lundi 26 novembre 2007

Les Petites fleurs rouges


Peu de monde connaît Zhang Yuan. Ces films ont été rarement vus en France : un petit passage par Cannes en 1997 avec West Palace East Palace qui parlait d'homosexualité (le film est sorti en 2006 en DVD). Ses autres films n'ont jamais franchi nos frontières. Et que peut faire le petit Dong Bowen, quatre ans au compteur, face à la si jolie coiffure blonde de Freddie Highmoore dans le rôle d'Arthur. Finalement, le marketing infernal aura fonctionné à plein régime.

Que tout le monde fasse la même chose est justement l'idée fixe de Madame Lin, la directrice du jardin d'enfants dans lequel Les Petites fleurs rouges nous plonge. On n'en sortira pas. Le film montre combien la machine idéologique peut créer des ravages, combien il est reposant de faire comme les autres. Ça se passe dans les années 1960, mais c'est pareil aujourd'hui. L'école est là pour te former mon enfant, pour t'enlever ton imaginaire et que surtout tu te taises et que tu acceptes les règles. Tout cela n'est pas du goût du petit Fang Qiangqiang (Dong Bowen donc, admirable acteur) qui se retrouve un jour dans ce jardin d'enfants parce que son père doit travailler loin. Nous sommes tous des petits Fang.

Apprendre les règles pour devenir un homme : ne pas faire pipi au lit, aller au toilettes au bon moment, se laver les mains, s'habiller seul et ne pas bavarder le soir. Fang Qiangqiang est stupéfait que tous ses 130 petits camarades respectent autant ces cinq commandements. Lui n'a envie que d'une chose : faire ce qu'il veut quand il le veut. Mais le regard des autres vous oblige à être dans la loi. Et le tableau avec les petites fleurs rouges, l'équivalent de nos bons points, est bien en évidence pour rappeler qui est dans le système. Qiangqiang n'a pas de fleur. Il s'en moque au fond. Il les aime parce qu'elles sont belles, mais il continue d'être libre.

Cette liberté passe par l'imagination. Il réussit à convaincre les autres enfants que Madame Li mange les enfants. Ce qui crée un chaos important dans le jardin d'enfants. Il veut aussi vérifier quels enfants a une queue, manière de faire une sorte d'éducation sexuelle qui ne dirait pas son nom. De toutes façons, à cause des règles, les enfants connaissent leur nudité. C'est d'ailleurs un des points les plus étonnants du film. Ici, le corps est libre. Zhang Yuan ne montre pas de fausse pudeur à filmer des jeunes enfants nus. On et encore plus étonné des pantalons des garçons qui sont ouverts à l'entrejambe, dans une idée de faciliter l'accès au petit coin.

La plus grande liberté de Qiangqiang est son refus de l'autorité. Les enfants le dénoncent à la moindre bêtise ce qui lui donne envie d'en faire encore plus. Madame Li n'est pas réellement méchante avec lui (on n'est pas dans Les Misérables), mais elle a perdu sa capacité de libre arbitre. Elle est absente à elle-même, comme un robot. Elle est monstrueuse parce que l'idéologie a eu raison d'elle. Les Petites fleurs rouges est une ode à la liberté, la vraie, celle qui fait qu'on se sent libre au milieu des règles et des contraintes. Zhang Yuan réussit son film sans l'ombre d'une mièvrerie et d'une concession. Tout le contraire d'un film de Besson.

Les Petites fleurs rouges (看上去很美, Chine-Italie, 2006) Un film de Zhang Yuan avec Dong Bowen, Zhao Rui, Ning Yuanyuan, Li Xiaofeng, Chen Manyuan

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