vendredi 8 février 2008

My left eye sees ghosts


Un enterrement. Le bal des pleureuses est là à se lamenter sur la tombe de Daniel Tsui qui est mort lors d’une croisière aux Caraïbes. Susan (Lee San-san) s’effrondre sur le cercueil de Daniel, elle pleure et pleure toutes les larmes de son corps. Tout le monde veut consoler Susan. Pauvre veuve, pensent-ils. Mais Susan n’est pas la veuve. La veuve est plutôt joyeuse et s’appelle May (Sammi Cheng). Elle et Daniel s’étaient mariés sur un coup de tête et ils ne se connaissaient que depuis une semaine. May doit donc composer avec sa belle famille et surtout sa belle mère (Bonnie Wong) qui aimerait bien voir partir cette bru qu’elle méprise. Madame Tsui pense que May ne reste que pour l’héritage, car Daniel était très riche.

Trois ans après l’enterrement, May est encore veuve, certes, toujours seule sans nouveau copain ni mari et évidemment aux crochets de sa belle famille. Un soir, May a un accident de voiture. Elle avait bu. Elle est morte mais elle rencontre Ken (Lau Ching-wan) qui lui insuffle un dernier moment de vie. Son œil gauche est blessé. Dans la chambre d’hôpital, elle entend des voix qui décrivent ce qu’elle fait. Mais elle ne voit rien. Puis, elle enlève le pansement de son œil gauche, et là, elle voit trois hommes dans la chambre, dont Kin-wai. Ce dernier est un fantôme et, comme le titre du film l’indique on ne peut plus clairement, son œil gauche voit des fantômes.

May rentre chez elle et Kin-wai revient la voir. Elle prend peur et la fuite. Kin-wai la poursuit. Ce qu’il y a, c’est que ce fantôme est celui d’un adolescent mort mais qu’il a la taille d’un adulte, forcément puisqu’il est incarné par Lau Ching-wan, qui joue de son visage poupin pour donner corps, à défaut de vie, à ce fantôme. Même s’il effraie May, Kin-wai est gentil. Le seul gros problème qu’elle va rencontrer avec lui est son immaturité. Car Kin-wai fait des facéties, des blagues de gamin. Il prétend qu’ils étaient camarades de classe. Kin-wai se prend aussi pour un héros de bédé, genre Ken le survivant. My left eye sees ghosts est donc une comédie et non pas un film d’horreur comme pouvait l’être The Eye des frères Pang. On peut y voir aussi une parodie hilarante de Sixième sens de M. Night Shyamalan.

May veut conserver le souvenir de son défunt mari et notamment réparer sa voiture avec laquelle elle eu son accident. Elle va dans un garage tenu par Sam Wong et son père (Wong Tin-lam). Sam n’y est pas mais une femme fantôme lui remet une lettre pour lui. Cela la met dans une position de messager qu’elle n’avait pas prévue. Elle va se mettre à aider les fantômes qui se trouvent dans des situations délicates. Ainsi la père de May (Lam Suet) paie un exorciste pour que Kin-wai se marie à une femme fantôme bien abîmée et qu’il laisse May tranquille. Cela donne des scènes au grand pouvoir comique d’autant que Lau Ching-wan et Sammi Cheng sont irrésistibles.

Mais la vie continue et sa plus jeune belle sœur Tina (Cherrie Yin) essaie cependant de trouver un nouvel homme à May, tel Ben le médecin (Simon Yam). Mais sans soute May préfère la compagnie des morts. Il y a beaucoup de chances pour qu’elle soit tombée amoureuse de Kin-wai. C’est ce que dit l’exorciste embauchée par son père. Qui est ce fantôme Kin-wai ? Il y a aussi le mystère autour de Sam Wong, le garagiste, que l’on ne voit jamais. Qui dit que son père, qui semble souffrir de problèmes de mémoire, n’aurait pas omis de mentionner que son fils serait décédé ? C’est là, que My left eye sees ghosts prend un tour plus tendre et émouvant tout en ménageant de l’humour. On est vraiment dans un exercice de « la mort au travail ».

Johnnie To et Wai Ka-fai passent d’un registre à l’autre avec une facilité déconcertante. Il faut bien entendu être sensible à la comédie cantonaise pour apprécier au mieux cette ghost comedy sans kung-fu, ce qui la différencie largement de la vague lancée par Sammo Hung et Wu Ma au début des années 1980. Le film fonctionne surtout grâce à l’abattage énorme de tous ses interprètes et en premier lieu de Lau Ching-wan, le meilleur acteur cantonais actuel. Sammi Cheng déploie sa gestuelle habituelle faite de gestes amples des bras, de ses longs bras maigres qu’elle porte sous ses tenues larges et colorées, une actrice presque surnaturelle.

My left eye sees ghosts (我左眼见到鬼, Hong Kong, 2002) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Lau Ching-wan, Sammi Cheng, Lee San-san, Bonnie Wong, Cherrie Ying, Wong Tin-lam, Lam Suet, Lee Fung, Simon Yam, Lam Chi-sin, Kelly Lin.

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