mardi 26 juin 2007

The God of cookery

Grandeur et décadence du personnage Stephen Chow. The God of cookery est un sommet de la comédie culinaire cantonaise. Son humour est immense. Son film est grand... Réalisé près de deux ans après Le Festin chinois de Tsui Hark, The God of cookery n'en possède pas les mêmes caractèristiques politiques. Tsui Hark évoquait la future rétrocession de la colonie à la Chine. Stephen Chow se contentera de parler de bouffe avec l'humour ravageur qui est le sien. Il est épaulé dans son entreprise par l'acteur réalisateur Lee Lik-chi.
Le film commence par une séquence où le Dieu de la Cuisine, en chemise et en short mais affublé de lunettes de soleil va dîner dans un quartier populaire. Là, une femme lui sert sans précaution un plat de nouilles pas très ragoûtant. La femme est aussi laide que le plat. Des dents jaunes, un œil de travers, on imagine que Karen Mok, une des plus belles actrices du cinéma de Hong Kong, a dû prendre un grand plaisir à s'enlaidir. Mais le cinéma de Stephen Chow est suffisamment masochiste pour se permettre ce genre de facéties qui feront penser à certains qu'il est un grand misogyne. C'est qu'il joue un des personnages les plus sombres de sa filmographie.
Son plat de nouilles est dégueulasse et cela lui rappelle le bon temps où il était le Dieu de la Cuisine. Membre du " France Cuisine Club ", il méprise ses employés et truque les concours de cuisine. Il humilie les chefs cuisiniers qui s'affrontent en concoctant de beaux plats mais aucun ne lui convient. Il est secondé dans sa position de monopole où il vend des plats tout préparés au moindre coût par Ng Man-tat, qui joue un opportuniste de première. Arrive alors un blanc-bec d'apparence naïve, un bon gros servile (Vincent Kok) qui va se faire engager par Stephen Chow. Il s'avère que Vincent Kok et Ng Man-tat ont comploté contre Stephen Chow pour prendre sa place.
Voilà pourquoi le Dieu de la Cuisine se retrouve à bouffer de sales nouilles. Il insulte Karen Mok et provoque la colère de tous les gens qui se trouvent dans le quartier et notamment celle de Lee Siu-kei, un cuisinier voisin. Il se dispute une recette de " crevettes qui pissent ". Après une belle bagarre provoquée par Stephen Chow au sujet d'un mélange entre ces " crevettes qui pissent " et des boules de bœufs, toute la bande décide de faire un restaurant commun. L'ouverture est difficile mais petit à petit le succès arrive. Stephen Chow y voit un bon moyen de restaurer le pouvoir qui lui a été volé par Ng Man-tat et Vincent Kok. Une guerre sans merci est lancée entre les concurrents.
The God of cookery est une formidable machine de mise en scène. Stephen Chow et Lee Lik-chi utilisent un système d'opposition de toutes sortes. Ng et Kok habitent en haut d'un immeuble chic, Chow et Mok sont dans les bas quartiers. Les vêtements de la bande ce ces derniers sont cool alors que les autres sont en costume cravate. La puissance s'oppose à la pauvreté. On pourrait aussi évoquer les couleurs, rouges, or et bleu qui peuplent de symboles le film.
The God of cookery est riche de gags de facture diverses. Gags visuels, verbaux ou de situation. Stephen Chow n'hésite pas à tomber parfois dans un mauvais goût qui réjouit plus qu'il n'effraie. Il n'a pas peur non plus de se ridiculiser lui-même, comme lors des scènes où il est prisonnier des moines Shaolin qui veulent lui faire des choses bien peu communes. The God of cookery est un festival d'humour drôle.

Le morceau de bravoure du film se trouve dans la dernière demie heure. Un nouveau concours a lieu pour devenir le Dieu de la Cuisine. Nancy Sit y sera la maîtresse de cérémonie. Une maîtresse implacable mais hilarante. Comme dans Le Festin chinois le kung-fu se mêle aux recettes des plats que les cuisiniers doivent concocter. Mais ici tout est fait sur le mode parodique. Tout cela fait que The God of cookery est peut-être la comédie la plus drôle de Stephen Chow. Mais aussi la plus noire.
Jean Dorel
The God of cookery (食神, Hong Kong, 1996) Un film de Stephen Chow & Lee Lik-chi avec Stephen Chow, Ng Man-tat, Vincent Kok, Lam Suet, Tats Lau, Karen Mok, Nancy Sit

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