samedi 22 mars 2008

Princesse Chang Ping


John Woo n’a donc pas réalisé que des polars. John Woo n’a pas tourné que des comédies pourries avec Ricky Hui. Princesse Chang Ping n’est pas un film inconnu. Avant sa sortie en DVD, il fût disponible en VHS à la fin du vingtième siècle à l’époque du feu magazine HK Orient Extrême. Sorti en janvier 1976 sur les écrans hongkongais, il fait aujourd’hui encore figure de curiosité et restera pour l’éternité un film à part dans la filmographie de John Woo. A vrai dire, le film d’opéra cantonais reste une énigme à mes yeux. Princesse Chang Ping reste le seul film de ce genre que j’aie vu. Je ne me permettrai pas d’en voir les défauts ou les qualités. Mais d’après ce que j’ai pu comprendre, il fût un temps où l’industrie du cinéma de Hong Kong en produisait des tonnes. Le public adorait ces films où les sentiments sont exacerbés, où les costumes et les décors sont flamboyants, où l’amour est contrarié. En l’occurrence, Princesse Chang Ping ressemble comme deux gouttes d’eau à un mélo pur sucre.

La princesse se fiance avec Chou Shih Hsien, un jeune lettré. Ce jour-là, les rebelles assiègent le palais et y mettent le feu. L’empereur accepte que son épouse et sa concubine se suicident. Il décide également de tuer ses deux filles et espère sauver son fils héritier. La princesse survit aux coups de sabre paternels et part se réfugier dans un couvent. Chou Shih Hsien la retrouve. Elle feint de ne pas être la princesse mais ne résiste pas à l’amour. Les deux fiancés partent défier le nouvel empereur. Ils décident de mourir ensemble, pour l’éternité. Le film est clairement divisé en trois actes : 1, le palais ; 2, le couvent ; 3, le palais à nouveau. Chaque acte est relié par de courtes transitions. Dans le même temps, l’action du film correspond à la durée de son déroulement.

Certains trouveront probablement dans cette histoire du film des motifs dans les films suivants de John Woo. Probablement autant qu’avec Ricky Hui, c'est-à-dire rien. Une chose est sûre, c’est le dépaysement total que procure Princesse Chang Ping à son spectateur, pour peu qu’il découvre pour la première fois un film d’opéra cantonais. Les seules choses que je puisse dire sont purement factuelles. Les personnages de jeunes hommes, dont Chou Shih Hsien, sont joués par des actrices. Quand les personnages ne s’expriment pas en chantant, ils déclament leurs dialogues. Tout réalisme est gommé au profit de la théâtralité. Chaque geste, chaque regard, chaque déplacement d’un acteur est dramatisé et déréalisé. Les protagonistes se déplacent avec élégance dans l’espace, tandis que les figurants (servantes, soldats, membres de la cour) restent immobiles. En revanche, la caméra est très mobile : travellings, zooms, ce qui renforce d’autant plus avec la théâtralité du film. La musique est pour l’essentiel composée de percussions.

Dans l’ensemble, Princesse Chang Ping est un film picturalement splendide. La scène devant le couvent, sous la neige, est très poétique. John Woo, alias Wu Yu-shen comme il est écrit sur le générique, signe un film extrêmement académique qui semble rendre hommage aux productions de la Shaw Brothers, ou tout au moins qui semble vouloir imiter leur style. Princesse Chang Ping a été un très succès public en son temps. On conseillera le film à toutes les personnes éprises de curiosités et d’exotisme, aux amateurs d’opéra cantonais ou aux fans hardcore de John Woo, s’il s’en trouve encore.

Princesse Chang Ping (帝女花, Hong Kong, 1976) Un film de John Woo Lung avec Kim Sung, Mui Shuet-sih, Leung Sing Bo, Lan Chi Pak, Young Phoenix Opera

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