vendredi 18 février 2011

Les Guerriers du temps


1632, l’Empereur tance son fidèle chevalier Ching (Yuen Biao) de n’avoir pas su arrêter Fung San (Yuen Wah) qui a assassiné une de ses concubines. La colère de l’Empereur est radicale puisqu’il souhaite la tête de Ching. Par clémence, il donne vingt jours pour qu’il lui ramène Fung San. L’ancien condisciple de Ching a mal tourné. Elevés ensemble, Fung San s’est tourné du côté obscur du kung-fu. Il a acquis une force démesurée qui semble supérieure à celle de Ching, pourtant très aguerri. Les deux hommes vont se battre dans les neiges du Tibet près du trône de Samsara dont Fung San veut s’emparer pour asseoir sa domination. Ils se battent à l’épée, se blessent et disparaissent au milieu des neiges éternelles.

1989. Une expédition de scientifiques chinois arrivent sur les lieux et découvrent les deux chevaliers dans un bloc de glace. Les corps sont parfaitement conservés. Le comité de savants décide d’aller aux Etats-Unis faire étudier les momies. De manière assez opportuniste, le film montre l’angoisse des scientifiques suite aux événements de Tien An Men mais leurs propos sont injurieux envers le gouvernement. L’un d’eux suggère d’aller d’abord à Hong Kong pour visiter un cabaret de luxe (ben tiens !) faisant preuve d’un grand esprit rationnel. Dans l’entrepôt, des voleurs veulent s’emparer des corps. Leur maladresse fait qu’ils se réveillent et les voilà libres mais perdus dans le futur. On n’entendra plus jamais parler des scientifiques sans doute restés faire un karaoké.

La meilleure partie des Guerriers du temps se situe là, quand Ching rencontre Paula (Maggie Cheung), jeune poule qui a du mal à rembourser une dette à son mac. Ching prend sa défense en ignorant qu’elle se prostitue. Venu d’une époque ancienne et chevaleresque, il s’exprime dans une langue désuète et ne comprend pas les mots modernes. Son rapport avec les femmes, et donc avec Paula, est prude. Il refuse d’avoir le moindre contact avec elle car cela ne se fait pas. Ching va être pris dans les embuches de la vie moderne, à la manière des personnages des Visiteurs de Jean-Marie Poiré, il va prendre la cuvette des toilettes pour une fontaine, il va discuter avec les gens à la télévision et comprendre que l’Empire Ming est fini en regardant une extrait de Princess Chang Ping de John Woo.

Paula va faire de Ching son domestique. Elle lui fait croire qu’en 1989, les femmes dominent le monde. Il va lui préparer ses repas qu’elle mangera avec ses amies pendant qu’elles jouent au mahjong. Elle ne lui a toujours pas dit la vraie nature de son activité et se sert de lui pour escroquer ses clients en utilisant sa force. Pendant ce temps-là, Sun Gang s’est très bien adapté. Sa mauvaise nature l’a forcément fait rentrer dans une triade où il vole des bijoux. Son appétit sexuel le fait un jour rencontrer Paula. Elle espère encore une fois que Ching viendra faire peur au client, mais il a découvert le pot aux roses. Bien entendu, Ching va comprendre que Fung San est le client de Paula et venir l’aider.

La dernière partie des Guerriers du temps est consacrée à l’affrontement entre Ching et Fung San. Une poursuite en moto (pour Fung San) et cheval (pour Ching), une baston sur une voiture dans les airs au dessus de l’eau, puis un combat autour du trône de Samsara justement retrouvé et qui fait l’objet d’une exposition à Hong Kong avec effets lumineux garantis ringards. C’est peu dire que cette dernière partie est longue. D’autant que Clarence Fok n’est pas l’homme le plus doué et le plus subtil des réalisateurs. Il y a à boire et à manger dans ce film conçu pour mettre en vedette Yuen Biao dans un rôle de chevalier au grand cœur. Qu’il s’adjoigne les services de Maggie Cheung, parfaite dans son rôle de ravissante manipulatrice montre qu’à l’époque, l’acteur cherchait à concurrencer Jackie Chan sur son propre terrain, la comédie d’action romantique. Il réussit partiellement.

Les Guerriers du temps (The Iceman cometh, 急凍奇俠, 1989) Un film de Clarence Fok avec Yuen Biao, Yuen Wah, Maggie Cheung, Lam Cheung, Frankie Ng, Tai Bo, Wong Jing.

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