mardi 29 décembre 2009

Laughing Gor Turning point


Lors de la présentation cannoise de Vengeance de Johnnie To, on avait pu voir Anthony Wong coiffé d’une coupe punk, une crête noire sur la tête. L’acteur ne suivait pas une mode quelconque mais arborait son look pour l’un des rôles principaux de Laughing Gor Turning point, en l’occurrence celui du frère N°Un. Encore un film de triades. Et oui, encore un, mais tourné en vitesse par Herman Yau et produit par la Shaw Brothers pour la télévision. Laughing Gor Turning point est comme un pilote de luxe pour mettre en place un personnage récurrent.


Frère Laughing (Michael Tse) est au centre de toutes les discussions des chefs de clan qui sont Frère Un, Zatoi (Francis Ng) et Master Ford (Eric Tsang) qui se réunissent dans un hangar désaffecté. Ces rencontres scandent le film et en forment l’attrait majeur. C’est là que va se décider la suite du récit. La Caméra tourne autour des ces trois personnages qui se détestent mais qui sont obligés de s’entendre. Francis Ng n’est pas exempt de particularité capilaire. Il porte une queue de cheval. Il est vêtu d’un haut de survêt’ sans manche ouvert sur son torse. Eric Tsang, qui préside les réunions, porte un vieux marcel blanc remonté jusqu’au nombril. Il se caresse son ventre rebondi en mangeant.


Mais c’est le personnage de Brother One qui intrigue le plus. Anthony Wong campe un personnage obscur et énigmatique dont le passé est révélé tout au long du récit. Son look change à chaque scène, il se gothise de plus en plus. Ses yeux sont maquillés, ses lèvres aussi. Il prend une apparence féminine, se transexualise, porte des vêtements extravagants. Sa transformation est étonnante et cadre avec le récit du film où il est question de flic infiltré dans les triades (pas très original comme sujet). Mais la manière de Herman Yau l’est beaucoup plus. Brother One est toujours accompagné d’une femme, son avocate à qui il tient la main. Le visage d’Anthony Wong ne laisse passer aucune émotion.


C’est pourtant Laughing Gor qui est censé être le personnage central. Suite à une opération ratée, Laughing doit fuir. Il est arrêté. Les trois chefs sont persuadés qu’il va tout balancer aux flics. Ils décident de l’éliminer, mais il s’avère un redoutable résistant. Cela donne d’ailleurs une scène d’une grande violence où les trois chefs font leur réunion habituelle tandis que des hommes de main frappent à coups de base-ball ceux qui ont échoué à trouver Laughing. Les hommes qui sont battus sont enfermés, en slip, dans un grand sac plastique les mains liées. Le film suit l’ascension de Laughing dans le clan après son éventuelle déchéance.


Rien de bien neuf dans ce court film de Herman Yau, si ce n’est le plaisir de voir certains des meilleurs acteurs de Hong Kong. Le scénario regorge de rebondissements et trahisons propres à ce genre de film. Michael Tse, l’interprète de Laughing, est un peu fade, ce qui correspond finalement à son rôle. L’image est un peu plate, sans doute due à son caractère télévisuel. Mais Laughing Gor Turning point est pourtant l’un des succès surprises au box office, ce qui laisse entendre qu’il y aurait bientôt une suite.


Laughing Gor Turning point (LAUGHING GOR 之變節, Hong Kong, 2009) Un film de Herman Yau avec Michael Tse, Anthony Wong, Francis Ng, Wong Yat-wa, Fala Chen, Eric Tsang, Yuen Biao, Lee Ka-ding, Tsui Chung-sun, Ron Ng, Samuel Chan, Wayne Lai, Kenny Wong, Johnson Lee, Ngo Ka-nin, Edwin Siu, Tracy Ip, Anna Yau.

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