu-ho) et son pote Wesley (Chow Yun-fat qui ne fera que de courtes apparitions). Yuan est un aventurier à la Indiana Jones, la référence du film, passionné de magie noire. On lui demande de raconter son histoire.

Tout commence avec sa rencontre avec Tsui Hung (Maggie Cheung), une jeune journaliste à la recherche d’un scoop et qui, en dépit du danger, le suit dans une prise d’otage. Le soir, Yuan est pris de douleurs terribles. Ses jambes lui font mal, ses bras également, les veines ressortent et ses muscles se contractent. Il subit le sort lancé il y a un an par le sorcier Aquala (Elvis Tsui) quand Yuan avait tenté de contrer le sacrifice que le sorcier s’apprêtait à faire : tuer Betsy (Chui Sau-lai), une jeune beauté, fille de l’ancien chef de la tribu. Direction la Thaïlande pour sauver Betsy. Tsui Hung veut le suivre coûte que coûte.

Yuan a déjà eu à batailler avec Aquala. Ce sorcier est très méchant et la magie qu’il utilise est mortelle. Son costume reflète bien sa vilainie : une grande toge noire et un bandeau rouge sur le front. Il cache sous sa toge un monstre, une sorte de bébé embryonnaire qui dévore les victimes. Et il a le pouvoir de réveiller un cadavre momifié aux yeux luisants qui se transforme en un clone d’Alien. Le tout avec des effets spéciaux à l’ancienne et une musique très, très, très angoissante. Fumées, caveaux sordides encombrés de toiles d’araignée, du sang qui gicle. Toute la panoplie du nanar horrifique est dans La Septième malédiction. Pour battre cet affreux jojo, Yuan et Tsui Hung vont recevoir l’aide de Dragon Noir (Dick Wei) qui est amoureux de Besty. Car il faut retrouver l’antidote qui sa trouve au fin fond de la forêt thaïlandaise, cachée dans les yeux d’un Bouddha géant.

Alors bien entendu, il faut apprécier ce film à sa juste valeur. Il est tout à fait possible d’y rire de bon cœur devant les exagérations scénaristiques, le jeu grandiloquent de Elvis Tsui qui tente de défendre un méchant de pacotille, d’autant qu’on lui demande de prendre une voix féminine pour encore plus ridiculiser son personnage. Chen Siu-ho, dans le rôle principal, avec ses lunettes (symbole de l’homme de science qui s’oppose aux forces occultes – le progrès contre la barbarie) est d’une fadeur extrême. Le pauvre n’a joué que dans des films de seconde zone. Enfin Maggie Cheung débutait au cinéma. Certes elle avait déjà jouait dans quelques films. Elle joue la ravissante idiote mais plein de bon sens. Elle se fait prendre au piège chaque fois mais son chevalier servant est là pour la sauver. Elle n’était pas encore la star glamour de Wong Kar-wai, loin de là.

La Septième malédiction (The Seventh curse, 原振俠與衛斯理, Hong Kong, 1986) Un film de Nam Nai-choi avec Chin Siu-ho, Maggie Cheung, Dick Wei, Chui Sau-lai, Elvis Tsui, Chow Yun-fat, Sibelle Hu, Fairlie Ruth Kordick, Ken Boyle, Ni Kuang, Wong Jing, Kara Hui, Kurata Yasuaki.

jeudi 19 mai 2011

Happy together



Comme Chungking Express, je n’avais pas vu Happy together depuis sa sortie modeste entre Noël et le Jour de l’an en cet hiver 1997. Wong Kar-wai avait reçu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1997. Cette année-là est celle de la rétrocession de la colonie britannique à la Chine et c’est tout naturellement que le scénario parle d’un voyage à l’autre bout du monde, loin de Hong Kong, à Buenos Aires et encore plus loin, au Nord aux cascades d’Iguazu ou au sud à Ushuaia. Le but est de fuir sans que l’on ne sache pourquoi les personnages fuient, si ce n’est pour reprendre leur vie à zéro.
Deux amants, une voiture, un lieu désert. Po-wing (Leslie Cheung) et Yiu-fai (Tony Leung Chiu-wai) se disputent. Ils se sont perdus en chemin et n’arriveront jamais à destination. Leur couple ne tient pas la route, mais est-on sûr qu’ils sont vraiment en couple. Ils semblent être deux pôles que tout oppose mais comme un aimant, ils sont complémentaires. Cette première partie de voyage, filmée dans un noir et blanc sépia qui évoque un flash-back. Cette errance, métaphore de l’inconnu avant le rattachement à la Chine, s’interrompt brusquement. Le seul souvenir qu’ils ramènent de ce périple est une lampe qui reproduit la cascade.
Retour en ville après leur première séparation. Une longue série de séparations. Fai fait des petits boulots. Il accueille des touristes asiatiques (les harcèlent plutôt) pour qu’ils viennent dans l’hôtel qui l’emploie. Po-wing lui a piqué tout son fric, il ne peut pas bouger. La couleur est arrivée, couleurs criardes aux teintes chaudes, rouge et jaune. Et un jour, Po-wing revient, leur romance reprend. Ils s’embrassent, ils apprennent à danser le tango, ils se caressent. Po-wing reproche à Fai son boulot minable mais est bien content de profiter de sa paie. Leurs disputes sont quotidiennes. Fai dort sur le canapé, Po-wing dans le lit.
Tout est prétexte à des engueulades. Po-wing se fait tabasser un soir où il va draguer. Mais il est vert de jalousie de Fai. Quand ce dernier va lui acheter une cartouche de clopes, Po-wing s’énerve, les balance à terre et quitte le minuscule appartement en claquant la porte. Fai change de boulot, il bosse dans un restaurant chinois à Buenos Aires. Il appelle au téléphone toutes les cinq minutes Po-wing qui s’est blessé aux mains et ne peut rien faire. Il devient de plus en plus jaloux d’autant que Fai sympathise avec Zhang (Chang Chen), un jeune taiwanais qui bosse avec lui à la plonge.
Happy together est un film entièrement autour du motif de la rupture. Les amours entre les deux hommes sont d’une grande simplicité mais Wong Kar-wai choisit de n’en filmer que les piques d’émotions, que les crises de nerf qui forment leur quotidien. Toujours ensemble parce qu’aucun d’eux ne parle espagnol, mais séparés par la force des choses : lits séparés, horaires différents et surtout, ils ne semblent pas vouloir la même chose. Ainsi après le départ définitif de Po-wing, quand Fai rencontre Zhang avec lequel il n’aura pas d’histoire d’amour, une nouvelle vie pourra commencer ailleurs, avec ce jeune homme sans doute. Cette histoire plus calme, il faut l’imaginer à la fin du film quand Fai part à Taiwan avec comme fond sonore la chanson de Frank Zappa I have been in you, morceau ô combien sexuel.
Happy together (春光乍洩, Hong Kong, 1997) Un film de Wong Kar-wai avec Tony Leung Chiu-wai, Leslie Cheung, Chang Chen.

mardi 17 mai 2011

Chungking Express


Je crois que je n’aime pas les films de Wong Kar-wai. C’est pour ça que je n’ai pratiquement jamais commenté son œuvre, si ce n’est As tears go by et quelques films dont il avait écrit le scénario. Donc, 17 ans après, je tente à nouveau de regarder Chungking Express. C’était le premier film de Wong Kar-wai à sortir en salles en France. L’histoire de son tournage rapide pendant les poses de celui des Cendres du temps, son wu xia pian qui l’épuisa. Un scénario improvisé filmé dans très peu de décors avec ses fidèles interprètes autour de deux histoires d’amour basiques.

Deux histoires, la nuit (Brigitte Lin et Takeshi Kaneshiro) et le jour (Faye Wong et Tony Leung Chiu-wai), les hommes sont des policiers et viennent tous les jours manger au restaurant d’un quartier populaire que tient Piggy Chan qui vante toujours les qualités de ses serveuses aux garçons célibataires (en tout bien tout honneur). Ils viennent manger là tous les jours et la voix off de Kaneshiro indique que dans quelques heures il va tomber amoureux de Brigitte Lin puis celle de Faye Wong avertit qu’elle va tomber amoureuse de Tony Leung Chiu-wai.

Le récit ne sera donc pas la force première du film puisque même les protagonistes annoncent ce qu’il va se passer. L’important c’est les images, les plans, les clichés, d’aller vite quitte à ne rien raconter. Le film est constitué d’une suite de détails qui forment la psychologie des personnages, dans une idée de scénario impressionniste. Le problème majeur du film est de se rappeler tous ces détails pour en avoir une vision globale. L’aspect visuel dans la scène d’ouverture où Takeshi Kaenshiro court après quelqu’un, dans un accéléré ralenti, accentue cet aspect impressionniste avec ses touches de couleurs bleues.

Brigitte Lin est blonde aux cheveux longs, lunettes de soleil constamment sur le nez. Elle organise un trafic de cocaïne avec des Indiens comme mulets. Les Indiens la planteront à l’aéroport. Valerie Chow est l’ex de Tony Leung Chiu-wai. Elle est hôtesse de l’air. Dans l’appart de Leung, ils jouent ensemble à des jeux sensuels où il fait atterrir sur le dos nu de sa copine des avions miniatures. Faye Wong est brune aux cheveux courts, lunettes de soleil qui tombent sur son nez. Elle lance des petits regards furtifs sur Leung. Elle passe ses journées à écouter dans le restau California Dreamin’ à fond. Elle rêve de partir en Californie et va devenir hôtesse de l’air. Tout cela forme une allusion au désir de quitter Hong Kong alors que la rétrocession se prépare.

La musique comme moyen d’évasion est là. A la fin du film, après avoir entendu des dizaines de fois California Dreamin’, on n’en peut plus. Brigitte Lin écoute dans le bar de son ex (Christopher Doyle), toujours la même chanson sur le juke box. Dans le restau, un Indien se sert d’une carotte comme micro et chante. Les voix off participent de cette ambiance sonore où chacun exprime ses pensées en s’inventant un avenir meilleur qui passerait par le sentiment amoureux. Le personnage de Tony Leung Chiu-wai parle chez lui tout seul. Il s’adresse à son savon, aux petits avions, aux peluches qu’il peigne. La parole est libérée mais n’est jamais entendue.

Le sur-place des personnages est un fait. Leung est souvent assis, en tenue de flic au restau avec ses collègues, en slip et débardeur blancs chez lui. Takeshi Kaneshiro aime au contraire courir et attend de fêter son anniversaire le 1er mais 1994. Il ne peut pas rester en place et quand il s’amourache de Brigitte Lin, il balance vers l’inconnu pour abandonner la routine. Chaque jour, il achète une boîte de conserve d’ananas qu’il mangera toutes d’un coup, un soir de déprime. Faye Wong a la clé de l’appartement de Tony Leung. Chaque jour, secrètement, elle va chez lui et déplace les objets, remplace le vieux savon, nettoie le sol, ajoute des poissons dans l’aquarium. Tony Leung Chiu-wai ne s’en apercevra pas, coincé qu’il est dans sa vie routinière.

Le mouvement et la vitesse est la marque de fabrique de Wong Kar-wai. De manière superficielle, c’est vrai. Mais, il filme l’ennui de ses personnages, leur alanguissement, leur petite vie faite de creux. Il développera ces motifs plus encore dans Les Cendres du temps son film de sabres où rien ne se passe, où rien n’évolue, dans In the mood for love où les seules choses qui bougent sont les costumes de Maggie Cheung. Wong Kar-wai est le cinéaste de l’impuissance et de l’absence de volonté.

Chungking Express (重慶森林, Hong Kong, 1994) Un film de Wong Kar-wai avec Takeshi Kaneshiro, Brigitte Lin, Tony Leung Chia-wai, Faye Wong, Valerie Chow, Piggy Chan, Kwan Lee-na, Wong Chi-ming, Leung San, Joh Chung-sing, Lynne Langdon.

samedi 14 mai 2011

What women want


Andy Lau, via sa société de production, a choisi de faire le remake de Ce que veulent les femmes de Nancy Meyers. On passe Chicago à Pékin, Andy Lau remplace Mel Gibson et Gong Li prend le personnage d’Helen Hunt. Sun Zigang est le directeur du secteur création d’une grosse boîte de publicité. En quadragénaire macho, divorcé et père d’une adolescente qui commence à fréquenter des garçons, il est persuadée d’être adoré par toutes les femmes de sa boîte. Son arrivée au bureau chaque matin suit le même rituel, il matte les culs des gonzesses, sourit ici et là, oublie le prénom d’une secrétaire, pique le journal d’une autre avant d’entrer dans son bureau où deux jumelles lui tiennent d’assistantes, c'est-à-dire que leur boulot le plus dur est de l’éventer ou de le masser.

Ce matin-là, il drague dans l’ascenseur une femme, quadragénaire également. C’est Li Yilong. Il ignore qu’elle est venue travailler puisqu’elle devient la supérieure hiérarchique de Sun. Elle résiste à l’arrogance de ses avances, ce qu’il ne comprend pas compte tenu de la grande estime qu’il a de son charme. Un nouveau gros client (la boite de fringues Lotto, une des nombreuses marques présentes dans What women want, film qui pratique sans vergogne le placement de produits) s’apprête à signer un contrat. Mais Li pense que les hommes ne connaissent rien aux femmes. Elle leur donne du travail. Sun le soir chez lui essaie des produits féminins : maquillage, robe, talons hauts (il ne manque que les sextoys). Il n’arrive pas à marcher, tombe dans sa baignoire et s’électrifie.

Un homme normal serait mort, mais Sun détient désormais le pouvoir de lire les pensées des femmes. Il ne comprend pas trop ce qui lui arrive et surtout il se rend bien compte qu’elles le trouvent toutes macho, superficiel et vulgaire. Comme il se trompait le choupinet ! Comment en profiter ? D’abord en piquant les idées auxquelles pense Li et passer aux yeux du patron comme le meilleur créatif. Mais elle est persuadée qu’il l’espionne et ça risque de barder pour lui. Comme il est quand même gentil, il va renoncer à ses pratiques et travailler en équipe avec elle. Deuxième étape, être plus gentil avec les employées et se faire sincèrement apprécier d’elles. Là, il y a du boulot, mais il arrive aussi.

What women want est avant tout une romance entre Gong Li et Andy Lau dont l’issue ne fait aucun doute (il faudra près de deux heures de palabres pour arriver à leur fin). On ajoute un peu de famille. La fille qui veut s’émanciper et coucher avec son petit ami (un crétin macho que Sun remettra à sa place une fois qu’il aura compris qu’être macho c’est mal), le papa de Sun qui se prend pour Pavarotti et qui lui aussi, toute sa vie, n’a pensé qu’à lui. Le vieux monsieur saura aussi s’améliorer. Le film souffre d’un rythme amorphe où les gags sont tous mous. Qui plus est, le passage en Chine n’apporte du point de vue culturel, on reste chez les bourgeois chinois qui ressemblent comme deux gouttes d’eau aux bourgeois américains. Cela ne servait à rien de faire un remake si les spécificités locales sont gommées.

What women want (我知女人心, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Chen Daming avec Andy Lau, Gong Li, Hu Jing, Banny Chen, Yuan Li, Anya, Pan Shuang-shuang, JuJu, Du Juan, Russell Wong, Kelly Hu, Li Cheng-ru, Osric Chau.

vendredi 13 mai 2011

I love Hong Kong


Après le succès de 72 tenants of prosperity, la Shaw Brothers et TVB se lancent à nouveau dans la comédie du Nouvel An Lunaire avec, comme en 2010, une histoire autour d’un immeuble dans un quartier très populaire. La famille Ng (nom ultra commun, les Dupont de Hong Kong en quelque sorte) doit retourner chez le père (Stanley Fung) qui accueille son fils et sa famille. Le fils Shun (Tony Leung Ka-fai) a fait faillite et n’a plus d’argent pour rester dans les beaux quartiers. Retour à la case popu avec sa femme (Sandra Ng), son fils ainé (Aarif Lee), et leurs deux filles.

Ce changement de classe sociale, ce retour dans cet immeuble sans vue, avec un vis-à-vis continu où tous les voisins sont présents et connaissent tout de la vie de chacun est un échec personnel pour Shun. Pour sa femme, c’est la même chose. Elle doit reprendre son boulot d’esthéticienne. Mais tout a changé en 25 ans et Sandra Ng n’a plus la ligne fine de sa nouvelle patronne qui se plait à l’humilier en public. Elle tente même de devenir doublure cascade dans une série télé en costumes pour gagner un peu d’argent (une des séquences les plus drôles où l’actrice se prend des coups devant les acteurs imperturbables qui rappelle Josephine Siao dans Plain Jane to the rescue).

Le retour de Dragon Cheng (Eric Tsang) après des années d’absence va perturber encore plus Shun. Ils étaient amis adolescents et faisaient ensemble les 400 coups, notamment draguer les jumelles voisines (qui ont bien changé et pris du poids), mais Cheng a trahi la communauté en prenant l’argent de la caisse commune. Le récit est alors ponctué de flashbacks où Shun est joué par Bosco Wong et Cheng par Wong Cho-nam. A cela, il faut ajouter Jing (Anita Yuen), la voisine dont Shun était le petit ami avant de rencontrer Sandra Ng et qui éveille quelques souvenirs quand il va se faire soigner chez elle. Bref, la nouvelle vie des Ng n’est pas un long fleuve tranquille mais leurs malheurs fournissent de jolis moments de comédie au spectateur.

Les gags de I love Hong Kong sont souvent hors du récit global mais certains sont très drôles. Le grand-père Ng reçoit, un soir, la visite d’un contrôleur des allocations, toute la famille se transforme en fantôme pour lui faire peur. Lam Suet fait une parodie de The Mission (la scène de foot avec une boule de papier froissé). La rencontre avec les jumelles 25 ans plus tard devenues laides et qui vont se venger de Shun et Cheng. C’est parfois un festival de grimaces (Wong Cho-nam) en tête, c’est souvent des situations à quiproquos entre Eric Tsang et Tony Leung Ka-fai, mais c’est de l’humour bon enfant, rarement vulgaire puisque la Shaw Brothers veut plaire à tous les publics.

Le film se veut également social puisqu’il parle d’une partie de la population de Hong Kong qui est rarement représentée dans les films : la classe laborieuse. En l’occurrence, les habitants de l’immeuble sont presque tous commerçants de rue, ce qui est interdit. Le fils de Shun est un agent de la ville qui vient sanctionner ces commerçants illégaux, or, il tombe amoureux de la fille de l’un d’eux. I love Hong Kong fait l’éloge de la solidarité, de la compréhension mutuelle et de la solidarité. Le message est délivré pendant tout le film sur tous les tons : dans les situations d’affrontement (discours d’Aarif Lee à son chef pour que les commerçants soient laissés tranquilles), dans les tournures du scénario (des riches arrogants veulent tout racheter pour faire un centre commercial), dans les dialogues (tout le monde se parle, s’engueule puis se comprend) et dans les chansons. Comme on est dans une comédie du Nouvel An Lunaire, on sait que tout finira bien. Et en plus on rit de bon cœur.

I love Hong Kong (我愛香港, Hong Kong, 2011) Un film de Chung Shu-kai et Eric Tsang avec Eric Tsang, Tony Leung Ka-fai, Stanley Fung, Sandra Ng, Aarif Lee, Anita Yuen, Charmaine Sheh, Moses Chan, Wong Cho-nam, Bosco Wong, Mag Lam, Terence Tsui, Wayne Lai, Felix Wong, Michael Miu, Fala Chen, Kate Tsui, Wu Ma, Jaime Chik.

jeudi 12 mai 2011

Sorties à Hong Kong (mai 2011)

The Detective 2 (B+偵探)

Un film d’Oxide Pang avec Aaron Kwok, Gong Beibi, Jo Kuk, Liu Kai-chi, Patrick Tam, Lam Suet, Wilfred Lau, Xu Zheng-xi, Eddie Cheung. 100 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 12 mai 2011.






mercredi 11 mai 2011

Le Bras armé de la loi 2


Sans être une suite directe, Le Bras armé de la loi 2 reprend les éléments principaux du Bras armé de la loi. Une banque à cambrioler, des gangs de Chinois continentaux, un finale en gunfights dans les rues étroites d’un quartier pauvre. Cette fois, ce sont trois anciens policiers qui sont les protagonistes et non plus de simples quidams venus faire fortune. Tung (Elvis Tsui), King–san (Ben Lam) et Hok-kwan (Yuen Yat-choh) ont été arrêtés pour avoir voulu fuir leur pays et se sont évadés d’un camp de rééducation. Le police par la voix de l’inspecteur Ching (Ng Hoi-tin, déjà présent dans le premier film) leur propose un marché : s’infiltrer dans les gangs de Continentaux pour mieux les surveiller.

Le film repose sur un fait très simple qui est que la colonie britannique pullulait de gangsters issus des frères du continent et le scénario joue sur l’ambigüité qu’un Chinois est forcément mauvais. D’où l’idée d’introduire cette fois des policiers qui ne réclament que la liberté pour héros. Les trois amis vont être guidés dans les bas-fonds des gangs par Big (Alex Man), infiltré depuis treize ans dans le milieu. La confiance met du temps à s’établir. Les gars doivent d’abord faire leur preuve tout comme ils doivent s’adapter à la société de consommation de Hong Kong (là encore, une scène où dans un restaurant en buffet ouvert, ils se servent en abondance des plats). Ils obtiendront leur ticket d’entrée dans la pègre et éliminant Tong et ses hommes venus les racketter.

Ils continuent de faire leurs preuves en humiliant Hing (Kirk Wong), un chef de gang arrogant que tous les autres parrains ne supportent pas et qui voient d’un bon œil sa chute. Et ensuite ils approchent Cheung (Wong Chi-keung), un autre homme d’influence. Leur ascension dans le milieu est fulgurante et elle s’accompagne de la rencontre de filles. King-san sort avec une fille très douce (Yip San) et Hok-kwan avec Diana (Pauline Wong). Les idylles qu’ils mènent n’auront pas le même destin puisque Hok-kwan dans sa grande naïveté se laissera abuser par Diana. Leur histoire met en péril le secret des trois hommes. D’autant que l’inspecteur Ching commence à les trouver encombrants.

Le Bras armé de la loi 2 est plus sanglant que le premier, comme souvent dans les suites, les producteurs veulent toujours augmenter la dose de violence et d’action, et c’est réussi, et avec les frères Mak, on peut être sûr qu’ils ne feront pas dans la dentelle. La scène de torture de Big par la bande de Fu (Kong Lung, déjà présent dans Le Bras armé de la loi mais dans un autre personnage) est assez atroce : on lui tranche la tête à la hache. Le film est surtout porté par Elvis Tsui que je ne savais pas aussi charismatique. Je l’ai tellement vu dans des personnages de mec bourrin qu’il m’a surpris. Son personnage est empreint d’une certaine mélancolie qui fait que ce film est supérieur à l’original.

Le Bras armé de la loi 2 (Long arm of the law II, 省港旗兵續集兵分兩路, Hong Kong, 1987) Un film de Michael Mak avec Alex Man, Pauline Wong, Elvis Tsui, Ben Lam, Yuen Yat-choh, Stephen Chan, Kong Lung, Lee Ying-git, Ng Hoi-tin, Yip San, Kirk Wong, Wong Chi-keung, Shing Fui-on.

lundi 9 mai 2011

Le Bras armé de la loi



Il était dans les gardes rouges à Canton, mais après la fin de la révolution culturelle, Tung (Lam Wai) est venu clandestinement à Hong Kong. Depuis son arrivée en 1979, il a été arrêté plusieurs fois mais toujours relâché. Pour Noël 1983, il veut faire un gros coup en cambriolant une banque et demande l’aide que cinq de ses compatriotes qu’il va faire venir de Chine. Ils sont cinq et doivent traverser la frontière illégalement, de nuit. Après leur gros coup, ils comptent revenir à Canton avec l’idée d’avoir assez d’argent pour subvenir à leur besoin.
A la frontière, la police chinoise ne leur fait pas de cadeaux et l’un d’eux est abattu. La police de Hong Kong ne sera pas plus sympa. Lors du repérage de la bijouterie dans laquelle ils comptaient faire le hold-up, ils font tellement d’allers et retours que les flics les remarquent. Il faut dire qu’un baltringue avaient décidé de cambrioler la même boutique et s’est fait prendre. Ils se font repérer et l’inspecteur Lee (Ng Hoi-tin) veut attraper Tung, Bouboule (Wong Kin), Chung (Kong Lung), Le Coq (Chan Ging), La Mouche (Fong Li). Ils vont devoir se planquer mais veulent tout de même un peu profiter des avantages du capitalisme.
A Hong Kong, ils découvrent un mode de vie qu’ils ne connaissaient pas, et notamment les bordels où chacun va coucher. Cela donne quelques réflexions et situations amusantes comme lorsqu’ils vont au toilettes qui sont aussi grandes que leur appartement à Canton. Tout cela pour se mettre en train avant le hold-up de la bijouterie. Le club des cinq va demander l’aide de Tai (Shum wai), petit escroc qui sert aussi d’indic à la police. Tai demande à Tung de flinguer un flic, ce qui va renforcer encore plus l’agressivité de Lee pour retrouver la bande. Hormis Tung, ce sont tous de braves gars qui sont dépassés par les événements. Le film rend très bien cette confusion où l’innocence se mêle au crime. La police les traque et Tai les arnaque.
Le final du Bras armé de la loi est à ce titre intéressant. Acculés à fuir, la bande de Chinois est poursuivie par la police. L’inspecteur Lee n’hésite pas à user de méthodes brutales et blesse l’un d’eux. Ils atterrissent dans un quartier pauvre de Koowloon où un médecin peut les aider. Cela offre la meilleure séquence du film où les rues étroites forment un labyrinthe complexe où les quatre amis (l’un d’eux meurt) doivent fuir. Ils espéraient une vie meilleure et se retrouvent dans les bas-fonds de la société.
Le Bras armé de la loi (Long arm of the law, 省港旗兵, Hong Kong, 1984) Un film de Johnny Mak avec Lam Wai, Wong Kin, Kong Lung, Chan Ging, Shum Wai, Ng Hoi-tin, Yeung Ming, Wong Wai, Lau On-kei, Ben Lam, Alex Ng, Fong Li, Lam Seung-sam, Chow Ling, Ng Gong, Lau Sun-lun, Wong Suk-fan, Chan Man-kei, Chan Wai-fong, Lau Kwai-chung, Yu Kwok-hung.

dimanche 8 mai 2011

Flaming brothers


Les destins de Wing (Alan Tong) et Ho (Chow Yun-fat) sont liés, à la vie à la mort. Ils se connaissent depuis l’enfance et sont comme des frères. Petits, la pauvreté les pousse à mendier. Une fillette, Hsi (qui adulte sera incarnée par Pat Ha), orpheline comme eux et élevée dans un pensionnat catholique leur apporte chaque jour un bol de riz et les encourage, par ses prières, à rester sur le droit chemin. Un jour, ils voient quelques hommes des triades et Wing déclare qu’il ne veut plus jamais souffrir de la pauvreté et qu’il sera comme eux plus tard.

Des années ont passé, Ho et Wing vivent toujours à Macao (où se déroule Flaming brothers) alors que Hsi a été adoptée à Hong Kong. Ils l’ont perdue de vue et les promesses d’être honnêtes se sont envolées. Les deux hommes, beaux garçons d’ailleurs mais célibataires, sont devenus les jeunes premiers des triades de Macao. Le parrain est Kao (Patrick Tse) qui arbore constamment un cigare et des lunettes fumées sur un beau costume. Kao les laisse diriger un petit quartier mais les surveille de près. Le vieux chef n’a pas envie de laisser trop de place à ces têtes de turc. Le conflit des générations ne fait que commencer.

Wing se voit confier une mission en Thaïlande : acheter des armes à feu et les ramener à Macao. Il doit d’abord gagner la confiance du trafiquant échaudé par une ancienne trahison de Kao. Et justement, quelques hommes arrivent en bateau et cherchent à abattre Wing et son hôte. Cette attaque va les unir dans l’adversité et pour se remettre de leurs émotions, ils vont aller trinquer ensemble. Comprendre, ils vont aller aux putes. C’est là que Wing rencontre Jenny (Jenny Tseng) avec qui il va entretenir des rapports à la fois houleux et passionnés.

Resté à Macao, Ho accompagne un jour son pote Richard (James Yi) à l’école de son fils. Le petit de Richard a fait une bêtise et il doit rencontrer l’institutrice. Ho se rend vite compte que la maîtresse est Hsi, revenue de Hong Kong. C’est devenue une sainte qui fait du bénévolat. Elle est très éloignée de l’univers de Ho. C’est sur un mode comique que leur relation (une idylle qui commence) est montrée. Ho croit bien malin de faire pression (et de la tabasser) sur un vendeur de jouets à qui Hsi a demandé de l’aide. Puis une séquence nous montre Ho faire, très maladroitement, faire du bénévolat dans une maison de retraite où il tente avec Hsi et Richard de jouer un opéra.

Mais les deux frères commencent à s’opposer dans leurs vies. Hsi a réussi à convaincre Ho de quitter les triades et ils ouvrent une petite boutique. Wing revient avec Jenny à Macao et va chercher à se venger de Kao qui veut le tuer. La mise en scène de Joe Cheung est très neutre (trop sans doute) et le scénario de Wong Kar-wai découpe les destins en longues séquences (chaque personnage a vingt minutes pour montrer sa vie). Chacun a une copine qu’il traite de manière différente. Ho devient de plus en plus gentil et Wing de plus en plus violent. Ho quitte le milieu et Wing considère qu’il perd sa loyauté. La bataille contre Kao va les réunir une dernière fois dans un bain de sang.

Il est difficile de ne pas penser aux films de John Woo en regardant Flaming brothers, qui apparait comme une version parodique (certaines scènes ironisent sur le style du cinéaste) de ses polars à flingues. Mais Wong Kar-wai, contrairement à John Woo, ne cherche pas à glorifier cette vie de triades, d’autant que le réalisateur n’arrive pas à sublimer les gunfights. Esthétiquement, le film est très marqué par les années 1980, notamment dans la manière de filmer Alan Tang (par ailleurs producteur) comme un homme fort et fier. Les fringues que portent les personnages, peut-être glamour et classe à l’époque, sont aujourd’hui au-delà du kitsch (au moins John Woo faisait porter à Chow Yun-fat des costards). Mention spéciale à Jenny pour sa robe qui pique les yeux.

Flaming brothers (江湖龍虎門, Hong Kong, 1987) Un film de Joe Cheung avec Chow Yun-fat, Alan Tang, Pat Ha, Jenny Tseng, Patrick Tse, Phillip Chan, James Yi, Norman Chu, Alex Ng, Cheung Chok-chow.

samedi 7 mai 2011

Operation Scorpio


Les amateurs de bodybuilding seront satisfaits tant Operation Scorpio semble conçu pour eux. Shu (Chin Kar-lok) rêve de devenir comme les élèves de Bull (Frankie Chan) qu’il rencontre une nuit où il est poursuivi par les hommes de Wang (Victor Hon), un mafieux qui élimine, avec l’appui de la police, tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Plus encore, c’est Sonny (l’acteur coréen Kim Won-jin), invincible et violent qui est le premier à défendre son cher père.

Shu n’est pas en mesure de se battre, c’est un gringalet. Il est étudiant et il passe son temps à dessiner des bandes dessinées dans lesquelles des super héros vivent des aventures où ils vengent la veuve et l’orphelin. La scène d’ouverture d’Operation Scorpio est justement sur une de ces aventures où Shu tient le premier rôle de ce personnage de redresseur de torts qui vainc tous ses adversaires. Pure imagination. Mais l’enjeu du film sera de faire en sorte que Sonny et Shu s’affrontent et que l’un des deux sorte vainqueur.

Pour arriver à cette fin classique, Shu va passer par la case « jeune fille », en l’occurrence Jade (May Lo), une jeune bonne au service de Wang, grand amateur de la gent féminine. Tellement amateur qu’il s’en fait livrer un grand nombre pour en faire des prostituées grâce à un système de prêt contractés par les pères à des taux exorbitants. La famille ne peut rembourser la dette sauf en acceptant que leurs filles soient louées. Le film n’est pas un pamphlet pour la libération de la femme, d’ailleurs hormis Jade, il n’y pas d’autre personnage féminin.

Shu et Jade doivent s’enfuir au grand dam du père de Shu qui houspille son rejeton. Ils vont trouver refuge che Yi (Liu Chia-liang) qui tient un restaurant. Shu apprendra à cuisiner les nouilles, ce qui n’est pas aussi simple qu’il l’aurait cru : soulever les lourds et brûlants woks, les manier avec adresse pour faire sauter les ingrédients. Shu cuisine toute la journée ce qui constitue un entrainement de premier ordre, mais dont il n’est pas conscient. Il ne sait pas que maître Yi est un expert en kung-fu. Moi si, j’ai reconnu Liu Chia-liang.

Dans le même temps, Shu s’est inscrit à l’école de Bull. Il faut dire que voir ces acteurs bodybuildé, en petits shorts et débardeurs blancs, à qui des vestales européennes apportent de la viande à manger (un secret de force selon Bull qui regrette que les Chinois ne mangent que du riz), a quelque chose de très comique puisqu’on est dans le kitsch. Le décorateur a eu le bon goût de placer un statue d’athlète grec nu au milieu du jardin. Mais tout cela est un comique involontaire.

Operation Scorpio se déroule au début du 20ème siècle et fait se confronter deux civilisations, l’orientale et l’occidentale. Chacune apporte ses valeurs mais celles de Yi, qui entend défendre la tradition familiale, la loyauté et le travail apparaissent plus fécondes que celles des gros muscles ridiculisés par une imagerie moqueuse. Quand Shu devra se battre une dernière fois contre Sonny, ce sont les leçons de Yi qui lui permettront de gagner. Le clou du combat consiste à voir Sonny pratiquer le kung-fu du scorpion et Shu celui de l’anguille. Le film se termine donc sur un éclat de rire devant cette séquence gentiment grotesque.

Operation Scorpio (蠍子戰士, Hong Kong, 1992) Un film de David Lai avec Chin Kar-lok, Liu Chia-liang, May Lo, Kim Won-jin, Wu Fung, Victor Hon, David Lo, Frankie Chan, Yuen Shun-yi, Tiffany Lau, Lawrence Lau.

jeudi 5 mai 2011

Sorties à Hong Kong (mai 2011)

Punished (報應)

Un film de Law Wing-cheong avec Anthony Wong, Richie Ren, Maggie Cheung Ho-yee, Janice Man, Lam Li, Candy Lo, Charlie Cho, Jun Kung. 94 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 5 mai 2011.






mercredi 4 mai 2011

La Ballade de l'impossible


Tous ses camarades étudiants manifestent contre la présence des soldats américains à Okinawa (La Ballade de l’impossible commence en 1967) mais Watanabe (Kenichi Matsuyama) promène son air triste au milieu de la manif sans même les regarder. La scène d’ouverture le montrait adolescent dans une ville de province en compagnie de ses meilleurs amis, Kizuki (Kengo Kora) et Naoko (Rinko Kikuchi). L’ambiance est heureuse, ses deux amis flirtent ensemble, mais Kizuki se suicide un jour laissant sa copine désespérée. Watanabe décide de partir à Tokyo.

Sa vie à l’université est rythmée de manière très simple. Il fait de la natation, passe ses nuits à lire ce qui ne lui permet pas d’être en forme la journée. Et c’est à peu près tout. Il faudra qu’il rencontre Nagasawa (Tetsuji Tamayama), beau gosse à la mode et séducteur de filles devant l’éternel. Il va initier Watanabe à la chair et ce dernier va aimer ça. Un jour, il va revoir Naoko qui est venue à Tokyo. Ce qu’elle ignore, mais comprendra vite, est que Watanabe a toujours été amoureux d’elle.

Mais depuis la mort de Kizuki, elle ne va pas bien. Elle est si perturbée qu’on a décidé de la faire vivre à la campagne loin du monde, loin de toute agitation et surtout loin de tout ce qui pourrait lui rappeler ce funeste souvenir. Naoko est surveillée par un psy, Reiko (Reika Kirishima) qui accepte que Watanabe vienne lui rendre visite mais elle n’autorise pas à ce qu’ils se trouvent seuls ensemble. Ils vont ensuite s’envoyer des lettres pour garder le contact, mais une histoire d’amour par correspondance est une chose difficile à faire survivre pour un premier amour. Watanabe rencontre au même moment, à la fac, Medori (Kiko Mizuhara) avec qui il couche et entame une relation amoureuse tout en pensant constamment à Naoko, alors même que les caractères des deux jeunes filles sont très opposés.

Au fil des saisons, le mal être des personnages va être scruté par Tran Anh Hung avec la complicité de la musique sombre de Johnny Greenwood qui scande régulièrement les images ultra léchées des harmonies de cordes. Cela tombe très régulièrement dans le ridicule comme dans une scène de sexe bleutée ou quand Watanabe hurle sa déprime à grand coups de morve au nez après la mort de Naoko. La mise en scène semble se contenter de filmer de belles images (la forêt, la neige, des gros plans des visages) avec de lents travellings ostentatoires. Au bout d’un moment (car en plus le film dure plus de deux heures), j’avais envie de crier qu’il devrait poser un peu sa caméra.

La Ballade de l’impossible (Norwegian wood, ノルウェイの森, Japon, 2010) Un film de Tran Anh Hung avec Kenichi Matsuyama, Rinko Kikuchi, Kiko Mizuhara, Tetsuji Tamayama, Kengo Kora, Reika Kirishima, Eriko Hatsune, Shigesato Itoi, Haruomi Hosono, Yukihiro Takahashi.

lundi 2 mai 2011

The Stool pigeon en dvd et bluray


Il est bien de le signaler : Wild Side après des mois d’abstinence (sauf en VOD) revient proposer quelques films de Hong Kong. Bien entendu, l’événement de ce printemps est la sortie en salles de Detective Dee de Tsui Hark (plus de 170000 spectateurs à l’heure où j’écris ces lignes, c’est bon). Mais aussi trois films en DVD et BluRay. Le premier Triple tap de Derek Yee, retitré Shooters, est un peu dispensable, en tout cas bien inférieur à Double tap qu’ils auraient pu sortir en bonus. Le deuxième est le splendide Dream home de Pang Ho-cheung, le meilleur film hongkongais de l’année 2010. Le troisième est The Stool pigeon de Dante Lam, rebaptisé cette fois The Insider (ont-ils vraiment besoin de mettre un titre anglais pour remplacer un titre anglais ?). The Stool pigeon a reçu le Hong Kong Film Award du meilleur acteur en primant Nicholas Tse. J’espère que Wild Side, comme d’autres sociétés d’éditions, vont continuer à sortir quelques films récents de Hong Kong. Il y en a quelques uns, je peux en témoigner.