lundi 30 août 2010

The Defender


Les cheveux en brosse, un joli costume, le dos bien droit, Jet Li prend sa carrière en main dans The Defender dont il est l’initiateur et le producteur. Après une longue période Tsui Hark et Wong Fei-hung, l’acteur s’émancipe et retrouve Corey Yuen pour un film contemporain. Hui Ching-yeung est un soldat d’élite qui quitte sa Chine natale pour venir protéger, à Hong Kong, l’épouse d’un industriel qui peut se permettre de payer ce genre de service.


Michelle Yeung (Christy Cheung), la femme en question, a été témoin d’attentats et doit recevoir une protection serrée. Les autres témoins ont été assassinés et la police est sur ses gardes. Le mari de Michelle reste à Pékin pour ses affaires. Ching arrive dans son uniforme de soldat et impose immédiatement ses règles extrêmement strictes qui ne vont pas plaire à Michelle. Elle va tout faire pour tenter de ses libérer de ce qu’elle considère comme une prison.


Ching installe des caméras de surveillance dans toute la maison et bien entendu dans la chambre, juste au dessus du lit. Elle va chercher une casserole pour casser la caméra. Chaque soir, le rituel est inchangeable et Ching vient contrôler si une bombe n’est pas cachée sous le lit. Michelle est d’abord en colère et appelle son mari pour se plaindre de la dureté du garde du corps. Elle en voudrait un autre. La mission ne doit durer qu’une semaine jusqu’au procès, mais le suspect principal se déclare malade et Ching doit rester encore quelques semaines.


Puis, l’habitude arrive. Ching et Michelle vivent ensemble toute la journée, et le mari de cette dernière n’envisage toujours pas de venir. Petit à petit, ils s’apprivoisent, ils se jaugent, ils commencent enfin à s’apprécier et à se découvrir. Michelle n’est pas qu’une enfant gâtée par son mari et Ching n’est pas l’homme rustre qu’elle croyait. Il prend soin d’elle et ils commencent à tomber amoureux l’un de l’autre. Ainsi, quand le mari vient fêter l’anniversaire, il comprend que sa femme est passée à un autre homme.


The Defender n’est pas une romance. L’histoire d’amour est de toute façon cousue de fil blanc. C’est avant tout un film d’action où deux scènes se démarquent. La première se situe dans une galerie marchande où Michelle se rend. Les gangsters veulent la flinguer. Ils sont nombreux et ont plein de flingues, ça tire de partout et le but du jeu pour Ching et Michelle est d’esquiver toutes ces balles. La deuxième a lieu dans la vaste maison de Michelle. Le frère d’un des gangsters a été tué dans cette fusillade et il cherche à se venger. Corey Yuen introduit dans cette bataille finale un élément qui en change les données. Ching ouvre le gaz et personne ne peut tirer une balle sans faire tout exploser puis plonge les pièces dans le noir.


L’autre élément marquant du film est le personnage de Kent Cheng, un flic grassouillet qui passe son temps à jouer au turf. Il parie aussi pour son collègue mais ce que ce dernier apprendra est qu’il n’a jamais misé un dollar de l’autre policier sur un pari et qu’il gardait tout pour lui, pour payer ses dettes. Kent Cheng avec sa bonne bouille (aujourd’hui ce genre de personnage est joué par Lam Suet) incarne le flic râleur mais sympathique, le père de famille débordé et l’ami loyal. Dans The Defender, Kent Cheng apporte également de l’humour tant ses méthodes divergent d’avec celles de Jet Li. C’est somme toute la recette des bonnes comédies d’action romantiques, tel que Jackie Chan les a développées, qui est reprise ici par Corey Yuen et Jet Li, avec une réussite non négligeable.


The Defender (The Bodyguard from Beijing, 中南海保鑣, Hong Kong, 1994) Un film de Corey Yuen avec Jet Li, Christy Chung, Kent Cheng, Ngai Sing, Joey Leung, Ng Wai-kwok, William Chu.

dimanche 29 août 2010

Filmographie : Jet Li


Jet Li
李連杰

Le Temple de Shaolin (Shaolin temple, 少林寺) Un film de Cheung Yam-yim. Sortie à Hong Kong le 21 janvier 1982.
Les Héritiers de Shaolin (Kids from Shaolin, 少林小子) Un film de Cheung Yam-yim. Sortie à Hong Kong le 26 janvier 1984.
Les Arts martiaux de Shaolin (Martial arts of Shaolin, 南北少林) Un film de Liu Chia-liang. Sortie à Hong Kong le 1er février 1986.
Born to defence (中華英雄) Un film de Jet Li. Sortie à Hong Kong le 16 février 1988.
Dragon fight (龍在天涯) Un film de Billy Tang. Sortie à Hong Kong le 1er septembre 1989.
Il était une fois en Chine (Once upon a time in China, 黄飞鸿) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 15 août 1991.
Il était une fois en Chine : la secte du lotus blanc (Once upon a time in China II, 飞鸿 II:男儿当自) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 16 avril 1992.
The Master (黃飛鴻'92 之龍行天下) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 28 mai 1992.
Swordsman II (笑傲江湖 II东方不败) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 26 juin 1992.
Il était une fois en Chine : le tournoi du lion (Once upon a time in China III, 飞鸿 III狮王争霸) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 11 février 1993
Claws of steel (Last hero in China, 飞鸿之铁鸡斗蜈) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 1er avril 1993.
Fong Sai Yuk (功夫皇帝方世玉) Un film de Corey Yuen. Sortie à Hong Kong le 4 mars 1993.
Fong Sai Yuk II (方世玉 II) Un film de Corey Yuen. Sortie à Hong Kong le 30 juillet 1993.
The Tai-chi master (太極張三豐) Un film de Yuen Woo-ping. Sortie à Hong Kong le 2 décembre 1993.
Evil cult (Kung fu cult master, 倚天屠龍記之魔教教主) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 18 décembre 1993.
La Légende du Dragon rouge (The New legend of Shaolin, 洪熙官) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 3 mars 1994.
The Defender (The Bodyguard from Beijing, 中南海保鑣) Un film de Corey Yuen. Sortie à Hong Kong le 28 juillet 1994.
Fist of legend (精武英雄) Un film de Gordon Chan. Sortie à Hong Kong le 22 décembre 1994.
My father is a hero (給爸爸的信) Un film de Corey Yuen. Sortie à Hong Kong le 2 mars 1995.
Meltdown terreur à Hong Kong (High risk, 鼠膽龍威) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 12 juillet 1995.
Dr. Wai (The Scripture with no words, 冒險王) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 14 mars 1996.
Black Mask (黑俠, 1996) Un film de Daniel Lee. Sortie à Hong Kong le 9 novembre 1996.
Dr. Wong en Amérique (Once upon a time in China and America, 飞鸿之西域雄师, 1997) Un film de Sammo Hung. Sortie à Hong Kong le 1er février 1997.
Hitman (殺手之王) Un film de Stephen Tung. Sortie à Hong Kong le 3 avril 1998.
L’Arme fatale 4 (Lethal weapon 4, Etats-Unis) Un film de Richard Donner. Sortie à Hong Kong le 1er août 1998.
Roméo doit mourir (Romeo must die, Etats-Unis) Un film d’Andrzej Bartkowiak. Sortie à Hong Kong le 20 avril 2000.
Le Baiser mortel du dragon (Kiss of the dragon, France – Etats-Unis) Un film de Chris Nahon. Sortie à Hong Kong le 2 août 2001.
The One (Etats-Unis) Un film de James Wong. Sortie à Hong Kong le 8 novembre 2001.
Hero (英雄) Un film de Zhang Yimou. Sortie à Hong Kong le 19 décembre 2002.
En sursis (Cradle 2 the grave, Etats-Unis) Un film d’Andrzej Bartkowiak. Sortie à Hong Kong le 20 mars 2003.
Danny the dog (France – Etats-Unis) Un film de Louis Leterrier. Sortie à Hong Kong le 12 mai 2005.
Le Maître d’armes (Fearless, 霍元甲) Un film de Ronny Yu. Sortie à Hong Kong le 26 janvier 2006.
Rogue l’ultime affrontement (War, Etats-Unis) Un film de Philip G. Atwell. Sortie à Hong Kong le 13 septembre 2007.
Les Seigneurs de la guerre (The Warlords, 投名狀) Un film de Peter Chan. Sortie à Hong Kong le 13 décembre 2007.
Le Royaume interdit (The Forbidden kingdom, Etats-Unis – Chine) Un film de Rob Minkoff. Sortie à Hong Kong le 19 avril 2008.
La Momie la tombe de l’empereur dragon (Etats-Unis – Chine, 2008) Un film de Rob Cohen. Sortie à Hong Kong le 31 juillet 2008.
The Founding of a Republic (建國大業, Chine) Un film de Han Sanping et Huang Jianxin. Sortie à Hong Kong le 16 septembre 2009.
Ocean heaven (海洋天堂, Chine) Un film de Xue Xiaolu. Sortie à Hong Kong le 24 juin 2010.
The Expendables (Etats-Unis) Un film de Sylvester Stallone. Sortie à Hong Kong le 26 août 2010.
Le Sorcier et le serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake, 白蛇傳說, 2011) Un film de Ching Siu-tung. Sortie à Hong Kong le 29 septembre 2011.
Dragon Gate, la légende des sabres volants (龍門飛甲, 2011) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 22 décembre 2011.
Badges of fury (不二神探, 2013) Un film de Wang Zhiming. Sortie à Hong Kong le 28 juin 2013.

vendredi 27 août 2010

Mai mai miracle


Japon, dix ans après la guerre, Kiiko Shimazu arrive de la grande ville avec son père médecin pour habiter à la campagne dans le nouveau lotissement construit à côté de l’usine. Kiiko arrive, avec sa petite robe rose et ses cheveux bien coiffés, dans un monde qu’elle ne connait pas et elle va apparaître comme une extra-terrestre aux enfants du coin. Shinko est une de ces petites filles. Ses cheveux sont rebelles, sa frange est surmontée d’un épi qu’elle a du mal à dompter. Elle habite avec sa mère et sa petite sœur tandis que le papa travaille en ville.


Shinko va sympathiser avec Kiiko qui est dans sa classe. Le premier jour, Kiiko se parfume, beaucoup trop selon le nez des autres camarades de classe, tous en uniforme quand elle arbore sa robe de petite fille modèle. Elle fait cependant grande impression avec sa belle boite de crayons de couleur. Personne n’en avait vu ici et un jeune garçon, un peu simplet qui a une tortue comme animal de compagnie, emprunte un beau crayon bleu pour dessiner le ciel, même si tout cela déborde.


Shinko vit dans cette campagne où les céréales poussent au gré des saisons grâce à son imagination. Elle s’est inventé un ami imaginaire, vite remplacé par Kiiko qui deviendra sa meilleure. Avec d’autres camarades de classe, elles vont fonder une bande d’amis qui flâneront les après-midi dans les champs de mûres et notamment autour d’un bras de rivière. Ce qui est particulier dans le paysage, ce sont les rivières en angle droit qui ressemblent à des canaux. Le grand-père de Shinko raconte l’histoire du village qui était il y a mille ans un chef lieu de préfecture.


Et Shinko imagine la vie d’antan et notamment celle de la fille du préfet solitaire et ennuyeuse dans le palais. Elle rêve de jouer avec la petite servante qui ne dit rien, qui travaille toute la journée dans son coin, à laver le linge, à faire le ménage et à soigner sa mère quand elle est malade. Ce récit ponctué en flash back trouve un écho dans la relation entre Kiiko, plutôt aisée, et les enfants du village, qui, sans être pauvres, vivent en autarcie, sans connaître la télévision et la modernité qui est déjà arrivée dans le lotissement voisin, habité par des gens qui viennent de la grande ville.


Les préoccupations des enfants sont d’abord de jouer. On voit très peu de scènes d’école. La petite bande va créer une marre où un poisson rouge arrive, comme par miracle. Il deviendra leur mascotte. Mais petit à petit, quand le poisson rouge crève, la vraie vie va reprendre avec son lot de difficultés. La grande force de Mai mai miracle est de ne jamais tomber dans la mièvrerie, bien au contraire, la dernière partie est extrêmement émouvante avec une virée incongrue dans le quartier chaud de la grande ville où la solidarité entre les enfants sera portée à son plus haut point.


Mai Mai miracle (マイマイ新子と千年の魔法, Japon, 2009) Un film de Sunao Katabuchi avec les voix de Mayuko Fukuda, Nako Mizusawa, Ei Morisako, Manami Honjou, Miyo Wakita.

jeudi 26 août 2010

Sorties à Hong Kong (août 2010)

-->Curse of the deserted (荒村公寓)
Un film de Law Chi-leung avec Shawn Yue, Kitty Zhang. 96 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 26 août 2010.





-->The Stool pigeon ()
Un film de Dante Lam avec Nick Cheung, Nicholas Tse, Liu Kai-chi, Kwai Lunmei, Miao Pu, Lu Yi, Sherman Chung. 112 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 26 août 2010.

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-->All about love (得閒炒飯)
Un film d’Ann Hui avec Sandra Ng, Vivian Chow, William Chan, Eddie Cheung, Jo Kuk, Joey Meng. 105 minutes. Classé Catégorie IIB.
Sortie : 26 août 2010.




mercredi 25 août 2010

La Rivière Tumen


Quand la rivière Tumen gèle, au beau milieu de l’hiver, les Nord-Coréens tentent de passer en Chine à pied, de nuit, en évitant les soldats qui tirent sur eux. De l’autre côté, un hameau habité de Coréens qui de temps en temps aperçoivent un réfugié, qui, même en Chine, peut être chassé par la police et reconduit à la frontière. La Rivière Tumen suivra le parcours de deux familles de ce hameau, celle de l’épicier et celle d’un enfant.


Le film commence par un plan fixe, filmé à hauteur de plancher. Un homme est étendu sur la glace, un couple vient constater son décès, sans émotion, comme par habitude. Un bruit court que les Nord-Coréens meurent de faim, qu’ils traversent pour manger. C’est ce que fait Jeong-jin (Li Jinglin), un ado qui réclame de la nourriture pour sortir sa sœur de la mort qui la menace. Il va rencontrer un autre garçon, Chang-ho (Cui Jian), qui vit avec sa grande sœur et son grand père. Son père est mort et sa mère est partie travailler en Corée du sud.


Les deux ados sympathisent et ils jouent au football ensemble, l’un promet à l’autre de venir au match que les enfants feront avec ceux du village voisin. Jeong-jin fait des allers retour entre les deux pays. Et d’autres, ne veulent faire que l’aller, mais petit à petit un mouton disparait, du poisson est volé, des légumes sont dérobés. Le maire veut sévir contre ces Nord Coréens. Chaque fois, il s’exprime grâce à un haut parleur à tous les habitants du hameau, ces annonces scandent le film et font monter la pression sur la chasse aux anciens compatriotes qui viennent gâcher la tranquillité hivernale.


Et le drame arrive. La sœur de Jeong-jin, Soon-hee (Yin Lan), muette depuis des années accueille un Nord-Coréen, lui fait à manger et tandis qu’il mange, allume la télé où un reportage évoque avec un pathos lamentable le retour du cher dirigeant. L’homme devient fou et viole la jeune femme qui tombe enceinte. Pourtant, la mise en scène de Zhang Lu reste calme et ne fonce pas tête baissée dans le mélodrame larmoyant, pas plus quand l’ado se fait arrêter par la police tout comme l’épicier qui aidait des Nord-Coréens à rentrer illégalement.


Zhang Lu procède à grand coup d’ellipse pour parvenir à ses fins. Il ne filmera pas le viol par exemple, il préfère donner des détails sur la vie quotidienne des habitants pour en montrer leur désespoir. Les matchs de foot sur un terrain gelé. Un duo de vieux pochtrons qui boivent debout en espérant écouter une chanson. La vieille dame qui veut retourner en Corée du nord à pied. Tout cela forme une idée du quotidien, un quotidien très maigre, fait de petits rien, troublé par des éléments qui les dépassent.


La Rivière Tumen (두만강, Corée – France, 2010) Un film de Zhang Lu avec Jian Cui, Li Jin-lin, Lin Jin-long, Lan Yin.

lundi 23 août 2010

Once a gangster


Une nouvelle parodie d’Infernal affairs, mais pour une fois, une bonne sans l’ombre de Wong Jing. Une parodie faite avec intelligence qui emprunte également à Election et à The Triad zone de Dante Lam pour, en fin de compte, produire quelque chose de neuf. Il était temps. Il faut dire que Felix Chong était le scénariste des Infernal affairs. Mais parodier ne suffit pas, il faut trouver les acteurs adéquats. Et le retour de Jordan Chan dans le personnage de cet homme des triades qui ne veut pas devenir le chef est une superbe idée.


Once a gangster commence par la genèse du groupe. Kerosene (Alex Fong Sun-fong), grande gueule, chemises bariolées et lunettes fumées se prépare en faisant entrer un groupe de nouveau dans le clan. Ils sont tous en slip et doivent faire allégeance au chef, Monsieur Tsa (Samuel Kwok). L’un d’eux se démarque. C’est le frêle Roasted Prok (Derek Tsang qui joue ce personnage jeune). Il veut rentrer dans la triade pour ne pas avoir à payer l’impôt quand il ouvrira un restaurant. C’est un excellent cuisinier. Le film avance dans le temps par ellipse. Kerosene est devenu chef du clan. Roasted Pork est devenu son bras droit, c’est désormais Jordan Chan qui l’incarne.


Quand le temps de règne de Kerosene est passé et qu’une nouvelle élection arrive, Roasted Pork semble l’homme tout désigné pour assumer le poste. Seulement voilà, il possède un bon nombre de restaurants à Hong Kong. Il envisage d’en ouvrir au Japon où il pourrait même s’installer d’autant qu’il espère que ses deux enfants y feront leurs études plus tard. Il n’était rentré que pour ouvrir ses restaurants et sûrement pas pour prendre la tête de la triade. Et sa femme, Nancy (Michelle Ye) veut qu’il se retire, elle l’exige même. Et ça tombe bien parce que d’autres veulent la place du chef.


A commencer par Scissors (Conroy Chan) que tout le traite comme un idiot. Et il l’est. Son bras droit est Yan (Wilfred Lau), bras dans le plâtre et qui fait du morse. Là, Once a gangster parodie Infernal affairs pour le meilleur du rire puisque tout le monde semble avoir compris que Yan est une taupe de la police. Sauf lui et Scissors. Ainsi, on le voit appeler l’inspecteur juste à côté des autres qui entendent tout et qui changent les plans. Yan se trompe parfois de bras quand il met son plâtre mais Scissors ne pige rien parce qu’il confond sa droite et sa gauche.


Et puis il y a Candice Yu. Enorme ! Lady Pearl apparaît au détour quand les élections approchent. C’est la seule femme au milieu de tous ces hommes des triades et elle compte bien faire entendre sa voix. Son fils est en prison depuis vingt ans et doit sortir justement ce jour-là et elle demande à ce qu’il soit le nouveau parrain. Swallow (Ekin Cheng) sort de geôle avec tous ses hommes derrière mais il n’a qu’une idée, devenir étudiant en économie et compte bien passer un diplôme. On le voit, à part le retardé mental, personne ne veut devenir chef en remplacement de Kerosene.


Jusqu’à alors, Once a gangster était déjà un film plaisant, superbement photographié, avec des moments d’humour bien sentis, mais il prend dès lors un virage burlesque en retournant tous les clichés élaborés dans les films de triades cités plus haut. Il s’agit maintenant de retrouver le sceptre qui donnera à son possesseur le titre de chef. Et la police s’en mêle avec un inspecteur qui ressemble à Andy Lau (Geoffrey Wong) qui est un peu dépassé. Les acteurs s’amusent comme des fous, et le spectateur par la même occasion, à jouer des idiots, des veules et surtout à mentir tout le temps et à tout le monde. Un grand plaisir pur et simple.


Once a gangster (飛砂風中轉, Hong Kong, 2010) Un film de Felix Chong avec Jordan Chan, Michelle Ye, Candice Yu, Alex Fong Sun-fong, Conroy Chan, Ekin Cheng, Wilfred Lau, Cheng Sze-kwan, Samuel Kwok, Ben Yuen, Nan Pong, Derek Tsang, Wong Yaun-nam, Geoffrey Wong.

samedi 21 août 2010

Laughing times


Dans la filmographie de John Woo, on trouve quelques comédies. Entre celles avec Ricky Hui et celle avec Josephine Siao, le cinéaste a tourné Laughing times avec Dean Shek, le Charlie Chaplin chinois, comme il est dit sur l’affiche de l’époque. Dean Shek avec Karl Maka est le fondateur de la CCC (Cinema City Company) qui produit ce film dont il est dit dans le générique qu’il est écrit par John Woo lui-même. Honnêtement, il semble que le scénario n’existe pas et que Dean Shek joue son personnage de bouffon en roue libre.


Dean Shek, pendant le générique, montre son personnage. Cloachard, il dort sous des feuilles de journaux que son ronflement fait se soulever. Il se nourrit grâce au secours populaire, mais resquille. Pour ses vêtements, il quémande aussi. On le retrouve habillé en costume noir, avec un chapeau rond et une cane, comme Charlot. C’est un personnage veule, sans qualité, toujours prompt à voler, à mentir et qui a toujours faim. Il est surtout très maladroit.


C’est de ces deux éléments que vient le comique de ce personnage. Dean Shek cherche à manger, tout le temps, n’importe quoi, mais il lui faut manger. Dans sa quête de bouffe, il rencontre un gamin débrouillard (Wong Wei), qui évoque bien sûr le Kid de Charlot. Les deux sont dans un restaurant et doivent s’enfuir sans payer. Mais les flics sont là et ils vont être poursuivis tels les flics de la Keystone et se cassant la gueule à chaque plan. John Woo filme la plupart des poursuites en plan large, sans montage et panotant la caméra. Le comique de Laughing times ne tient que sur ce registre et très vite l’ennui apparaît.


Pour varier, Dean Shek tombe amoureux d’une jeune chanteuse qui est brutalisée par son père. Ce dernier veut la vendre à Maître Ting (Karl Maka) qui porte de longs sourcils. Ting a capturé des enfants qu’il compte monnayer à de riches californiens comme exclaves. Dean Shek va devoir contrecarrer les plans de Ting. Il sera aidé du soulard du village (Wu Ma) dans une parodie de Drunken master. Parodie bien peu inspirée, comme l’est l’ensemble du film de cette période où John Woo ne pouvait pas encore faire ce qu’il voulait.


Laughing times (滑稽時代, Hong Kong, 1980) Un film de John Woo avec Dean Shek, Karl Maka, Wu Ma, Wong Wei, Lau Nga-lai, Wong Sau-man, Ho Pak-kwong.

vendredi 20 août 2010

Where a good man goes


L’épopée glorieuse de la compagnie Milkyway s’est construite sur la notoriété et le chrisme de Lau Ching-wan qui porte dans la seconde moitié des années 1990 tous les films tournés par Johnnie To et produits par Wai Ka-fai. Après l’extrême noirceur de A hero never dies, Where a good man goes offre une piste narrative plus légère en allant faire un petit tour à Macao, sans pour autant aller vers la comédie pure.


Michael (Lau Ching-wan) sort de prison et va au centre de Macao en taxi. Mais, on ne se refait pas et il se bat contre le chauffeur, vite aidé par deux autres chauffeurs. Tout amoché, il se rend dans l’hôtel minable juste à côté. L’hôtel a un nom bien ronflant en comparaison de son standing. L’International Hotel est tenu par June (Ruby Wong), une jeune veuve qui élève seule son garçon. Et Michael va s’installer dans l’hôtel. June va devoir supporter cet homme qui ne connait rien de la bienséance, qui n’est pas capable de ranger ses affaires, qui se comporte comme un animal.


June va apprivoiser Michael. Il veut des cigarettes de la marque Viceroy. Elle va lui en acheter. Le soir, il se bat et laisse sur le sol des mouchoirs pleins de sang, elle ramasse tout puis nettoie la chambre. A pas d’heure, il veut manger, elle court lui préparer un bol de nouilles. Elle ne se comporte pas en femme soumise, elle tient son hôtel, c’est un client. Mais, au bout de quelques jours, Michael se dit qu’il pourrait aussi assouvir ses pulsions sexuelles avec elle, mais elle résiste.


Une idylle pourrait naître entre eux. Michael s’occupe bien du fiston qui l’écoute et qui trouve en lui un père potentiel. Michael a des dettes et doit chercher à les rembourser. Attaquer une banque, voilà une bonne idée. Mais Karl (Lam Suet), le flic qui l’a arrêté il y a quelques années veut le remettre en tôle. Et il va tout faire pour pousser Michael dans ses retranchements. On comprend que June va défendre son homme et mentir à la police en prétendant que Michael était avec elle quand le hold up a eu lieu.


C’est dans cette chasse à l’homme que se situe un des ressorts comiques de Where a good man goes. Lam Suet est dépité d’être mené en bateau, de ne pas réussir à coincer le personnage de Lau Ching-wan. Lam Suet met en scène des pièges qui ne fonctionnent pas avec parfois l’aide des chauffeurs de taxi. Ils garent leurs voitures devant et derrière celle de June en espérant que Michael va casser les vitres mais il ne dit rien, June lui a appris à se calmer.


Pour une fois, Lam Suet a un vrai rôle, presque un premier rôle. Ses vains efforts pour emmerder Lau Ching-wan sont délicieusement pervers. On en viendrait presque à plaindre Michael alors qu’il n’est que violence. L’acteur est à son meilleur dans son rôle de grognard de mauvaise humeur et de mauvaise foi. Ruby Wong ne décrochera pas un sourire de tout le film. Et pourtant, il se dégage une impression de vie, parfois de légèreté et, cerise sur le gâteau, le film se termine plutôt bien, presque en happy end.


Where a good man goes (再見阿郎, 1999) Un film de Johnnie To avec Lau Ching-wan, Ruby Wong, Lam Suet, Lai Yiu-cheung, Raymond Wong Ho-yin, Law Wing-cheong, Tsang Siu-yin, Al Wai, Chiu Wai-hung, Cheng Ka-seng, Hui Chen.

jeudi 19 août 2010

The Karate kid


Dès le générique, j’avais envie de hurler. Le nom de Jackie Chan est en deuxième après celui de Jaden Smith. C’est vrai que trente ans de films dont quinze de chefs d’œuvres ne sont rien en comparaison des deux ou trois films interprétés par l’autre. Mais, papa Smith produit, alors fiston Smith est en tête de générique. Et de toute façon, Jackie Chan n’apparaît dans le film qu’au bout de 45 minutes. Autre sujet de hurlement, le titre. On ne trouve aucune trace de karaté dans The Karate kid puisqu’on est en Chine et le que le morveux va apprendre le kung-fu.


Jaden Smith s’appelle Dre Parker. Avec sa mère, veuve, ils quittent Detroit pour vivre et travailler à Pékin. C’est un ado qui n’en fait qu’à sa tête et qui exaspère sa maman parce qu’il n’accroche jamais sa veste de survet au porte-manteau. Oh, le vilain garçon ! Il déteste déjà la Chine, ne veut pas faire d’effort pour apprendre la langue et rechigne à rendre service. Mais tout ça va changer. Son arrogance va être mise à mal par le jeune Cheng (Wang Zhenwei) qui le corrige quand il s’approche de trop près de la jeune Meylin (Han Wenwen). Cheng fait du kung-fu et les coups qu’ils donnent à Dre le blessent non seulement physiquement mais aussi moralement. Il est humilié.


Ainsi, quand Dre se rend compte que Cheng est dans la même école que lui, il se sent très mal. D’autant que Meylin est aussi sa camarade. Elle apprend le violon et va faire un concours très vite. Dre devient vite le souffre douleur de Cheng. Un jour, après l’école, Dre jette un seau d’eau usée sur Cheng. Lui et ses amis du kung-fu le pourchassent et il va dérouiller. Mais ils tombent sur Han (Jackie Chan) qui, sans frapper les ados, va aider Dre. Dès lors, Han va devenir son sifu, reprenant ainsi le schéma classique des films de kung-fu où le disciple ne veut pas apprendre, où le maître lui enseigne des choses a priori sans intérêt, mais où l’élève se rendra vite compte que ces leçons lui serviront. Quoi qu’il en soit, en dépit du bon sens et de la réalité, Dre va combattre dans un tournoi contre Cheng et ses amis.


The Karate kid est un film pétri de bons sentiments qui s’étalent sur plus de deux heures. On en ressort tout gluant. Qu’on se rende compte : Dre n’a plus de papa. Monsieur Han lui a perdu son fils dans un accident de voiture. Il est responsable de sa mort. Forcément, l’un va devenir le père de substitution. L’entraînement de Dre tombe dans le ridicule le plus pur. Sa mère lui reprochait de ne pas ranger sa veste. Han va se servir de cette veste pour l’initier au kung-fu en clamant que le kung-fu est au centre de la vie. Et on se fourvoie dans un voyage dans un lieu qui évoque Shaolin avec des moines bien rangés sur une cascade miniature et une bonzesse qui dompte un cobra sur une musique mièvre.


Jackie Chan a la bonne idée de ne pas jouer. A part une scène de pleurnicherie abjecte, l’acteur se maintient sur une interprétation calme et posée à l’inverse de celle de Jaden Smith, tête à claques qui en fait des tonnes. On attendait le combat final. On espérait que Jackie Chan allait donner quelques leçons au professeur de Cheng (Yu Rongguang), un homme violent qui prône l’absence de pitié en contradiction avec le kung-fu. Que nenni. On aura droit à des combats mal chorégraphiés, hachés au montage entre les adolescents. C’est d’une tristesse mais finalement, je suis plutôt content que Jackie Chan ne se batte pas dans ce film, ça serait donner de la confiture aux cochons.


The Karate kid (Etats-Unis – Chine, 2010) Un film de Harald Zwart avec Jackie Chan, Jaden Smith, Taraji P. Henson, Han Wenwen, Yu Rongguang, Wang Zhenwei, Wu Zhensu, Wang Zhiheng.

mercredi 18 août 2010

The Expendables



Si on m’avait dit il y a dix ou quinze ans de cela, qu’un jour j’aimerais un film de Stallone, je ne l’aurais pas cru. Expendables est un plaisir coupable de spectateur, un film que l’on va voir pour ses acteurs qui représentent une certaine idée du cinéma d’action américain. Il n’est pas étonnant que Van Damme sans doute trop sérieux pour pouvoir se moquer de lui-même, et il a de toute façon été suffisamment servi par Tsui Hark. Stallone invite quelques acteurs à faire tout péter dans le film, il ne restera rien du décor au bout des 100 minutes d’Expendables.

Un scénario ? Oui, pourquoi pas. Stallone et les autres ont une mission. Ils doivent délivrer du mal une petite île imaginaire. Ça suffit largement pour remplir l’écran. Ce qui amuse est l’apparition de tout ce beau monde. Mickey Rourke plus lymphatique que jamais qui arrive sur sa Harley avec un pouffe à gros seins à l’arrière. Il chausse ses lunettes et finit le tatouage de Stallone, puis il fume une bonne pipe. Et on devise joyeusement sur la vie, l’amour, les vaches. Schwarzenegger et Stallone partageront une scène, histoire de s’envoyer quelques vannes bien senties sous l’œil goguenard de Bruce Willis. Cette rencontre au sein d’un même plan est plus importante que la rencontre Robert De Niro Al Pacino, qu’on se le dise.

Les méchants ont les yeux bleus. Voilà la théorie de Sylvester Stallone. Dolph Lundgren est aussi ravagé physiquement que Rourke ou Stallone. Mais le cinéaste filme ses yeux comme des paysages, à la Sergio Leone dirais-je pour parler simplement. Et tout le monde a droit à son gros plan paysage. Lundgren sera le traitre du film. Son indépendance poussera Stallone à l’exclure de l’équipe et il ira voir l’ennemi Eric Roberts, l’autre gars aux yeux bleus, qui veut de cette petite île un champ de coca. Roberts va tenir en hottage une belle fille. Il n’y a pas beaucoup de présence féminine dans le film, mais elles sont mignonnes toutes les deux. Et dignes face à la brutalité.

Marcher lentement et parler beaucoup, tel est le programme des vieux. Les jeunes, et Jason Statham en tête, vont plus vite. Ils ne parlent pas beaucoup et balancent leur coup de poing en guise de discours. Statham vient de se faire larguer, justement parce qu’il ne parle pas, et son ex a un nouveau mec qui la bat. Statham lui défonce la tête en moins de deux, à lui et à ses potes joueurs de basket. Le cas Statham est cinématographiquement intéressant. Il représente aujourd’hui le cinéma d’action. Le pire (Transporteur) et le meilleur (Hypertension). Il dégage un sentiment de sympathie de plus en plus fort et Sylvester Stallone, en faisant de lui le personnage principal, l’adoube et lui transmet le relai d’actioner en chef.

Le cas de Jet Li est différent. L’acteur a plus de vingt ans de cinéma d’action derrière lui. Sa carrière américaine est un échec. Mal commencée avec The Master de Tsui Hark, piteusement continuée avec le rôle pas crédible pour un sou de L’Arme fatale 4 (qui pouvait sérieusement penser que Mel Gibson est plus fort que lui), horriblement poursuivie avec les Bessoneries en veux-tu en voilà pour finalement arriver à ce rôle de Ying Yang de bonne facture et plutôt amusant. Jet Li n’est pas de toutes les scènes mais il marque de sa présence quand Stallone lui parle de sa petite taille et que Jet Li évoque le fait qu’il fasse plus de travail que quiconque à cause de sa petite taille. Jet Li aussi est fatigué et Corey Yuen lui chorégraphie son combat en ami que Stallone hache au montage, mais il a l’air de bien s’amuser.

On peut regretter beaucoup d’absence (scénario, psychologie), on peut déplorer des effets spéciaux bon marché (c’est Nu Images qui produit), des absents (et pourquoi Vin Diesel n’est pas là non plus ?), on sait que Stallone n’entend pas faire le film d’action définitif mais revenir aux bonnes vieilles recettes à la Joel Silver. En novembre, Robert Rodriguez doit sortir son Machete, enième proposition du cinéma postmoderne, avec quelques autres tocards du cinéma d’action : Steven Segal, Don Johnson, Jeff Fahey entre autres. On attend le crossover : Machete Vs. Expendables.

Expendables Unité d’élite (The Expendables, Etats-Unis, 2010) Un film de Sylvester Stallone avec Jason Statham, Jet Li, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren, Eric Roberts, Randy Couture, Steve Austin, David Zayas, Giselle Itié, Charisma Carpenter, Gary Daniels, Terry Crews, Mickey Rourke, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger.