vendredi 29 juin 2007

The Shopaholics


La traditionnelle comédie du Nouvel An Lunaire tournée par Wai Ka-fai aven Cecilia Cheung et Lau Ching-wan s'appelait en 2006 The Shopaholics. Cette fois, on a ri de bon cœur.
Difficile d'oublier le ratage quasi intégral de Himalayah Singh où tous les acteurs cabotinaient à mort : Francis Ng, Lau Chin-wan et en tête Ronald Cheng, le plus insupportable des histrions comiques actuels (regardez Dragon reloaded 2 et hurlez de honte). Seule Cecilia Cheung, drapée dans de belles robes – car le cinéma peut aussi servir à garnir sa garde-robe personnelle – s'en sortait avec la classe qui l'habite toujours. Dans Himalayah Singh, comme en 2004 dans Fantasia, Wai Ka-fai avait tenté d'utiliser des effets spéciaux trop bons marché pour fonctionner. Dans The Shopaholics, il se cencentre sur la comédie et se rappelle un joli film de Patrick Leung avec déjà Lau Ching-wan, Good times bed times (je vous en parlerai un de ces jours, promis).
Le postulat de départ est bête comme chou : un bébé est abandonné dans un grand magasin au milieu des grandes marques. Cela était en 1980. Aujourd'hui, le bébé a bien grandi puisqu'il est incarné par Cecilia Cheung. Elle s'occupe d'enfants dans son travail et comme par hasard, ce jour-là, elle leur fait visiter une galerie marchande bourrée de magasins où tout peut être acheté. Problème : entre temps, la jeune femme a attrapé une sale maladie. La fièvre acheteuse (soit la traduction du titre du film). Les gamins sont en fait avec elle pour la surveiller elle, et non l'inverse. La jeune femme s'appelle Fong Fong-fong. Les personnages féminins ont des noms ridicules dans ce film.
La fièvre acheteuse de Fong (on va l'appeler comme ça, pour faire plus simple) l'amène à des folies. Elle achète tout ce qu'elle voit, si possible des trucs hyper chers. Pour enlever les étiquettes aux vêtements, Fong s'est aussi acheté une paire de ciseaux de marque. Paire de ciseaux qui elle-même a une étiquette. L'humour de The Shopaholics repose beaucoup sur ce genre de petits détails que Wai Ka-fai et son scénariste Au Kin-yee se sont fait un plaisir de nous offrir. Le film n'est plus comme les précédents une fiction débridée avec une histoire délirante, il joue sur nos petits travers du quotidien. Ce qui est marrant dans The Shopaholics, ce sont ses personnages qui s'enfoncent dans leur délire.
" A Hong Kong, la vie est si stressante que tout le monde est malade, " dit le Dr Lee, psychiatre de son état chez qui Fong a pris rendez-vous. Ce bon Dr Lee, comme chaque docteur qui se respecte dans une comédie est bien plus malade que ses patients. Sa souffrance : ne pas savoir choisir. Par exemple au restaurant, il attend de longues minutes avant de se décider pour tel ou tel plat... jusqu'à ce que le plat vienne à manquer au moment où il se décide. Lau Ching-wan, dans ce rôle de psychiatre velléitaire est magnifique. Il faut dire que sa maman, hilarante Paula Tsui, est particulièrement castratrice.
Ajoutons un flirt entre Fong et le Dr Lee, quand bien même cela contredit profondément l'éthique. Flirt qui sera vite mis en pièce par l'arrivée d'un troisième larron, le milliardaire Richie Ho (Jordan Chan) qui viendra avec ses dollars prouver à Fong que l'argent fait le bonheur. On saupoudre le tout avec Ding Ding-dong (Ella Koon, son personnage a aussi un nom ridicule), l'ancienne amoureuse du Dr Lee, qui depuis sa rupture avec ce dernier, se déconsidère totalement et a perdu toute confiance en elle. Une belle brochette de malades auxquels on joindra Wong Tin-lam en narcoleptique, Law Kar-ying en vieillard qui hurle des jurons à tout va. Un plaisir comique comme on n'en voit que trop rarement.
Jusqu'à présent The Shopaholics était déjà bien barré avec des acteurs tous contents de faire de ce film un grand n'importe quoi communicatif et jubilatoire. Mais la dernière demi-heure prend la forme d'une course poursuite des mariés. Chacun décide de se marier avec l'autre, car aucun n'arrive réellement à savoir qui il (elle) aime. On n'oublie pas qu'on a affaire à des névrosés. La fin du film est du pur burlesque et tout à fait irracontable. Il s'y passe trop de choses mais c'est un vrai plaisir de voir ce spectacle amoureux. Et on ne raconte pas trop de gags, histoire de laisser la surprise.
The Shopaholics sera donc à conseiller aux amateurs (forcément éclairés) de la comédie cantonaise qui marie allégrement le ridicule avec le romantisme. On en redemande. En tout cas, le public de Hong Kong a adoré, puisque le film sorti fin janvier 2006, a réuni plus de 200.000 spectateurs.
Jean Dorel
The Shopaholics (最愛女人購物狂, Hong Kong, 2006) Un film de Wai Ka-fai avec Cecilia Cheung, Lau Ching-wan, Jordan Chan, Ella Koon, Wong Ting-lam, Maggie Siu, Paula Tsui, Law Kar-ying, Dennis Law, 

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