jeudi 10 décembre 2009

Yuki & Nina


Suwa et Girardot. Yuki et Nina. La France et le Japon. La ville et la forêt. L’école et les vacances. Le mariage et le divorce. La réalité et la magie. Jamais Nobuhiro Suwa n’a autant déployé ses thèmes favoris du double. Mais, dans Yuki & Nina, il se débarrasse de tous les artifices qu’il a pu user dans H Story (la fausse fiction et le vrai documentaire), dans M/Other (les effets de vitres et de miroir qui séparaient l’enfant de sa mère) pour aboutir à un film plus ample et plus calme à la fois tourné en duo avec Hyppolite Girardot également interprète du père français.


Yuki (Noë Sampy) apprend de sa mère (Tsuyu Shimizu) qu’elle va désormais habiter au Japon. La mère se sépare du père (Hyppolite Girardot). Ils ne s’entendent plus. Yuki voulait partir en vacances avec sa meilleure amie Nina (Arielle Moutel), elle déjà fille de divorcés. Il faut expliquer aux filles que le divorce rend triste mais c’est pour être plus heureux. Comment une petite fille peut comprendre cela ? Yuki et Nina écrivent une lettre anonyme à la mère. Pas vraiment anonyme puisque la lettre est signée de la « fée de l’amour ». Des petits cœurs de toutes les couleurs émaillent la lettre. La mère lit la lettre à Yuki lors d’un repas. C’est l’une des plus belles scènes du film, l’une des plus émouvantes vues cette année. Mais jamais Suwa et Girardot (qui a filmé cette séquence) ne tombent dans la mièvrerie ou le pathétique.


Inconscientes, les deux filles décident de faire une fugue. Elles prennent le train, quittent Paris et arrivent dans un village où Nina passe ses vacances avec les parents. Elles s’installent dans une petite maison mais quand une voisine arrive, elles s’enfuient dans la forêt. Elles commencent d’abord à se promener, puis elles se perdent. Yuki suit un sentier qui la mène dans un autre lieu, un autre temps. Elle arrive au Japon. C’est sans doute un effet de la fée de l’amour qui veut montrer à Yuki quelle pourrait être sa vie au Japon. Cette deuxième partie japonaise, tournée par Nobuhiro Suwa, surprend et étonne. La forêt est l’un des éléments les plus intéressants dans le cinéma japonais actuel. Naomi Kawase l’a utilisé pour la même raison dans La Forêt de Mogari, une forêt où l’on se perd pour mieux se retrouver. Une forêt à la fois banale et magique.


Il flotte dans tout le film dont le scénario peut tenir sur un papier à cigarettes un sentiment de douceur mêlée de peur. C’est le point de vue de Yuki qui est adopté, sa vision de l’enfance et finalement ce rêve éveillé de venir au Japon sans jamais y avoir mis les pieds est un moyen de découvrir une réalité. L’ellipse temporelle et spatiale provoque une plénitude avec des moyens très simples.


Yuki & Nina (France – Japon, 2009) Un film de Nobuhiro Suwa et Hyppolite Girardot avec Noë Sampy, Arielle Moutel, Tsuyu Shimizu, Hyppolite Girardot, Maryline Canto.

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