lundi 5 avril 2010

Confucius



Le cinéma chinois n’en finit pas de se tourner vers les figures emblématiques et historiques de la Chine. Après le Docteur Sun Yat-sen, fondateur de la République, dans Bodyguards and assassins mais également dans The Founding of a Republic, voici le grand bond en arrière avec Confucius, en attendant d’autres héros fédérateurs qui peuvent aller dans le sens du Bureau du Cinéma Chinois. Un héros qui prône l’unification de la Chine derrière un homme. Chow Yun-fat est Confucius, alias Kong Qiu, que l’on découvre au crépuscule de sa vie entouré de ses disciples qui rangent méticuleusement les tablettes qui contiennent ses pensées et qui sont parvenues jusqu’à nous. Chow Yun-fat est doublé en mandarin, ce qui n’enlève rien à son jeu.

Confucius est appelé à la cour du roi Lu pour être son conseiller. Sa réputation l’a précédé et son école philosophique a désormais de nombreux disciples. Confucius est marié et a deux enfants, déjà adolescents. Tandis qu’il s’entretient avec le roi Lu, plus loin, on enterre l’un des chefs de clan, le seigneur Ji. Nous somme en des temps reculés (au 6ème siècle avant Jésus-Christ) et la tradition veut que ses biens les plus précieux soient mis dans son tombeau. En l’occurrence, ses trois plus beaux chevaux et ses esclaves qui sont égorgés. Or, un esclave enfant s’échappe. Poursuivi par les soldats de Ji, il se réfugie dans l’école de Confucius. Il sera épargné, pour l’instant. Mais la tradition doit s’appliquer. Là, la rhétorique de Confucius se met en marche. Les sages venaient de sauver un faisan échappé du clos d’un seigneur, mais veulent exécuter ce jeune esclave. Confucius use de sa philosophie pour sauver l’enfant qu’il prendra sous son aile.

Confucius est donc un homme de justice. Voilà pour la première séquence du film. Désormais, nous allons le voir comme un homme de stratégie et un fin diplomate. La deuxième anecdote marquante montre le sage essayer de faire la paix avec le roi voisin. Les généraux sont toujours prompts à faire la guerre pour avoir la paix. La stratégie de Confucius est d’obtenir la paix sans se servir des armes. Confucius annonce qu’il va rendre des villes conquises lors d’une guerre précédentes, mais qu’il demande en échange à ce que les seigneurs de ces villes abattent les murs d’enceinte. Ce que prône Confucius est tout simplement l’unification des royaumes.

Bien entendu, les seigneurs, privés de leur privilège et de leur prérogative, ne l’entendent pas de cette oreille. Confucius va devoir quitter la cour du roi Lu et s’exiler. Il va quitter sa famille et ses disciples vont le suivre les uns après les autres, le premier étant Yan Hui, fidèle parmi les fidèles. Il va conseiller les souverains et les seigneurs de tous les royaumes en leur donnant les meilleurs conseils pour vivre en bonne intelligence les uns avec les autres, même si cela ne plait guerre aux gens avides de pouvoir. Confucius va mettre rencontrer Lao Tseu, dans une scène onirique d’un joli kitsch. Et c’est là l’un des problèmes majeurs du film. L’image est très sage, très léchée et totalement aseptisée. Confucius se voudrait philosophique mais tombe très vite dans un catéchisme ennuyeux au possible. Chaque plan du film propose une image bien jolie et un mouvement de caméra bien développé sans que cela n’apporte la moindre émotion.

C’est la première fois qu’un film sur Confucius est tourné. Qu’il vienne de la Chine est assez savoureux. Mao Tsé-toung a cherché à interdire la propagation de sa pensée dès son accession au pouvoir. Confucius, tout comme la Taoïsme et la pensée de Lao Tseu, étaient considérés comme les symboles les plus marquants du féodalisme. Ces philosophies étaient les ennemis de la société nouvelle qu’envisageait d’imposer Mao Tsé-toung, dans sa mégalomanie d’être le nouveau maître à penser du peuple chinois. Aujourd’hui où les valeurs révolutionnaires sont soldées au profit de l’ultra-libéralisme, le Bureau du Cinéma Chinois, totalement inféodé à la doctrine officielle cherche un nouveau ciment pour fédérer la population et continuer son emprise politique. Confucius mérite mieux que cela.

Confucius (孔子之決戰春秋, Chine, 2009) Un film de Hu Mei avec Chow Yun-fat, Zhou Xun, Lu Yi, Chen Jianbin, Zhang Kaili, Yao Lu, Ren Quan, Jiao Huang, Wang Ban.

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