dimanche 31 août 2008

Lawyer lawyer

J’avais un souvenir plutôt agréable de ce film. Il s’avère être assez indigeste. Je ne sais pas si j’ai changé de goût ou si le film a très mal vieilli. C’est presque pareil. La découverte en masse de la comédie cantonaise il y a quelques années m’avait enthousiasmé au plus haut point. Je l’aime toujours mais mieux, je suis plus sélectif.
Il faut quand même dire que Joe Ma n’y va pas avec le dos de la cuiller pour faire de l’humour bien gras. Pratiquement tout le premier quart d’heure de Lawyer lawyer est consacré à la merde et l’urine. Faut le faire. Du scato étalé sans vergogne sur l’écran. Une bande de mendiants arrive dans le demeure de Stephen Chow, un notable local. Ils sont pouilleux, tout crotté et sentent mauvais (ce dernier élément est montré parce les personnages se bouchent le nez). Rien de spécial n’arrive.
Stephen Chow a comme souffre douleur, non plus Ng Man-tat mais Eric Kot. On y perd au change. L’humour de Kot est centré sur ses grimaces et un concours s’établit entre lui et Stephen Chow. Enfin presque, parce que Stephen garde la plupart du temps un visage placide. Il se contente de brimer son domestique et de lui foutre des coups de pied au cul.
Pour ne pas faire mentir le titre du film, on arrive dans la deuxième partie au cinéma de prétoire. Eric Kot est accusé de vol et de meurtre. Stephen Chow va le défendre à sa manière, c’est-à-dire avec beaucoup de malveillance à l’égard de toutes les personnes présentes au tribunal. Il doit se faire seconder par sa nièce (Karen Mok) qui a fait des études de droit en Angleterre. Hélas pour lui, elle les abandonnées et a fait des études de mode.
Le seul intérêt du film vient des dialogues de Stephen Chow et de sa logorrhée habituelle faite d’humiliation envers ses interlocuteurs. Le reste semble de la routine. Comme si l’acteur ne pensait plus qu’à sa carrière brillante qu’il allait bientôt faire. Disons qu’il a tourné ce film alimentaire pour payer la production de ses futurs films.
Lawyer lawyer (算死草, Hong Kong, 1997) Un film de Joe Ma avec Stephen Chow, Eric Kot, Karen Mok, Chingmy Yau, Bowie Lam, Lee Kin-yan, Moses Chan, Paul Fonoroff, Wyman Wong, Madam Nancy, Chung King-fai, Lee Siu-kei, Law Kar-ying, Cheung Tat-ming, Vincent Kok, Simon Lui, Tats Lau, Spencer Lam, Leila Tong.

samedi 30 août 2008

Hail the judge


La sortie prochaine de CJ7 de Stephen Chow m’a donné envie de revenir vers certains de ses films moins récents et moins ambitieux. Après Justice, my foot ! de Johnnie To et avant Lawyer lawyer de Joe Ma, voici un autre fil de prétoire en costumes réalisé par Wong Jing pour la Golden Harvest, Hail the judge.

Stephen Chow y est Pao, un juge local qui administre la justice avec son bras droit Yau Wai (Ng Man-tat) de manière assez outrancière en n’oubliant pas d’accepter de l’argent d’une des deux parties. Sa popularité en prend un sacré coup, d’autant qu’il ne se doute de rien. Ainsi après avoir jugé de bien mauvaise foi une affaire où il a affronté l’avocat Fong, qui use de tout son savoir pour gagner le procès. Face à l’incompétence de Stephen Chow, il retourne la situation et l’emporte. Dans le même temps, un chasseur de primes tentait d’arrêter des bandits, Stephen Chow le fait arrêter.

Trois mois plus tard, une jeune femme va se marier avec un homme de bonne famille. Un bandit la viole et assassine toute sa famille, 13 personnes tout de même. Le bandit va au tribunal. Un nouveau juge a été nommé, c’est Wong Yat-fei qui l’interprète en zozotant. Fong défend le bandit, mais pour gagner le procès, il fait inoculer du poison dans les corps des victimes. Il corrompt les témoins qui mentent tous et qui accusent Chi, la jeune femme, d’avoir fomenté ces meurtres. Le juge la fait torturer et passer à la bastonnade. Stephen qui la soutient est accusé de complicité et est jeté en prison. Son univers s’écroule.

Stephen s’échappe de prison après avoir promis à Chi de lui permettre de recouvrer sa liberté et de mettre en prison les vrais coupables. Là, un nouveau film commence. La comédie loufoque va réellement s’installer avec tout ce que l’on connaît de Stephen Chow. Son personnage s’exile. Il est recueilli par des résistant à la corruption. Il affronte la pauvreté et cherche à manger. Un jour, il rentre dans un bordel. Il mange mais n’a pas de quoi payer. Il deviendra gigolo dans le bordel. Wong Jing et Stephen Chow ont alors une idée géniale, la seule de Hail the judge, celle de faire des affrontements verbaux entre la tenancière et Stephen Chow. Des bordées d’injures sur un ton très rapide qui sera une des marques de fabrique de l’acteur.

L’humour dans le film ressemble à celui de beaucoup d’autres films. Un peu de pipi caca vomi, des situations détournées (l’affrontement final conçu comme un match de boxe), on s’y cache sous un lit entre ennemis, Stephen Chow se fait passer pour une femme, Ng Man-tat se fait taper dessus et est l’habituel souffre-douleur. Pas seulement la routine de l’âge d’or de Stephen Chow, plutôt une anthologie de son humour.

Hail the judge (九品芝麻官之白面包青天, Hong Kong, 1994) Un film de Wong Jing avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Sharla Cheung, Wong Yat-fei, Elvis Tsui, Christy Cheung, Gabriel Wong.

jeudi 28 août 2008

Sorties à Hong Kong (août 2008)

Kung fu hip hop (精舞門)

Un film de Fu Huayang avec Fan Bing-bing, Jordan Chan, Nam Hyun-joon, Chen Kuan-tai, Wang Yue, Gao Min, Yang Yang, Pan Xiaoting, Xing Aowei. Classé Catégorie IIA. Sortie : 28 août 2008.



The Way we are (天水圍的日與夜)

Un film d’Ann Hui avec Paw Hee-ching, Leung Chun-lung, Idy Chan, Chan Lai-wun, Vincent Chui, Clifton Ko. 90 minutes. Classé Catégorie I. Sortie : 28 août 2008.


mardi 26 août 2008

Fist of fear touch of death



L’utilisation de l’imagerie de Bruce Lee par l’industrie du cinéma s’appelle la « bruceploitation ». Acteur au physique similaire, nom très proche (Bruce Le, Bruce Li, Dragon Lee), titre du film qui reprend les termes de ceux de Bruce Lee (Enter the deadly dragon, Enter the game of death) ou utilisation de son nom dans de nombreux titres de films, fausses biographies, tout était bon pour faire du petit dragon un élément commercial après sa mort. Fist of fear touch of death est mon nanar de l’été, un objet d’une rare nullité et d’une putasserie sans fin.

Los Angeles 1979. Nous suivons un journaliste du nom de Adolph Caesar. L’homme doit être très compétent car il se déplace en Rolls Royce. Ça rapporte le métier de journaliste. Caesar se rend à un gala d’arts martiaux au Madison Square Garden. Là bas, il veut nous montrer qui sont les héritiers de Bruce Lee, s’il en existe, et nous présenter sa théorie sur la mort de l’acteur. Il interroge Aaron Banks, organisateur du gala, qui est persuadé que Bruce Lee a été assassiné. Caesar partage cette opinion.

On suit le parcours du boxer Fred Williamson dans une scène de réveil étonnante par son caractère documentaire (l’homme se réveille, sa copine Cydra Karlyn ne veut pas qu’il parte, elle joue comme un patate). Caesar vient chercher Fred en Rolls pour l’amener au Madison. Ils évoquent l’influence de Bruce Lee sur la carrière des artistes martiaux. On voit un entretien de Bruce (doublé en anglais) prétendument tenu par Caesar. En fait, il s’agit d’une de ses nombreuses interviews pour la télé américaine où l’acteur sortait ce que les reporters voulaient entendre sur le kung-fu. Tel PPDA interviewant Fidel Castro, on se rend bien évidemment compte que Adolph Caesar n’a jamais rencontré Lee. Plus loin dans le film, notre boxer sera confronté à un discours de Bruce devant deux murs de pierre qui ne ressemblent même pas.

Passé ce petit moment de rigolade où tout cela est dit avec le plus grand sérieux du monde, Caesar nous annonce tout fier que maintenant nous allons pouvoir découvrir la véritable histoire de Bruce Lee. On se retrouve devant un film chinois en noir et blanc où un jeune homme revient dans sa famille. Son petit frère est ravi de l’accueillir mais les parents le sont moins. Or ce petit frère, c’est Bruce Lee dans un des films où il a joué dans les années 1950 lorsqu’il était adolescent. Car avant d’être la star du film de kung-fu, Bruce Lee a une longue carrière dans le mélodrame chinois. Et on doit prendre ça pour un documentaire.

Une voix off solennelle nous impose un flash back qui doit nous monter les ancêtres de Bruce Lee et notamment son grand-père qui était samouraï. Le réalisateur du montage (car il n’y a pas de mise en scène dans ce produit) confond allègrement le Japon et la Chine, car après tout ils sont tous les deux en Asie ces pays, il doit bien y avoir une frontière commune. On passe après un merveilleux flou de flash back vers ce passé et on tombe sur un film en couleur cette fois. Pour illustrer le grand père samouraï, on se retrouve devant un de ces nombreux films de kung-fu aux zooms abrupts. Impossible de déterminer quel est ce navet où ils ont changé les dialogues (comme dans le film avec Bruce Lee en noir et blanc d’ailleurs). Ils inventent une histoire grotesque d’honneur et blablabla.

On revient régulièrement sur les années 1950, on repasse par le film taïwanais aux combats à peu près aussi réussis que les fausses interviews du début. Ça dure quand même un bon tiers du film. Tout cela pour expliquer que Bruce Lee à l’instar de son grand père samouraï est venu aux Etats-Unis pour garder son honneur. (Dans la vraie vie, Bruce Lee était citoyen américain et devait retourner avant ses 18 ans aux Etats-Unis pour conserver son passeport, il y est donc retourné en 1957 interrompant sa carrière naissante à Hong Kong).

Maintenant on suit Bruce Lee dans ses activités télévisuelles (une photo du Green Hornet), on oublie ses films à Hong Kong, car nos auteurs n’en sont plus à une contre-vérité près. Le film prend même la peine de nous parler des clones de Bruce Lee avec un mec à moustache qui va sauver une fille qui manque de se faire violer par une horde de gars tout droit sortis du film The Warriors. Voilà, on sait tout de l’histoire vraie, véridique et réellement vraisemblable de Bruce Lee. Reste maintenant à montrer quelques boxeurs du gala. Un gars casse des briques, puis qui fait de la boxe et le présentateur de finir en disant que Bruce Lee est le meilleur et que personne ne pourra le remplacer car il est le meilleur. Ben, tiens !

Fist of fear touch of death est un chef d’œuvre. Un chef d’œuvre authentique que j’ai découvert grâce à une collection de DVD que m’a filé le rédacteur de Tampopo. Il y en plein d’autres chez cet éditeur qui s’appelle eastwestdvd, dont un Chow Yun-fat avant qu’il soit connu. Arigato Sebokun !

Fist of fear touch of death (Etats-Unis, 1980) Un film de Matthew Mallinson avec Aaron Banks, Fred Williamson, Ron Van Clief, Adolph Caesar, Bill Louie, Teruyuki Higa, Gail Turner, Cydra Karlyn et Bruce Lee.

lundi 25 août 2008

Evasion du Japon


Tranquillement, je continue mon exploration de l’œuvre cinématographique de Yoshishige Yoshida. Année 1964, celle des Jeux Olympiques de Tokyo et Evasion du Japon, film en couleurs et cinémascope.

Le générique est étrange, un homme peint sur une vitre des traces de couleurs vives tandis qu’une musique digne de Schönberg met mal à l’aise. Puis ça passe au jazz tendance music hall. Tatsuo, pull rouge, chante une chanson en anglais ou plutôt il mime un play-back. Il s’imagine en chanteur populaire et adulé, en Frank Sinatra ou Sammy Davis Junior. Mais Tatsuo n’a pas le droit de venir avec la troupe du cabaret où il travaille. Il veut partir en « Amérique », comme on dit, là où on reconnaîtra son talent.

Il rencontre Takashi qui sort de prison. Il lui demande sa chambre pour faire sa fête à une jeune femme. Elle, Yasue, travaille dans les bains turcs. Takashi établit un plan pour cambrioler la caisse des bains turcs, il va faire de Yasue et Tastua ses complices. Il va également demander l’aide d’un quatrième larron. Complices un peu contraints et forcés, Tastsua va conduire l’automobile et Yasue laisser ouverte la porte du bureau. Rien ne va se passer comme prévu. Evasion du Japon ne sera qu’une fuite éperdue vers une liberté (l’Amérique) qui n’existe nulle part.

Le cambriolage se passe très mal. L’alarme se déclanche. Les quatre s’enfuient. Tastua est paniqué, un policier court vers les bains et il percute l’auto. On tire sur le flic. Ils partent se réfugier avec le butin dans un sous-sol. Tout va dégénérer. Takashi est en manque et se fait une piqûre d’héroïne. L’autre gars veut violer la fille. Tatsua prend le pistolet et abat les deux autres hommes. Il va partir avec Yasue en direction d’une base américaine pour s’enfuir.

Evasion du Japon est un film très sombre à tous les sens du terme. Yoshida filme essentiellement dans des lieux mal éclairés (chambres, garage, couloirs, voitures) des situations de plus en plus difficiles pour les protagonistes. Toutes les mauvaises décisions sont prises et la joie de vie, l’espoir d’un monde de Tatsua se transforment en cauchemar. Il ne pourra plus s’échapper du destin fatal d’autant qu’il sombre peu à peu dans la folie. Il se rapproche de son rêve, il manque de peu l’embarquement clandestin sur un bateau qui doit d’abord l’amener en Corée, mais il s’éloigne de plus en plus de son rêve. Tatsua le sait et c’est cela qui le rend fou.

Le final d’Evasion du Japon se déroule sur le parcours de la flamme des JO de Tokyo. Il s’est persuadé que ces gens qui courent veulent l’attraper. Il grimpe dans le camion de journalistes. Son rire devient dément. Le contraste entre la fête autour de la flamme, d’une organisation parfaite et précise et son plan à lui qui va échouer devient de plus en plus troublant. Il ne reste plus maître de ses actions tandis que l’étau se resserre autour de lui. On ne s’évade pas du Japon.

Evasion du Japon (日本脱出, Japon, 1964) Un film de Yoshishige (Kijû) Yoshida avec Yasushi Suzuki, Miyuki Kuwano, Kyosuke Machida, Ryohei Uchida.

samedi 23 août 2008

La Danse du lion + Dragon lord



Je me suis toujours demandé s’il était possible de théoriser le cinéma de Jackie Chan comme on peut le faire pour celui de John Woo ou de John Mac Tiernan ou encore de James Cameron. Pourquoi mettre en théorie un cinéma de pur divertissement qui ne cherche pas à parler des grands problèmes de ce monde ou, plus simplement, de mettre Hong Kong dans une perspective historique, de la placer dans une vision documentaire ? Question éternelle, qu’est-ce qu’un auteur de cinéma ? Y-en a-t-il à Hong Kong d’ailleurs au début des années 1980 ? Il existe une réelle différence stylistique entre La Danse du lion et Dragon lord, immédiatement visible, en deux ans Jackie Chan change radicalement de mise en scène.

Jackie Chan acteur d’action depuis quelques dix ans n’a pas eu beaucoup de chance avec ses films. La plupart est d’une belle médiocrité et d’un ennui profond. Il a tourné dans pas mal de films de Lo Wei qui a pour gloire d’avoir révélé Bruce Lee, certes, mais Bruce Lee était un personnage. Il faudra donc à Jackie Chan s’inventer son personnage et ne pas copier Bruce Lee. Difficulté de convaincre les réalisateurs et les scénaristes que Jackie Chan doit être Jackie Chan. Yuen Woo-ping dans Drunken master commence à élaborer ce Jackie Chan, un petit gars simple et malicieux qui est pris dans les rets des arts martiaux et de la discipline.


Dans La Danse du lion, Jackie Chan sera une jeune homme qui vit dans une école d’arts martiaux dirigée par Tien Feng. Il doit pratiquer la danse du lion avec un autre élève (Wei Pei). Ce dernier trahit l’école pour de l’argent et fait perdre la compétition. Il est banni de l’école mais Jackie Chan va partir à sa recherche. Jackie va être confondu avec lui par deux policiers (Yuen Biao et Shek Kin) qui l’arrêtent, bien qu’il clame son innocence. Une longue chasse à l’homme commence d’autant que Wei Pei s’est lié à une bande de malfrats.

Dans Dragon lord, Jackie Chan est encore une fois un jeune homme, mais il semble jouer un adolescent. C’est un cancre incapable d’apprendre la moindre leçon que lui prodigue son professeur. Lui et son meilleur ami (Mars) font mille bêtises, ils draguent les filles, ils cassent tout sans se soucier des conséquences. Un bandit cherche à vendre des objets antiques volés. Il va croiser la route de Jackie et Mars qui, à cause de leurs catastrophes, vont mettre des bâtons dans les roues de la bande, mais bien inconsciemment.

Les scénarios s’ils se ressemblent sur le papier sont largement différents dans leur développement. Celui de La Danse du lion est rectiligne, c’est d’abord le sort de Wei Pei qui l’irrigue et qui produit les divers combats d’arts martiaux qui ponctuent le film. Chaque mouvement scénaristique se résout par un combat quel que soit l’adversaire. De plus chaque combat est adapté suivant l’adversaire et propose un genre spécifique. Plus comique face à Yuen Biao (le combat du tabouret) ou complètement violent face au chef des bandits dans la dernière scène (sur une colline). Le film use et abuse de zooms violents et abrupts qui évoquent la manière de la Shaw Brothers. Les combats utilisent les mouvements saccadés qui ont souvent caricaturés le film de kung-fu.

Jackie Chan abandonne le zoom dans Dragon lord et se moque de l’intrigue des pilleurs d’antiquités. Il se concentre sur les gags infantiles que Mars et lui-même égrènent. Mars joue un Monsieur Catastrophe maladroit et stupide. Il joue aussi sur les quiproquos de situation et offre de belles trouvailles. Les deux jouent des ados facétieux travaillés par leur libido naissante. Quant aux combats, ils réservent deux surprises de taille. Jackie Chan détourne les règles du genre en mettant en scène deux spectacles sportifs qui montrent son agilité. Le premier est une compétition de volant, sorte de football où le ballon serait remplacé par un volant de badminton. On a même droit à un commentateur sportif. Le deuxième est une parodie de rugby. Certes, il y a encore un combat classique, très violent et spectaculaire qui utilise pour la première fois les ressorts du style particulier de Jackie Chan : l’utilisation des objets pour se battre et les chutes dangereuses, le tout dans une grande fluidité qui abandonne les mouvements saccadés.

Dès lors l’ambition de Jackie Chan sera de tourner moins (un ou deux films par an), d’en tourner un lui-même par an et de n’être que l’acteur pour un autre réalisateur (souvent Sammo Hung). Pour ses propres films, il sera toujours la vedette avec son rôle de redresseur de torts et veillera constamment à mélanger aventure, action, comédie et romance. Toujours pour la Golden Harvest, bien entendu. Jackie Chan écrira dans ces années 1980 les plus belles lettres de la comédie cantonaise. Un auteur en définitive.

La Danse du lion (The Young master, 师弟出马, Hong Kong, 1980) Un film de Jackie Chan avec Jackie Chan, Shek Kin, Tien Feng, Yuen Biao, Lily Li, Wei Pei.
Dragon lord (龙少爷, Hong Kong, 1982) Un film de Jackie Chan avec Jackie Chan, Mars, Tien Feng, Sidney Yim, Chang Chung.

jeudi 21 août 2008

Sorties à Hong Kong (août 2008)

Forgive and forget (親愛的)
Un film de Patrick Kong avec Alice Tsang, Miki Yeung, Andy On. 88 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 21 août 2008.

mercredi 20 août 2008

Tokyo bordello


Le 5 avril 1911, le quartier de Yoshiwara brûlait entièrement. C’était le lieu des plaisirs, le bordel de Tokyo. L’endroit où Tokyo bordello va nous plonger et remonter le temps en suivant le parcours d’une jeune femme vendue par son père pour éponger ses dettes et qui, quatre ans durant, va exercer la profession de geisha, du plus bas échelon jusqu’au sommet.

Hisano est une adolescente, elle arrive là en baissant les yeux et c’est son regard que Gosha adopte pour montrer le bordel. Pendant toute la première demi-heure du film, tout est montré, toutes les règles sont déployées afin que l’on sache pourquoi telle personne agira de telle manière. Le bordel (de luxe où seuls les gens riches peuvent se payer une prostituée) est une société qui fonctionne en autonomie avec sa hiérarchie au sein des geishas. Au sommet, il y en a trois qui ont des clients attitrés puis vient le tout venant. Devant l’entrée, un rabatteur attire les clients avec une rare obséquiosité. Les maîtresses de maison gèrent tout ce beau monde à la baguette. Gosha montre aussi les apparats, les tenues et les coiffures que les geishas doivent adopter pour se rendre désirables.

Très vite, Hisano se voit attribuer un nom avantageux, Wakashio (jeune marée), sous lequel elle sera désormais connue. Toutes les prostituées travaillent sous pseudonyme. Le premier soir, Hisano tente de s’échapper. Elle sera battue. On lui explique qu’elle a une dette et qu’elle recouvrera sa liberté une fois sa dette remboursée. Cela durera quatre ans. Lors de son évasion avortée, elle croise un jeune étudiant qui manifeste contre le quartier des bordels. Il deviendra son client attitré et parce qu’il est de bonne famille et riche, elle deviendra à son tour grande geisha, ce qui lui attirera la jalousie.

Tokyo bordello suit également le parcours d’autres geishas qui se verront toujours démunies face à la vie, trompées par les hommes qui les affranchissent. Elles espèrent une vie meilleure et digne mais elles sont stigmatisées dans le monde extérieur et reviennent parfois à Yoshiwara. Quant à Hisano et son riche étudiant, ils vivent chastement, il refuse de coucher avec elle, mais elle se met à l’aimer. Il la quitte, elle décide alors de se plonger corps et âme dans son rôle et de faire la parade de la grande geisha qui la désigne comme la personne la plus importante du quartier.

Hideo Gosha traite avec une grande minutie son sujet. Aujourd’hui on dirait que c’est un film académique. Il l’est sans doute dans sa manière à la fois d’agencer son scénario (description documentaire puis romance fatale) et de soigner chaque élément du décor (le quartier a été entièrement reconstruit, aucun détail ne manque). Le résultat est en tout cas impressionnant malgré quelques effets racoleurs un peu douteux (deux geishas s’embrassent nues) qui sont compensés par les désespoir qui s’installe petit à petit dans Tokyo bordello quand les geishas comprennent qu’elles ne seront jamais libres ni aimées.

Tokyo bordello (Japon, 1987) Un film de Hideo Gosha avec Yuko Natori, Rino Katase, Jinpachi Nezu, Sayako Ninomiya.

mardi 19 août 2008

Shaolin basket


Impossible de ne pas les voir. Sur les bus, dans les encarts pub au bord des rues, partout il y a des affiches de Shaolin basket. L’affiche reprend l’imagerie de Shaolin soccer, un ballon en feu qui défie la vitesse et bien entendu le titre « français ». Il est vrai que le dunk (s’accrocher au panier pour mettre le ballon) n’est pas forcément quelque chose de très connu en dehors des amateurs de basket ball. Mais passer de kung fu à shaolin est exagéré, mais encore une fois les distributeurs de ce chef d’œuvre entendent sans doute miser sur le succès estival de Stephen Chow en 2002.

Kung fu dunk est donc un film sur le basket ou plutôt sur Fang Shijie (Jay Chou) qui réussit à mettre n’importe quel objet dans n’importe quel trou. Le jeune homme vit dans un monastère où il a été adopté après son abandon. Or il se trouvait à côté d’un terrain de basket et a été touché par le génie de ce sport. Tout cela est un peut tiré par les cheveux, certes, mais le scénario est ainsi. Le monastère est médiocre, Fang est le souffre-douleur du maître lequel est secondé par quatre traîne savattes, dont Ng Man-tat que l’on n’avait pas revu depuis Shaolin soccer, justement. Il n’apparaît que quelques minutes, il cachetonne, le pauvre, mais il n’est pas le seul, il y a aussi Wong Kai-ye qui ne dit pas un seul mot mais qui grimace beaucoup. On est censé regarder une comédie.

Eric Tsang arrive dans le récit. Il repère le jeune homme, remarque immédiatement ses grandes capacités. Il y a une baston dans un bar branché, qui ressemble à celles d’un film de Wilson Yip, où Jay Chou se bat admirablement par la grâce du numérique (mais sans qu’on comprenne le pourquoi de la chose), il intègre une équipe universitaire. Là les clichés commencent à débouler à toute vitesse. Et tout ce qui était à peu près plaisant depuis une vingtaine de minutes devient vite balourd.

Dans l’équipe de basket, il y a la jeune fille à lunettes timide (Charlene Choi) mais que Jay Chou apprécie. Il va devoir passer par son affection pour se faire accepter. Le frère de la fille est alcoolique depuis qu’un adversaire lui a piqué sa copine. Justement cet ennemi va affronter l’équipe. Il est aidé par des joueurs très musclés, des hooligans qui évoquent les costauds dopés dans Shaolin soccer. Il y a aussi le beau gosse ténébreux qui voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouveau aussi fort que lui. Il va sans dire qu’ils vont unir leur force contre les méchants. On ajoute à cela la venue des quatre traînes savates venues faire quelques tours de shaolin et on a le scénario bien peu construit, qui manque d’imagination et qui déroule un tapis de bons sentiments à faire vomir.

Eric Tsang en fait des tonnes. Il a des petites lunettes rondes. C’est un bon gars même s’il lorgne vers des bas trafics. Il veut gagner du pognon grâce à l’agilité de Jay Chou qui lui n’a d’autre ambition que de retrouver ses parents. Jay Chou justement. On se moque de lui, c’est facile et ça ne mange pas de pain. Mais il n’est pas si mauvais que ça. Il a toujours sa moue boudeuse. Il joue un naïf au milieu d’un panier de crabes. Il se voit offrir la plus belle idée du film : applaudir pour un rien chaque fois qu’il trouve une chose admirable. Il incarne un inadapté, comme dans ses autres films (Initial D et Secret) avec conviction. Il n’est pas impossible qu’il devienne bon un jour.

Shaolin basket (Kung fu dunk, 功夫灌籃, Hong Kong, 2008) Un film de Kevin Chu avec Jay Chou, Eric Tsang, Ng Man-tat, Chen Bo Lin, Charlene Choi, Leung Kar-yan, Huang Bo, Yan Ni, Wang Gang.

lundi 18 août 2008

Le Soleil se lève aussi


Voir Anthony Wong au cinéma, en salles, deux fois dans la même semaine est pour moi un grand bonheur. Bon, La Momie 3 c’est gentil, mais Le Soleil se lève aussi, c’est d’un autre calibre. L’acteur – réalisateur Jiang Wen revient sans tambour ni trompette après sept ans d’interdiction de travailler. Les Chinois n’y vont jamais avec le dos de la cuiller. Jiang Wen se donne donc le premier rôle de ce film étrange et beau.

Le film se déroule en 1976, l’année de la mort de Mao, dans un coin reculé de la Chine. Les premiers plans sont énigmatiques et colorés, la caméra frôle le sol, on y voit de nombreuses fleurs rouges au milieu d’herbes. On y entend des chants russes et un prénom Aliocha. Commence alors un récit bigarré, un conte à la Kusturica où une mère (Joan Chen) rêve de chaussons en forme de poisson et où son fils (Jaycee Chan) abandonne ses études pour devenir paysan. La mère devient folle, un oiseau passe par là et crie « Je ne sais pas, je ne sais pas », une chevrette monte sur un arbre, la mère creuse au pied de l’arbre et en extraie des grosses pierres blanches qui vont servir à construire une cabane qui sert d’autel pour le père de Jaycee Chan, père qu’il ne connaît pas.

Le deuxième récit est dans un autre coin de la Chine, Anthony Wong est enseignant et il aime regarder les femmes, ce qui en pleine Grand Révolution Culturelle Prolétarienne n’est pas la chose la plus en vue. Un soir où la projection du Détachement féminin rouge de Xie Jin est projeté, on l’accuse d’avoir peloter cinq femmes. Il est accusé par le chef du parti d’être un pervers. Pour avancer, il avoue même s’il est innocent. Son problème est qu’il est amoureux de la fiancée de Jiang Wen.

Troisième histoire : on retourne au village de Jaycee Chan. Il est devenu le chef du village. Jiang Wen est envoyé en rééducation avec sa fiancée. Il va apprendre la chasse aux enfants et tirer sur de nombreux faisans et lapins. Jaycee lui accorde chaque un point pour sa rééducation. Là, il tombe amoureux de la femme de Jiang Wen. Enfin, la dernière partie du film se déroule en 1958 où l’on nous explique beaucoup de choses et où l’on comprend le comment du pourquoi. Le Soleil se lève aussi retombe sur ses pattes.

Faire un film aussi sensuel dans une période aussi noire que la Révolution Culturelle peut être prise comme une grande maladresse. Seulement voilà, ce qui est inscrit sur l’écran est d’apparence poétique mais révèle un profond malaise. L’atmosphère est très proche de la folie, on touche du doigt un fantastique angoissant. Les personnages deviennent fous, ils perdent pied avec la réalité officielle (le détournement du message du Détachement féminin rouge du politique au sexuel), ils ne se conforment à l’idéologie. C’est en cela, grâce à cette subversion, que le film devient intéressant.

Le film est d’une grande beauté avec des plans étonnants (le passage du train dans la dernière partie) qui pourraient n’être que des chromos, mais Jiang Wen leur enlève leur charge émotionnelle. Anthony Wong y est génial. Il n’apparaît que 45 minutes en tout mais son simple regard vaut beaucoup de dialogues explicatifs. Jaycee Chan qui ne cesse de courir dans la première partie s’avère un bon acteur. Le Soleil se lève aussi est un film bien peu académique, ça change des films chinois.

Le Soleil se lève aussi (太陽照常升起, Chine – Hong Kong, 2007) Un film de Jiang Wen avec Jiang Wen, Joan Chen, Jaycee Chan, Anthony Wong, Zhou Yun.

samedi 16 août 2008

vendredi 15 août 2008

The Legend of Zu


Tsui Hark a produit trois Syndicat du crime, trois Histoires de fantômes chinois, trois Swordsman et six Il était une fois en Chine, avec chaque fois l’intention de faire de l’argent suite au succès du film original. En tournant Legend of Zu, on ne peut pas l’accuser de vénalité. D’abord parce que Zu les guerriers de la montagne magique a été un bide monumental au box-office en son temps, ensuite parce que Legend of Zu a été tourné 17 ans plus tard. Seulement voilà, en 2001 Tsui Hark n’est plus le Roi du monde. Bien au contraire. Sa carrière JVCDienne a été catastrophique et Time and tide est passé inaperçu. Pourquoi alors retourner vers Zu ?

Tigre et Dragon d’Ang Lee, sorti en juillet 2000 à Hong Kong et en Chine, fort de son accueil à Cannes et partout en Occident est un premier élément vers sa décision. Le public a adoré le film mais les puristes du wu xia pian regrettent l’occidentalisation du récit. Tsui Hark va chercher à produire un film entièrement oriental. Autre élément, celui de l’avancée des effets spéciaux comme l’a montré par exemple The Matrix, où les combats dirigés par Yuen Woo-ping sont désormais générés par ordinateur. Or Tsui Hark avait toujours déploré l’artisanat de Zu, il s’était plaint de n’avoir pas pu aller aussi loin que souhaité. On allait voir ce que l’on allait voir.

Je le dis tout net : Legend of Zu est à Zu les guerriers de la montagne magique, ce que La Menace fantôme est à La Guerre des étoiles. Un épouvantable navet. Tsui Hark et George Lucas, même combat, même résultat. Le cinéaste a repris ses éléments principaux, les épées Foudre et Ciel, le Mal intégral qui veut anéantir le monde, Sammo Hung dans le rôle de Longs Sourcils, la Reine des Glaces incarnée ici par Cecilia Cheung. Mais Tsui Hark s’est fait déborder par son projet qui consiste à tout se permettre grâce aux effets spéciaux.

J’aime beaucoup Sammo Hung, Cecilia Cheung et Louis Koo, mais il leur est bien difficile d’exprimer la moindre émotion devant les fonds bleus ou verts devant lesquels ils ont dû jouer. Car le vrai souci dans ce film est sa raideur, les acteurs sont raides, ils déclament leur texte censé annoncer l’action qui va arriver. Bien entendu, tout ce qu’ils disent arrive : le Démon de sang attaque (gros effets spéciaux d’un monstre en forme de sang), Sammo Hung utilise son miroir céleste (au moins quinze fois dans le film), Eking Cheng et Louis Koo se battent (contre d’autres et entre eux) avec des armes qui volent de partout, Cecilia Cheung et Wu Jing tente de fusionner les épées qui font des kilomètres (Tsui Hark voulait cet effet depuis longtemps). Mais il n’y a aucun enjeu. Tout est dans la surenchère de numérique, d’images trafiquées, d’effets spéciaux. Une idée du cinéma transgénique qui élimine toute idée de poésie.

Tsui Hark réalise son pire film avant d’enchaîner avec l’affreux Black mask 2, autre sommet de médiocrité. Mais le pire dans tout cela, c’est cela donne des ailes à Zhang Yimou et Chen Kaige (Hero, Le Secret des poignards volents, Wu-Ji). Je ne suis pas contre les effets spéciaux puisque j’adore Shaolin soccer et Crazy kung-fu, mais Stephen Chow a su mettre le numérique au service de son scénario. C’est ce qui manque à Legend of Zu.

The Legend of Zu (蜀山传, Hong Kong – Chine, 2001) Un film de Tsui Hark avec Ekin Cheng, Cecilia Cheung, Louis Koo, Wu Jing, Sammo Hung, Zhang Zi-yi, Kelly Lin.

jeudi 14 août 2008

Evil cult


J’ai rarement eu l’occasion de parler du cinéma de Wong Jing, c’est un tort. Le super-producteur (comme un dit un supermarché) mérite qu’on s’attarde en longueur et en largeur sur sa carrière, sur son œuvre et sur ce qu’il a apporté au cinéma de Hong Kong. Dans un film qui date de la rétrocession, Those were the days, on voit un sosie de Wong Kar-wai rencontrer un clone de Wong Jing. La scène se passe dans les toilettes le soir de la cérémonie des Hong Kong Film Awards. Cette rencontre entre les deux extrêmes du cinéma cantonais, l’industrie face à l’auteurisme, résume ce qu’on aime dans ce cinéma.

Dans un récent entretien pour hkcinemagic, Wong Jing affirme qu’il ne fera jamais de film d’auteur, car il ne sait pas faire. C’est comme si on demandait à Wong Kar-wai de faire un Young & dangerous dans les règles de l’art : il ne saurait pas faire. Mais en France, notre perversion naturelle nous pousse à rendre auteurs même les plus indécrottables réalisateurs commerciaux. Or parmi la pléthorique production de Wong Jing, il y a tout des films très regardables et même très bons, comme cet Evil cult, que d’aucuns affirment avoir été tourné par Sammo Hung.

A ce moment de sa carrière, Jet Li a rompu ses relations de travail avec Tsui Hark. Les deux hommes ont travaillé ensemble sur les trois premiers Il était une fois en Chine, avec un grand succès commercial comme critique. Ils se fâchent pour des différents artistiques, comme on dit. Wong Jing va donc embaucher Jet Li et lui proposer une nouvelle aventure de Wong Fei-hung : Claws of steel. Quelques autres films qui plaisent au public les confortent dans leur position. Evil cult est l’aboutissement de leur collaboration.

En toute honnêteté, il est très difficile de résumer Evil cult. Je ne suis même pas sûr que cela soit nécessaire. Pas certain non plus que cela soit utile. De toute façon, à force de trahisons, de retournements de situations, d’alliances secrètes, il est impossible de suivre le récit. Dès le départ, tout est confus. Une voix off nous parle de toutes les sectes (comprendre clans religieux) et de leurs rapports. On reconnaît les noms de Wu Tang et de Shaolin. Quant au reste…

Ce que l’on comprend très bien, c’est que Jet Li joue un héros qui cherche à venger la mort de ses parents. On les voie dans la scène initiale. Jet Li est recueilli par Sammo Hung (qui joue un centenaire, magnifique maquillage !) mais l’orphelin n’est pas en mesure d’apprendre le kung-fu car il a été marqué par le Spectre Noir. Il rencontrera plus tard, après avoir été chassé par son demi frère adoptif jaloux, un ermite qui lui apprendra les arts martiaux. Jet Li pourra enfin faire ce pour quoi il a été engagé : se battre. Et il le fera très bien et très souvent.

Le scénario de Evil cult n’est pas la chose la plus intelligente vue ces vingt dernières années. Mais il faut bien avouer que le tout ne manque jamais de saveur et qu’un plaisir coupable vient très vite au spectateur. Les combats sont nombreux et mis en scène par Sammo Hung, avec son savoir faire légendaire et sa manière personnelle de régler les affrontements et les chutes des pugilistes. Les décors sont soignés, malgré un budget d’évidence restreint, et les costumes comme les maquillages donnent un film un petit air Shaw Brothers, avec l’énergie et l’humour potache en plus. Mais Evil cult évoque surtout à Zu les guerriers de la montagne magique. Certes, on y vole beaucoup plus mais toujours en se moquant des lois de la gravitation. Cela joue sur l’imitation qui garantie une qualité plus que sur un hommage. Tout comme pour le personnage qui enseigne le kung-fu à Jet Li, copie conforme de Longues Moustaches (Sammo Hung) dans Zu.

Evil cult est, il faut bien le reconnaître, un bon film, qui plus très agréable à regarder et sans prétention. Il faut bien sûr aimer les explosions artisanales (pas d’effets numériques encore), les ricanements sardoniques des méchants, les héros naïfs au grand cœur et les jeunes filles espiègles. Le film a été un très gros succès public en son temps à Hong Kong, la scène finale semble proposer une suite au film. Sequel que l’on attend encore.

-->Evil cult (Kung fu cult master, 倚天屠龍記之魔教教主, Hong Kong, 1993) Un film de Wong Jing avec Jet Li, Sammo Hung, Francis Ng, Chingmy Yau, Cheung Man, Richard Ng, Leung Kar-yan.

mercredi 13 août 2008

Zu, les images

La force visuelle de Zu les guerriers de la montagne magique est telle, que je ne pouvais que mettre des images du film. Elles sont dans la continuité du récit.



















Zu les guerriers de la montagne magique


Zu les guerriers de la montagne magique est un film parfait. Il n’est peut-être pas le meilleur film de Tsui Hark (ça doit être The Blade) ou son plus réussi (Il était une fois en Chine 3, le tournoi du lion). Chacun a son film de Tsui Hark préféré et c’est tant mieux, mais Zu est sans doute le plus irréductible à tout explication, celui qui se vit en tant qu’il vaut mieux le voir dans de bonnes conditions (en VO, si possible sur grand écran) pour en apprécier la saveur et sans doute pour en comprendre les rouages et les enjeux. Zu est un film d’apparence complexe mais qui se laisse prendre au bout de quelques visions. Son explication est donc promise à celui qui voudra bien l’atteindre. Déchiffrer les aventures des personnages de Zu est en soir une gageure mais cela devient rapidement la seule manière de comprendre le film et d’en faciliter l’accès. Zu est un film parfait parce qu’il est à la fois d’une grande complexité de prime abord mais qu’il recèle des ingrédients tels que poésie, humour, sensualité, violence, effroi, romance, aventure, honneur et d’autres encore de manière si évidente.

Les personnages donc. Ils sont rarement nommés, tout juste désignés mais chacun aura une fonction précise à laquelle il devra se tenir pour finir l’aventure. Or l’idée géniale de Tsui Hark est de ne pas cantonner ses personnages dans un rôle. Yuen Biao qui est le personnage porteur du récit, celui qui lance le film dans sa rencontre avec Sammo Hung, Yuen Biao donc n’est qu’un soldat qui doit se battre au milieu d’autres soldats. Il a une couleur qu’il n’a pas choisie, pas plus que Sammo Hung, mais il va se battre pour cette couleur. Cette fonction de simple soldat, donc de chair à canon pour un seigneur qu’ils ne connaissant pas, devrait vite amener le récit sur le champ de la mort, mais il suffit d’un détail (Yuen Biao glisse d’une falaise) pour lancer le récit dans une autre direction. Mais Tsui Hark nous avait prévenu dans son prologue que ce récit serait magique, que les montagnes révèleraient de nombreuses chausse-trappes. Ce que dit aussi immédiatement le film, c’est que chaque personnage n’aura d’autres buts que de sauver sa peau de ce monde chaotique dans lequel il est plongé. De toutes parts, des soldats des différents royaumes chinois arrivent dans le plan. Chaque clan a une couleur, c’est assez beau mais c’est troublant puisque c’est drôle et cruel. Des soldats font semblant d’être morts pour ne pas avoir à se battre. Sammo Hung et Yuen Biao croyant bien faire se couchent par terre, mais ils doivent partir dans une autre direction (le lac voisin et le bateau d’un pécheur) puis revenir sur la terre ferme. Les deux hommes se rendent compte qu’ils viennent du même village mais de quartiers différents. Finalement Yuen Biao décide de reprendre le récit seul. Etonnement, cette séquence inaugurale n’aura pas de conséquence sur la suite du récit, si ce n’est dans le final, histoire de boucler la boucle.

Zu les guerriers de la montagne magique commence à la deuxième séquence. Nous avons juste appris que Yuen Biao est solitaire, qu’il sait se battre et qu’il n’a plus de maître. Il vient de tomber d’une falaise et se retrouve dans une grotte. Nous étions en plein jour, avec de nombreux soldats et nous nous retrouvons dans le noir avec des esprits prêts à liquider notre personnage. Les esprits se déplacent dans tous les sens, ils rentrent dans des images jarres et ils ont des yeux verts – ou des lumières vertes- qui les font se distinguer de l’obscurité. Ces esprits n’ont plus rien d’humains et sont maléfiques. Cela semble certain. Yuen Biao va se battre mais contre quoi ? Des ectoplasmes, des formes diaboliques qui se déplacent verticalement quand notre héros avance horizontalement, des esprits qui grimpent aux murs, roulent au plafond en dépit de toutes les lois de la gravitation. La caméra n’a pas besoin de bouger, le cadre peut rester statique puisque les esprits font les travellings à la place. Mais le problème est ailleurs. Comment se battre contre des entités inconnues qui ne laissent aucun répit à Yuen Biao ? Leur cri est effrayant, un râle que l’on dirait enregistré à l’envers. Rien d’humain. Yuen Biao a mal à faire avec les tentacules des esprits, des racines qui s’enroulent autour de ses jambes et menacent gravement sa vie. C’est alors qu’arrive le deuxième personnage de Zu, celui-ci va rester jusqu’à la fin du film. Adam Cheng entre en scène, c’est un maître errant, un sifu sans disciple, et il sauve Yuen Biao des monstres. Yuen Biao veut le remercier et lui propose d’être son disciple. Refus. Départ du maître. Arrivée de Damian Lau et de son disciple Meng Hoi, avec sa bouille de gamin. Les deux maîtres s’affrontent sans raison, chacun part de son côté, pour ensuite revenir pour affronter un plus gros démon encore qu’il faut aller chasser dans les montagnes magiques.

Comme chaque fois, le scénario de Zu redémarre avec l’arrivée d’un nouveau personnage et un autre lieu à explorer. Il s’agit cette fois d’un groupe de personnages (ils sont quatre guerriers) et de leur ennemi (un démon). Le film avait commencé avec de nombreuses couleurs qui déterminaient le clan de chaque soldat. Cette fois, les « gentils » seront en blanc et le démon en rouge. Le démon est enseveli de crânes humains mais ce qui étonne est ce code de couleurs qui diverge radicalement puisque le rouge est censé être la couleur du bonheur et le blanc celui du deuil et de la mort. C’est que depuis le début de son film Tsui Hark a décidé de briser tous les codes qui avaient lieu jusqu’alors dans le wu xia pian. Il montre des chevaliers errants et misanthropes qui donnent des conseils peu amènes à leurs disciples. Le sifu de Meng Hoi est à ce titre particulièrement antipathique. Dans un moment de calme d’action, c’est-à-dire un entre deux où la comédie burlesque domine, nos personnages vont déjeuner. Les disciples pêchent le poisson, poisson récalcitrant (gag déjà éprouvé dans All the wrong clues), ils le font cuire mais Meng Hoi, parce que moine et végétarien, ne peut pas en manger. Il se fera sévèrement engueuler par son maître dans sa tentative de prendre un petit morceau de poisson. Mais l’action burlesque est vite balayée pour arriver au suspense du film. Damian Lau va être empoisonné. Il va falloir aller le sauver. Un autre danger attend les hommes : la femme.

Elle arrive, la femme, sous forme d’apparition, un fantôme rouge – encore une fois. C’est là aussi un démon, c’est en fait une incarnation sexuée du démon au crâne vu précédemment (le code couleur). Elle prend aussi le visage du maître malade. Le maître est moribond, il faut lui prodiguer des soins. Il est étonnant de constater que dans Zu les guerriers de la montagne magique, il est plus facile de transmettre le poison que le savoir. Un maître est malade, un autre va l’aider, mais les prières et les soins prodigués ne sont pas à la hauteur. Il faut donc aller, sur les conseils de Longues Moustaches (le deuxième personnage de Sammo Hung – sur le mode burlesque cette fois), voir la Reine des Glaces, incarnée par Brigitte Lin. La femme donc. La beauté chinoise par excellence, comme on l’a souvent dit et que Tsui Hark a sorti d’un anonymat cinématographique. Cette reine des glaces n’apparaît pas au simple mortel, fût-il un sifu, comme par enchantement. Et c’est tout le problème que le maître de plus en plus mauvais état a. Le lieu est gardé par une horde de femmes qui interdit à Yuen Biao et Meng Hoi de rentrer et appeler Brigitte Lin. Un gage leur est donner, maintenir la flamme allumée jusqu’à l’arrivée de la Reine des Glaces. Gageure, car ils vont aller au devant des rets qu’on leur temps.

On ne peut pas dire que Tsui Hark donne le beau jeu aux femmes. Dans ces quatre films précédents, ce n’était pas extraordinaire. Mais il n’est pas misogyne. C’est un cliché de le dire. La femme dans le cinéma de Tsui Hark est une héroïne, ou bien elle n’existe pas. Ici, comme dans beaucoup d’autres de ses films et ne serait-ce que dans les deux suivants Shanghai Blues et Pékin Opéra Blues, la femme amène la fiction. Jusqu’à présent dans Zu, la mort était amenée par les hommes ou par le démon déguisée en femme. La Reine des Glaces sera le premier personnage qui enfin produire du bien. Bien entendu, le personnage de Brigitte Lin n’est pas celui d’une femme facile. On l’a vu, elle manie le feu et la glace avec dextérité. Tsui Hark magnifie cependant son actrice. Contrairement aux acteurs masculins, elle n’aura pas de moments burlesques, pas de chasse aux poissons, pas de coups de pied au cul, pas de bruits d’estomac, pas de roulade. Rien que du sérieux pour Brigitte Lin. Sa couleur dominante est le bleu. Tsui Hark propose un magnifique combat entre Brigitte Lin et Adam Cheng, un combat où l’érotisme n’est pas absent, loin de là.

Puis, il suffira d’exterminer le mal rouge. Là, l’autre personnage de Sammo Hung entre en scène et avec lui toute une imagerie qui va à l’encontre de ce que nous avons pu voir jusqu’à présent. Sammo Hung est vêtu d’une grande cape rouge. Comment un homme en rouge peut-il donc combattre le mal ? C’est que dans le reste du film, le démon s’était paru de ces couleurs pour tromper l’ennemi (d’où le coup de la femme aguicheuse). Sammo a de longues moustaches qui lui offrent son patronyme. Tsui Hark profite de la bonhomie de l’acteur pour mettre en scène quelques moments burlesques nécessaires. Enfin Sammo se bat. Il lance des cercles de fer, des miroirs ronds qui aveuglent le mal. Le film était pour l’instant un bel agencement de feu d’artifice, d’effets spéciaux artisanaux d’une grande inventivité, conçus par Tsui Hark et sa toute nouvelle société d’effets spéciaux, mais avec Sammo Hung, c’est encore plus beau. Toute la mise en scène de Tsui Hark a été de faire circuler les personnages autour de Yuen Biao. Dans un mouvement ininterrompu, les cercles se sont accumulés. Des rubans de la Reine des Glaces aux armes des démons en passant par le collier du disciple. Briser le cercle pour mieux poursuivre la fiction. Le film est mouvement constant passant des plus extrêmes pour mieux divertir.

Zu les guerriers de la montagne magique est un film exceptionnel comme on n’en avait pas vu auparavant et comme on n’en verra plus après. Certes, il existait des contes d’arts martiaux dans les années 1960 où la magie avait une large place. Ce qui frappe ici c’est l’absence totale de population civile, si l’on peut dire. L’action du film est totalement déconnectée du réel. C’est sans doute une des raisons de son échec. Tsui Hark commettra d’ailleurs la même initiative avec The Blade qui sera un échec plus grand alors (je parle bien sûr de box-office, pas de qualité du film). Evidemment, avec un tel bide commercial, peu de cinéastes ont eu envie de prolonger une telle expérience. Tsui Hark en tant que producteur avec les Swordsman, puis avec le très raté Legend of Zu en 2001, où il espérait renouer avec son génie. Wong Jing tentera l’aventure avec Evil cult avec Jet Li, mais ce sera dix ans plus tard. Si Zu reste inconnu à Hong Kong, son aura ne cessera de grandir en France notamment. Les Cahiers du Cinéma mettront le film en couverture de leur numéro spécial Hong Kong, en novembre 1984. Hélas, ce numéro sera une des pires ventes de l’époque, aujourd’hui il est prophétique et très recherché. Tsui Hark ne se remettra pas tout de suite de revers. Il doit à nouveau cachetonner en réalisant Mad mission III, qu’il salope en beauté. Grâce au succès commercial de ce nanar de premier ordre, il peut faire ce qu’il veut. Il va donc devenir le Roi du Monde pendant dix ans. Mais si Zu les guerriers de la montagne magique est un film parfait, c’est parce que Tsui Hark ne savait pas qu’il était en train de faire un film aussi poétique et artistique. C’est cela qui est génial.

Zu les guerriers de la montagne magique (新蜀山剑侠, Zu warriors from the magic mountain, Hong Kong, 1983) Un film de Tsui Hark avec Yuen Biao, Meng Hoi, Sammo Hung, Adam Cheng, Damian Lau, Brigitte Lin, Norman Chu, Judy Wong, Mona Lee, Tsui Hark.

mardi 12 août 2008

La Momie : la tombe de l'empereur Dragon

Jet Li continue sa carrière cafardeuse aux Etats-Unis en n’y jouant que des très méchants. Je ne vais pas y revenir dessus, c’est assez énervant, mais j’imagine qu’il n’a plus le choix. Il a beau avoir reçu cette année le Hong Kong Film Award du meilleur acteur pour The Warlords, il en est encore à la case méchant. C’est pas à Jackie Chan que ça arriverait ! Encore que dans Le Royaume interdit, son rôle est plutôt positif.

Anthony Wong, pour sa première incursion dans le bon gros cinéma hollywoodien à franchise, est aussi un méchant. Je l’adore, c’est un des meilleurs acteurs de Hong Kong, mais il en fait tellement peu dans la vilenie qu’en j’en reste un peu sur ma faim. Mais au moins il parle chinois, ils n’ont pas osé doubler les scènes originales pour la version française.

Ça n’est pas le cas d’Isabella Leong, qui se voit affubler d’un horrible accent chinetoque que l’on croyait disparu depuis des lustres dans les doublages. Quels salauds ! Isabella est évidemment du côté des gentils, tout comme Michelle Yeoh qui traverse les siècles en gardant sa beauté initiale (à peine quelques cheveux blancs) parce qu’elle le vaut bien. Voilà pour les acteurs chinois principaux.

Brendan Fraser part en Chine. Avec sa femme (il paraît qu’ils ont changé l’actrice – pas vu de différence) qui est devenue écrivaine depuis leur « retraite » (elle a écrit des romans d’après leurs aventures égyptiennes), ils vont se rendre compte que leur fiston est « archéologue » est qu’il a découvert le tombeau de Jet Li. L’acteur qui joue le fiston a à peu près autant de charisme qu’un tube de dentifrice, mais son personnage rentre dans le musée avec un flingue, fait exploser à la dynamite l’entrée du tombeau, mais à part ça tout va bien.

Ils réveillent par mégarde, trahison et arrivisme le terrible empereur (le film commence sur ses terribles méfaits) qui veut acquérir l’immortalité. Anthony Wong en tant que général d’armée va aider cette « momie » et son armée de soldats de terre cuite à devenir le maître du monde. Il ne faut pas y voir allusion à la Chine actuelle, rassurons-nous.

Tous les autres vont tenter d’empêcher cela. L’issue est évidente et les rebondissements scénaristiques classiques de la franchise de la Momie. On y trouve pêle-mêle, une cité au sommet de l’Himalaya, un nouvel an chinois, des sorts plus diaboliques que jamais, des yétis, une idylle entre les deux jeunes, des sabres, des explosions, des gags destinés aux enfants de douze ans. Mais étonnement pas de combats d’art martial. En exportant son imagerie en Chine (où le film a été tourné), Rob Cohen ne tombe pas dans le piège de singer les combats de kung-fu. En revanche, on s’y bat comme dans tout film américain, aux poings. Pas étonnant que Jet Li soit battu.

Que dire de La Momie 3 si ce n’est qu’il est assez nul, sans inventivité et qu’il déroule un programme largement éprouvé avec les deux premières Momie ? Rien, si ce n’est, qu’apparemment, la prochaine aventure aura lieu chez les Incas. Faudrait demander à Mel Gibson de tourner ça.

La Momie la tombe de l’empereur dragon (Etats-Unis – Chine, 2008) Un film de Rob Cohen avec Brendan Fraser, Maria Bello, John Hannah, Jet Li, Anthony Wong, Isabella Leong, Michelle Yeoh.

lundi 11 août 2008

La Guerre des yokai (The Great yokai war)

L'univers fantastique japonais est peuplé de monstres que l'on pu découvrir ici et là dans quelques films : Pompoko d’Isao Takahata ou Un été avec Coo de Keiichi Hara, deux films d'animation qui permettaient à leurs cinéastes de créer des univers de toutes pièces. Takashi Miike s’est donc attaqué à cet imaginaire japonais, en l'occurrence les 100 monstres yokai en remettant au goût du jour la légende illustrée en 1968 et 1969. Pas d'animation pour Miike mais des acteurs de chair et de sang. Ou presque.

Takashi Miike cherche à faire revivre l’esprit des films et non à inaugurer une nouvelle ère de mythologie ou à moderniser le film des 100 monstres avec des enjeux actuels. Takashi Miike fait l’inverse de ce qu’avait produit Ryuhei Kitamura avec Godzilla final war. Et c’est tant mieux. Miike ne veut que s’amuser avec ces milliers de monstres marrants à tel point que lorsqu’on croit qu’il fait nous sortir une parabole sur l’écologie, il se contente de dire que les monstres trouvent affreux que les gens jettent leurs chaussures.

The Great yokai war a pour héros Tadashi, un gamin d’une dizaine d’années qui est le souffre douleur de ses camarades de classe. Il vit seul avec sa mère et un grand père qui perd la tête. Un soir de début d’été, une parade a lieu dans son village et il est choisi pour être le chevalier Kirin. C’est-à-dire justement un chevalier qui va chasser le mal dans la forêt de Gobelin. Seulement voilà, Tadashi n’a jamais entendu parler de ces légendes. Il va aller se renseigner et finalement se rendre dans cette forêt où un grand nombre d’aventures l’attend.

Car comme il se doit, la forêt est peuplée de monstres yokai. Tadashi adopte une jolie petite boule de poils qui répond au doux nom de Sunekosuri. Il va rencontrer l’homme-tortue, la femme des marais, le pied-forgeron. Tadashi ne comprend pas au début ce qui lui arrive. Il voit la femme au long, long, long cou. Il se sent évidemment sans défense, agressé et vulnérable. Cette découverte est une partie assez drôle où Miike s’en donne à cœur joie dans la gentille monstruosité.

Mais Tadashi a une mission. Sauver la forêt, donc les monstres, donc la légende. Car Agi a trahi et elle s’est alliée avec Kato qui veut détruire tout cela. A cet effet, ils créent des monstres de métal avec les âmes de yokai. La peur se répand parmi les créatures, mais le plaisir augment pour le spectateur. Miike transforme son gamin en Chevalier Kirin, là aussi en jouant sur la parodie lorsqu’il met son costume qui est assez ridicule, un short noir, une cape rouge. Mais il a un sabre magique. La grande guerre des monstres peut commencer.

Car Miike a réussi avec The Great yokai war à recréer un univers féerique fait de bric et de broc. Il y a une certaine poésie à voir tous ces acteurs grimés ainsi, puisque Takashi Miike a réussi à ne pas utiliser trop de numérique pour l’invention des yokai, les acteurs semblent s’éclater à s’être tous déguisés. Mais surtout, s’il y a un message dans The Great yokai war, il consiste à clamer qu’il faut continuer de croire aux monstres de son enfance. C’est ce que fait le personnage du journaliste qui boit de la bière et peut voir les yokai. La scène finale avec tous les monstres qui sont à Tokyo en pensant être à un concert géant est hilarante et poétique. Un joli petit film de Takashi Miike.

La Guerre des yokai (The Great yokai war, 妖怪大戦争, Japon, 2005) Un film de Takashi Miike avec Ryuunosuke Kamiki, Hiroyuki Miyasako, Chiaki Kuriyama, Bunta Sugawara, Kaho Minami, Riko Narumi, Etsushi Toyokawa, Kiyoshirô Imawano, Mai Takahashi, Masaomi Kondô, Sadao Abe, Takashi Okamura, Naoto Takenaka, Kenichi Endô, Renji Ishibashi.

dimanche 10 août 2008

Love for all seasons


De le dizaine de films que le duo To & Wai a réalisé, Love for all seasons est sans doute le plus faible. Il est tout à fait possible de voir ce film comme un autre tremplin pour ses deux acteurs principaux, Louis Koo et Sammy Cheng, qui reçoivent une comédie romantique comme seul horizon.

Louis Koo joue un de ces hommes d’affaires arrogants, toujours pressé, qui ne cesse de vouloir qu’on lui obéisse immédiatement et sans condition, comme si la vie du monde en découlait. Ce businessman est évidemment stressé et il part faire une cure de relaxation dans un monastère reculé de la Chine, comme tous les lieux d’ermitage qui se respecte. Louis Koo est accompagné de ses larbins, pardon de ses collaborateurs, qui exaucent donc tous ses petits caprices.

A l’aéroport de cette ville de province, Sammy Cheng vient chercher tout ce beau monde. Louis Koo et sa bande ne prennent pas le temps d’aider Sammy qui porte tous leurs bagages. Ils pensent être dans un hôtel de luxe et ils se retrouvent dans une vieille bâtisse à laquelle on n’accède que par un très long et pentu escalier. En plus, il fait très froid. Louis Koo en profite pour se faire porter par Lam Suet.

On comprend très vite que les deux personnages principaux du film sont à l’opposé l’un de l’autre, que rien ne les lie. Lui est ultra matérialiste, arrogant et égoïste, elle est serviable, écolo et aimable. On comprend très vite aussi que ces deux là étaient faits pour se rencontrer et que Love for all seasons va les faire s’aimer, se séparer puis les réunir à nouveau.

Mais contrairement à Turn left turn right qui montrait deux zigotos qui essayaient de détruire un amour certain entre les protagonistes, ici il n’y a pas grand-chose et personne pour contrecarrer le scénario, si ce n’est une fiancée jalouse. La première moitié du film montre Louis Koo dans l’univers de Sammy Cheng, puis c’est l’inverse. Il faudra un certain temps à Louis pour se rendre compte qu’il est superficiel, comme à Sammy que la ville est une jungle.

Le film propose parfois quelques gags qui s’avèrent drôles, mais qui ne font pas évoluer le scénario. Il y a bien sûr cette scène de saoulerie où les parents de Louis Koo font boire Sammy Cheng plus que de raison, elle qui sort à peine de sa montagne, mais ça reste gentil. La critique de la société d’aujourd’hui est assez peu passionnante. Le duo To & Wai de toute façon avait sans doute d’autres chats à fouetter puisqu’ils étaient alors en plein préparation de Running on karma qui est tout de même une autre paire de manches, et si j’osais leur meilleur film.

Love for all seasons (百年好合, Hong Kong, 2003) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Louis Koo, Sammy Cheng, Lam Suet.

vendredi 8 août 2008

Sorties à Hong Kong (août 2008)

La Lingerie (內衣少女)
Un film de Chan Hing-kai et Janet Chun avec Stephy Tang, Maggie Lee, Janice Man, Kathy Yuen, Wong Cho-lam, JJ Jia, Ronald Cheng, Gigi Leung, Wong Yau-nam, Andy On. 118 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 8 août 2008.