dimanche 27 février 2011

Symbol


Une voiture vient du fin fond du désert dans la poussière. Au volant, une bonne sœur clope au bec. Elle va chez son frère, catcheur mexicain, masque sur le visage. Il l’attend pour aller combattre. Symbol, le nouveau film de l’animateur amuseur de la télévision japonaise Hitoshi Matsumoto est encore plus maboule que Dai Nipponjin, projeté en 2007 à la Quinzaine des Réalisateurs et toujours inédit en France. Il commence son nouveau film avec des personnages hauts en couleur dont cette nonne qui conduit vite et qui jure comme un charretier quand les autres conducteurs lambinent. On a un peu l’impression d’être dans un film de Robert Rodriguez avec cette petite ritournelle de personnages connotés (la nonne, le catcheur) placés dans des situations décalées.

Passée cette introduction mexicaine à l’ambiance chaude, le film se transporte dans une pièce blanche où un homme (Hitoshi Matsumoto) est étendu là en pyjama jaune à pois rose et bleus. L’absence totale de transition étonne et l’homme, dont on ne connaitra jamais le nom, ne sait pas ce qu’il fait là. Et moi non plus. Apparemment, il n’existe pas de porte de sortie. Et tout à coup, une légère protubérance pousse sur le mur. L’homme s’en approche, regarde bien, ça ressemble à un petit sexe. Il appuie dessus et, après un petit son vocal, des anges apparaissent dans la pièce. Puis, ils s’enfoncent dans le mur et seuls leurs sexes dépassent. Et l’homme comprend que chaque fois qu’il appuie sur un sexe, un objet apparait. Une jarre, des baguettes, un bonzaï, une brosse à dents ou encore des sushis.

La pièce se remplit peu à peu. De temps en temps, les anges lui font une blague : de l’eau tombe sur sa tête, on lui pète au nez. Et parce qu’ils sont très taquins, ils lui montrent qu’il existe une porte mais il n’as jamais le temps d’y accéder. Et il faudra une clé pour ouvrir la porte. Dès lors, c’est une partie de casse-tête que l’homme doit résoudre, ce qui occupera une bonne partie du film. L’homme est désespéré car il ne comprend ce qui lui arrive mais cela crée des situations cocasses et drôles. Il pourrait sombrer dans la folie, on le comprendrait, mais on esprit va démultiplier ses capacités. De temps en temps, on retourne au Mexique où le combat de catch a commencé filmé de manière vive. Le lien entre les deux lieux sera finalement révélé.

C’est un film fou où les dialogues sont rares et organiques. L’homme parle peu, il supplie les anges de lui fournir les objets nécessaires à sa survie et son évasion. Hitoshi Matsumoto doit sans doute parler de quelque chose : de la société de consommation, de Dieu, de la solitude. Les deux parties sont réussies. Mais c’est l’idée de cette grande pièce blanche ressemble à un purgatoire. Finalement, on ne saura rien de la raison pour laquelle l’homme est ici. Cet énigme irrésolue jusqu’au bout et qui, pour le coup, se complexifie encore plus au fur et à mesure du film. Personnellement, je n’ai pas d’explication. En revanche, son sens aiguisé de l’absurde est passionnant. Symbol est par ailleurs bien plus maitrisé que Dai Nipponjin.

Symbol (しんぼる, Japon, 2009) Un film de Hitoshi Matsumoto avec Hitoshi Matsumoto, David Quintero, Luis Accinelli, Lilian Tapia, Adriana Fricke, Carlos C. Torres, Ivana Wong, Arkangel De La Muerte, Matcho Panpu, Dick Togo, Salam Diagne.

mercredi 23 février 2011

God of gamblers Part III : Back to Shanghai


Toutes les franchises qui ont un grand succès ont un grand nombre de suite et God of gamblers, création de Wong Jing, en est l’un des meilleurs exemples. Personnellement, je ne comprends toujours pas les règles du poker ou du black jack, mais dans God of gamblers Part III : Back to Shanghai, le jeu n’a plus beaucoup d’importance. Stephen Chow et Ng Man-tat sont là pour amuser, divertir et faire rire les spectateurs. Le film y réussit parfois et on se prend, avec le recul, à voir certains gags des films réalisés par Stephen Chow dans une version ici brutes, non taillés.

Dans cette variation, Sing, le Saint des joueurs (Stephen Chow) a acquis une telle force de concentration qu’il parvient à faire ses déplacer les objets et à pratiquer l’hypnose. Seulement voilà, ses ennemis ont également acquis un tel pouvoir et sont capables de voyager dans le temps. Sing se retrouve avec Fook (Ng Man-tat) à Shanghai en 1937. Ils atterrissent au beau milieu d’un champ où Sing tombe immédiatement amoureux d’une jolie jeune femme habillée de blanc qui se promène sur son cheval. Il l’appelle mais elle ne répond pas, il l’a suit et découvre qu’il n’est pas du tout à Hong Kong et encore moins en 1991.

Débarqués en ville, les deux compères qui ne comprennent pas bien ce qu’il leur arrive, rencontrent Yu-san (Gong Li) qui se trouve être la jeune fille au cheval. C’est la fille du maire de Shanghai. Ils rencontrent aussi Ding Lik (Ray Lui) qui passe du rôle de Parrain de Hong Kong à celui de parrain de Shanghai. Il tient une maison de jeux dans la concession française et une méchante japonaise – évidemment – (Wong Wang-si) veut s’accaparer de sa boîte. On reconnait ici les emprunts aux classiques du cinéma anti-japonais. La Japonaise se fait aider dans ses basses besognes par Tai Kun (John Ching), lui aussi venu du futur et qui a la force mentale de deviner à l’avance les cartes gagnantes. Les parties, sensées être les morceaux de bravoure du film, sont tout de même un peu molles, surtout la finale.

A vrai dire, l’essentiel du scénario consiste à la romance entre Sing et Yu-san. Yu-san ne le reconnait pas et pour cause, c’est sa sœur jumelle retardée Yu-mong qu’il a vue. Sing ne s’en aperçoit pas tout de suite ce qui crée de nombreux quiproquos. Mais il y en a tellement qu’au bout d’un moment, on s’en moque un peu. A cette romance, il faut ajouter celle de Fook avec Spring (Sandra Ng), qui plait à notre cher moustachu malgré sa rudesse d’esprit. Tous les deux vont tenter de faire en sorte que Sing et Yu-san s’unit, mais le temps fait son œuvre et Sing devra retourner dans le présent pour une nouvelle aventure de God of gamblers.

God of gamblers Part III : Back to Shanghai (賭俠II上海灘賭聖, Hong Kong, 1991) Un film de Wong Jing avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Gong Li, Ray Lui, Charles Hung, Sandra Ng, Cheung Man, John Ching, Tien feng, Peter Chan, Yeung Jing-jing, Barry Wong, Wong Wang-si.

lundi 21 février 2011

Monga


La vie de gangster de Mosquito a commencé à cause d’une cuisse poulet. Mosquito (Marc Cho) a rejoint son nouveau lycée du quartier de Monga en 1986 et devient la cible des autres. Un jour, à la pause de midi, le petit caïd du bahut lui pique la cuisse de poulet que sa maman lui avait préparée. Mosquito décide de ne pas se laisser faire mais il est poursuivi. C’est là qu’il force l’admiration de Dragon Lee (Rhydian Vaughan), chef du gang qui va l’accueillir jusqu’à la fin de ses jours. Dragon Lee, chemise ouverte et coiffé d’un mulet dirige la gang du Temple composée de Monk (Ethan Ruan), cheveux rasés et dos tatoué, Monkey (Cai Changxian), petit gars trapu qui aime se battre et Ah-Po (Huang Denghui), le comique de service. Mosquito montre qu’il a du cran, qu’il sait se battre et force l’admiration des quatre autres.

Mosquito n’a que sa mère qui tient un salon de coiffure dans lequel vient le parrain Grey Fox (Doze Niu) qui l’aurait abandonnée des années auparavant. Sa famille de substitution sera donc le gang et son père par procuration sera Geta (Ma Ju-lung). Les débuts sont amusants, Mosquito et ses potes s’amusent, ils se bastonnent avec les autres en souriant jusqu’au jour où au cours d’un repas, un sbire apporte dans un journal un doigt à Geta. Là, Mosquito comprend qu’il est entré dans une organisation qu’il ne pourra jamais quitté, si ce n’est par la mort, et que c’est un univers de violence. Puis, c’est le gang qui décide de punir un jeune qui a violé la copine de Dragon Lee. Monk lui colle les lèvres et les yeux à la glue, mais le jeune meurt. La bande devra s’exiler quelques temps, histoire de leur apprendre la vie. Ce sera leur unique incartade hors du quartier, ils sont enfermés dans leur univers, dans les quelques rues qu’ils contrôlent et ne connaissent rien du reste du monde. Ils sont prisonniers de Monga.

Monga décripte les rites du gang de manière détaillée, proche de l’idée documentaire, non pas pour les glorifier mais pour en pointer le cynisme. La bande est par exemple fascinée par la manière dont les hommes de Grey Fox anticipent chacune de ses demandes. Monga agit comme s’ils n’avaient jamais vu de film de triade, ce qui est possible. Le film évoque également les premiers rapprochements commerciaux avec la Chine de Pékin, comme si Taiwan s’ouvrait pour la première fois au monde et à ses patries cousines. Mosquito et sa bande découvrent comment fonctionne le syndicat du crime. Ils découvrent aussi les femmes en allant au bordel, d’ailleurs tenu par Lu Yi-ching, l’actrice fétiche de Tsai Ming-liang. Mosquito tombe évidemment amoureux d’une pute au grand cœur, Ning (Ke Jia-yan), prisonnière de son bordel à qui Mosquito compte redonner le sourire, alors que lui-même n’inspire pas la joie de vie.

Durant ses 2h20, Monga brasse pas mal de personnages. S’il se désintéresse assez vite du sort de Monkey et Ah-Po, et s’il donne au personnage de Dragon Lee une structure classique de fils de chef, le film devient passionnant dans le destin de Monk, dont il est clairement dit qu’il ne s’intéresse pas aux filles. Son homosexualité latente, jamais avouée, est magnifiée par une image qui filme les corps de ses acteurs (surtout ceux de Monk et Mosquito) au plus près des peaux. Monk est fasciné par Mosquito, il admire sa force de caractère mais le jalouse en même temps. Quand Mosquito tombe amoureux de Ning, la prostituée malgré elle, le comportement de Monk change. Monga, dans sa dernière partie, montre les luttes de pouvoir entre triades et semble tomber dans l’écueil du genre. Cependant, le film offre de manière généreuse son lot d’humour, de larmes, de violence qui explique le succès du film à Taiwan.

Monga (艋舺, Taiwan, 2010) Un film de Doze Niu avec Ethan Ruan, Mark Chao, Rhydian Vaughan, Ke Jia-yan, Huang Denghui, Cai Changxian, Ma Ju-lung, Chen Han-dian, Doze Niu, Ke Shu-qin, Xi Man-ning, Lu Yi-ching.

vendredi 18 février 2011

Les Guerriers du temps


1632, l’Empereur tance son fidèle chevalier Ching (Yuen Biao) de n’avoir pas su arrêter Fung San (Yuen Wah) qui a assassiné une de ses concubines. La colère de l’Empereur est radicale puisqu’il souhaite la tête de Ching. Par clémence, il donne vingt jours pour qu’il lui ramène Fung San. L’ancien condisciple de Ching a mal tourné. Elevés ensemble, Fung San s’est tourné du côté obscur du kung-fu. Il a acquis une force démesurée qui semble supérieure à celle de Ching, pourtant très aguerri. Les deux hommes vont se battre dans les neiges du Tibet près du trône de Samsara dont Fung San veut s’emparer pour asseoir sa domination. Ils se battent à l’épée, se blessent et disparaissent au milieu des neiges éternelles.

1989. Une expédition de scientifiques chinois arrivent sur les lieux et découvrent les deux chevaliers dans un bloc de glace. Les corps sont parfaitement conservés. Le comité de savants décide d’aller aux Etats-Unis faire étudier les momies. De manière assez opportuniste, le film montre l’angoisse des scientifiques suite aux événements de Tien An Men mais leurs propos sont injurieux envers le gouvernement. L’un d’eux suggère d’aller d’abord à Hong Kong pour visiter un cabaret de luxe (ben tiens !) faisant preuve d’un grand esprit rationnel. Dans l’entrepôt, des voleurs veulent s’emparer des corps. Leur maladresse fait qu’ils se réveillent et les voilà libres mais perdus dans le futur. On n’entendra plus jamais parler des scientifiques sans doute restés faire un karaoké.

La meilleure partie des Guerriers du temps se situe là, quand Ching rencontre Paula (Maggie Cheung), jeune poule qui a du mal à rembourser une dette à son mac. Ching prend sa défense en ignorant qu’elle se prostitue. Venu d’une époque ancienne et chevaleresque, il s’exprime dans une langue désuète et ne comprend pas les mots modernes. Son rapport avec les femmes, et donc avec Paula, est prude. Il refuse d’avoir le moindre contact avec elle car cela ne se fait pas. Ching va être pris dans les embuches de la vie moderne, à la manière des personnages des Visiteurs de Jean-Marie Poiré, il va prendre la cuvette des toilettes pour une fontaine, il va discuter avec les gens à la télévision et comprendre que l’Empire Ming est fini en regardant une extrait de Princess Chang Ping de John Woo.

Paula va faire de Ching son domestique. Elle lui fait croire qu’en 1989, les femmes dominent le monde. Il va lui préparer ses repas qu’elle mangera avec ses amies pendant qu’elles jouent au mahjong. Elle ne lui a toujours pas dit la vraie nature de son activité et se sert de lui pour escroquer ses clients en utilisant sa force. Pendant ce temps-là, Sun Gang s’est très bien adapté. Sa mauvaise nature l’a forcément fait rentrer dans une triade où il vole des bijoux. Son appétit sexuel le fait un jour rencontrer Paula. Elle espère encore une fois que Ching viendra faire peur au client, mais il a découvert le pot aux roses. Bien entendu, Ching va comprendre que Fung San est le client de Paula et venir l’aider.

La dernière partie des Guerriers du temps est consacrée à l’affrontement entre Ching et Fung San. Une poursuite en moto (pour Fung San) et cheval (pour Ching), une baston sur une voiture dans les airs au dessus de l’eau, puis un combat autour du trône de Samsara justement retrouvé et qui fait l’objet d’une exposition à Hong Kong avec effets lumineux garantis ringards. C’est peu dire que cette dernière partie est longue. D’autant que Clarence Fok n’est pas l’homme le plus doué et le plus subtil des réalisateurs. Il y a à boire et à manger dans ce film conçu pour mettre en vedette Yuen Biao dans un rôle de chevalier au grand cœur. Qu’il s’adjoigne les services de Maggie Cheung, parfaite dans son rôle de ravissante manipulatrice montre qu’à l’époque, l’acteur cherchait à concurrencer Jackie Chan sur son propre terrain, la comédie d’action romantique. Il réussit partiellement.

Les Guerriers du temps (The Iceman cometh, 急凍奇俠, 1989) Un film de Clarence Fok avec Yuen Biao, Yuen Wah, Maggie Cheung, Lam Cheung, Frankie Ng, Tai Bo, Wong Jing.

jeudi 17 février 2011

Sorties à Hong Kong (février 2011)

What women want (我知女人心)

Un film de Chan Tai-ming avec Andy Lau, Gong Li, Hu Jing, Banny Chen, Yuan Li, Anya, Pan Shuang-shuang, JuJu, Du Juan, Russell Wong, Kelly Hu, Li Cheng-ru, Osric Chau. 116 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 17 février 2011.





mardi 15 février 2011

Vertiges


Le mariage bat son plein. Les hommes boivent jusqu’à s’en rendre malades et les femmes attendent en les regardant. Duyen (Đ Th Hi Yn) est dans sa robe de mariée blanche, Hai (Duy Khoa Nguyn) boit de l’alcool est s’écroule dans le lit en guise de nuit de noces. Le lendemain, ils partent s’installer dans leur nouvel appartement. Hai quitte pour la première fois sa famille, sa mère très envahissante et ses petits frères et sœurs. Il est chauffeur de taxi, elle est guide de musée (elle sait parler anglais). Ils se sont connus trois mois auparavant. Le soir, il revient épuisé de sa journée, parfois rocambolesque comme avec ce client particulier qui passe ses journées à jouer au jeu de hasard et à voir des prostituées. Elle n’a toujours pas consommé le mariage, comme on dit.

Duyen va voir son amie Cam (Linh-Đan Phm), célibataire endurcie. Elle comprend bien que ce mariage commence mal, elle regrette qu’il se soit produit si vite. L’ensemble de la critique a beau jeu de voir dans la relation des deux femmes une attirance de Cam pour Duyen. Pour ma part, je ne l’ai guère sentie. L’affiche française les montre dans une scène de fin de film, nues, or dans cette scène, loin d’être sexuelle, les deux femmes prennent un bain de vapeur pour soigner leur peau. Ce que Cam fait c’est pousser Duyen à aller voir d’autres hommes, à s’épanouir dans la sexualité, à sortir du carcan habituel et répressif de la femme vietnamienne cantonnée à son rôle d’épouse. L’homme s’appelle Thô (Jonn Tri Nguyn), beau gosse à qui elle se refuse.

Thô va embaucher Duyen pour un voyage avec des Japonais. Ils seront accompagnés d’une femme aux cheveux rasés et de sa fille. Cette femme est amoureuse de Thô mais n’a jamais pu avoir une relation saine avec lui. C’est un séducteur, une sorte de gigolo, pas un amant. Dans le même temps, Dai recueille sa jeune voisine, une adolescente espiègle qui fui la violence de son père. Chacun des deux époux va comprendre, à distance l’un de l’autre, que leur mariage est un échec. Ils sont à la dérive, terme qui correspond mieux à la traduction du titre original que vertiges. L’influence du cinéma de Tsai Ming-liang dans Vertiges est constamment présente. Par sa photographie, à la fois léchée et crépusculaire, par ses plans séquence et par le mutisme de certains des personnages. L’eau et les fluides ont une grande importance. Il pleut beaucoup (Dai joue au foot sous la pluie), une inondation a lieu en ville, la jeune voisine rêve d’une baignoire, le voyage au bord de la mer et l’amie de Thô qui se noie. Bien entendu, on pourra dire que Vertiges est un film calibré pour les festivals, mais ce qu’il raconte et sa mise en scène valent le coup d’œil.

Vertiges (Chơi vơi, Viêt Nam – France, 2009) Un film de Bùi Thc Chuyên avec Duy Khoa Nguyn, Jonn Tri Nguyn, Linh-Đan Phm, Đ Th Hi Yn, NSND Như Quỳnh.

dimanche 13 février 2011

A woman a gun and a noodle shop


Un marchand ambulant perse vent ses objets dans une auberge au beau milieu du désert qui attend des clients. La jeune patronne dont on ne saura jamais le nom (Yan Ni) a envie d’acheter un révolver à trois coups. Le marchand vante ses armes et montre le fonctionnement d’un canon à boulet. Au milieu du désert, le coup s’entend tant que cela alerte la police qui vient voir ce qui se passe. Le limier Zhang (Sun Honglei) soupçonne qu’il se passe quelque chose de louche dans l’auberge et que la patronne est sans doute la maitresse de son jeune employé Li (Xiao Shenyang), or l’adultère est passible de mort à cette époque. Elle et Li imaginent alors qu’ils pourraient tuer Wang (Ni Dahong), le vieux mari.

Wang décide alors d’engager Zhang pour tuer les deux amants. Il va corrompre l’homme de la force publique avec une forte somme d’argent. Zhang fait croire au vieil époux qu’il a bien tué l’épouse et Li. Il ramène des vêtements tachés de sang, prend l’argent et tue Wang. Ou au moins le laisse pour mort. Il cherche aussi à récupérer le reste de l’argent dans le coffre mais ne parvient pas à l’ouvrir et s’enfuit. Li voit le cadavre de Wang et va l’enterrer dans le désert avec le révolver. Mais il n’est pas mort et s’empare de l’arme. L’épouse n’est au courant de rien mais les valets, la jeune Chen (Mao Mao) et le gros Zhao (Cheng Ye) ont décidé de voler l’argent vu qu’ils ne voient plus personne à l’auberge.

Il commence son film comme une comédie loufoque avec l’épouse, Li, Chen et Zhao puis une fois le révolver acheté, le récit devient de plus en plus noir. L’huis-clos devient de plus en plus angoissant au fur et à mesure que Zhang plonge dans la folie meurtrière dans son appât du gain. Là où Zhang Yimou est fort est qu’il a réussi à ne pas avoir besoin de musique pour faire des effets de suspense. Il ne joue que sur la lumière, sur les ombres et sur les sons notamment des portes qui grincent, des objets qui tombent et de la sirène des forces de police, sorte de sifflet qu’un cavalier tient et que le vent fait jouer. Mieux que cela, alors que la première partie est très bavarde, la seconde est pratiquement sans dialogues. Là Sun Honglei avec son visage dur et inexpressif s’en sort mieux que Xiao Shenyang qui surjoue dans son personnage de pleutre.

Le scénario de A woman a gun and a noodle shop est inspiré de Blood simple des frères Coen. Il en est un remake officiel déplacé du Texas au désert du Zhangye et c’est un film en costumes traditionnels. Il s’agit donc pour Zhang Yimou de créer un film noir au beau milieu de la Chine. Il reprend quelques unes des scènes les plus célèbres des Coen comme l’enterrement du vieux avec la révolver qui bloque son doigt ou le final avec Zhang qui ricane juste avant de recevoir une goutte d’eau sur le visage. C’est bien entendu une idée étrange de refaire un film comme Blood simple. C’est un exercice de style que le cinéaste réussit à mener jusqu’au bout mais la question de savoir pourquoi il fait un remake reste sans réponse tant il n’amène rien de neuf à l’imagerie du film noir.

A woman a gun and a noodle shop (三槍拍案驚奇, Chine, 2009) Un film de Zhang Yimou avec Sun Honglei, Xiao Shenyang, Ni Dahong, Zhao Benshan, Yan Ni, Mao Mao, Wei Na, Cheng Ye.

vendredi 11 février 2011

Story of Ricky



En 2001, les prisons sont gérées par des sociétés privées qui ont toute liberté pour administrer les prisonniers et le directeur s’en donne à cœur joie. Story of Ricky est donc un film d’anticipation et son réalisateur, également scénariste, imagine ce qui se passerait dans vingt ans. Ricky (Fan Siu-wong) a été condamné à dix ans de prison pour meurtre. Dans deux courts flash-back en milieu de film, on comprendra ce qui s’est passé. La petite amie de Ricky (Gloria Yip) est morte à cause d’un trafiquant de drogue et Ricky s’est vengé. Ces scènes où l’on voit Ricky en petit costume tout sourire gambader dans la nature vaut son pesant de cacahouètes.

Donc Ricky est en prison. On lui explique très vite les règles. Le bâtiment est divisé en quatre parties dirigées par un prisonnier qui est le chef de secteur. Dans le côté où Ricky se trouve, c’est Hoi (Frankie Chan) qui administre. L’homme est costaud et tatoué. Dès l’arrivée de Ricky, ils font régner leurs règles dans la terreur. Ses hommes de main maltraitent un pauvre vieux qui a demandé une liberté conditionnelle. Le vieux a construit une locomotive en bois pour son fils et les méchants prennent son rabot et lui défonce la tête. Ricky arrive et venge la victime en faisant à croche-pied au méchant qui plante sa tête dans un clou. Ricky est devenu l’homme à abattre.

Le sous-directeur, surnommé Serpent Borgne (Fan Mei-sheng, le père de Fan Siu-wong) est à la barre en l’absence du directeur (William Ho) parti en vacances à Hawaii. Gros bonhomme antipathique au possible, il convoque Ricky pendant son repas bien copieux tandis que les prisonniers crèvent la dalle. Ce qui ne les empêche pas d’être tous des gars bien bâtis dont les muscles sont bien apparents sous leurs chemises largement ouvertes. Dans le bureau du sous-directeur, les étagères sont remplies de cassettes vidéo de porno, histoire de bien montrer la vulgarité du monsieur. Il doit son surnom à son œil de verre qui contient des pastilles de menthe et à sa cruauté.

Ricky est battu, foutu au cachot, attaché mais ses blessures guérissent presque aussi vite qu’elles ont été faites par les sbires du sous-directeur. Car Ricky a été éduqué par un maître au qi-gong et sa force est incommensurable. Imaginez qu’il parvienne avec son poing à défoncer l’abdomen des gars les plus costauds dans des giclements de sang d’un gore aussi douteux que bricolé. Evidemment, on rit de bon cœur, Nam Nai-choi s’est amélioré dans les effets depuis La Légende du Phoenix. En revanche, les expressions du gentil mais exagérément musclé aux hormones Fan Siu-wong font sourire. On s’étripe, on fait sauter les cervelles, le méchant Hoi tente d’étrangler avec ses boyaux Ricky. Et puis, il a les autres chefs des trois quartiers qui valent leur pesant d’or.

Il est temps que le directeur revienne dans sa prison pour reprendre le contrôle de la situation. Ricky a fait brûler les plans de pavot qui sont cultivés dans la cour, il faut se rappeler son aversion pour la drogue qui a causé la mort de sa copine. Le directeur arrive son fiston obèse qui tombe sur le tapis rouge qui l’accueille. Le directeur demande qui est responsable et crève un œil au coupable, un prisonnier, à la grande satisfaction du fils. Le directeur va chercher à éliminer Ricky par tous les moyens. Il appelle les chefs de quartier, tente de l’écraser, l’enterre vivant, mais Ricky résiste car il est trop fort. Et surpuissant.

D’une certaine manière, Story of Ricky est un chef d’œuvre dans son genre. C’est un Catégorie III où la brutalité règne en maître, où le gore est, il faut bien le reconnaitre, assez jouissif. Si l’on ajoute à cela que l’on rit beaucoup devant tant de débauche de violence, il est assez nécessaire de voir cet authentique fleuron de film d’action série Z. tout à fait symptomatique de son époque, fait à la va-vite pour faire du fric. Bien sûr, les scènes d’action sont assez médiocres et les acteurs ne sont pas tous très bons, mais c’est somme toute bien plaisant. Dans son genre.

Story of Ricky (力王, Hong Kong, 1991) Un film de Nam Nai-choi avec Fan Siu-wong, Fan Mei-sheng, William Ho, Oshima Yukari, Tamba Tetsuro, Gloria Yip, Phillip Kwok, Lam Suet, Koichi Sugisaki, Frankie Chan, Chan Ging.

mardi 8 février 2011

Nominations des 30èmes Hong Kong Film Awards

La 30ème cérémonie des Hong Kong Film Awards aura lieu le 17 avril 2011. Voici les nominations.

Meilleur film

Detective Dee and the mystery of the phantom flame (Tsui Hark)
Gallants (Derek Kwok et Clement Cheng)
Ip Man 2 (Wilson Yip)
Reign of assassins (Su Chao-pin)
The Stool pigeon (Dante Lam)

Meilleur réalisateur

Tsui Hark (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Derek Kwok et Clement Cheng (Gallants)
Wilson Yip (Ip Man 2)
Su Chao-pin (Reign of Assassins)
Dante Lam (The Stool pigeon)

Meilleur acteur

Tony Leung Ka-fai (Bruce Lee, My Brother)
Chow Yun-fat (Confucius)
Jacky Cheung (Crossing Hennessy)
Nick Cheung (The Stool pigeon)
Nicholas Tse (The Stool pigeon)

Meilleure actrice

Fiona Sit (Break up club)
Tang Wei (Crossing Hennessy)
Carina Lau (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Josie Ho (Dream home)
Miriam Yeung (Love in a puff)

Meilleur acteur dans un second rôle

Deng Chao (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Tony Leung Ka-fai (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Teddy Robin (Gallants)
Wang Xueqi (Reign of assassins)
Liu Kai-chi (The Stool pigeon)

Meilleure actrice dans un second rôle

Bau Hei-jing (Crossing Hennessy)
Mimi Chu (Crossing Hennessy)
Siu Yam-yam (Gallants)
Candy Yu (Once a gangster)
Zhang Jingchu (City under siege)

Meilleur scénario

Lawrence Cheng Tan-shui et Barbara Wong (Break up club)
Ivy Ho (Crossing Hennessy)
Frankie Tam, Derek Kwok et Clement Cheng (Gallants)
Pang Ho-cheung et Heiward Mak (Love in a puff)
Jack Ng Wai-lun (The Stool pigeon)

Meilleur nouvel acteur

Byron Pang (Amphetamine)
Hanjin Tan (Bruce Lee, my brother)
Jing Boran (Hot summer days)
Dennis To (Ip Man 2)
Dennis To (The Legend is born - Ip Man)

Meilleur photographie

Peter Pau (Confucius)
Chan Chi-ying et Chan Chor-keung (Detective Dee and the mystery of the phantom flame) Poon Hang-sang (Ip Man 2)
Jason Kwan (Merry-go-round)
Horace Wong (Reign of assassins)

Meilleur montage

Yau Chi-Wai (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Cheung Ka-fai (Ip Man 2)
Cheung Ka-fai (Reign of assassins)
Chan Ki-hop et Matthew Hui (The Stool pigeon)
Kong Chi-leung (Triple tap)

Meilleurs décors

Silver Cheung (Bruce Lee, my brother)
Lin Chao-xiang et Mao Huai-qing (Confucius)
James Choo (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Kenneth Mak (Ip Man 2)
Yang Bai-gu et Simon So (Reign of Assassins)

Meilleurs maquillages et costumes

Stanley Cheung (Bruce Lee, my brother)
Yee Chung-man (Confucius)
Bruce Yu (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Dora Ng (Legend of the fist: The Return of Chen Zhen)
Emi Wada (Reign of assassins)

Meilleurs chorégraphie des combats

Sammo Hung (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Yuen Tak (Gallants)
Sammo Hung (Ip Man 2)
Donnie Yen (Legend of the fist: The Return of Chen Zhen)
Stephen Tung (Reign of assassins)

Meilleure musique originale

Mak Chun-hung (Break up club)
Peter Kam (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Teddy Robin et Tommy Wai (Gallants)
Kenji Kawai (Ip Man 2)
Peter Kam (Reign of assassins)

Meilleure chanson originale

幽蘭操 (Confucius), Compositeur : Ou Ge, Interprète : Faye Wong
熱辣辣 (Hot summer days), Compositeur : Kubert Leung, Paroles : Francis Lee, Interprète : Jacky Cheung
Here to Stay (Merry-go-round), Compositeur : Jun Kung, Paroles : Jun Kung, Interprète : Jun Kung
劍雨浮生 (Reign of assassins), Compositeur : Sa Dingding, Peng Bo, Paroles : Sa Dingding, Li Muzi, Interprète: Sa Dingding, Wu Tsing-Fong
Have A Good Life (Lover's discourse), Compositeur : Mavis Fan, Interprète : DD Lin

Meilleur son

Wang Dan-rong et Zhao Nan (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Tu Du-chih (Dream home)
Kinson Tsang et George Lee Yiu-keung (Ip Man 2)
Kinson Tsang (Legend of the fist: The Return of Chen Zhen)
Kinson Tsang (The Stool pigeon)

Meilleurs effets visuels

Lee Yong-gi et Nam Sang-woo (Detective Dee and the mystery of the phantom flame)
Henri Wong (Ip Man 2)
Ho Pui-kin, Leung Wai-kit, Andrew Lin Hoi, Yuen Fai-ng (Dream home)
Victor Wong (Legend of the fist: The Return of Chen Zhen)
Foo Sing-choong (Reign of assassins)

Meilleur nouveau réalisateur

Ivy Ho (Crossing Hennessy)
Freddie Wong (The Drunkard)
Felix Chong (Once a gangster)

Meilleur film asiatique

Aftershock (Feng Xiaogang, Chine)
Confessions (Tetsuya Nakashima, Japon)
Monga (Doze Niu, Taiwan)
Seven days in heaven (Liu Zi-jie, Wang Yu-lin, Taiwan)
Under the hawthorn tree (Zhang Yimou, Chine)

Le Soldat Dieu


Petite séance de rattrapage avec le dernier film de Koji Wakamatsu. Je n’avais pas du tout aimé United Red Army. Par chance, Le Soldat Dieu dure moitié moins que son précédent film. C’est encore une fois un film d’époque, situé pendant la guerre entre 1940 et 1945. Le jeune soldat Kyuzo Kurokawa (Shima Ônishi) envoyé combattre en Chine revient dans son village où son épouse Shigeko (Shinobu Terajima) le retrouve blessé. Il n’a plus de bras, ni de jambe et une partie de son visage est brûlée. Kyuzo est un homme tronc dont elle va devoir s’occuper.

Manger, boire, dormir, pisser sont les seules activités que peu faire le soldat. Il ne peut plus parler, sa gorge a été tranchée. Avec sa bouche, il se met un soir à tirer la jupe de sa femme. Il veut faire l’amour. Pour ça, il est toujours actif. Cela rappelle à Shigeko sa vie d’antan, ce sont des mauvais souvenirs où Kyuzo battait chaque jour sa femme parce qu’elle est stérile. Où il lui faisait tous les jours l’amour, ce que l’on peut comparer à du viol. La séquence inaugurale nous montre le soldat en train de violer une jeune chinoise et de la laisser pour morte.

Petit à petit, on comprend que Kyuzo est un salaud, un monstre d’égoïsme qui correspond tout à fait à l’époque. Il considère les femmes comme des objets et sa femme comme sa servante. Seulement voilà, dans un Japon galvanisé par la guerre où la propagande affirme chaque jour à la radio que la victoire est proche, que l’Empire est la nation de Dieu ou encore que le sacrifice est une chose évidente, Kyuzo est considéré comme un héros. Il fait la fierté du chef du village d’autant qu’un journal a célébré sa bravoure et qu’il a reçu trois médailles pour avoir massacré quelques Chinois et pour sa mutilation.

Shigedo, devant les villageois qui lui conseillent de bien servir son bout de chair d’époux, affecte la compassion. De temps en temps, elle le met dans une carriole et le trimballe dans le village jusqu’à la rizière où elle travaille. De temps en temps, on lui donne à manger pour récompenser son abnégation. En privé, devant la photo de l’empereur et de l’impératrice qui semble les observer, elle accepte de se faire baiser puis elle commence à l’humilier et lui déclare sa haine.

Koji Wakamatsu est l’un des rares cinéastes à vouloir raconter une histoire du Japon non légendaire. L’amnésie qui sévit encore au sujet de l’héroïsme, du nationalisme et des traditions est pour le vieux cinéaste à dénoncer. Son style est direct mais gâché par une image vidéo pauvre et un budget qu’on imagine très modeste qui rend le film parfois théâtral. Mais le pamphlet est là, bien virulent, prêt à convaincre les convaincus et, pour ceux qui prendront la peine de le voir, ceux qui reste à convaincre.

Le Soldat Dieu (Catterpilar, キャタピラー, Japon, 2010) Un film de Kôji Wakamatsu avec Shinobu Terajima, Shima Ônishi, Keigo Kasuya, Emi Masuda, Sabu Kawahara, Maki Ishikawa, Gô Jibiki, Arata, Katsuyuki Shinohara, Daisuke Iijima, Ichirô Ogura, Sanshirô Kobayashi, Mariko Terada, Ken Furusawa.

samedi 5 février 2011

Looking for Mister Perfect


Grace (Shu Qi) est policière. Après une enquête difficile, elle est sujette à des cauchemars qui la perturbent. Avec son amie Joey (Isabel Chan), mannequin de son état, elle part en Malaisie prendre quelques jours de vacances où un photoshoot est prévu. Vacances, j’oublie tout sauf quand un criminel décide de faire de ce coin paradisiaque le lieu où il doit acheter des plans militaires ultra secret. C’est Chan (Lam Suet), l’agent libidineux de Joey qui doit amener à Poon (Simon Yam) les plans. Ce qu’il ne faut pas se demander est pourquoi un agent de mannequins a ces secrets, sinon on ne profite pas de cette comédie enlevée.

Evidemment, rien ne va se passer comme prévu. D’abord parce que Crab (Chapman To), un indic de Grace est aussi dans l’hôtel (pourquoi ? faut pas demander !) et qu’il a entendu que les plans seront échangés contre cinq millions de dollars. Il veut s’emparer de l’argent. Crab va s’emparer de la valisette mais ce n’est pas l’argent qui est dedans mais les plans, ce qui n’intéresse pas le petit voleur. Seulement voilà, Poon n’est pas un homme qui se laisse mener par le bout du nez et chercher à récupérer son bien.

Dans la chambre voisine de Joey et Grace, deux flics de Hong Kong espionnent les demoiselles. Teddy alias N°1 (Hui Siu-hung) et Alex alias N°2 (Andy On) sont persuadés que les filles sont complices de Poon. N°1 ordonne à N°2 d’aller flirter avec Grace ce qui rend fous de jalousie deux hommes qui tentent depuis des mois de la séduire et qui l’ont suivie. Vincent (Raymond Wong Ho-yin) et Ken (Godfrey Ngai) s’affrontent à coups de cadeaux à Grace et de phrases assassines entre eux. Pour le grand bonheur du spectateur, chaque personnage ignore ce qu’il vient faire dans cette histoire où les plans secrets ne sont qu’un MacGuffin qui fonctionne à merveille.

Ce qui compte dans Looking for Mister Perfect, ce sont les personnages hauts en couleur et les situations pleines de quiproquos. Le tout filmé par un Ringo Lam en grande forme qui fait de son film une variation de dessin animé avec ses petits gimmicks sonores, ses situations abracadabrantes qui se retournent contre les personnages et une romance aussi improbable que possible. Et pourtant ça marche, on rit souvent aux facéties des personnages et au ridicule de certaines situations qui sont assumés par le réalisateur.

Shu Qi est évidemment très bien dans son personnage de gentille fille débordée par les événements mais qui n’hésite pas à donner du coup de pied quand on l’embête. Son duo avec Chapman To est sur le mode du je t’aime moi non plus. Crab se met dans des situations qu’il ne peut pas assumer et cela dès le début du film. Il est un personnage de garçon lourdingue qui manque de toujours tout faire rater. Il s’incruste dans la chambre de Grace et Joey pour se protéger et Grace prend un malin plaisir à le « torturer », à lui demander de se taire et à le gronder comme un petit garçon, d’autant que sa copine Tina (Cody Lee) n’en manque pas une non plus.

On passera plus rapidement sur James (Nelson Cheung), le photographe gay jaloux que son petit ami Richard (le costaud David Wu) ne drague Joey. Le duo Raymond Wong Ho-yin et Godfrey Nagi, toujours à côté de leurs pompes est bien plus amusant comme celui de Hui Siu-hung et Andy On, le jeune flic mignon et le vieux flic dégarni qui ne cessent de s’humilier mutuellement. Le personnage de Lam Suet est dans un registre ingrat d’homme obsédé sexuel qui drague de manière très lourde Joey qui le fait marcher. L’épouse de Lam Suet (Crystal Tin) est toujours là pour lui rappeler qu’il est marié.

C’est Simon Yam dans son personnage de Poon, le mafieux qui veut acheter les plans qui offre le plus beau spectacle comique du film. Il arrive toujours avec ses deux stupides hommes de main et sa copine (Ruby Wong). Tous les quatre ne communiquent qu’en claquant des doigts, ce qui fait que parfois les deux molosses ne comprennent plus rien. Simon Yam est affublé de fringues d’un kitsch absolu mais il pense être à la pointe de la mode (pantalon vert, débardeur rose par exemple) et qui se met, de manière incongrue, à se lancer dans des pas de danse. C’est un personnage très bédé, haut en couleurs, très à l’opposé de ses rôles dans les films de Johnnie To. C’est un film assez bête mais très amusant.

Looking for Mister Perfect (奇逢敵手, Hong Kong, 2001) Un film de Ringo Lam avec Shu Qi, Isabel Chan, Andy On, Hui Siu-hung, Simon Yam, Ruby Wong, Lam Suet, Chapman To, Raymond Wong Ho-yin, Godfrey Ngai, David Wu, Wayne Lai, Nelson Cheung, Crystal Tin, Cody Lee.

vendredi 4 février 2011

Bruce Lee my brother


Bruce Lee et sa légende. Pourquoi est-il né en Californie ? Comment a-t-il appris à manier avec tant d’habileté le nunchaku ? Quelle est l’origine de se cri qui l’a rendu immortel ? Et ce regard perçant et terrifiant à la fois ? Et pourquoi a-t-il quitté Hong Kong si jeune pour les Etats-Unis ? Toutes ces questions sur la vie connue du Petit Dragon, Bruce Lee my brother y répond. Comme Ip Man et Bodyguards and assassins, le film entend reprendre l’histoire de l’acteur de manière édifiante et hagiographique. Le récit est lancé par Robert Lee, le plus jeune frère de Bruce, qui assurera la voix off.

La Californie en 1940. Un homme joue un opéra en costumes. A la fin de la représentation, on l’appelle. Sa femme vient d’accoucher. L’homme s’appelle Lee Hoi-chuen (Tony Leung Ka-fai) et son épouse Grace (Christy Cheung) vient de donner naissance à un garçon. L’infirmière ne comprend pas le chinois et note comme prénom anglais « Bruce ». Lee Siu-lang vient de naître. La famille restera quelques années, avec les autres enfants, aux Etats-Unis. La guerre fait rage en Chine occupée par le Japon. Ils rentrent à Kowloon en peu de temps avant que l’armée japonaise n’occupe Hong Kong. Là, le jeune Bruce est témoin d’une scène qui le marquera. Un général japonais exige que son père joue devant les soldats. Mais plus que cela, c’est un chinois corrompu qui va lui donner la haine de la traitrise et lui forger un esprit de loyauté.

Le jeune Bruce est un enfant vif. Il est aussi turbulent et fait l’école buissonnière. Il fait des bêtises comme voler des saucisses pour en faire un nunchaku. Il rencontre ses amis dès l’enfance, dans la rue d’un quartier populaire. Parce que son père est acteur, il connait du monde dans le show-business et le cinéma a besoin d’enfant acteur. Bruce est embauché très jeune et fait merveille. Sa carrière est peu connue. Ces films tournés dans les années 1950 restent peu visibles, au moins en France, mais petit à petit il se fait connaitre. En 1957, Bruce (maintenant interprété par Aarif Lee) découvre le rock n’roll à la radio et apprend la danse. Il fera des concours de cha-cha et jouera dans des comédies musicales où son charme fera fureur. Avec ses amis, il va sur les plateaux de cinéma et admire les combats des ses idoles sur les tournages des épisodes de Wong fei-hung.

C’est là qu’il remarque une jeune femme qui est la doublure voix de certaines actrices. Pearl (Jennifer Tse) lui plait mais sa timidité l’empêche de lui dire. Cette partie romantique est un peu ridicule. Jennifer Tse est toujours filmée au ralenti pour la rendre glamour alors que ce qui intéresse vraiment est de répondre aux questions qu’on se pose tous. Leur histoire est contrariée sur le mode du je t’aime je t’aime pas. Trop convenu pour sortir du lot. Ce que le film souligne constamment est que Bruce Lee est un adolescent doux et respectueux envers les femmes. En bref, qu’il les respecte, ce qui, compte tenu de la vie sexuelle de l’acteur et du nombre de ses maîtresses, est un exploit. Mais, la vie de Bruce Lee adulte après son escapade à Hollywood appartient à sa veuve et il est fort peu probable que l’on raconte tout cela.

Si avec les femmes, c’est un homme respectueux, il est en revanche animé par une soif de connaitre les arts martiaux et défie quiconque doutera de sa force. Il rencontre un jour un boxeur anglais, Charlie Owen, mais sera battu par lui. Owen lui conseillera d’aller s’entrainer. Il va jusqu’à suivre les cours de Ip Man dont on ne verra pas le visage tant, aujourd’hui, Donnie Yen est associé à l’homme. Il voudra prendre sa revanche sur Owen, le vaincra et les deux hommes vont se comprendre mutuellement malgré la violence de leurs combats. Car le film tend à ne montrer que les bons côtés de Bruce Lee, sa loyauté, sa compassion comme lorsqu’il va aider son vieil ami Kong à sortir de la drogue qui sera une des raisons de son départ pour les Etats-Unis.

Bruce Lee my brother est l’un des sommets de l’académisme du biopic. Le film se traine sur plus de deux heures. La photographie est très à la mode d’aujourd’hui dans ces teintes grises qui évoquent les vieilles photos. Aarif Lee se débrouille plutôt bien pour incarner l’acteur d’autant qu’il n’a pas à être le Bruce Lee que l’on connait, celui qui va de Big boss au Jeu de la mort. Il reprend quelques unes de ses mimiques et poses les plus célèbres, notamment son doigt pointé, figure un peu trop récurrentes. Le générique final montre quelques photos familiales qui sont comparées avec des poses des acteurs du film.

Bruce Lee my brother (李小龍傳, Hong Kong – Chine, 2010) Un film de Yip Wai-man et Manfred Wong avec Aarif Lee, Tony Leung Ka-fai, Christy Chung, Jennifer Tse, Wilfred Lau, Zhang Yishan, Michelle Ye, Cheung Tat-ming, Lawrence Cheng, Candice Yu.

jeudi 3 février 2011

Sorties à Hong Kong (février 2011)

恭喜發財 !

Le deuxième round des comédies du Nouvel An Lunaire a lieu entre un nouveau duo Louis Koo - Sandra Ng contre une production Shaw Brothers menée par Eric Tsang. Fort du succès de 72 tenants of prosperity, la vieille compagnie continue dans son filon de la comédie fédératrice qui montre la vie de tous les jours des Hongkongais alors que Vincent Kok se lance dans le film de super héros parodique.

I love Hong Kong (我愛香港)
Un film de Zhong Qing avec Eric Tsang, Charmaine Sheh, Moses Chan, Sandra Ng, Tony Leung Ka-fai, Wong Cho-nam, Bosco Wong, Mag Lam, Terence Tsui, Aarif Lee, Wayne Lai, Felix Wong, Michael Miu, Fala Chen, Kate Tsui, Stanley Fung, Wu Ma, Jaime Chik. 101 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 3 février 2011.







Sorties à Hong Kong (février 2011)


恭喜發財 !

Le deuxième round des comédies du Nouvel An Lunaire a lieu entre un nouveau duo Louis Koo - Sandra Ng contre une production Shaw Brothers menée par Eric Tsang. Fort du succès de 72 tenants of prosperity, la vieille compagnie continue dans son filon de la comédie fédératrice qui montre la vie de tous les jours des Hongkongais alors que Vincent Kok se lance dans le film de super héros parodique.

Mr. and Mrs. Incredible (神奇俠侶)
Un film de Vincent Kok avec Louis Koo, Sandra Ng, Wang Bo-chieh, Li Qin, Li Jing, He Yunwei, Wen Zhang. 100 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 3 février 2011.

mercredi 2 février 2011

La Légende du Phoenix


Les lecteurs de nanarland.com connaissent bien Nam Nai-choi. Les rédacteurs du site ont encensé comme il se doit The Cat et Story of Ricky (qui sort très très vite en DVD chez HK Vidéo). Et bien, La Légende du Phoenix est aussi un beau cas de nanar élaboré avec une telle application qu’il vaut le coup d’œil. Nam Nai-choi avait déjà trouvé quelques uns de ses acteurs cultes et engage pour la première fois Gloria Yip, alors toute gamine. Mais c’est Yuen Biao qui est en tête d’affiche. Car il faut bien jouer maintenant que Jackie Chan et Sammo Hung font du cinéma sans lui.

Un résumé ? Rien de plus facile. Mais par où commencer ? Par un tournage de film où, soudain, une femme démon sort de nulle part, soit le décor de ce tournage pour annoncer la venue de la fille du roi des enfers. Cette démon, Raga (Pauline Wong) présente la jeune Asura (Gloria Yip). Les décors se cassent en mille morceaux dans un déluge de flammes démoniaques tandis que d’un rire sardonique, elles annoncent la fin du monde. Le premier passage pour les enfers se trouvaient là et d’autres passages vont s’ouvrir afin de permettre au roi des enfers de se réincarner dans le corps de la jeune Asura.

Dans un temple, le moine Paon (Yuen Biao) est averti par son maître de cette funeste destinée. Il doit trouver les autres passages et empêcher cette réincarnation. Pendant ce temps, le maître de Fruit du Dragon (Mikami Hiroshi) lui donne la même mission. Les deux moines ne se connaissent pas mais Raga sait qu’il faut les éliminer. Destination Tokyo et un centre commercial où la charmante Okada (Yasuda Narumi) prépare une exposition sur les dinosaures. Tout à coup, les grosses bébêtes de plastic se mettent à prendre vie dans des effets spéciaux vraiment minables. Fruit du Dragon veut protéger Okada mais elle ne croit pas à la magie. C’est une scientifique puisqu’elle fait une expo de géologie.

A partir de ce moment, pour une raison indéterminée, La Légende du Phoenix va aller dans tous les sens. Le centre commercial était le lieu du deuxième passage. Paon arrive sur les lieux et des bestioles imaginaires, telles des insectes reptiles, se mettent sur son passage. Il les fait disparaitre grâce à la magie. La magie va venir dans offrir son petit minois dans tout le film. Les deux moines font quelques incantations, quelques flammes multicolores vont brûler l’affreux visage de synthèse de Raga grimaçant va exploser. Quoi de mieux pour se remettre de tout cela que d’aller en boîte de nuit ? Rien de mieux, ils vont en boite de nuit discuter et danser. A ce point du film, on n’en est plus à cela de voir deux moines danser sur du hip-hop dans une discothèque de Tokyo.

Paon est persuadé qu’Asura est une gentille fille manipulée par cette sorcière de Raga. Il doit convaincre ses deux acolytes qu’il faut la protéger et renverser Raga puis le roi des enfers. C’est sans compter sur la force d’une secte maléfique dont le chef envoie Khumbira (Gordon Liu) tuer les deux moines. Les membres de la secte sont habillés en costumes de combat entre le moine et le samouraï. C’est très beau mais beaucoup moins que quand Raga se transforme en horrible monstre dont la bouche se déplace verticalement sur son visage avec des dents pointues. Quand le monstre est filmé en plan d’ensemble, on voit que c’est de l’animation en pâte à modeler. Ce qui va parfaitement bien avec les décors en carton pâtes des décors. Et puis, il ne faut pas rater l’affrontement entre le roi des enfers tout vert et tout vilain et nos deux moines.

L’ambition de le Golden Harvest et de Paragon n’était bien sûr pas de faire un nanar. Personne ne veut faire un nanar volontairement je crois. D’autant que Yuen Biao avait encore un fort capital de sympathie et d’attraction au box-office. Ce duo de moines rappelle évidemment celui de Zu les guerriers de la montagne magique de Tsui Hark que Nam Nai-choi essaie d’imiter. Mais l’incohérence du récit de La Légende de Phoenix n’est pas aussi aboutie ni assumée que la folie scénaristique de Tsui Hark. Nam Nai-choi ne semble faire que des mauvais choix, des dialogues insignifiants et creux, des effets spéciaux à la fois excessifs et vains et un choix d’interprètes qui ont l’air de terriblement s’ennuyer. Tout le contraire d’un film révolutionnaire.

La Légende du Phoenix (The Peacock King, 孔雀王子, Hong Kong – Japon, 1989) Un film de Nam Nai-choi avec Yuen Biao, Gloria Yip, Pauline Wong, Mikami Hiroshi, Eddy Ko, Gordon Liu, Yasuda Narumi, Ken Ogata, Kara Hui, Phillip Kwok, Hidari Tonpei, Yuen Bun.