jeudi 29 mai 2008

Sorties à Hong Kong (mai 2008)

The Moss (青苔)

Un film de Derek Kwok avec Shawn Yue, Bonnie Sin, Fan Siu-wong, Siu Yam-yam, Liu Kai-chi. 94 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 29 mai 2008.





Shaolin girl (少林少女)

Un film de Katsuyuki Motohiro (Japon – Hong Kong) avec Yohsuke Eguchi, Kitty Zhang, Lam Tze-chung, Tin Kai-man, Kou Shibasaki. 107 minutes. Classé Catégorie II. Sortie : 29 mai 2008.


mardi 27 mai 2008

Trop jeunes pour mourir

Tout comme Les Larmes de Madame Wang, c’est un rescapé du Festival de Cannes 2002. Trop jeunes pour mourir était lui à la Semaine de la Critique et je me rappelle avoir vu ce film étrange et serein à la fois. C’est étrange que des films aussi singuliers et intéressants mettent autant de temps à sortir en France. Il faut s’en réjouir.

Le réalisateur du film, Park Jin-pyo, vient du documentaire. Il y en a la trace un peu partout dans le film dans cette manière de regarder les deux vieillards qui s’exposent devant la caméra, qui au sens propre comme au sens figuré se mettent à nu. Trop jeunes pour mourir se concentrent sur une seule chose : la jeunesse retrouvée de ce vieux couple grâce au sexe et au coït. La question que va se poser tout au début du film sera de savoir si ces deux vieux jouent ou s’ils sont victimes d’un voyeuriste.

Mais très vite, on oublie ce qui se passe devant nos yeux. Et on regarde surtout les peaux fripées, les petits sourires en coin, les maladresses des amoureux qui sont accentuées par l’âge. La nudité reste très pudique, le cinéaste choisissant toujours un angle pour placer sa caméra qui mettra en valeur les corps. Pour entrer mieux encore dans l’intimité du couple, on fait baisser la lumière par l’un des deux et le tour est joué.

C’est étonnant de voir un tel dans le paysage cinématographique coréen qui est pour l’essentiel un consommateur de jeunes corps. Le cinéma coréen n’emploie pratiquement que des jeunes actrices et de jeunes acteurs, jusqu’à la caricature la plupart du temps. Pour moi, le cinéma coréen c’est un cinéma kleenex avec des interprètes jetables.

C’est donc une occasion unique, comparable à celle d’un film de Naomi Kawase, que de rencontrer un vrai moment de vie coréen. Il ne faut pas le rater.

Trop jeunes pour mourir (죽어도 좋아, Corée, 2002) Un film de Park Jin-pyo avec Park Chi-gyu, Lee Sun-ye.

lundi 26 mai 2008

Le Syndicat du crime 3



Une troisième aventure du Syndicat du crime. Pourquoi faire ? D’abord du fric. Les deux premiers films réalisés par John Woo ont été des grands succès aux box office et le public ira voir une troisième mouture quel que soit le contenu. C’est le système industriel qui veut cela, tout comme l’idée de la trilogie (le coffret Metropolitan est d’ailleurs vendu comme tel). Ensuite, il faut bien l’avouer, c’est pour faire chier John Woo qui venait de quitter la Film Workshop en mauvais termes pour des raisons que l’on peut très facilement deviner quand on connaît le caractère dictatorial de Tsui Hark.

La volonté de Tsui Hark en entreprenant Le Syndicat du crime 3 est de voler la mythologie qu’avait inventée John Woo, se réapproprier le personnage de Chow Yun-fat, ou plus exactement, faire un film avec Chow Yun-fat, en tant qu’acteur avec tout ce que cela implique en terme de popularité et de charisme plutôt que le personnage lui-même car comme dit Tsui Hark, Le Syndicat du crime, c’est Chow Yun-fat. Ce que va vraiment tenter Tsui Hark, c’est de recréer un mythologie nouvelle autour de Mark Cheung alias Chow Yun-fat et pour cela, il faudra enlever tous les personnages qui gravitaient dans les deux premiers films. Puis de déplacer Mark de Hong Kong au Vietnam et enfin de changer d’époque, de 1986 à 1974.

Mark se rend donc à Saïgon dans le Vietnam Sud, encore indépendant (les troupes américains se sont retirées depuis quelques temps) mais qui lutte contre les assauts du Vietnam Nord. C’est la guerre civile. Mark va rejoindre son cousin Ah Man (Tony Leung Ka-fai) et son oncle (Shek Kin) qui vivent et travaillent au Vietnam. Ah Man est en prison et Mark va le libérer en corrompant les autorités. Mark veut évacuer son cousin et son oncle du bourbier qui est en train de se créer. D’ailleurs, les deux cousins vont être pris dans le tourbillon d’une manifestation qui va être réprimée par la police. On pense évidemment aux événements de la place Tien An Men qui se sont déroulés pendant la confection finale du film.

Sortir du bourbier vietnamien va donc être l’enjeu majeur du Syndicat du crime 3 et la personne qui va les sauver sera une femme qui se prénomme Kit (comme le personnage de Leslie Cheung) et cette femme sera incarnée par Anita Mui, la plus grande diva de la cantopop de son époque, la seule capable de rivaliser justement avec Leslie dans le cœur des spectateurs. Assez vite on va comprendre que le centre de la fiction va converger vers cette femme que Mark rencontre dans l’aéroport et dont il va immédiatement tomber amoureux. Elle le prend sous son aile, tout comme le cousin Ah Man, et très vite le film quitte le champ du polar que n’a jamais aimé Tsui Hark pour les cieux du mélodrame amoureux où trois personnages s’aiment mais n’arrivent pas à se le dire jusqu’à l’issue tragique. Là est la différence entre lui et John Woo et il est évident que les fans du premier Syndicat du crime détesteront celui-là, surtout s’ils attendent un autre polar.

Les scènes d’action sont toutes poussives et sans intérêt. Elles ne sont là, ces scènes de gunfight, que pour faire référence aux films de John Woo et vaguement satisfaire les fans de la première heure pour qui tous les plans de flingue se ressemblent. Mais cela n’est pas le cas. J’avais déjà signalé à quel point les femmes étaient absentes des films de John Woo. Tsui Hark fait l’inverse, c’est Kit qui va mener la danse, être le moteur de la fiction et créer de toutes pièces le personnage de Mark. Elle lui donne ses lunettes, son imper et surtout lui apprendre à tirer avec deux pistolets. La panoplie est là. Mais le plus important sera d’en faire un monstre de haine, ce qui constituera la seule chose à raccorder avec les Syndicat du crime de John Woo.

On a donc une Anita Mui merveilleuse avec un rouge à lèvres qui brille et qui en fait un personnage flamboyant. Mais elle a ses propres blessures et là est l’un des problèmes majeurs du film puisque Tsui Hark se met à tout nous expliquer. Son comportement est purement psychologique alors que chez John Woo, on agit à l’instinct. Le film est souvent beau à regarder avec quelques plans au cadrage savant et aux lumières extrêmement travaillées. Mais il y a une impression que cela tourne à vide. Tsui Hark était donc revenu à la réalisation après trois années de production très fructueuses. Le Syndicat du crime 3 a rapporté suffisamment d’argent pour que Tsui Hark puisse entreprendre son œuvre majeure : Il était une fois en Chine. Un retour vers le passé pour des lendemains meilleurs.

Le Syndicat du crime 3 (A better tomorrow III: Love and death in Saigon, 英雄本色 III夕阳之歌, Hong Kong, 1989) Un film de Tsui Hark avec Chow Yun-fat, Anita Mui, Tony Leung Ka-fai, Maggie Cheung, Andrew Kam, Shek Kin, Saburo Tokito.

samedi 24 mai 2008

Chantons avec Leslie

Leslie Cheung chantait la chanson du Syndicat du crime. Le morceau est moins célèbre que le thème principal qui ouvre le film. Ici, ils en ont fait une version karaoké.
Pour mon 300ème message, j'inaugure l'ère youtube.

jeudi 22 mai 2008

Le Syndicat du crime 2


Précédemment dans Le Syndicat du crime : Mark et Ho s’aimaient. Mais Kit, le petit frère de Ho, ne voulait pas de cet amour et a tout fait pour séparer les deux hommes. Malgré les difficultés Ho a fini par faire accepter à son frère cette histoire. Cela était sans compter sur le chef de Mark qui finalement s’est débarrassé de lui laissant Ho, et également Kit, seuls et abandonnés à leur triste sort.

Dans ce deuxième épisode de la série, Mark n’est plus là mais Ho (toujours Ti Lung) retrouve un de ses anciens amis à sa sortie de prison. Cet ami s’appelle Johnnye Lung et il est interprété par Dean Shek. Là, il faut s’arrêter une minutes sur cet acteur dont j’avais déjà parlé dans The Raid de Tsui Hark. Ce dernier a eu la mauvaise idée d’exiger qu’il fasse un des personnages et pas plus que dans The Raid, Dean Shek n’est capable de donner la moindre émotion à une seule de ses scènes. Son jeu est pitoyable, à la limite de l’indigence. Les producteurs de la Cinema City Company auraient voulu lui donner le premier rôle qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement, mais le concept du Syndicat du crime est un film de groupe. Pourtant tout le monde veut Chow Yun-fat, mais son personnage est mort.

Peu importe, le scénario (bâclé) continue. La police fait sortir Ho de prison avec pour mission de surveiller Lung. Ce dernier est menacé par un entrepreneur pas franchement réglo incarné avec beaucoup de cabotinage par l’ami Ng Man-tat, qui n’a pas été que le souffre-douleur de Stephen Chow. Ng Man-tat et sa belle moustache veulent racheter les parts de Lung mais celui-ci l’envoie bouler. On sait ce qui va arriver, Ng va vouloir lui faire la peau et les autres faire front contre les méchants.

Et puis, il y a toujours et encore l’admirable Leslie Cheung qui voudrait faire partie de la bande des malfrats. Heureusement que l’on sait qu’il est flic parce que ça ne se voit guère. Leslie alias Kit est encore une fois l’homme à femmes. Cette fois il doit séduire la fille de Lung. Mais sa femme l’apprend et devient très jalouse d’autant qu’on apprend qu’elle est enceinte. La femme enceinte est une marotte de Tsui Hark, il en fera même un film : Time and tide.

Mais un Syndicat du crime sans Chow Yun-fat ne serait pas un Syndicat du crime. Donc, il va arriver dans comme un cheveu sur la soupe et Dieu sait qu’il en a des cheveux ce cher Chow. Adieu Mark, bonjour Ken ! Oui, Ken est le frère jumeau de mark et il vit à New York. La moitié du film se déroulera donc aux Etats-Unis sans que John Woo et Tsui Hark ne fassent quoi que ce soit des décors américains. Mais on peut deviner que cette idée est d’essayer de vendre le film plus tard aux Américains, comme il le fera avec The Master et Jet Li. Bref, Chow Yun-fat est là, identique à son personnage : clope au bec, lunettes noires, manteau (mais criblé de balles) et son sourire.

Sauf que nous autres spectateurs, on n’y croit pas. On se rend vite compte que John Woo ne fait pas ce qu’il veut. A la limite, seules les 15 dernières minutes portent sa marque : un gunfight à n’en plus finir avec force ralentis et un flingue à chaque main. Le thème du film arrive, comme ça sans crier gare, pour annoncer une scène d’action mais le scénario est tellement poussif que plus rien ne fonctionne. C’est vraiment de la série B. Plus tard, Tsui Hark va mettre un bon nombre de bâtons dans les roues de John Woo et tentera même de l’empêcher de tourner The Killer. Il faudra toute la puissance de Chow Yun-fat pour convaincre les producteurs.

Le Syndicat du crime 2 (A better tomorrow II, 英雄本色 II, Hong Kong, 1987) Un film de John Woo avec Ti Lung, Chow Yun-fat, Dean Shek, Leslie Cheung, Guan Shan, Emily Chu, Ng Man-tat.

Photo : © Metropolitan Film & Video

mardi 20 mai 2008

Positif : dossier Le polar asiatique


Je me suis toujours demandé ce que pouvait dire le terme « cinéma asiatique », alors même que ce blog s’appelle Asie Vision même si tout le monde sait que je ne parle pratiquement que de cinéma cantonais. Bien sûr, je parle des films qui sortent en salles ou en dvd mais si je pouvais, je ne parlerai que de cinéma fait à Hong Kong. J’aurai même pu appeler ce blog différemment mais c’est une toute autre histoire.

Le cinéma asiatique existe-t-il en tant que tel ou plutôt quelles sont les différences entre le polar coréen, japonais ou hongkongais ? Voilà au moins une question à laquelle Positif ne donne pas de réponse dans sa dernière livraison (N°567 mai 2008).

Sobrement titré Le polar asiatique, ce dossier d’une quinzaine de pages va donc de Hong Kong au cinéma en hindi en passant par le Japon et la Corée du sud, sans que l’on ne voit ni lien ni les différences. C’est bien dommage mais c’est un travail difficile qui demanderait de s’intéresser à ces quatre cinémas en même temps d’un même niveau, ce qui est quasiment impossible.

Voilà pourquoi, je me contenterai d’évoquer les textes sur le polar de Hong Kong. Cela commence par un texte sur Johnnie To par un critique qui a vu plusieurs de ses films, c’est si rare qu’il faut le souligner. Et pas uniquement ceux qui sont sortis en France. Le texte sur To est de bonne facture avec un regard pointu qui ne se contente pas de parler de politique ou de formalisme. Pieri, l’auteur de l’article, parle aussi des acteurs tout en oubliant les actrices, souvent absentes il est vrai des polars de To. Le cinéaste commence tout de même a être très connu et il va devenir de plus en plus difficile de trouver un nouveau point de vue à adopter. Il aurait été passionnant de revenir sur les acteurs préférés de Johnnie To : Lau Ching-wan, Andy Lau, Louis Koo ou évidemment l’indispensable Lam Suet.

Le cinéaste d’auteur Jia Zhangke se fend d’un article sur l’influence que Chow Yun-fat a eu sur sa vie ce qui veut dire sur des millions de Chinois. Tout d’abord on ne s’attendait pas à un tel hommage compte tenu de l’ennui que m’a toujours inspiré son œuvre. Mais nous en avions eu un aperçu dans Still life. Mais j’avais pris cela pour de l’ironie alors que c’était un hommage.

Mais le reste de l’ensemble est extrêmement paresseux. Il n’y a aucun intérêt à comparer Infernal affairs avec Les Infiltrés parce que tout le monde l’a déjà fait. En revanche, il aurait été passionnant de montrer l’influence qu’a eu le film d’Andrew Lau et Alan Mak sur le polar cantonais actuel. De nombreux films se sont montés grâce au succès d’Infernal affairs. De la parodie balourde (Love is a many stupid thing de Wong Jing) au renouveau de Pang Ho-cheung ou de Wilson Yip, il y a de quoi raconter. L’extrait de l’entretien avec Andrew Lau est trop court et le traitement du coffret dvd du Syndicat du crime est assez honteux. J’espère que le reste du dossier est meilleur mais j’en doute.

Positif N°567 mai 2008, 7 €.

dimanche 18 mai 2008

Le Syndicat du crime


Le vrai sujet du Syndicat du crime, c’est le sourire de Chow Yun-fat. D’ailleurs, quand on regarde Just heroes dans lequel l’acteur est « remplacé » par Stephen Chow, le cinéaste lui demande de sourire de la même façon. C’est une des raisons de l’échec de Just heroes où John Woo se retrouve à parodier son propre film.

Faire sourire Chow Yun-fat dès le début du film est l’idée maîtresse. Le scénario va ensuite consister à lui enlever sa bonne humeur et ce sourire qui contraste avec la profession qu’il exerce. Il va s’agir de durcir sa vie, de détruire son corps et sa belle gueule d’ange. A l’époque où Le Syndicat du crime est tourné, Chow Yun-fat est l’acteur le plus sexy de Hong Kong. Sa popularité, il la doit à ses rôles dramatiques à la télévision dans les années 1970. Popularité qui ne s’est jamais démentie lors de son passage au cinéma malgré la somme de navets qu’il a tourné avant sa rencontre avec John Woo et Tsui Hark. Les deux hommes ont comme ambition de détruire son image de beau gosse et cela va propulser l’acteur au firmament de la gloire.

Chow Yun-fat est Mark. Il travaille avec Ho (Ti Lung, qui a choisi ce pseudonyme d’après la traduction chinoise d’Alain Delon) et ensemble pour leur parrain, ils fabriquent des faux dollars américains. Shing (Waise Lee) est le troisième compère de la bande. Pour l’instant, il est le chauffeur de Ho. Ce dernier a un petit frère prénommé Kit (Leslie Cheung) qui est policier mais qui ignore que Ho est un contrebandier. La police de Hong Kong cherche à mettre fin au trafic de faux billets. C’est une des raisons pour laquelle la bande va à Taïwan vendre les faux dollars. Là-bas, Ho se fait prendre et passe trois ans en prison. De retour à Hong Kong, il va tenter de refaire sa vie comme chauffeur de taxi avant que son passé ne le rattrape.

Le Syndicat du crime est un film d’amour et de haine. La trame criminelle n’est qu’un motif qui permet aux couples de se faire et de se défaire. Il n’y a qu’une seule femme dans tout le film, c’est Jackie (Emily Chu) la fiancée de Kit. C’est d’autant plus ironique quand on sait que Leslie Cheung était homo même si le public ne le savait pas encore à ce moment-là. Ce couple est sans doute le moins réussi du film, le personnage de Leslie Cheung a du mal à trouver sa place.

Le vrai couple du Syndicat du crime est composé de Mark et Ho. Ce sont plus que des frères d’armes, John Woo les filme vraiment comme des amoureux comme dans ce moment où ils se retrouvent une fois la peine de prison de Ho purgée. Ho aperçoit Mark sur le trottoir d’en face. Il est devenu estropié. Il n’est plus qu’un larbin depuis que Shing a pris le pouvoir. Ce dernier lui jette quelques dollars par terre après que Mark lui ouvre la portière de sa voiture. Le regard que Ho jette à Mark n’est pas celui de la pitié, mais celui de l’amour retrouvé trois ans plus tard. Ho va rejoindre Mark dans le sous-sol de l’immeuble et là leurs retrouvailles sont celles de deux amants éperdus d’amour l’un pour l’autre. Malgré la déchéance de Mark, malgré son sourire perdu. Ils ne cesseront de se toucher, de se frôler et de se regarder dans les yeux pendant tout le reste du film.

Kit rejette son grand frère de toutes ses forces alors même que celui-ci s’est rangé, qu’il tente de refaire sa vie. A priori, en tant que policier il devrait être satisfait du changement de Ho, mais Kit ne peut pas admettre que Mark et Ho pérennisent ainsi leur couple. Jackie, la gentille fiancée musicienne, n’y pourra rien. Il n’y aura que la mort de Mark qui fera revenir Kit dans la vie de Ho dans un gunfight dont John Woo a le secret.

C’est par ce biais que John Woo se démarque de l’influence que Tsui Hark. Il transforme un banal film d’action en drame romantique. Le sous texte érotique n’est jamais présent dans le cinéma de Tsui Hark qui, au contraire, fait des films sensuels mais pudibonds. Ce que produit John Woo dans Le Syndicat du crime va au-delà de qui était présent dans le cinéma de Chang Cheh.

Le Syndicat du crime (A better tomorrow, 英雄本色, Hong Kong, 1986) Un film de John Woo avec Chow Yun-fat, Ti Lung, Leslie Cheung, Waise Lee, Emily Chu, Kenneth Tsang, Shing Fui-hong, Tsui Hark.

samedi 17 mai 2008

Spacked out



Il y a parfois de drôles de films qui se font à Hong Kong, tel celui-ci, Spacked out produit par Johnnie To et réalisé par Lawrence Ah Mon. Le film est passé à la Cinémathèque Française lors de la rétro To. C’est un film classé Catégorie III à Hong Kong, sans doute à cause de la drogue.

C’est l’histoire de quatre filles, quatre adolescentes qui ont toutes de surnoms, Banana, Cookie, Bean Curd et Sissy. Elles ne travaillent pas à l’école, elles passent leur temps à se téléphoner, elles volent du maquillage dans les magasins, elles se droguent, elles se foutent de tout et de tout le monde. Pas vraiment des rebelles, juste des filles qui rejettent la société.

La bande des quatre fait des petits trafics pour gagner un peu de fric. KK, la « Godsister » tient un karaoké et leur fournit de quoi vendre aux Chinois du continent quelques téléphones cellulaires. KK est leur protectrice et quand des garçons se montrent trop insistants auprès des filles, qu’elles se font draguer par des petites frappes qui se croient des hommes. La sexualité est justement l’un des thèmes principaux des filles.

Sissy et Bean Curd (première photo) sortent ensemble, sans que l’on sache si elles sont réellement lesbiennes. Quand un garçon s’approche de trop près de Sissy, Bean Curd devient folle de jalousie et montre les dents à défaut de montrer les poings. Il faut dire qu’elle n’est pas très grande et qu’elle ne fait pas peur aux gars de 18 ans, malgré ses cheveux rasés. Sissy proteste un peu. Entre deux perruques, elle sourit. Mais un soir, elle balance tout à sa copine et notamment qu’elle en a marre d’entendre encore et encore parler de son ex.

Carrie et Banana (deuxième photo) sont plus calmes en apparence. Carrie la rousse et Banana avec son petit sourire sont de simples amies. Banana passe son temps en classe à rechercher des garçons avec son téléphone. Elle tombe sur un jeune gars, l’invite chez elle et ils vont baiser. Sa mère est là mais elle est absente, le regard vide et elle s’en moque. Carrie va tomber enceinte (à 13 ans) et chercher à se faire avorter clandestinement (parce qu’elle est mineure) dans le quartier chaud de Mongkok. Carrie va rencontrer un lycéenne (elle a 17 ans) et devenir petit à petit son amie.

Lawrence Ah Mon filme cette jeunesse comme un documentaire. Le film commence par de longues conversations téléphoniques qui montrent la superficialité des adolescentes : elles ne discutent de rien et donc de tout. Et évidemment, la réalité va leur tomber droit dans la gueule avec son lot de frustrations, de déception, de mensonges, de tromperies et de souffrance. Alors que ces filles apparaissent comme sans intérêt, petit à petit on se prend d’affection pour elles, même si le cinéaste en fait un peu trop sur la fin (overdose, cauchemar de l’avortement, racailles violentes) et abuse de pathos. On a cependant un certain parfum d’authenticité, ce qui est rare dans le cinéma cantonais.

Spacked out (無人駕駛, Hong Kong, 2000) Un film de Lawrence Ah Mon avec Debbie Tam, Christy Cheung, Angela Au, Maggie Poon, Vanesia Chu, Lam Hoi-man.

vendredi 16 mai 2008

Sorties à Hong Kong (mai 2008)

Breeze of July (七月好風)

Un film de Stanley Tam avec Monie Tung, Sammy, Koo Kam-wah, Tatsuo Dean Fujioka, Su De. 85 minutes. Classé Catégorie I. Sortie : 16 mai 2008.



mercredi 14 mai 2008

Japon de fantaisie




Emile Cohl est un cinéaste français qui a "inventé" le film d'animation. En 1908, il tournait un très court métrage avec des dessins animés. Un DVD comportant les films de Cohl qui existent encore. Dans ce coffret, se trouve un film de moins d'une minute titré Japon de fantaisie. Il date de 1909. On y voit d'abord des soldats de plomb, puis des Japonaises faire du tourniquet. Ensuite, un insecte vient pondre un oeuf qui se transforme petit à petit en masque de théâtre d'où sortent des souris. Faut-il voir un sens à tout cela ? Sans doute non, mais je trouvais drôle de parler de ce film.

mardi 13 mai 2008

Wonderful town

C’est étrange d’aller voir un film et d’avoir l’impression de l’avoir déjà vu. C’est un peu ce qui m’est arrivé devant Wonderful town, qui semble être un frère jumeau d’un film d’Apichatpong Weerasethakul, un cousin germain de Tsai Ming-liang, un neveu de Hou Hsiao-hsien, soit tout de même ce qui est le plus auteuriste dans le cinéma actuel.

Comme chez les autres, le scénario d’Aditaya Assarat est minimaliste. Il peut se résumer ainsi : Ton, un architecte arrive dans un village du littoral pour la construction d’un hôtel de luxe. Il loge dans un hôtel bas de gamme où il rencontre Na, qui tient le lieu. Ils commencent à se regarder puis entament une liaison. Na ne veut pas que leur relation soit rendue publique. Na et Ton font l’amour mais le frère de Na, un gangster, tabasse Ton et jette son corps dans une rivière.

Il est facile de comprendre que tout dans Wonderful town tient dans l’ambiance, dans l’atmosphère, dans la cosmogonie (pour utiliser un gros mot) que le réalisateur veut créer. Mais je n’ai plus envie de me faire chier à inventer le film que je suis en train de voir.

Les personnages parlent peu. La caméra développe de jolis mouvements de caméra composés pour l’essentiel de travellings latéraux. Une grande attention est portée sur les regards des protagonistes qui fixent la caméra comme s’ils voulaient nous exprimer quelque chose. Ou mais quoi ? Le tsunami, comme le dit toute la presse officielle qui a bien lu le dossier de presse ? Le désespoir d’être pauvre en montrant l’opposition entre des ruraux peu instruits et un urbain diplôme ?

C’est cela qui est énervant avec ce genre de films, tout peut être écrit dessus. Car c’est devenu la nouvelle manière de tourner pour être exportable : ne pas beaucoup éclairer les plans, faire peu de dialogues, composer le hiératisme que paresseusement on qualifiera de contemplatif. Bien entendu, ce film a le droit d’exister, y compris sans génie ni talent, comme j’ai le droit de le trouver très à la mode et très conformiste.

Wonderful town (Thaïlande – Pays-Bas – Corée, 2007) Un film d’Aditaya Assarat avec Anchalee Saisoontorn, Supphasit Kansen, Dul Yaambunying

lundi 12 mai 2008

Le Vieux jardin

Je n’avais pas encore vu Le Vieux jardin, je me rattrape aujourd’hui. C’est un autre mélodrame mâtiné de politique et en deux mots, c’est moins bien que The President’s last bang mais mieux que Une femme coréenne. C’est déjà ça.

Après l’exécution du Président coréen en 1979, on passe cette fois en 1980 avec la répression par l’armée de manifestations organisées par des militants de gauche, des socialistes. La Corée n’était pas alors à la pointe de la démocratie, bien au contraire. Le Vieux jardin commence à la fin des années 1990. Ho Hyun-woo (Ji Jin-hee) vient de sortir de prison après une longue peine purgée pour avoir justement déclaré au juge qu’il était socialiste.

Hyun-woo retourne dans sa famille qui l’accueille avec toute l’émotion et les larmes qu’un tel évènement demandait. Hyun-woo ne tarde pas à retourner sur lieux de son premier amour, dans un coin perdu de la campagne. C’est dans cet exil qu’il a rencontré Yoon-hee (Yum Jung-ha) dont il est tombé amoureux malgré le risque, malgré sa situation.

Dans cette cabane, chaque objet lui évoque un souvenir et Im Sang-soo procède à de nombreux flash-backs entre aujourd’hui avec l’acteur les cheveux gris dont le sourire est absent et 1980 où notre personnage est plein d’espoir et d’amour. Là-bas, Hyun-woo apprend que Yoon-hee est morte et, surtout, qu’elle lui a donné une fille. En lisant le journal intime de son amie, il aura l’occasion de remettre les éléments de ce puzzle en place. Il va vivre son passé par procuration et le spectateur en même temps que lui.

Du côté de la politique, Im Sang-soo reste un peu vague. A cela sans doute deux raisons. D’abord parce que les souvenirs en 17 ans se sont estompés et que les témoins ne sont plus tous là pour diverses raisons. Ensuite, parce que peut-être il s’agit de tourner la page sur cette époque douloureuse, encore dans la mémoire collective coréenne mais enfouie telle un cauchemar. Les scènes de répression sont remarquablement filmées, en caméra portée à l’épaule, avec des teintes jaunes comme celle des pages vieillies d’un journal.

Du côté du mélodrame, Im Sang-soo réussit à ne pas en faire trop : par de visages larmoyants, pas d’engueulade lourde entre les personnages, pas de musique sursignifiante. Le film passe entre les deux protagonistes. Yoon-hee qui accepte les engagements politiques de son homme en silence mais non sans reproches. Hyun-woo qui reconnaît qu’il risque de mettre en péril son couple. Les deux points de vue se croisent parfois sans jamais se rejoindre ce qui montre les limites du scénario. Parfois il renvoie dos à dos les deux opinions, Yoon-hee traite dans une réplique les militants de fascistes.

De la même manière, Im Sang-soo truffe son film de plans (ou d’images) trop jolies pour être en accord avec le sujet. Mais les images sont quand même jolies ce qui n’est pas rien. Le Vieux jardin laisse pourtant un sentiment d’ennui poli d’autant que, contrairement à The President’s last bang, le film est totalement dénué d’humour.

Le Vieux jardin (오래된 정원, Corée, 2007) Un film de Im Sang-soo avec Ji Jin-hee, Yum Jung-ha, Yoon Hee-seok, Kim Yu-ri, Yoon Yeo-jeong, Park Hye-sook

Un an

Un an de blog aujourd'hui. Je ne pensais pas y arriver, mais ça y est j'y suis.

jeudi 8 mai 2008

Sorties à Hong Kong (mai 2008)

This darling life (愛與狗同行)

Un film de Angie Chen. Documentaire sur les chiens à Hong Kong. 82 minutes. Classé Catégorie I. Sortie : 8 mai 2008.



mercredi 7 mai 2008

Les personnages de CJ7 de Stephen Chow

CJ7 devrait sortir dans deux mois en France. J'avais envie de revenir sur les personnages principaux du dernier film de Stephen Chow.

Dicky, le fils (Xu Jiao)


Ti, le père (Stephen Chow)


Ti et son fils avant la rencontre avec la créature


Le patron de Ti (Lam Tze-chung)


L’institutrice Mademoiselle Yuen (Kitty Zhang) et le fort peu aimable professeur Monsieur Cao (Lee Sheung-ching)


Le prof de gym (Fung Min-hun)


Johnny, le camarade de classe de Dicky (Huang Lei)


Fanny, l’amoureuse de Dicky (Hu Qian-lin)


La petite fille géante (Han Yong-hua) et la bande à Johnny


L’enfant géant (Yao Wen-xue)


CJ7 en train d’être créée


CJ7, la créature (elle-même)


La maison de Ti et Dicky

mardi 6 mai 2008

Le Cinéma chinois Hier et aujourd'hui

Chen Kaige déborde de passion pour son Art


En complément de programme du DVD du Mariage de Tuya, qui reste un très beau film que j’avais beaucoup aimé à sa sortie (lire ici), on trouve un documentaire d’Hubert Niogret titré Le Cinéma chinois hier et aujourd’hui. En toute simplicité. Ça dure à peine une heure ce qui fait court.

Et donc ce film va parler d’un siècle de cinéma. Certes les trente premières années sont concentrées en quatre minutes, chrono en main. La raison en est que les images manquent, les films ont beaucoup disparus parce qu’ils n’étaient pas conservés. Mais cette information, on ne l’apprendra pas dans le film. On n’apprend dans ce documentaire que des choses que l’on sait déjà, ou alors, il ne faut jamais avoir lu le moindre texte sur le cinéma chinois pour être intéressé par cela.

Xie Jin évoque très vite les différentes générations de cinéastes. Aujourd’hui, nous en sommes à la 6ème mais Niogret ne s’intéresse pratiquement qu’à la 5ème, c'est-à-dire à Chen Kaige et Zhang Yimou, cinéastes que la revue Positif, dont Niogret est membre, continue malgré l’évidence de leur médiocrité, d’aduler. Chen Kaige parle de lui, se fait des compliments, est satisfait de son travail et n’a pas l’impression d’avoir vendu son âme et son talent au libéralisme de l’industrie. Il n’a pas dû voir son dernier film. Pas plus que Zhang Yimou, qui par chance, ne parle qu’une minute, ne parle que de couleurs des drapées de son actrice.

Il faudra attendre les 5 dernières minutes pour que quelqu’un, en l’occurrence Wang Chao, exprime des réserves fortes et vraies sur cette 5ème génération qui a abandonné tout velléités artistiques. On le sait, le Bureau du Cinéma chinois ne finance que ce genre de navets alors qu’en France, et dans les Festivals, les films de Jia Zhangke, Wang Chao ou Lou Ye sont très appréciés. Mais jamais Niogret ne parle d’économie.

Ce mauvais et paresseux documentaire se contente de filmer quelques cinéastes chinois, dont pas mal de récents. Tous disent à peu près la même chose, peu osent évoquer les affres de la censure et les aberrations de la politique artistique en Chine. D’ailleurs, n’y a-t-il pas aujourd’hui deux cinémas chinois ? Ça aurait pu s’appeler « les cinéastes chinois » plutôt que Le Cinéma chinois hier et aujourd’hui. Cela aurait plus juste.

Mais en Chine, comme ailleurs le cinéma se fait avec des actrices et des acteurs. Rien n’est dit sur la tentative de l’industrie de copier la méthode hongkongaise du star system. Actuellement, c’est ce qu’il s’y passe. Ces nouvelles stars sont pour l’instant épaulées par les stars du cinéma cantonais, voire taiwanais : regardons les génériques de Hero ou de La Cité interdite.

Bref, c’est un documentaire très superficiel de la part d’Hubert Niogret. Ce dernier vient de coordonner un dossier dans le numéro de mai de Positif consacré au « polar asiatique ». J’en parlerai très vite mais déjà on peut trouver une petite erreur de légende sous une photo. Ce qui en dit déjà long sur les compétences de l’homme.

Le Cinéma chinois hier et aujourd’hui (France, 2007) Un film de Hubert Niogret

lundi 5 mai 2008

Good times bed times



C’est une comédie romantique cantonaise avec tout ce que cela implique de gentillesse et parfois de niaiseries inhérentes à ce genre de film. Il y a des stars que j’adore vraiment et qui en font beaucoup pour amuser le spectateur. Moi, je ris devant ce spectacle malgré les invraisemblances de la narration. C’est comme à Hollywood mais avec Louis Koo, Lau Ching-wan, Sami Cheng, Charlene Choi et quelques guest stars en plus comme on en a là-bas.

Couple 1 : Lau Ching-wan et Sammi Cheng. Lui joue Raymond un juge qui ne pense qu’aux femmes, ce que lui reproche d’ailleurs parfois son chef Lam Suet. Raymond aime tellement les femmes qu’il trompe régulièrement sa copine qui est Carrie (Sammi). Carrie est journaliste pour un magazine, genre Voici ou Gala. Habituée aux frasques de Raymond, elle envisage de déménager et tombe, un soir, nez à nez avec le coup d’un soir de son ami. Au travail, elle doit faire un reportage sur le policier Paul Ko.

Couple 2 : Sammi Cheng et Louis Koo. Carrie rencontre donc le policier que toutes les femmes adorent et dont tous les hommes sont jaloux. Le reportage que son patron, interprété par le comique Lee Lik-chi, lui demande de faire doit porter sur la défaillance sexuelle de Louis Koo. Il est donc le policier Paul Ko, choisi pour être la figure emblématique et publicitaire de la police de Hong Kong. Paul Ko est le beau gosse de service. Au fil des discussions que Carrie a avec Paul, ils se rendent compte qu’il y a des chances qu’ils se soient connus dans leur adolescence. Une chose est claire, ils se plaisent.

Couple 3 : Charlene Choi et Lau Ching-wan. Raymond et Tabby se rencontrent au tribunal. Il n’est pas le juge du procès dans lequel Tabby est plaignante. Il est dans le public. Tabby a porté plainte contre un mec qui, parait-il, la harcèle. Mais dès qu’elle sort de la salle, elle agresse les gens et elle trouve Raymond sur son chemin. Elle s’incruste dans sa voiture, puis chez lui et enfin dans sa vie. Lui le prédateur sexuelle et elle la gamine boudeuse et insolente. Elle va bousculer le train-train de Raymond. Ses facéties de gamine vont l’amener à changer la literie de Raymond, jeter ses VCD porno et faire de notre homme un compagnon fidèle.

Couple 4 : Tony Leung Ka-fai et Sandra Ng. C’est un couple secondaire. Sandra joue Bobo, une star de Hong Kong en vacances au Japon avec son compagnon, Monsieur Hung. Leur liaison est cachée du grand public et Carrie va sur leur trace. Paul Ko, qui commence à tomber amoureux d’elle, va la rejoindre sur place sur un coup de tête et une erreur d’appréciation. Sandra et Tony vont être les révélateurs de l’amour des autres, comme d’eux-mêmes.

Ainsi se déploie Good times bed times, comédie de Patrick Leung co-signée par son scénariste Chan Hing-kai. Après La Brassière et Mighty baby, on peut y voir une trilogie sur l’état de l’homme face à la femme dans le Hong Kong d’aujourd’hui. Trilogie aussi dans le duo que forment Lau Ching-wan et Louis Koo. Johnnie To et Wai Ka-fai ont aussi employé les deux acteurs ensemble. Les films de Leung et Chan ressemblent à ceux de To et Wai. Ces derniers détournent les propos quand Leung et Chan y plongent dedans avec beaucoup de volupté et pas mal d’innocence.

Le film est souvent très drôle avec des gags pas toujours d’une finesse extraordinaire. Jim Chim ouvre par exemple la braguette du pantalon pour découvrir l’absence d’érection de Paul. On y découvre un poussin moribond. Le couple Charlene Choi Lau Ching-wan est sans doute le plus drôle, elle avec ses moues boudeuses, lui avec son visage d’obsédé plein de satisfaction. Le couple vedette d’un film à voir uniquement pour ce qu’il est : une gentille comédie de pur divertissement pour les amateurs de cinéma cantonais.

Good times bed times (戀上你的床, Hong Kong, 2003) Un film de Patrick Leung et Chan Hing-kai avec Louis Koo, Sammi Cheng, Lau Ching-wan, Charlene Choi, Jim Chim, Tats Lau, Lee Lik-chi, Lam Suet, Sandra Ng, Tony Leung Ka-fai.

samedi 3 mai 2008

Born wild



Le jour de son anniversaire, Tide (Daniel Wu) apprend la mort de son frère jumeau Tan (Louis Koo) qu’il n’avait plus vu depuis des années. Tide informe son père qui s’en moque un peu et va reconnaître le corps à la morgue. On lui donne les affaires retrouvées sur le corps de son frère. Il y a la clef de son appartement. Il s’y rend et y trouve Sandy (Jo Koo) la petite amie de Tan. Sandy pleure pour la première fois depuis sa mort. Tide veut comprendre comment et pourquoi Tan est mort.

Avant de connaître Tan, Sandy était la petite amie de Ah Mann (Patrick Tam), une petite frappe habillé à la mode. Ah Mann tente de retenir sa petite amie mais Tan lui fout quelques coups de poing dans la gueule et il doit se résoudre à l’évidence : il a perdu la fille. Tide va reconstituer l’histoire de son frère. Patrick Leung va utiliser de nombreux flashbacks pour narrer la relation qui unissait Tan et Ah Mann.

Ils sont d’abord ennemis puisque l’un a volé sa copine à l’autre, mais quand Tide rencontre Ah Mann pour la première fois, ce dernier déclare que Tan était son âme sœur. Depuis, il s’est rangé des petites combines et il regrette son ami. Les deux hommes organisaient des combats de boxe clandestins car, comme s’en était aperçu Ah Mann, Tan sait donner des coups et les encaisse bien.

Là, Patrick Leung filme les scènes de combat de manière très clipesque : découpage cut des coups de poing, ralentis, des plans très courts, musique forte. C’est un peu un Fight club à Hong Kong. Les prouesses de Tan commencent à lui donner une grande réputation. Il y a des plus en plus de monde pour regarder les combats, donc de nombreux paris sont pris. Cela commence à faire la fortune de Ah Mann. Mais aussi des jaloux. Et il y aura le combat de trop.

En affaires ensemble, certes, mais Ah Mann est fasciné par son ami et en tombe amoureux sans qu’il admette réellement. Ils ne se quittent plus, il lui offre des cadeaux (une voiture de sport) et subvient à sa vie de tous les jours. Tan reste un frustre, il ne sourit jamais, il traite Sandy avec assez peu d’égards. Au contraire, Ah Mann est un homme jovial, exubérant et expansif. Evidemment, quand Tan va mourir, tout cet univers devenu harmonieux va exploser.

Born wild était déjà passablement homoérotique dans la manière qu’a Patrick Leung de filmer ses acteurs. Dès la première scène Daniel Wu est filmé torse nu sans réelle raison. Louis Koo n’est pas en reste pour tomber la chemise et il est filmé comme une icône. De plus, les regards que lui et Patrick Ta se lancent sont chauds comme la braise. Le film a aussi des aspects clairement crypto gay puisque Sandy fait le lien entre les deux garçons, elle est cependant l’obstacle à leur amour.

Dans la deuxième partie de Born wild, c’est Daniel Wu qui remplace Louis Koo dans la vie de Patrick Tam. A ce moment-là, Tide invite Ah Mann chez lui après une scène où le pathos est à son comble. Tide dit à son nouvel ami qu’il peut dormir où il veut et Ah Man va naturellement dans le lit de Tide.

Chan Hing-kai et Amy Chin, scénaristes du film et de nombreux autres films de Patrick Leung ou de Dante Lam, sont des spécialistes de l’observation de la sexualité à Hong Kong. C’est leur fond de commerce habituel, leur thématique propre. On peut regretter qu’ils ne soient pas allés plus loin dans les rapports masculins qu’entretiennent les trois garçons. Born wild comblera pourtant assez peu les fans de film de boxe puisque les combats sont peu spectaculaires. Un film un peu bancal qui le rend intéressant mais inabouti.

Born wild (野兽之瞳, Hong Kong, 2001) Un film de Patrick Leung avec Louis Koo, Daniel Wu, Patrick Tam, Jo Koo, Felix Lok, Pai Ying, Chang Kuo-chu, Phyllis Quek, Arthur Wong, Wrath White, Chan Chai-ping, Lawrence Chen.

vendredi 2 mai 2008

Tri-star


Leslie Cheung est un prêtre catholique beau gosse, Anita Yuen est une prostituée criblée de dettes, Lau Ching-wan est un policier incompétent et impulsif. Tel est le trio de Tri-star de Tsui Hark. Le cinéaste, pour se remettre de ses échecs commerciaux, avait signé un contrat de deux films avec la compagnie Mandarin de Raymond Wong Pak-ming, producteur de comédies balourdes mais rentables telles les Happy ghost ou All’s well ends well. Le premier film fût Le Festin chinois et le second ce Tri-star, deux comédies du Nouvel An Lunaire.

Comment un prêtre, une prostituée et un flic peuvent-ils se rencontrer ? Tsui Hark fait démarrer son film sur les chapeaux de roue. Fa, le policier, et son collègue pas très malin (Sunny Chan) surveillent un cambrioleur. Ce dernier s’enfuit dans une voiture blanche. Or Zhong, le prêtre, a une voiture similaire. Les deux flics le suivent par erreur jusqu’à son église, là Fa tire par mégarde et blesse son super-intendant. Leur enquête suivante sera de surveiller un ponte des triades.

Ils se mettent à suivre Baiban la prostituée dont une des particularités est de rire quand elle est triste et inversement, ce qui donne quelques gags assez marrants. Baiban va réfugier précisément dans l’église du Père Zhong. Ce dernier décide de ramener cette brebis dans le droit chemin et va même jusqu’à s’installer dans le quartier des prostituées et justement louer une chambre dans le même appartement que Baiban, qui habite avec trois autres prostituées hautes en couleurs.

Tsui Hark les filme de deux manières. D’abord avec beaucoup de tendresse en montrant qu’elles n’ont pas choisi cette activité. Elles ont des dettes et doivent les rembourser sans quoi leurs souteneurs les descendront. Le prêtre devra faire face au bras droit du parrain. Hung Yan-yan joue encore une fois le méchant de service, un type pas commode. Le Père Zhong va le rencontrer pour négocier la libération de sa protégée. Quand il dit qu’il vient de St François Xavier, les mafieux pensent que c’est un nouveau clan.

Tsui Hark filme aussi les filles avec beaucoup d’humour pour dédramatiser la situation. Il les fait arriver de leur travail éreintant comme si elles étaient des zombies, dans une lumière bleue en gros plan et en une large focale. Le résultat est hilarant. Les quatre filles sont montrées comme des gamines espiègles mais pleines de bon sens. Zhong leur trouvera un vrai travail : travailler dans un magasin de photographie. Il leur fait enregistrer également une chanson de canto-pop toujours dans l’idée de rembourser leurs dettes et de les remettre sur le droit chemin.

Mais le policier Fa les suit toujours. Lau Ching-wan met les bouchées doubles pour interpréter son rôle. Il apparaît barbu, fumant le cigare, toujours avec un pardessus crasseux, lui-même n’étant pas très propre sur lui. Il marche régulièrement pieds nus, vomit, crache. Un exemple de souillon. Là où il devient drôle c’est parce qu’il se trompe sur les tenants et aboutissants des personnes qu’il est en train de suivre. Il est persuadé que le Père Zhong veut monter son propre bordel. Il ne comprend rien à rien. Mais il tombe amoureux de la cousine du prêtre, une nymphomane au grand cœur.

Tri-star n’est bien sûr pas le meilleur film de Tsui Hark, loin de là. Il fait partie des films mineurs qui n’ont d’autres choses que leur scénario pour eux. Il est de la même trempe que Working class, Twin dragons ou Dans la nuit des temps. Au bout d’un moment, l’intérêt se dissipe peu à peu quand le scénario se fait moins passionnant et les gags plus répétitifs. Cela dit, je ne boude jamais mon plaisir devant une comédie cantonaise avec quelques uns des meilleurs acteurs de Hong Kong et quelques uns des meilleurs artisans de l’industrie dont Christopher Doyle à la photo, David Wu au montage, ce qui fera toujours la différence avec les films sans âme.

Tri-star (大三元, Hong Kong, 1996) Un film de Tsui Hark avec Leslie Cheung, Anita Yuen, Lau Ching-wan, Sunny Chan, Alvina Kong, Fung Wai-hang, Catherine Hung, Chung King-fai, Moses Chan, Hung Yan-yan, Shing Fui-on, Baau Hon-lam, Raymond Wong Pak-ming, Michael Mak.

jeudi 1 mai 2008

Sorties à Hong Kong (mai 2008)

Besieged city (圍城)

Un film de Lawrence Ah Mon avec Tang Tak-po, Wong Hau-yan, Wong Yat-ho, Joman Chiang. 97 minutes. Classé Catégorie III. Sortie : 1er mai 2008.




My wife is a gambling maestro (我老婆係賭聖)

Un film de Wong Jing avec Nick Cheung, Natalie Meng, Cheung Tat-ming, Danny Chan, Cheung Ka-lun, Wong Jing, Samuel Pang, Winnie Leung. 98 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 1er mai 2008.