lundi 25 janvier 2010

La Rose noire


La Rose noire est une version des aventures de Black Rose, une sorte de fantômette cantonaise qui allait rendre la justice en justaucorps noir avec son masque. Le cinéma de Hong Kong aime cette figure du héros justicier, du Robin des bois moderne qui venge la veuve et l’orphelin sans que l’on sache qui il est. Tout l’enjeu de La Rose noire de Jeff Lau est là. Tous les personnages parlent de Black Rose mais on a beau la voir constamment sur l’écran, personne à la fin du film ne saura qui elle est vraiment.


Butterfly (Maggie Siu dans un de ses premiers rôles bien avant sa rencontre avec le cinéma de Johnnie To) écrit des contes pour enfants. Son amie Kuen (Teresa Mo) lui propose d’écrire un scénario pour adultes, mais Butterfly est l’innocence même, elle se fait harceler régulièrement par les jeunes du quartier. L’officier Liu (Tony Leung Ka-fai) vient à sa rescousse d’autant qu’il en pince pour elle. Mais c’est alors que Butterfly et Kuen s’engouffrent dans une histoire qui va les dépasser. Elles assistent à un meurtre entre membres des triades. Pour se disculper, elles laissent traîner une feuille qui indique que la Rose Noire est l’auteur de ces meurtres Or la police recueille les empreintes de Kuen. Elle est recherchée par la police.



Mais la Rose Noire semble exister et veut faire dire la réalité. Elle kidnappe Butterfly. Tandis que Kuen est fait prisonnière par le chef de triade. Or la Rose Noire vit dans le passé. Et ce sont deux femmes qui incarnent cette idée de l’héroïne masquée. Piu-hung (Fung Bo-bo) et Yim-fan (Wong Wan-si) s’habillent comme dans les années 1960 et semblent complètement folles. Elles sont tour à tour mère ou fille, elles sont persuadées d’être la Rose Noire et que l’officier Liu les a abandonnées il y a vingt ans. Elles veulent donc se marier avec lui.


La Rose noire est un modèle de non-sens qui frise souvent avec l’absurde le plus pur. Le cinéma de Stephen Chow est ouvertement cité. Il serait bien difficile de raconter ce qui se passe dans le film au bout d’une demi-heure. Régulièrement, le récit est coupé par des chansons anciennes interprétées par les personnages. Teresa Mo cherche toujours à s’évader d’une geôle où la porte est ouverte et dont le gardien est stupide. Mais c’est surtout Tony Leung Ka-fai qui éblouit. L’acteur modifie sa voix et la transforme en un son nasal étonnant. Les références au cinéma de Hong Kong des années 1960 est très présent, Piu-hung regarde d’ailleurs à la télévision un extrait du Black Rose de 1965. Et le final se permet un combat avec la technique de la paume de Buddha chère à Stephen Chow dans Crazy kung-fu, séquence où le même thème musical est joué. Mais à la fin, on ne sait pas encore qui de toutes ces femmes est la Rose Noire.


La Rose noire (92 Legendary la Rose noire, 92黑玫瑰对黑玫, Hong Kong, 1992) Un film de Jeff Lau avec Tony Leung Ka-fai, Teresa Mo, Maggie Siu, Fung Bo-bo, Wong Wan-si, Teddy Yip.

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