lundi 10 décembre 2007

The Happy ghost + Happy ghost II + Happy ghost III


The Happy ghost est typique des comédies cantonaises produites par la CCC (Cinema & City Film Company) dans les années 1980. Dean Shek, Karl Maka, Jacob Cheung à la production, Klifton Ko à la mise en scène et Raymond Wong (pas le compositeur, on s’entend) en vedette et au scénario.

Raymond Wong a toujours été une énigme pour moi. Comme un type aussi falot a-t-il pu avoir à cette époque avoir une telle carrière. Il y a tout de même eu cinq épisodes de Happy ghost qui ont tous plutôt bien marché. Et d’autres films encore comme l’incroyable All’s well ends well, où immanquablement ils se faisait voler la vedette par les autres acteurs.

Dans The Happy ghost, il n’y a pas vraiment de scénario. Tout est bon pour filmer des jeunes actrices. Et des jeunes actrices, il y en beaucoup ! L’idée géniale de la clique de la CCC est de faire se dérouler le film dans une université pour filles. Commode, n’est-ce pas !

Le joyeux fantôme qu’interprète Raymond Wong Bak-ming s’appelle Kit. Il s’est suicidé et son âme est restée dans la corde avec laquelle il s’est pendu. Quelques siècles plus tard, cinq écervelées, parties camper, vont le découvrir et en faire leur ami. Lui, est très choqué que les jeunes filles portent de si courts vêtements. Clifton Ko en bon tâcheron prend un malin plaisir à filmer les culs des demoiselles. Que ne faut-il pas faire pour devenir une starlette !

Autre idée géniale : filmer une compétition d’athlétisme. Elles sont toutes en short. Parce que quand même, il faut être tout public. Ils n’iront pas plus loin. Kit aide Bonnie (Bonnie Law) à gagner la compétition. Mais, la tricherie c’est mal. Les copines feront d’ailleurs plus tard du chantage pour qu’il les aide pour l’examen final.

Il arrive quelques péripéties aux filles. L’une tombe enceinte sans le vouloir. Une autre a des parents sévères. Une autre est trompée par son petit ami. Le tout est de tenter de faire rire avec ce matériau scénaristique. A vrai dire, tout l’humour est contenu dans les quiproquos que produit Kit dans ses apparitions soudaines, ou dans les catastrophes qu’il crée bien malgré lui.

La chose la plus intéressante de The Happy ghost est la méchante du film. C’est la Mère supérieure de l’université. Elle ne cesse de brimer les filles. Elle est sévère, mesquine et coincée. On pourrait dire que Wong et Ko montre que le catholicisme va à l’encontre du taoïsme. Mais ce serait aller un peu trop loin dans l’analyse. Et je n’irai pas jusque là.

En revanche, il n’y a rien à sauver dans Happy ghost II sorti un an plus tard. Ici, Raymond Wong revient avec ses lunettes. Il est censé être le fils de la jeune femme enceinte dans le premier. En dehors de l’anachronisme de la situation, puisqu’on n’avait pas remarqué que le premier film commence dans les années 1960, le personnage de Raymond Wong Bak-min ne se rappelle pas ses anciennes vies. Il va du coup rencontré le fantôme Kit et renoncer à ses pouvoirs surnaturels. Mais, il aura pourtant besoin.

Du point de vue scénaristique, c’est le néant. Les étudiantes ne font plus de l’athlétisme mais du water-polo, ce qui permet de filmer longtemps les actrices en maillot de bain. Concours de T-shirts mouillés. Les étudiantes ne cessent de faire des crasses à Raymond Wong Bak-ming ce qui lui vaudra d’être pris pour un très vilain et d’être renvoyé. Pour réparer cette situation, il veut récupérer ses pouvoirs. Ce qui crée des quiproquos avec Fennie Yuen : il doit dire « je vous aime » pour faire sa magie. Elle croit qu’il l’aime.

Le film est très ennuyeux. Il souffre aussi d’un travers : il est truffé de publicité pas déguisée pour Coca. On voit tous les personnages tenir des cannettes avec la marque bien visible, dans des situations parfois assez incongrues.

Happy ghost III est un peu mieux sans être bien. Il y est toujours question de réincarnation. Raymond Wong Bak-ming et Fennie Yuen se sont mariés mais, comme toutes les femmes des comédies CCC, elle est très jalouse et pas très maline. Ici, Raymond doit aider sans le savoir une chanteuse récemment décédée à se réincarner. Mais, bien sûr rien ne va se passer comme prévu. Bien au contraire.

La jeune chanteuse est interprétée par Maggie Cheung, alors starlette en devenir et qui passe son temps à sourire. Maggie ne fait rien qu’à embêter le pauvre Raymond qui, comme d’habitude, fait de ses grosses lunettes sur son petit visage l’essentiel de son pouvoir comique : c'est-à-dire rien. Le film se moque gentiment des vedettes de la cantopop avec un personnage de jeune chanteur. Cette fois les étudiantes font du football.

Le seul réel intérêt de Happy ghost III est de voir Tsui Hark dans un petit rôle. Il y est au début le « maître de la réincarnation » qui promet une nouvelle belle vie à Maggie Cheung. Tsui Hark est crédité aussi comme responsable des effets spéciaux (mais où sont-ils ces effets spéciaux ?). De plus, le film est réalisé par Johnnie To. Le cinéaste sortait de cinq ans de purgatoire télévisuel. Happy ghost III marque le début d’une nouvelle carrière fructueuse puisqu’il rencontre Tsui Hark et tout sa bande.

La réalisation de Johnnie To n’est pas très visible. Il y a de jolis mouvements de caméra. Il prend un plaisir visible à filmer Maggie Cheung et d’une certaine manière évite à cette troisième aventure de sombrer dans l’ennui le plus profond. Le meilleur des trois Happy ghost que j’ai vus.

The Happy ghost (開心鬼, Hong Kong, 1984) Un film de Clifton Ko avec Raymond Wong Bak-ming, Loletta Lee, Bonnie Lau, Sandy Lamb, Teresa Carpio, Ng Siu-kong.

Happy ghost II (開心鬼放暑假, Hong Kong, 1985) Un film de Clifton Ko avec Raymond Wong Bak-ming, May Lo, Fennie Yuen, Charine Chan, Jeannie Kanai, Victoria Suen, Melvin Wong, Tang Kei-chan, Manor Chan.

Happy ghost III (開心鬼撞鬼, Hong Kong, 1986) Un film de Johnnie To avec Raymond Wong Bak-ming, Maggie Cheung, Tsui Hark, Fennie Yuen, Charine Chan, Sabrina Ho, Wing Lam, Tan Bee-lee, Danny Poon, Wong Ching, Mannor Chan, Leung San.

Aucun commentaire: