vendredi 28 septembre 2007

Nuages d'été


Après la ville dans Le Repas (Osaka) et Nuages flottants (Tokyo), Mikio Naruse choisit pour Nuages d’été la campagne du Japon. Filmé en couleurs qui font ressortir la nature et les vêtements des protagonistes, tourné en format Scope, Naruse place les acteurs au centre des plans, comme pour les fondre au centre de leur milieu. Naruse n’est pas plus bienveillant avec les paysans japonais qu’avec les citadins. Bien au contraire, il plonge l’action de son film dans une famille tenu par un père qui n’est qu’un tyran domestique.

L’idée de Naruse est de montrer son film d’un point de vue documentaire : un journaliste va interroger cette famille et notamment Yae, une veuve de guerre qui est allée habiter chez son père avec son jeune fils. Un de ses neveux est parti vivre en ville, au grand dam de son grand père. Ce dernier a du mal à admettre que sa nièce veuille aller à l’université et aimerait qu’elle épouse son fils cadet, mais aucun n’est d’accord. Pendant ce temps, Yae cherche à connaître sa mère (son père l’a répudiée et s’est remarié). Il se trouvera qu’elle habite à quelques kilomètres de là.

Nuages d’été montre le tiraillement entre le Japon coutumier et la voie vers la modernité. Seul le père est un adepte borné du respect des traditions : mariage arrangé, reconnaissance de son petit fils, droit absolu de l’aîné. Naruse est clairement contre lui, bien qu’il lui accorde quelques circonstances atténuantes. Face à lui, la nouvelle génération entend vivre plus librement : aimer qui ils veulent, partir faire des études, choisir un métier qui leur plaise. Naruse met aussi l’accent sur les conditions difficiles des paysans qui subissent de plein fouet la modernité du Japon.

Nuages d’été (鰯雲, Japon, 1958) Un film de Mikio Naruse

Nuages flottants


Comme Le Repas, Nuages flottants est tiré d’un roman de l’écrivaine Fumiko Hayashi. Si Le Repas est le récit d’une femme qui ne veut plus de sa vie de couple, Nuages flottants est celui d’une femme qui n’arrive pas à vivre avec l’homme qu’elle aime. L’idylle avait pourtant bien commencé. Mlle Koda rencontre M. Tomioka en Indochine pendant l’occupation japonaise. Ils travaillent dans la même compagnie. Ils s’aiment, mais une fois la guerre terminée, M. Tomioka retourne avec sa femme. Fin 1946, Mlle Koda cherche à le revoir. Elle est pauvre, elle veut revivre cet amour, il cherche à se débarrasser d’elle.


Mais Tomioka est un faible, un velléitaire. Il ne sait pas ce qu’il veut. Il est tiraillé entre ses contraintes matrimoniales et son amour des femmes. Chacun va chercher à faire souffrir l’autre. Mlle Koda va se prostituer avec des soldats américains, et fera en sorte que Tomioka le sache, pour qu’il comprenne bien ce qu’il est en train de perdre. De son côté, lui va s’offrir une jeune fille qui est mariée à un bon bougre mais qui ne s’épanouit pas sexuellement. Jalousie de parts et d’autres. La femme mène la danse et entend bien faire en sorte que l’homme ne dépende que d’elle. Nuages flottants est un mélodrame traversé de grandes explications poignantes entre les deux amants maudits. Naruse les filme en longs travellings arrière, comme pour montrer que malgré leurs efforts, ils ne parviendront pas vivants à aller de l’avant.


Nuages flottants (浮雲, Japon, 1955) Un film de Mikio Naruse

Le Repas


Le Repas de Mikio Narus est un beau film. Le personnage de Setsuko Hara est une épouse modèle. Elle est mariée depuis cinq ans à un salary man et vit depuis trois à Osaka. Epouse modèle qui prépare chaque soir le repas à son mari, mais elle est une femme au foyer qui s’ennuie. L’arrivée de la nièce de son mari va bouleverser son quotidien si morne. Non pas qu’elle cherche à en faire son amie, au contraire elle refuse d’aller visiter la ville avec elle. Elle se rend compte que la jeune fille qui a fugué de chez parents à Tokyo lui rappelle son passé. Et surtout, que le mari prend plus de temps à passer avec sa nièce qu’avec sa femme.

L’épouse décide de moins s’occuper de son mari et va boire des verres avec ses amies de lycée. Puis, elle repart à Tokyo chez sa sœur et son beau frère, qui vivent avec la mère des deux sœurs. La famille croit que ce n’est qu’une simple visite temporaire, mais l’épouse n’a plus envie de rentrer à Osaka. Contrairement aux usages, elle n’écrit même pas à son mari, ce qui commence à choquer la mère. L’épouse à décider de s’émanciper, mais ne compte pas divorcer. Tout Le Repas est une ode à Setsuko Hara, actrice vue chez Ozu justement. Elle ne dit rien de ses sentiments et motivations profonds mais son visage, souvent souriant de façon énigmatique, en dit plus long que les dialogues. Naruse, chose rare à l’époque, filme Osaka de manière documentaire, à la caméra peut-être portée à l’épaule. On découvre la ville telle qu’elle était en 1951. Le Repas réussit à déployer beaucoup d’humour dans ce portrait de femme libre, qui entend bien le rester.

Le Repas (Japon, 1951) Un film de Mikio Naruse

DVD édité chez Wild Side

mercredi 26 septembre 2007

Sorties à Hong Kong (septembre 2007)

Beauty and the 7 beasts (七擒七縱七色狼)
Un film de Chung Shu-kai avec Eric Tsang. Joe Koo, Natahalis Chan, Meng Yao. 97 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 25 septembre 2007.




Lust. Caution (色,戒)

Un film américano-chinois de Ang Lee avec Joan Chen, Tony Leung Chiu-wai, Chu Chihying, Wei Tang, Alexander Wang, Johnson Yuen. 157 minutes. Classé Catégorie III. Sortie : 26 septembre 2007.




The Detective (C+偵探)

Un film d’Oxide Pang avec Aaron Kwok, Liu Kai-chi, Lau Siu-ming, Jo Koo, Kenny Wong, Shing Fui-on. 110 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 26 septembre 2007.



mardi 25 septembre 2007

Out of the dark


Six mois à peine après le diptyque Le Roi Singe, Jeff Lau réunit à nouveau Karen Mok et Stephen Chow pour Out of the dark. Cette fois, le trio abandonne les légendes chinoises pour faire une parodie de Léon de Luc Besson. Pourquoi ? Sûrement parce que Jean Réno jouit d’une immense popularité en Asie du Sud-est.

Ainsi Stephen Chow a un bouc et des lunettes noires et il se trimballe pendant tout le film avec une plante aux pouvoirs étonnants puisqu’elle arrive à déceler les fantômes. Bien entendu, c’est à Karen Mok qu’échoit la tâche de remplacer Natalie Portman, même si à l’époque elle n’était plus vraiment une gamine.

Stephen Chow est un tueur de fantômes. Dans Out of the dark, c’est celui d’une mémé pas commode qui hante tout un immeuble. Elle prend le corps d’un enfant innocent pour accomplir son boulot de fantôme. Stephen Chow veut exorciser le petit mais on le prend pour un fou (faut dire qu’il parle à une plante) et on l’emmène dans un asile. S’ensuit une longue course poursuite contre le fantôme dans l’immeuble où elle court même quand on lui coupe la tête.

Jeff Lau avait déjà tourné un film quasi similaire, Operation pink squad II en 1989 où l’essentiel du film se déroulait dans un immeuble où des chasseurs poursuivaient une femme fantôme et inversement. Out of the dark n’est pas plus amusant mais ce qui frappe c’est sa noirceur et sa grande violence inhabituelle dans le cinéma de Stephen Chow. Quelques scènes avec des explosifs font, à cet égard, rire jaune. Toute l’équipe qu’a recruté Stephen doit résister à des explosions de plus en plus fortes.

Out of the dark n’a pas eu le succès escompté. A ce niveau, on pourrait presque parler de grave échec commercial si l’on se réfère au statut qu’avait l’acteur en 1995. C'est aussi un de derniers films produits et distribués par la Shaw Brothers, qui espérait se refaire une santé en faisant tourner Stephen Chow. Cela n'a pas marché.

Out of the dark (回魂夜, Hong Kong, 1995) Un film de Jeff Lau avec Stephen Chow, Karen Mok, Leung Jar-yan, Wong Yat-fei, Lee Lik-chi.

lundi 24 septembre 2007

Le Roi Singe


Bienheureux celui qui saura résumer Le Roi Singe. Le film de Jeff Lau et Stephen Chow part tellement dans tous les sens que la difficulté s’accroît au fur et à mesure que se déroule le récit. J’imagine que ceux qui ont lu le récit dont est tiré Le Roi Singe, La Pérégrination vers l’Ouest, comprendront mieux tous les tenants et aboutissants d’un scénario plein de coups de théâtre, de personnages, de batailles.

Stephen Chow est bien entendu la star de son film. Il y est ce roi singe arrogant qui défie une déesse. Au lieu d’aller chercher les racines du bouddhisme, c'est-à-dire en Inde, il s’est amusé à faire de nombreuses facéties. La déesse décide de lui retirer son statut de dieu et devra errer cinq cents ans sans mémoire.

Devenu humain, le roi singe est un mortel, chef d’une bande de brigands minables. Stephen Chow est montré comme un homme très velu et qui louche. Ses sourcils se rejoignent, il a des poils partout, y compris sous les pieds, portant ainsi les stigmates de son ancienne vie. Stephen ignore qu’il fut un dieu. Il ne sait pas non plus que la malédiction va bientôt s’achever.

Ainsi quand il rencontre deux jeunes et jolies femmes (Karen Mok et Nam Kit-ying), il ne se rend pas compte que ce sont deux démones, Karen se transforme en zombie et Nam en araignée. Les démones le recherchent. Comme le roi taureau (Lu Xu-ming), son beau frère qui veut se venger d’une infidélité. Arrive aussi Fruit du Savoir (Jeff Lau), venu pour aider Stephen.

Le début du Roi Singe pourrait faire croire à un wu xia pian classique avec des divinités, des moines, des combats (bien réglés par Ching Siu-tung qui imprime fortement de sa marque la mise en scène). Mais très vite on arrive dans le mo tei lo, comme le dit dans un dialogue Karen Mok. Soit le grand n’importe quoi.

Pour faire rire avec ses gros gags, Stephen Chow est accompagné par son fidèle Ng Man-tat qui sera l’homme cochon de la légende initiale. Il a aussi oublié son passé, mais un miroir magique révèle la personnalité première de nos héros.

L’humour dans Le Roi Singe tient de différents niveaux. Bien sûr Stephen et Ng en font des tonnes, comme dans la scène où ils apparaissent à moitié à poil, persuadés que les démones ne peuvent les voir. L’humour vient aussi des dialogues d’une belle et saine vulgarité : Stephen ose tout. Question dialogues drôles, Law Kar-ying, qui interprète le moine gardien de Stephen, est pas mal. Il est montré comme un homme soûlant, qui ne cesse jamais de parler. L’humour vient évidemment aussi des situations incongrues, des costumes de certains personnages comme celui du Roi Taureau. Il vent aussi des mimiques de tous les acteurs. Faut quand même aimer ça.

Et puis derrière, se trouve aussi des histoires d’amour contrariées et foisonnantes comme on trouverait dans les séries américaines. A vrai dire, on ne sait plus au bout de deux heures de film qui aime qui. A combien de femmes, Stephen Chow a-t-il promis de se marier, est la seules question valable de la deuxième partie.

Si l’on ajoute à cela que Stephen Chow revient dans le passé à la fin de la première partie, il est facile d’imaginer la confusion qui règne dans Le Roi Singe. Grâce à une boîte de lune, il remonte dans le temps, d’abord pour sauver Karen Mok d’une mort certaine, ensuite pour résoudre les problèmes qu’il a engendrés. Du coup, Jeff Lau est obligé de faire deux grands flash-backs dans la deuxième partie, pour rappeler quelques nœuds du récit.

On s’amuse comme des fous à regarder Le Roi Singe. Tout va si vite qu’on peut apprécier chaque morceau du film comme un moment d’anthologie. Un des meilleurs films de Stephen Chow.

Le Roi Singe est sorti à deux semaines de distance au moment du Nouvel An Lunaire 1995. Le succès a été modéré par rapport aux films précédents avec Stephen Chow. Jeff Lau a tourné une nouvelle version du récit en 2002 avec Tony Leung Chiu-wai. Il en avait écrit le scénario avec Wong Kar-wai (sous pseudonyme).

Le Roi Singe (A Chinese Odyssey, Hong Kong, 1995) Partie 1 : la boîte de Pandore (西遊記第壹佰零壹回之月光寶盒), Partie 2 : Cendrillon (西遊記大結局之仙履奇緣). Un film de Jeff Lau avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Law Kar-ying, Karen Mok, Nam Kit-ying, Jeff Lau, Athena Chu, Ada Choi, Lu Xu-ming.

DVD édité par HK Vidéo Metropolitan en zone 2, VOSTF conseillée

dimanche 23 septembre 2007

Look out, officer !


Rarement je n’ai autant de méchants se faire dézinguer que dans ce Look out officer !. Ça a beau être un film policier, on en croirait presque que les gunfights de John Woo sont réalistes. Voir plus de morts violentes qu’ici, c’est rare.

Look out officer ! a été tourné par l’inconnu Lau Sze-yu qui n’est resté dans l’histoire que cette collaboration avec Stephen Chow.

Piao (Bill Tung, qui jouait le chef de Jackie Chan dans les Police story) est un flic à la gâchette facile (n’est pas Danny Lee qui veut) qui se fait abattre par des trafiquants de drogue lors d’une planque. Les méchants font croire à un suicide. Arrivé aux portes du paradis, il affirme qu’il ne s’est pas suicidé et désire retourner sur terre pour tuer les méchants. Sa requête est accordée. Il sera aidé par Hsing (Stephen Chow) qui sera le seul à le voir.

Hsing décide justement de s’engager dans la police. Il est en plus sous le commandement de Chin (Stanley Fung, un autre collègue de Jackie Chan), ancien équipier de Piao. Chin a une fille, Yu (Vivian Chan, une étoile filante du cinéma de Hong Kong), dont Hsing tombera évidemment amoureux.

La seule idée de Look out officer ! est de mélanger la comédie de fantômes avec le film policier bourrin. Ça ne marche pas tout le temps mais parfois. L’ensemble est assez convenu. Le méchant est très méchant puisqu’il ricane méchamment. Les effets spéciaux pour les apparitions de Paio sont bon marché (quelques éclairs par là, quelques effets de caméra par ici). Le final est très pipi-caca. Mais vraiment beaucoup pipi-caca. Un gag sur l’homosexualité de Stephen Chow lors d’un charme d’amour inopérant. Et c’est à peu près tout. Le personnage de Stephen Chow n’était pas encore établi et ça se sent.

Look out officer ! (師兄撞鬼, Hong Kong, 1990) Un film de Lau Sze-yu avec Stephen Chow, Bill Tung, Stanley Fung, Vivian Chan

samedi 22 septembre 2007

Rob-B-Hood (L'Expert de Hong Kong)


Tous les ans, Jackie Chan propose au mois de septembre un nouveau film. Alors que Rush hour 3, qui se déroule en France, va sortir, son millésime 2006 Rob-B-Hood, tourné par Benny Chan est une comédie d’action qui rappelle son heure de gloire des années 1980 avant que Jackie ne soit englouti par la cabotinage de Chris Tucker.
Jackie Chan y est un cambrioleur qui officie ses méfaits avec Louis Koo et Michael Hui, qui fit les beaux jours de la comédie cantonaise il y a de cela trente ans. Trois générations d’acteur, voilà de quoi satisfaire tous les publics, et effectivement ils s’en donnent à cœur joie pour faire de Rob-B-Hood un divertissement tout à fait agréable malgré sa longueur excessive : 135 minutes.
Jackie, Michael et Koo cambriolent plutôt que de travailler. Jackie adore parier sur les courses de chevaux, mais ne gagne jamais. Il est un joueur invétéré et a de nombreuses dettes dans les tripots. Il est la brebis galeuse de sa famille et fait la honte de son père.
Louis Koo a des goûts de luxe : voitures de sport, beaux vêtements, bijoux pour sa maîtresse. Il dépense tout son argent dès qu’il l’a volé. Koo est marié et sa femme (Charlene Choi) est enceinte. Elle galère, fait des petits boulots ingrats et Koo lui conseille de se faire avorter en égoïste qu’il est.
Quant à Michael Hui, il est un économe patenté. Il garde tout son argent dans un coffre fort à côté de son lit. Sa femme (Candy Yu) est devenue folle depuis la mort de leur enfant. Ensemble, ils forment une équipe de paumés particulièrement habiles dans leurs forfaits.
Or, un jour, tous les trois se retrouvent sans le sou. Michael Hui propose alors un gros coup : enlever un bébé contre une rançon. Ou plutôt, c’est le grand père du bébé qui commandite le kidnapping pour vérifier si l’enfant est bel et bien son petit fils. Car lui aussi vient de perdre son fils.
Ils kidnappent le bébé (Matthew Medvedev, qui de façon aberrante fût nominé pour le Hong Kong Film Award du meilleur acteur catégorie jeune espoir !) Mais les ennuis commencent pour les apprentis papas : ils doivent s’occuper du bébé et ne savent pas faire. Commencent alors les aventures de ces hommes et de leur couffin.
Ils vont acheter des couches et du lait et on les prend pour un couple homoparental. Le bébé veut absolument téter le sein de Jackie Chan. Louis Koo met le bébé dans le lave-linge pour le cacher des méchants. Toute la deuxième partie est consacrée aux gags autour de cet adorable bambin trognon.
Ils vont être aidés par une infirmière chinoise venue travailler à Hong Kong (Gao Yuanyuan) pour qui Jackie a un petit faible. Bien entendu, Louis et Jackie vont s’avérer être des parents extra. Mais le grand père obsédé par sa quête va leur mettre des bâtons dans les roues et va s’emparer du bébé au grand dam des kidnappers.
Rob-B-Hood parvient à ménager la chèvre et le chou et à parfaitement homogénéiser les scènes de comédies, de romance et d’action. Le film est produit familial amusant malgré une fin un peu moralisatrice autour de la réconciliation de la cellule familiale.
Pour les amateurs d’acteurs cantonais, on retrouve dans Rob-B-Hood un grand nombre de courtes participations : Lam Ka-tung, Conroy Chan, Andrew Lin, Terence Yin, Daniel Wu et Nicholas Tse, ces deux derniers parodiant Brokeback Mountain avec un mauvais goût des plus exquis.
L'Expert de Hong Kong (Rob-B-Hood, 寶貝計劃, Hong Kong, 2006) Un film de Benny Chan avec Jackie Chan, Louis Koo, Charlene Choi, Gao Yuanyuan, Yuen Biao, Michael Hui, Candy Yu, Matthew Medvedev

vendredi 21 septembre 2007

Le Mariage de Tuya


Tuya est bergère. Elle vit en Mongolie Intérieure, dans une plaine un peu aride. Chaque jour, elle doit faire des dizaines de kilomètres à dos de dromadaire pour ramener de l’eau potable à sa famille et ses moutons. Tuya a deux enfants, un grand fils et une petite fille. Ils ne vont pas à l’école. Et un mari, Bater qui est infirme depuis un accident. Il s’est blessé en creusant un puits près la yourte familiale, en vérité une maison en brique.

Tuya a une idée pour subvenir aux besoins de la famille : divorcer de Bater et trouver un nouveau mari qui acceptera de garder Bater dans le nouveau foyer. Commence le bal des prétendants. Le premier arrive en cheval. Le suivant en moto. Le troisième en Mercedes. C’est Baoler, un ancien camarade de classe du couple. Il a toujours été amoureux de Tuya et vient en profiter. Il est marié à une femme vénale (qu’on ne verra jamais, Tuya est la seule femme de tout le film), et est riche. Il a fait fortune en trouvant du pétrole. Tuya accepte de l’épouser, même si Bater est mis en pension dans un foyer.

Mais il y a le voisin, Shenge. Lui aussi est déjà marié. Mais on sent tout de suite qu’il a une affection toute particulière pour Tuya pour laquelle il a beaucoup d’attention. Il l’aide à transporter le foin pour les moutons. Elle s’emporte, elle ne veut pas de son aide. Tuya est une femme de caractère qui ne fait que ce dont elle a envie. Elle se moque de Shenge qui attend sa femme partie vers d’autres cieux et qui l’a escroqué. Mais il attend surtout que Tuya le remarque pour enfin divorcer et sa marier avec elle. Il va finalement tenter d’accomplir l’œuvre de son mari en creusant un puits.

Le Mariage de Tuya est un film étrangement euphorisant. Le scénario n’est pas des plus joyeux : un personnage tente même de s’y suicider, mais Tuya possède une telle force de volonté qu’elle contamine le spectateur par son caractère décidé. Chaque situation est entourée d’un moment burlesque qui désamorce le côté tragique. Et petit à petit, le film devient de plus en plus surréaliste dans sa manière d’aborder le mariage.

Yu Nan, interprète de Tuya, est une actrice professionnelle. Elle est entourée d’acteurs non professionnels qui ont gardé leurs propres noms. Tous sont très bons. Wang Quanan, réalisateur du Mariage de Tuya n’a pas cédé à la tentation de faire de trop belles images, de si jolis cadres avec les paysages de Mongolie. C’est un film très agréable à voir et qui a reçu l’Ours d’Or au Festival de Berlin 2007.

Le Mariage de Tuya (图雅的婚事, Chine, 2007) Un film de Wang Quanan avec Yu Nan, Shenge, Bater, Zhaya, Baoler

jeudi 20 septembre 2007

Sorties à Hong Kong (septembre 2007)

The Sun also rises (太陽照常升起)

Un film chinois de Jiang Wen avec Joan Chen, Zhou Yun, Jiang Wen, Anthony Wong, Jaycee Chan, Kong Wei. 116 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 20 septembre 2007.

Site officiel (en anglais et chinois) : cliquer ici



mercredi 19 septembre 2007

The Mad monk


L’année 1993 n’a pas été très bonne pour Johnnie To. Entre deux Heroic trio (le premier est sorti en février, le second en octobre) tourné avec les trois stars Maggie Cheung, Anita Mui et Michelle Yeoh, et coréalisé par Ching Siu-tung, il fournit au public The Mad monk avec Stephen Chow. Il avait tourné ensemble l’année précédente Justice, my foot, pas vraiment un bon film, mais qui a été un énorme succès. Le seul gros succès de Johnnie To d’ailleurs.


Stephen Chow incarne un Dieu facétieux qui se moque des ses pairs Dieux et Déesses. Le Dieu suprême a bien envie de le punir mais le meilleur ami de Chow, incarné ici par Ng Man-tat comme d’habitude, trouve que les moqueries de Chow sont drôles. Arrive alors la Déesse (Anita Mui qui imite ici très bien Brigitte Lin) qui propose un marché à Stephen Chow : notre Dieu devra aller sur Terre comme un simple moine, sans possibilité d’user de ses pouvoirs magiques, et faire en sorte que les prochaines vies de trois personnes soient meilleures que l’actuelle.


Ces trois personnes sont une prostituée (Maggie Cheung), un mendiant (Anthony Wong) et un escroc (Kirk Wong). Le comparse de Stephen descend aussi sur Terre mais doit trouver un stratagème pour être vu, ce qui donne droit à une joyeuse scène de réincarnation accélérée où Ng Man-tat rentre dans le ventre d’une vieillarde et grandit très vite. Mais si son corps est celui d’un adulte, son cerveau est celui d’un enfant. Là, Ng s’en donne à cœur joie dans la débilité en cabotinant comme jamais.


Le scénario est chaotique et irracontable. Chaque action que tente Stephen pour mettre dans le droit chemin un de ses « clients » est immédiatement contrecarrée par un autre. D’où gag par forcément du meilleur goût, avec une nette préférence pour ce qui se passe en dessous de la ceinture.

Ching Siu-tung s’est occupé, comme dans les deux Heroic trio, des scènes d’action évidemment bien tournées dans son style habituel qui faisaient le charme des Histoires de fantômes chinois ou autres Swordsman. Mais au fur et à mesure que le film avance, on a l’impression que To a abandonné son poste et que Ching l’a remplacé. L’action s’accélère, la caméra ne bouge pas de la même façon et surtout, la lumière de prédilection de Ching, le bleu, domine l’image.


Apparemment, Stephen Chow et Johnnie To se sont disputés au cours du film. Ah ces stars ! On peut le regretter mais ces deux là se sont promis de ne plus travailler ensemble.

The Mad monk (濟公, Hong Kong, 1993) Un film de Johnnie To avec la participation de Ching Siu-tung avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Maggie Cheung, Anthony Wong, Kirk Wong, Lam Fat-yei, Anita Mui

mardi 18 septembre 2007

Bons baisers de Pékin : le DVD

Enfin !

Un film de Stephen Chow sort aujourd’hui en DVD avec des sous-titres français. Evidemment, c’est HK Vidéo Metropolitan qui s’est chargé d’éditer le premier film en tant que réalisateur de l’immense Stephen.

Bons baisers de Pékin (國產凌凌漆, From Beijing with love) devait sortir depuis deux ans. Il reste encore une bonne vingtaine de (bons) films avec l’acteur à découvrir sur les 50 dans lesquels il a tourné.

Patience…

Ma critique du film ici.


All's well end's well


Tout est bien qui finit bien, nous dit le titre de cette comédie du nouvel an lunaire 1992, plus gros succès de l’année à Hong Kong. All’s well end’s well (je reprends l’orthographe telle qu’elle est dans le générique y compris la faute) de Clifton Ko, spécialiste de la comédie familiale est sans doute le film frontière pour savoir si l’on aime la comédie cantonaise ou non. Si l’on rit immédiatement aux premiers gags d’une lourdeur certaine (Sandra Ng qui rentre la tête dans un lave linge – hop, elle gigote – puis qui nettoie ses beaux parents à l’aspirateur – hop, le soutif de mémé est aspiré – et enfin qui tond la terre du jardin – hop, le gazon apparaît), alors je vous le dis mes bien chers frères : bienvenue dans le royaume merveilleux des gags enchantés, c’est tous les jours le paradis au pays de la comédie cantonaise.
All’s well end’s well est surtout une distribution incroyable qui dément notamment l’idée de glamour véhiculée parfois autour de Maggie Cheung et de Leslie Cheung comme on a pu le voir dans le documentaire truqué de David Martinez sur Leslie Cheung diffusé récemment sur Arte. Donc, pleins d’acteurs. All’s well end’s well a été produit par Raymond Wong Bak-ming qui est l’auteur de l’histoire « originale » dont Vincent Kok a tiré le scénario. Wong Bak-ming s’est donné l’un des rôles principaux, celui de Moon, le frère aîné de la famille. L’homme à lunettes trompe sa femme avec Sheila (Sheila Chan) un jeunette à qui il offre des bijoux le jour de l’anniversaire de sa femme.
La femme de Moon est Ching (Sandra Ng). Jamais l’actrice n’a été aussi mal fagotée que dans ce film. Elle porte des bigoudis et on devine quelques poils de moustache. Ching est femme au foyer, c’est-à-dire que son mari exige d’elle qu’elle s’occupe de la maison et de ses beaux parents (Lee Hung-kam et Kwan Hoi-shan) qui passent la journée à regarder la télévision et notamment des films en noir et blanc. Elle fait le ménage le jour de son anniversaire car toute la famille va venir pour fêter ça.
C’est le petit frère So (Leslie Cheung) qui a préparé le repas avec beaucoup de passion. Leslie Cheung joue un personnage plein de manière, un peu folle, chose qu’il faisait rarement dans ses films. Il roule des yeux, il remet en place une serviette, il incline le poignet. Lui n’a pas de petite amie.
A l’opposé du personnage de Leslie se trouve celui de Mo-shang (Teresa Mo), cousine de la famille. Elle joue un garçon manqué, célibataire aussi, qui arrive à la maison en moto et qui ne fait pas de manière. Impolie, elle s’empiffre des plats que Leslie a préparés. Leslie et Teresa passent leur temps à se disputer, notamment au lycée où ils enseignent, elle la massage et lui la déco intérieure. On se doute qu’ils finiront ensemble.
Le troisième frère est Foon (Stephen Chow) qui est animateur de radio. Séducteur invétéré, il rencontre Yok (Maggie Cheung) surnommée Hollyok car la belle Maggie est influencée dans sa vie par les films hollywoodiens qu’elle regarde. Quand Madonna sort In bed with Madonna, elle s’habille comme Madonna avec ses fameux seins de Jean-Paul Gaultier. Puis viendra Pretty woman, ensuite Ghost, encore Misery et enfin Terminator 2, bref tous les succès américains de 1991 dont le film se moque.
Stephen est toujours en retard d’un film, quand Maggie s’habille comme Julia Roberts, lui se prend pour Warren Beatty. Quand elle fait de la poterie comme Demi Moore, lui fait Richard Gere. Mais très vite, il enfile un jeans serré et, torse nu, va finir la poterie à la Patrick Swayze sur la musique des Righteous Brothers. Plus tard pour masquer son infidélité envers Maggie, il feint (ou non) l’amnésie. Odieux avec son infirmière (Stephen est un obsédé), c’est Maggie qui vient s’occuper de lui déguisée en Kathy Bates version Misery.
Comédie assez régressive (aucun comportement d’adultes) et souvent couillonne où les facéties des acteurs font beaucoup rire, All’s well end’s well peut difficilement s’apparenter aux modèles des comédies du mariages de l’âge d’or hollywoodien. Les portes claquent, les personnages mettent du temps à s’aimer, mais les gags ne sont pas tous d’un très bon niveau. Mais parce qu’ils sont présents à profusion, on rit énormément et de bon cœur. Et en plus tout se finit bien.
All’s well end’s well (家有囍事, Hong Kong, 1992) Un film de Clifton Ko avec Messieurs Stephen Chow, Leslie Cheung, Raymond Wong Bak-min, Vincent Kok, Kwan Hoi-shan et Mesdemoiselles Maggie Cheung, Teresa Mo, Sandra Ng, Sheila Man, Lee Hung-kam.

lundi 17 septembre 2007

Super fans


Eric Kot est un acteur comique comme on en trouve beaucoup à Hong Kong. Il a démarré sa carrière sous l’ombre de Stephen Chow dans Lawyer lawyer en 1997, il a été génial en tueur incompétent dans You shoot I shoot de Pang Ho-cheung et très bien en époux bafoué dans Butterfly. A vrai dire, la filmographie d’Eric Kot n’est pas fameuse, certains de ses derniers films ont été des bides cuisants au box office. Son jeu est souvent pénible, il adore prendre une voix nasillarde et roule ses yeux. Rien de neuf.

Super fans est sa quatrième réalisation en dix ans. Il aborde le monde de la cantopop mais arrive un an après l’excellent The Heavenly Kings de Daniel Wu. Contrairement à ce dernier film, il met en scène une fan absolue d’un chanteur qui va découvrir le vrai visage de son idole. Sussie (Charlene Choi) est fan de Sum (Sammy) un chanteur qui a un grand nombre d’admirateurs et surtout d’admiratrices. En tant que super fan, Sussie déteste Yee (Kevin Cheng) le concurrent le plus direct de Sum pour l’Award de la musique. Sussie jette des sauterelles sur Yee ce qui provoque une catastrophe et le blesse au bras.

Comme vengeance, une fan de Yee jette aussi des sauterelles sur Sum. Catastrophe aussi. L’assistante est blessée et c’est Sussie qui va la remplacer. Elle devient vite la femme à tout faire de Sum et de son attachée de presse Lily (Meng Yao), une femme mesquine et par ailleurs maîtresse de Sum. Mais une star de la cantopop doit être célibataire aux yeux des fans, cette relation reste cachée.

Sussie est enchantée de son nouveau travail, mais assez vite elle se rend compte que Sum est un connard. Elle entraîne Shui (Leo Ku) dans son aventure. Shui est son meilleur ami, il habite chez le père de Sussie (Eric Kot). En fait, Shui est amoureux d’elle mais elle ne voit rien. Tout le film aura pour but de les faire se rapprocher, ce qui n’est pas très neuf comme concept. La critique attendue du monde de la chanson se révèle convenue. Et peu importe que Sammy et Kevin Cheng soient du sérail. Tout est trop caricatural.

Super fans (甜心粉絲王, Hong Kong, 2007) Un film d’Eric Kot avec Charlene Choi, Leo Ku, Sammy, Kevin Cheng, Eric Kot, Hui Siu-hung

dimanche 16 septembre 2007

King of beggars


So Chan (Stephen Chow) est un enfant gâté pourri. Son père, le Général de Canton (Ng Man-tat, qui je le rappelle n’a que dix ans de plus que Stephen) profite de son pouvoir pour maintenir son train de vie. Le jour de son anniversaire, Chan distribue dans la rue des billets. Il va au bordel et veut Yushang (Cheung Man), mais cette dernière espère que Chiu la choisira. Elle veut, avec la bande des mendiants, l’empoisonner pour libérer le peuple.
Chiu est un magicien aussi cruel qu’efficace. Il puise sa force dans le sang de nouveaux nés qu’il sacrifie avec barbarie. Cependant, Yushang n’arrive à ses fins et Cha tombe amoureux d’elle. Chiu va ourdir une vengeance en faisant de la famille So des mendiants. Adieu luxe et volupté, bonjour pauvreté et maladie.
Yushang a disparu de Canton, So Chan part à recherche à Pékin. Il devient le chef des mendiants avec comme botte secrète le kung-fu du dormeur, comme Jackie Chan inventait le kung-fu de l’homme ivre.
King of beggars de Gordon Chan joue sur une mise en place simple : grandeur, déchéance, vengeance, comme on en trouve dans la plupart des films de kung-fu. Les décors sont particulièrement soignés. Tout est tourné en décors naturels notamment sur la Grande Muraille de Chine. De ce point de vue ça va.
Les combats sont de bonnes tenues avec force intervention de magie, c’est-à-dire avec des effets spéciaux un peu bon marché mais donnent un charme incomparable à ces productions.
En revanche, l’humour reste assez banal. Le duo Stephen Chow – Ng Man-tat fonctionne bien mais sur des gags que l’on a déjà vus dans certains films antérieurs. Les meilleurs gags se trouvent sans doute dans l’examen pour devenir le meilleur diplômé de kung-fu. Tout est truqué et Stephen Chow fait n’importe quoi. Dans un genre assez proche, Flirting scholar de Lee Lik-chi, écrit par Vincent Kok et tourné quelques mois plus tard, est largement supérieur.
King of beggars (武狀元蘇乞兒, Hong Kong, 1992) Un film de Gordon Chan avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Cheung Man, Vindy Chan, Norman Chu, Lam Wai, Nat Chan, Lawrence Cheng.

samedi 15 septembre 2007

Love on delivery


Love on delivery constitue le troisième film en commun entre Lee Lik-chi et Stephen Chow. Ensemble, ils ont mis au point avec ce qui fera la quintessence de l’humour de Stephen, bien plus que n’a pu le faire Wong Jing avec sa série des gamblers. Balbutiant dans Magnificent scoundrels, leur style s’est épanoui dans Flirting scholar, film en costumes sorti six mois avant Love on delivery qui revient aux bases du wu xia pian en en pervertissant les codes.
Ça commence donc par un combat devant un coucher de soleil. Un combattant aux cheveux longs défait tous ses adversaires. C’est le rêve de Lily (Christy Chung), elle idéalise son professeur de kung-fu en grande romantique qu’elle est. Elle n’est pas prête de remarquer Ho (Stephen Chow) le livreur du restaurant qui jouxte la salle de sports. Mais Ho, lui, est amoureux de Lily et Love on delivery va faire en sorte que ces deux là s’aiment tendrement. Bien entendu, les embûches les plus diverses vont se mettre sur leur chemin, pour le plus grand plaisir du spectateur.
Comme la plupart des films Lee Lik-chi – Stephen Chow, tout repose sur la supercherie et sur l’idée que Stephen Chow avance masqué. Ici, il se fait arnaquer par Ng Man-tat qui affirme être un maître du kung-fu. Il vend à Stephen Chow une méthode avariée, mais étonnement, la méthode fonctionne. Il se bat et gagne mais avec un masque de Garfield sur la tête. Lily ne sait pas que le livreur est son héros, d’autant que tous les gars alentours arborent désormais le masque du chat pour draguer Lily.
L’humour de Love on delivery n’est pas toujours de la plus grande finesse. On a droit à une parodie de Terminator avec Stephen Chow apparaissant entièrement nu, mais aussi à un gag lourdingue où Stephen Chow a les mains pleines de merde avec lesquelles il badigeonne le visage de son adversaire (wouarf, c’est drôle). Comme encore à cette époque bénie, Stephen Chow joue beaucoup sur « son » homosexualité. Dans la grande scène finale où il doit affronter un judoka, les commentateurs devant l’inaction des combattants lisent un magazine de charme. Bloquée dans un ascenseur, Lily croit que les deux hommes sont en train de batifoler. Les gags s’enchaînent à une vive allure tout au long du film. Le combat final, qui occupe tout le dernier tiers, est chorégraphié par Ching Siu-tung.
Love on delivery (破壞之王, Hong Kong, 1993) Un film de Lee Lik-chi avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Christy Chung, Vincent Kok, Wong Yat-fei et le coucou de Jacky Cheung dans son propre rôle de star de la cantopop.

vendredi 14 septembre 2007

All for the winner + God of gamblers II


L’immense succès de The God of gamblers de Wong Jing avec Chow Yun-fat donne des idées aux autres acteurs. Jeff Lau tourne donc très vite All for the winner avec Stephen Chow en piquant au passage Cheung Man, la vedette féminine du Wong Jing et Ng Man-tat qui y jouait aussi dedans.

Stephen Chow est dans All for the winner Sing, un Chinois du continent qui arrive à Hong Kong. Il doit retrouver son oncle (Ng Man-tat), un joueur invétéré qui préfère faire une partie de mahjong plutôt que d’aller à la gare. Sing a des pouvoirs magiques : il est capable de voir les objets à travers les parois, ce qui veut dire qu’il peut voir les dés ou les cartes cachés. L’oncle Tat voit de suite qu’elle peut être l’utilité de son innocent neveu.

Et effectivement, Sing et Tat vont dans une salle de jeux et gagnent pas mal d’argent ce qui contrarie beaucoup le patron de la salle, M. Hung (Paul Chun). Ce dernier parle avec une espèce de vocoder placé sur sa gorge par une jeune femme. Sing rencontre Yee-mong (CheungMan) dont il tombe immédiatement amoureux. Yee-mong a un gros grain de beauté sous l’aisselle et ce grain de beauté démultiplie les pouvoirs de Sing qui arrive à modifier les cartes de poker.

Yee-mong se fait enlever par les sbires de M. Hung, car c’est un méchant, et Sing perd tous simplement ses pouvoirs. Or, il doit participer à un concours de poker. Qu’à cela ne tienne, son oncle Tat va transformer le dessous de bras de Ping (Sandra Ng) en dessous de bras de Yee-mong. Sing se concentre sur ce grain de beauté et peut participer a concours sous le nom de saint of gamblers.

All for the winner est une parodie burlesque de The God of gamblers. Stephen Chow arrive au ralenti dans la sale de jeux comme le faisait Chow Yun-fat, sauf que là les autres ne sont pas au ralenti. Il parodie le célèbre flegme de son prédécesseur et en rajoute dans les pitreries. All for the winner se paie aussi le luxe d’une parodie de gunfight qui ressemble beaucoup à celle d’un Syndicat du crime.

Comme God of gamblers, All for the winner sera un énorme succès. Ce qui donne une idée à Wong Jing : engager Stephen Chow pour un God of gamblers II qui reprendra tout le film mais sans Chow Yun-fat. Tout y sera : les costumes noirs et blancs, le chocolat, le bateau panaméen, la bague en jade, l’ordinateur qui calcule les probabilités. Andy Lau reprendra même du service. De manière fallacieuse, Wong Jing mettre même des images de Chow Yun-fat dans cette fausse suite.

Cette fois, Stephen Chow qui a encore plus de pouvoirs psychiques veut devenir le disciple de Chow Yun-fat. Il cherche absolument à rencontrer le Knight of gamblers, Andy Lau. Ce dernier n’en veut pas et Stephen et Tat doivent faire des mains et des pieds pour se faire admettre dans le cercle. On s’en doute, ils vont engendrer un tas de bêtises. D’ailleurs pendant près d’une heure de film, God of gamblers II consiste en rien d’autres qu’un catalogue de gags burlesques. Puis au bout d’un moment, on s’avance sur un remake quasi à l’identique du modèle original. On y trouve exactement le même dialogue sur les eaux internationales. Wong Jing ne s’embarrasse de sentiment pas pour se voler lui-même. God of gamblers II se regarde sans surprise.

La mode des films de jeux, des gambling sera lancée. Il y en aura des dizaines avec tous les acteurs possibles, des dérivées, des vrais remakes, des faux remakes. Une manne financière incroyable au début des années 1990. Un genre à part à Hong Kong.

All for the winner (賭聖, Hong Kong, 1990) Un film de Jeff Lau et Corey Yuen avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Sandra Ng, Cheung Man

The God of gamblers II (賭俠, Hong Kong, 1990) Un film de Wong Jing avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Andy Lau, Cheung Man

jeudi 13 septembre 2007

Flash point


Et de trois ! Après le sublime SPL, après le ridicule Dragon Tiger Gate, Wilson Yip remet ça avec Donnie Yen dans Flash point, qui a priori n’a rien à voir avec le jeu vidéo.

Commençons par ça : Flash point est regardable. C’est déjà ça ! Il a été conçu comme un prequel à SPL, Donnie Yen reprend son personnage de Ma, policier pas commode qui traque brutalement les brigands et autres membres des triades. Flash point se situe en 1997, juste avant la rétrocession, ce qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire puisque les supérieurs de Ma, malgré ses méthodes expéditives, n’ont pas grand-chose à dire, ni à critiquer. Dans l’idée de la rétrocession, Isabella de Pang Ho-cheung en disait beaucoup plus, même si le film se passe à Macao.

Donnie Yen est en pleine forme. Bronzé, musclé, à se demander s’il ne fait un concours de beau gosse avec Louis Koo, comme dans cette scène au bord de la plage où nos deux acteurs, torse nu, font un point sur la situation. Bien sûr, Donnie Yen producteur de ce film tout à sa gloire se fait filmer de plein pied et de face, tandis que Louis Koo est assis de dos. On sait qui est le chef.

Donc la situation. L’Inspecteur Ma traque une bande de salauds qui font un trafic quelconque. Ce n’est pas ça l’important. Ne l’est pas non plus que ces truands soient vietnamiens. D’ailleurs, je ne sais pas ce qui est important dans Flash point à part Donnie Yen qui se bat, Donnie Yen qui montre son corps, Donnie Yen qui court, Donnie Yen, Donnie Yen, Donnie Yen.

Louis Koo est infiltré dans cette bande et renseigne les flics. Oui, comme dans les Infernal affairs, oui, comme dans Protégé. Louis Koo a peur de se faire repérer, et on le comprend. Il joue le gars qui a peur de se faire repérer, il hésite, il regarde derrière lui. Va-t-il se faire repérer ? Les méchants enlèvent la petite copine de Louis Koo, la jolie Fan Bing-bing présente ici dans l’unique but de mettre une jolie fille. Sinon, le final fait penser aussi pas mal à celui de Dog bite dog.

Se souvenant que Wilson Yip a aussi fait quelques très bons films, le scénariste convoque Bullets over Summer où une mémé était au centre de l’aventure. Qu’à cela ne tienne, on va mettre une mémé. Allez, on en met deux ! Celle de Ma qui vient le déranger pendant la répétition de la fanfare (car Donnie Yen aime aussi la musique – d’ailleurs le thème du film est réussi). Celle d’un des truands atteinte d’Alzheimer.

Flash point manque singulièrement d’humour et de punch. Dommage, ça aurait pu être très bien. Le générique final reprend la formule des films de Jackie Chan où l’on voit la préparation des scènes et les mauvaises chutes de Donnie Yen.

Flash point (導火線, Hong Kong, 2007) Un film de Wilson Yip avec Donnie Yen, Louis Koo, Kent Cheng, Fan Bing-bing, Collin Chou, Timmy Hung

Sorties à Hong Kong (septembre 2007)

Exodus (出埃及記)
Un film de Pang Ho-cheung avec Simon Yam, Annie Liu, Nick Cheung, Lam Ka-tung, Maggie Siu, Jim Chim, Candice Yu. 94 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 13 septembre 2007.




Et pour le plaisir l’affiche cantonaise de Rogue () avec 李連杰 et 積遜史達頓.

mercredi 12 septembre 2007

Flirting scholar


Une très grande réussite du duo Stephen Chow et Lee Lik-chi qui mettent ici en œuvre tout une panoplie de gags au service de la star. Largement supérieur aux deux Royal tramp de Wong Jing sur touts les points de vue, comme si Lee et Chow avaient supprimé ce qui ne fonctionnait pas dans les films comiques en costumes. Flirting scholar a d’ailleurs été le plus gros succès de l’année 1993 à Hong Kong.
Stephen Chow est Tong Pak-fu, peintre et poète. Tout le monde l’envie car il est riche, célèbre et a huit femmes. Or ses huit femmes ne pensent qu’à jouer au mahjong, à râler, à boire, ce qui manque de provoquer le suicide de la mère de Tong, par ailleurs une femme très autoritaire. Les gens envient Tong mais ils ne savent rien de sa vie privée.
Tong est homme courtisé et affable, mais quand on vient lui demander de l’aide, notamment un joueur compulsif endetté, il se montre moins sympa. Il accède néanmoins à la requête du joueur mais le fait se déshabiller et, après l’avoir enduit d’encre, l’utilise comme pinceau.
On en est à moins de dix minutes de film que les gags de différentes factures se sont déjà succédés. Tous sont très drôles et Flirting scholar est un des films les plus drôles de Stephen Chow. Bien entendu, il joue sur un humour pas forcément élégant mais la variété des gags est abondante. Tout Flirting scholar va déployer un scénario cohérent où l’on rit constamment et au dépens de tous les personnages.
Tong décide de quitter son foyer le jour où il rencontre la servante Chou-heung (Gong Li dans son rôle comique à ce jour). Tous les hommes admirent la beauté de Chou-heung. Pour arriver à ses fins, Tong va se faire passer pour un mendiant puis se faire embaucher par les patrons de Chou-heung. Il doit alors abandonner sa liberté, oublier son nom et porter désormais un numéro, en l’occurrence 9527. Il subira maintes humiliations hilarantes que son rang d’esclave préconise.
Personne ne sait que 9527 est le poète Tong Pak-fu. Et il doit cacher son identité car la matrone déteste Tong Pak-fu à cause d’une ancienne histoire d’amour mal finie avec son père. Problème : la servante admire sa poésie et Tong ne peut lui révéler la réalité. Chou-heung est amoureuse de Tong mais pas de 9527, ce qui donne droit à une série de quiproquos d’une grande saveur.
La matrone est interprétée par Cheng Pei-pei, vétéran du wu xia pian classique des Shaw Brothers. L’hirondelle d’or, c’était elle. Elle semble s’amuser comme une folle dans son rôle bonne femme pas commode qui porte la culotte dans sa demeure. Lee Lik-chi et Ching Siu-tung, qui chorégraphie les combats, lui ont donné de belles scènes d’action où, à presque 50 ans, elle déploie un talent d’artiste martiale impressionnant.
Stephen Chow se dépense sans compter pour faire son show. Ça n’arrête pas, dans tous les sens. Il chante, il danse, il se moque de tout sans se soucier d’un éventuel trop bon goût. On rit du début à la fin. Un grand film.
Flirting scholar (唐伯虎點秋香, Hong Kong, 1993) Un film de Lee Lik-chi avec Stephen Chow, Gong Li, Cheng Pei-pei, Francis Ng, Vincent Kok, Gabriel Wong

mardi 11 septembre 2007

Like a virgin


A de rares exceptions près, le cinéma coréen semble immanquablement interprété par des actrices et des acteurs bien foutus, jeunes, admirablement coiffés et en pleine santé. La chair jeune était la matière première du cinéma coréen jusqu’à la caricature.

Like a virgin, premier film du duo Lee Hae-joon et Lee Hae-yeong, ne trouve pas dans ce type de physique la matière de sa fiction. Son personnage principal est un petit gros, timide, pas très beau et, chose encore plus rare, il ne s’intéresse pas aux gonzesses (le seul sujet actuel) pour la simple raison qu’il est gay (un sujet encore moins présent).

Ho Dong-gu (Ryu Deok-hwan, son premier grand rôle) est depuis tout petit fan de Madonna (d’où le titre du film). Comme elle, il a au dessus des lèvres un grain de beauté. Il est lycéen et le souffre douleur de ses camarades. Il est aussi amoureux secrètement de son prof de japonais sur lequel il fantasme. Son seul ami, Jong-man, change d’ambition chaque jour. Dong-gu, lui non plus, ne sait pas ce qu’il veut faire dans la vie. Un jour où Jong-man déclare qu’il veut devenir lutteur de ssireum, Dong-gu s’intéresse à ce sport. Il en a la corpulence.

Il part donc s’entraîner dans une petite équipe : un coach qui passe son temps à fumer, un grand plutôt beau gosse et trois gros, dont un, Young-bae, qui deviendra vite un ami de Dong-gu. Ce dernier lui apprendra à danser comme dans un clip de Madonna, ce qui bien entendu donne droit à quelques scènes décalées et rigolotes. L’entraînement que subit Dong-gu est difficile, il a du mal à suivre la cadence, mais se révèle un bon lutteur à l’étonnement de chacun.

En revanche, son père alcoolique et brutal (un personnage cliché) ne croit pas en son fils. Il le traite moins que rien. Sa mère travaille dans un parc d’attraction genre Disneyland où elle accueille les clients. Elle a quitté son foyer et voit rarement son fils. Les réalisateurs passent des scènes de ssireum à la famille, mais notre intérêt va plutôt à la transformation de Dong-gu, la lutte étant un moyen de s’affirmer.

Like a virgin est une comédie agréable mais qui manque terriblement de rythme. Suivant un schéma scénaristique des plus classiques, notre jeune héros voit au milieu du film tous ses rêves s’envoler. Son prof de japonais se révèle un homophobe patenté. Son père lui casse la gueule. Il ne s’avère pas être un si bon lutteur lors d’une compétition. Like a virgin développe alors un message positif où Dong-gu va faire face à tous ses démons. A la limite, on pourrait presque y voir un remake de Marathon où l’autisme du héros serait remplacé par l’homosexualité, la course à pied par la lutte et le zèbre par Madonna.

On s’en doute, Dong-gu sortira plus grand de toutes les épreuves car comme le disait l’autre, ce qui ne te tue pas te rend plus fort.

Contrairement au remarquable The King and the clown, le public coréen ne s’est pas précipité dans les salles pour voir Like a virgin, où Madonna n’apparaît même pas en vrai.

Like a virgin (천하장사 마돈나, Corée, 2006) Un film de Lee Hae-joon et Lee Hae-yeong avec Ryu Deok-hwan, Baek Yoon-sik, Lee Sang-ha, Kim Yoon-seok, Lee Eon, Park Yeon-seo, Yoon Won-seok