lundi 11 avril 2011

Flamme et femme


Tourné la même année que Passion ardente, sur un thème proche, Flamme et femme ajoute deux autres personnages au couple classique. Tatsuko (Mariko Okada) et son époux Shingo (Isao Kimura) ont eu un garçon Takashi il y a un an et sept mois. Parce que le mari était stérile, ils ont eu recours à l’insémination artificielle. C’est justement un ami du couple qui a permis à Tatsuko de tomber enceinte. Ce médecin, Sakaguchi (Takeshi Kusaha) vit avec le souvenir de la fausse couche de sa femme Shina (Mayumi Ogawa), souvenir douloureux qui semble ne pas avoir affecté Shina. Mais ça n’est qu’une apparence. Tous les quatre vont se retrouver chez Shingo qui a invité le couple. Et c’est à un dérèglement général que vont subir les deux couples.

Tatsuko veut savoir qui a pu lui donner son sperme, elle s’interroge sur le rôle de son époux dans le rôle de père. Dès le lancement du film, on la voit embrasser un homme barbu à lunettes sous un arbre, sans que l’on sache de qui il s’agit. Puis cet homme revient régulièrement. Il conduit torse nu un tracteur, Tatsuko le voit plusieurs fois, mais ça n’est pas toujours le même homme. Immédiatement, Flamme et femme nous plonge dans l’univers mental, et de plus en plus détraqué, des personnages. Tatsuko ne cesse de torturer son époux en lui affirmant qu’elle seule possède son fils, que le mari n’est pas son père et elle se met à soupçonner le médecin d’être le donneur. Puis c’est Shina qui agit étrangement. Elle prend des photos de tout le monde et notamment de Tatsuko et Sakaguchi qui discute lors d’une promenade. Sa présence devient malsaine et « enlève » l’enfant qui a marché jusqu’à la route créant un trouble dans le couple parental.

Pour créer cette atmosphère qui frise le fantastique et développe à la fois angoisse (qu’est devenu le petit Takashi) et interrogation (cela arrive-t-il vraiment ?) utilise des méthodes très simples. Car finalement on se demande vraiment si ce qui arrive est vrai. Les flash-back sont intercalés dans les scènes qui se déroulent dans le temps présent sans qu’on arrive à les différencier. Puis ce sont les scènes de fantasme et oniriques qui vient s’incruster dans le récit. Film gigogne où s’imbrique les niveaux de récit, Yoshida va à l’épure. Visuellement, jamais il n’a filmé des décors aussi nus dans une lumière de plus en plus blanche où se mêle des effets de miroir et de troubles (les rideaux font écran). Il supprime pratiquement toute musique et place de nombreuses scènes dans un silence absolu qui est soudain brisé par des disputes entre les personnages. Cela conduit à un film à l’étrangeté fascinante.

Flamme et femme (炎と女, Japon, 1967) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Isao Kimura, Mayumi Ogawa, Takeshi Kusaka, Kazuo Kitamura, Toshiyuki Hosokawa, Kyôko Aida, Misao Hayase, Kikuo Kaneuchi, Yukio Kubota.

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