lundi 25 août 2008

Evasion du Japon


Tranquillement, je continue mon exploration de l’œuvre cinématographique de Yoshishige Yoshida. Année 1964, celle des Jeux Olympiques de Tokyo et Evasion du Japon, film en couleurs et cinémascope.

Le générique est étrange, un homme peint sur une vitre des traces de couleurs vives tandis qu’une musique digne de Schönberg met mal à l’aise. Puis ça passe au jazz tendance music hall. Tatsuo, pull rouge, chante une chanson en anglais ou plutôt il mime un play-back. Il s’imagine en chanteur populaire et adulé, en Frank Sinatra ou Sammy Davis Junior. Mais Tatsuo n’a pas le droit de venir avec la troupe du cabaret où il travaille. Il veut partir en « Amérique », comme on dit, là où on reconnaîtra son talent.

Il rencontre Takashi qui sort de prison. Il lui demande sa chambre pour faire sa fête à une jeune femme. Elle, Yasue, travaille dans les bains turcs. Takashi établit un plan pour cambrioler la caisse des bains turcs, il va faire de Yasue et Tastua ses complices. Il va également demander l’aide d’un quatrième larron. Complices un peu contraints et forcés, Tastsua va conduire l’automobile et Yasue laisser ouverte la porte du bureau. Rien ne va se passer comme prévu. Evasion du Japon ne sera qu’une fuite éperdue vers une liberté (l’Amérique) qui n’existe nulle part.

Le cambriolage se passe très mal. L’alarme se déclanche. Les quatre s’enfuient. Tastua est paniqué, un policier court vers les bains et il percute l’auto. On tire sur le flic. Ils partent se réfugier avec le butin dans un sous-sol. Tout va dégénérer. Takashi est en manque et se fait une piqûre d’héroïne. L’autre gars veut violer la fille. Tatsua prend le pistolet et abat les deux autres hommes. Il va partir avec Yasue en direction d’une base américaine pour s’enfuir.

Evasion du Japon est un film très sombre à tous les sens du terme. Yoshida filme essentiellement dans des lieux mal éclairés (chambres, garage, couloirs, voitures) des situations de plus en plus difficiles pour les protagonistes. Toutes les mauvaises décisions sont prises et la joie de vie, l’espoir d’un monde de Tatsua se transforment en cauchemar. Il ne pourra plus s’échapper du destin fatal d’autant qu’il sombre peu à peu dans la folie. Il se rapproche de son rêve, il manque de peu l’embarquement clandestin sur un bateau qui doit d’abord l’amener en Corée, mais il s’éloigne de plus en plus de son rêve. Tatsua le sait et c’est cela qui le rend fou.

Le final d’Evasion du Japon se déroule sur le parcours de la flamme des JO de Tokyo. Il s’est persuadé que ces gens qui courent veulent l’attraper. Il grimpe dans le camion de journalistes. Son rire devient dément. Le contraste entre la fête autour de la flamme, d’une organisation parfaite et précise et son plan à lui qui va échouer devient de plus en plus troublant. Il ne reste plus maître de ses actions tandis que l’étau se resserre autour de lui. On ne s’évade pas du Japon.

Evasion du Japon (日本脱出, Japon, 1964) Un film de Yoshishige (Kijû) Yoshida avec Yasushi Suzuki, Miyuki Kuwano, Kyosuke Machida, Ryohei Uchida.

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